"Jardiner est une vraie détente qui fait du bien ! " commentait un de mes "amis babéliotes" sur un extrait partagé de ce livre. Oui, jardiner est une détente mais c'est aussi parfois un don de soi ! Enfin, ainsi peut le voir le jardinier éreinté au soir d'une journée au cours de laquelle il a tenté de combattre ce qui défigure le jardin potager, ces esprits malins qui, loin de le seconder, le bousculent !
Jardiner c'est, avant toute chose, apprendre à aimer la terre, à la vénérer, elle qui peut tout donner comme tout refuser à celui qui attend tout d'elle. Faire parler la terre, en faire un lieu de vie, c'est d'abord l'aimer, la choyer, la comprendre, apprendre à l'observer et à entendre ce qu'elle dit en silence.
Jardiner, c'est connaître quelques règles, c'est ne pas trop vouloir dompter mais aussi, ne pas inventer un fouillis dans lequel rien ne pousse si ce ne sont les adventices... d'ailleurs, à leur propos, on ne devrait pas leur donner cette autre appellation de "mauvaises herbes" : comme le travailleur du potager sait se montrer ingrat quand il n'a d'yeux que pour ce qui le sustentera, dédaignant ce qui ne se déguste pas ! Et pourtant, ces fameuses adventices, quand on sait leur pouvoir, leurs "doigts" de fée - ou devrions-nous dire le secret de leur baguette, on devrait aussi les vénérer et savoir les utiliser pour ce qu'elles proposent et s'en faire des amies !
Jardiner c'est écouter la pluie, le vent, c'est entendre leurs murmures ou parfois leurs tambours, c'est apprendre à être fataliste devant ce qu'on ne décide pas, c'est palier à ce qui fait défaut, c'est essayer d'être là où il se dessine un manque…
C'est aussi accepter les caprices du soleil et surtout protéger ce qu'on est quotidiennement en train de créer, ce qu'on héberge, ce qu'on dorlote… Se battre contre lui est impossible, alors apprendre à faire qu'il ne devienne pas plus virulent, plus assassin, qu'il soit juste clément, c'est aussi ce qui conditionne le jardinier dans sa démarche, ce qui doit lui faire préférer telle technique, ou tel produit, telle façon d'embrasser ce terrain en devenir fertile, c'est être humble et cohabiter.
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En jardinant" est écrit sous forme de journal sur quatre années consécutives, où les déboires d'un temps deviennent des réflexions pour l'avenir, dans lequel ces mêmes déconvenues sont disséquées et interprétées pour évoluer, l'année suivante, souvent une façon plus respectueuse de converser avec le jardin, le faire entrer en amitié avec les poules qui y gambadent désormais, faire revenir ceux qui sèment en magie parce comme un cadeau, les oiseaux.
Le "jardinant", le héros de ces pages ne dissimule pas ses échecs, il en tire enseignement et réflexion, il devient ainsi un ami précieux de celui qui le lit, qui comme lui essaye de faire croître et de magnifier ce que Dame Nature offre. On se sent moins solitaire devant les pertes de celui qui se confie, et plus riche des conseils qu'il distille, plus riche de ces partages entre les rangs de carottes et le poulailler… Quand il produit, se nourrit et devient fier de son art, on voudrait y arriver tout autant avec moins de misères que celles qui sont nôtres ! On garde ainsi, en le lisant , espoir…
Un livre que j'ai lu lentement, pour m'en nourrir, m'écriant souvent, "Ah, tiens, oui, je vais essayer !", un livre comme un regard sur ce lieu où l'on se dépouille de sa personnalité revendicatrice pour apprendre et écouter ce que chuchotent les tomates et les pommes, pour saisir la babillage des abeilles ou celui moins apprécié et moins propice à la rêverie des limaces. Un livre pour persévérer...
Et je me suis envolée dans l'imaginaire de tous ces jardins - potagers et autres... - décrits en fin de livre, ces jardins comme autant de langues pour parler du végétal comme autant de gammes pour chanter la beauté de la nature.
Un carrousel de jardins pour dire la différence...
Jardiner, c'est s'envelopper de respect pour la terre et Dame Nature, c'est se faire humble, pour entendre ce que les papillons nous chantent silencieusement.
Jardiner oui, c'est une détente, quoiqu'il en soit, de celle qui nous font conjuguer le mot "bonheur" au terme de la journée au cours de laquelle on a grappillé, un peu de sérénité.
Un immense "merci" aux éditions CFC et à Babélio .