Son nom est Anna, et elle ne devrait pas exister. Pourtant, elle existe.
En 2140, l'humanité a accompli l'exploit d'être éternelle. Plus personne ne vieillit, plus personne ne meurt... à une condition : signer la Déclaration et renoncer à avoir des enfants.
Anna est un « surplus ». Ses parents n'ont pas signé le traité, et lui ont donné la vie au mépris de la loi. Raflée à deux ans, pensant avoir été abandonnée par ses géniteurs pris de remords, la jeune fille a grandi à Grange Hall, une maison pour surplus. Élevée dans la haine de ses parents immoraux et la déconsidération d'elle-même, Anna n'aspire qu'à une chose, être un Bon Élément, et avoir l'immense honneur d'être l'esclave d'un foyer Loyal à la Déclaration.
Obéissante, humble, Anna veut racheter la faute de ses parents qui ont trompé Mère Nature, ce qu'explique aux surplus Mrs Pincent, la directrice de Grange Hall. Celle-ci n'hésite pas à frapper, humilier, punir ces enfants qui n'auraient pas dû naître.
Jusqu'au jour où arrive Peter, un surplus adolescent venant de l'extérieur. En révélant à Anna que des parents la recherchent activement, Peter va faire s'écrouler le petit monde de la jeune fille, et lui montrer qu'elle est bien plus qu'un simple « élément ».
« La Déclaration » est un roman plutôt dur. Avec Anna et les notes de son journal, le lecteur découvre un monde cruel où les enfants et les adolescents sont reniés et considérés comme des êtres inférieurs qu'il faut sinon éliminer, ou au moins rabaisser jusqu'à ce qu'ils oublient qu'ils sont humains eux aussi. Les brimades et humiliations sont omniprésentes, la cruauté transpire à chaque ligne, et on se révolte de la passivité d'Anna face à ce qu'elle croit être son destin. Pourtant, lorsque Peter va commencer à la faire réfléchir sur elle-même, on ne peut que trembler à l'idée qu'elle va révolutionner son univers au péril de sa vie.
Gemma Malley a créé un univers vraiment crédible, avec une humanité capable des pires atrocités pour survivre. Les ressources naturelles sont officiellement au coeur des préoccupations, alors que derrière le manteau, les Légaux se croisent au marché noir pour acheter le dernier sérum conçu. Les Surplus sont traqués et parqués, pour en faire de dociles animaux domestiques, sans droit à la parole ou à la pensée. le récit alterne entre les points de vue des différents protagonistes, donnant une dynamique intéressante à l'intrigue, et permettant de comprendre ce que chacun fait et pourquoi. Les pensées d'Anna dans son journal nous montrent la façon dont elle évolue au fil des pages, de manière assez intime pour que le lecteur se prenne d'affection pour elle. Si Anna est la seule à bénéficier de ce traitement de faveur, Peter ou encore Sheila ne laisseront personne indifférent, tout comme Mrs Pincent (dans un autre registre).
« La Déclaration » est un roman dystopique, dans une société proche de la nôtre, et soulevant des questions très actuelles, comme le problème de ressources naturelles ou encore la peur de mourir. Les thèmes y sont traités de manière très juste, si juste que la lecture en est oppressante.
C'est en tout cas un premier tome d'une série que je conseille aux amateurs de dystopie originale.