Tout d'abord mettons les choses au clair : le titre original est le Morte d'Arthur (ce n'en est donc pas un autre que les
Thomas Malory qui existent dans d'autres éditions, seul le titre change)
Probablement le meilleur livre à propos du mythe Arthurien, ni plus ni moins.
C'est un condensé et une uniformisation de tout ce qui a été écrit jusqu'au XIV° siècle, et le livre se présente d'ailleurs ainsi, rappelant de temps en temps "ainsi est-il écrit dans le livre français".
Pour ceux qui comme moi auraient des hésitations quant à la modernisation, n'ayez crainte, elle a été faite avec parcimonie, vraiment juste la bonne dose pour que ça soit facilement lisible tout en gardant un bel accent médiéval et épique.
21 livres composent cet ouvrage, des livres courts, artificiellement formés, à l'origine il n'y en avait que 8, ne renvoyant pas nécessairement à des ouvrages en particulier, et ponctués de paragraphes pour rendre la lecture plus aérée.
Les personnages sont un peu différents de ceux de Chrétien de Troyes ou d'autres auteurs, par soucis de cohérence, on retrouve les mêmes, évidemment, mais certains ont des postes ou des liens de filiation différents. Un lexique en fin d'ouvrage rappelle la fonction et la place de chacun d'eux.
Pour ceux qui ne connaitraient pas trop ce genre de récits : Combats, quêtes, trahisons, le tout dans un rythme effréné : déjà que dans les textes originaux on ne lambine pas, là ça s'enchaine, rien à voir avec la littérature moderne. A ce propos, donc, les lecteurs de fantasy seront déçus, ce livre n'est absolument pas fait pour eux : pas de longueurs, pas de développements psychologiques ineptes, pas de niaiseries, pas de style minimaliste à rallonge (oui, c'est ainsi que je décris la littérature contemporaine). Les auteurs modernes devraient vraiment en prendre de la graine ! Idem pour les adeptes de Netflix et des adaptations modernes cinématographiques de cette époque : désolé, mais pour un ouvrage avec une bonne représentation des diverses affinités sexuelles et la présence de diversités raciales dans le royaume Breton, il faut aller voir ailleurs, car à part un ou deux Sarrasins et un chevalier qui se retrouve par erreur dans le lit d'un autre avant de s'écharper l'un l'autre... Ah et aussi presque toutes les femmes sont perfides, elles ne servent qu'à mener les chevaliers dans les pires périls. Rien à voir non plus avec Kaamelott ni rien de ce que vous connaissez si vous n'avez pas lu de littérature chevaleresque de cette époque, et vous seriez surpris de constater combien il est bon d'avoir du gore, de la brutalité, de la magie, des aventures, des perfidies incroyables, dans un livre aussi dense et prenant, presque dénué de description mais brossant de se vifs paysages ! On se salue en joutant avant même de décliner son identité, on décapite pour un rien, on part sur les chemins dans le seul but d'aller chercher l'aventure, on guerroie, on combat... C'est épique et c'est beau !
De plus la livrée de cette édition est sublime, une belle couverture gravée, un beau volume !