Le conte dit qu'à l'occasion d'une Masse Critique organisée par Babelio, un lecteur eut la chance de recevoir un ouvrage atypique, il vous sera expliqué pourquoi par la suite, publié par les Éditions Les
Belles Lettres. Qu'ils en soient remerciés. L'ouvrage reçu est d'une qualité éditoriale exceptionnelle, d'un lecture aisée et passionnante. Qui n'a jamais rêvé de trouver un vieux manuscrit, inconnu de tous ? Qui n'a jamais imaginé découvrir un texte vieux de 700 ans ? Maintenant le conte cesse de parler pour revenir à la source merveilleuse...
Que vous dire ? , l'auteur le médiéviste
Emanuele Arioli, s'est fait paléantographe ou codicologue pendant près de 10 ans.
Tout démarre en 2010, à la Bibliothèque de l'arsenal de Paris. Dans un ancien manuscrit des Prophéties de Merlin, il découvre le fragment d'un récit inconnu. Il s'agit des aventures d'un chevalier de la cour du roi Arthur nommé Ségurant, condamné par la fée Morgane à poursuivre un dragon imaginaire.
Tel un detective,
Emanuele Arioli, remonte le temps et les lieux pour recomposer ce roman oublié qui dévoile un pan inconnu de la légende du roi Arthur et des chevaliers de la Table Ronde.
Le conte dit que le roman nous fait, dans un premier temps, faire connaissance avec le Chevalier Ségurant. Un héros arthurien exceptionnel qui chasse le lion enfant, qui est ensuite adoubé, qui remporte combats et joutes, qui se voit remettre par son oncle l'écu où était représenté le lion d'or que l'empereur de Rome lui avait donné en présence de 100 000 hommes. Son oncle le jugeant plus digne de le porter. le conte dit ensuite que Ségurant le brun devint
le Chevalier au Dragon, et c'est à ce moment que le merveilleux s'empare du conte. Maintenant le conte cesse pour revenir à la réalité...
Que vous dire ? Qu'en France, en Italie, en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Belgique, aux États-Unis, « J'ai commencé à trouver un fragment, après un deuxième, après un troisième, et en dix ans de recherche, j'ai pu réunir 28 fragments de manuscrits dispersés à travers toute l'Europe, et reconstituer cette oeuvre qui était dispersée donc aux quatre coins du monde », nous dit
Emanuele Arioli. Car "Les Chevaliers de la Table Ronde se comptent par douzaines et, dans la légende, Ségurant n'en faisait pas partie. du moins jusqu'à ce qu'un auteur anonyme ne décide de l'inventer et de faire de lui le meilleur chevalier de la cour du roi Arthur. Ségurant ou
le Chevalier au Dragon s'inscrit dans la tradition du roman arthurien, inaugurée dans la seconde moitié du XIIe siècle par
Chrétien de Troyes et continuée par quelques
romans en prose du XIIIe siècle.
le Chevalier au Dragon est l'un de ces premiers
romans lus et appréciés à travers toute l'Europe.".
Et c'est bien cela qui est extraordinaire pouvoir retrouver 700 ans plus tard la trace écrite de ce chevalier, et lui redonner sa place aux côtés de ses compagnons plus connus que sont Galahad, Gauvain, Lancelot ou Perceval.
Le conte plonge avec cette quête interminable du Dragon, dans le merveilleux et le féerique, mais comme dans tous les textes qu'ils soient mythologiques, merveilleux, il y a forcément une portée symbolique voire philosophique. En voici, le meilleur exemple sur cette poursuite chimérique du dragon :
" Après que Ségurant eut traversé le feu à la poursuite du dragon, comme vous avez entendu auparavant, le dragon prit un sentier — ainsi le rapporte le conte — qui conduisait dans la Forêt des Pitiés ; et Ségurant le poursuivait tout ensorcelé, car il était persuadé de pouvoir tuer le dragon, comme il avait fait jadis avec les lions de l'Île Non Sachante. Mais cette pensée était trompeuse : il ne pourrait tuer ce dragon de quelque manière qu'il fût au monde, car il s'agissait d'un pur esprit. Et l'esprit, qu'il soit bon ou mauvais, ne meurt jamais : seule la chair meurt, comme Merlin en témoigne plus haut de manière manifeste, quand il dit que, bien que sa chair fût morte et pourrie, son esprit survivait et répondrait pour toujours à quiconque l'interrogerait sur n'importe quel sujet ; car aucun esprit ne pourrait mourir de quelque manière qu'il soit au monde, si Dieu même le tout-puissant ne le fait, car Celui qui les a faits aurait seul le pouvoir de les anéantir, et nul autre.
Et en vérité, Salomon, qui fut l'homme le plus sage et le plus savant qui naquit en ce monde, mit toute son ingéniosité à concevoir, à force d'expériences et de sortilèges, comment tuer un groupe de diables d'enfer : il y employa tous ses efforts de toutes les manières possibles sans parvenir à leur nuire plus que s'il avait voulu leur faire tout le bien du monde. À la fin, il se décida à les enfermer dans un récipient de verre qu'il empêcha par magie de se briser et de s'ouvrir, puis le fit jeter à la mer où ils se trouvent encore et se trouveront jusqu'au jour du Jugement dernier. Et de ces diables parla Merlin le sage en l'une de ses prophéties que maître Tholomé mit par écrit quand il alla avec le pape Clément porter secours à l'Irlande en ce temps-là. « Je veux, fait Merlin à maître Tholomé, que tu mettes par écrit, de sorte que chacun le sache, que le récipient de verre plein de diables que le sage Salomon jeta à la mer en parcourt le fond et qu'il la déchaîne si violemment qu'elle engloutit navires et bateaux. Et sachez tous que ce récipient n'est jamais en repos, mais court toujours sur le fond de la mer, partout où s'étend l'eau salée, tantôt en un pays tantôt en un autre. le sage Salomon crut les tuer, mais je veux que tout le monde sache, fait Merlin, que personne ne peut leur faire ni bien ni mal là où ils sont, c'est-à-dire en enfer, car, où qu'ils aillent, l'enfer les suit toujours, c'est leur châtiment, si bien qu'ils sont toujours en proie au feu qui les brûle. »" mais maintenant le conte cesse de parler de cette poursuite, pour revenir à l'ouvrage
Que vous dire ? Que l'écriture est fluide, que les reproductions des manuscrits anciens viennent rehausser le texte. Dont certains ont miraculeusement échappés au feu. Que le principe narratif, que j'ai emprunté pour ce billet, fonctionne à merveille. Même si parmi les manuscrits certaines parties sont manquantes cela ne nuit nullement à la lecture et force est de constater que le travail de l'auteur est absolument magistral. À noter également que cet événement littéraire s'accompagne de la sortie d'un livre audio lu par
Daniel Mesguich, d'un documentaire télé, d'une BD adulte et une BD jeunesse.
Même
Michel Zinc en a dit : « Retrouver aujourd'hui un nouveau roman du Moyen Âge, un roman arthurien inconnu, est exceptionnel. […] Reconstituer l'ensemble du roman est un prodige d'érudition, d'intelligence et de sensibilité. »
Les Chevaliers de la Table Ronde, avaient pour cri de ralliement, « Un royaume, un roi, une foi ! », pour le paraphraser je dirais à propos de cet ouvrage « Un chevalier, un dragon, un livre ! ». Et quel livre car redécouvrir, un roman du XIIe/XIIIe n'est pas une chose anodine et courante, alors ne boudons pas ce plaisir
Et pour terminer que vous dire ? Lisez ce conte, laissez-le conte vous parler, et vous emporter... Comme il a agit sur moi