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Anonyme (Autre)
EAN : 9782251454535
220 pages
Les Belles Lettres (06/10/2023)
3.87/5   65 notes
Résumé :
Surpassant tous les chevaliers de son temps en force et en bravoure, Ségurant remporte haut la main chaque tournoi de chevalerie auquel il participe, jusqu’à ce qu’il soit ensorcelé par les fées Morgane et Sibylle qui le lancent à la poursuite d’un dragon cracheur de feu.

Les aventures extraordinaires de ce chevalier de la Table Ronde étaient oubliées depuis des siècles. Elles ont été retrouvées par un jeune médiéviste, Emanuele Arioli, qui a parcouru... >Voir plus
Que lire après Ségurant, le chevalier au dragonVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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Le conte dit qu'à l'occasion d'une Masse Critique organisée par Babelio, un lecteur eut la chance de recevoir un ouvrage atypique, il vous sera expliqué pourquoi par la suite, publié par les Éditions Les Belles Lettres. Qu'ils en soient remerciés. L'ouvrage reçu est d'une qualité éditoriale exceptionnelle, d'un lecture aisée et passionnante. Qui n'a jamais rêvé de trouver un vieux manuscrit, inconnu de tous ? Qui n'a jamais imaginé découvrir un texte vieux de 700 ans ? Maintenant le conte cesse de parler pour revenir à la source merveilleuse...

Que vous dire ? , l'auteur le médiéviste Emanuele Arioli, s'est fait paléantographe ou codicologue pendant près de 10 ans.
Tout démarre en 2010, à la Bibliothèque de l'arsenal de Paris. Dans un ancien manuscrit des Prophéties de Merlin, il découvre le fragment d'un récit inconnu. Il s'agit des aventures d'un chevalier de la cour du roi Arthur nommé Ségurant, condamné par la fée Morgane à poursuivre un dragon imaginaire.
Tel un detective, Emanuele Arioli, remonte le temps et les lieux pour recomposer ce roman oublié qui dévoile un pan inconnu de la légende du roi Arthur et des chevaliers de la Table Ronde.

Le conte dit que le roman nous fait, dans un premier temps, faire connaissance avec le Chevalier Ségurant. Un héros arthurien exceptionnel qui chasse le lion enfant, qui est ensuite adoubé, qui remporte combats et joutes, qui se voit remettre par son oncle l'écu où était représenté le lion d'or que l'empereur de Rome lui avait donné en présence de 100 000 hommes. Son oncle le jugeant plus digne de le porter. le conte dit ensuite que Ségurant le brun devint le Chevalier au Dragon, et c'est à ce moment que le merveilleux s'empare du conte. Maintenant le conte cesse pour revenir à la réalité...

Que vous dire ? Qu'en France, en Italie, en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Belgique, aux États-Unis, « J'ai commencé à trouver un fragment, après un deuxième, après un troisième, et en dix ans de recherche, j'ai pu réunir 28 fragments de manuscrits dispersés à travers toute l'Europe, et reconstituer cette oeuvre qui était dispersée donc aux quatre coins du monde », nous dit Emanuele Arioli. Car "Les Chevaliers de la Table Ronde se comptent par douzaines et, dans la légende, Ségurant n'en faisait pas partie. du moins jusqu'à ce qu'un auteur anonyme ne décide de l'inventer et de faire de lui le meilleur chevalier de la cour du roi Arthur. Ségurant ou le Chevalier au Dragon s'inscrit dans la tradition du roman arthurien, inaugurée dans la seconde moitié du XIIe siècle par Chrétien de Troyes et continuée par quelques romans en prose du XIIIe siècle. le Chevalier au Dragon est l'un de ces premiers romans lus et appréciés à travers toute l'Europe.".
Et c'est bien cela qui est extraordinaire pouvoir retrouver 700 ans plus tard la trace écrite de ce chevalier, et lui redonner sa place aux côtés de ses compagnons plus connus que sont Galahad, Gauvain, Lancelot ou Perceval.

Le conte plonge avec cette quête interminable du Dragon, dans le merveilleux et le féerique, mais comme dans tous les textes qu'ils soient mythologiques, merveilleux, il y a forcément une portée symbolique voire philosophique. En voici, le meilleur exemple sur cette poursuite chimérique du dragon :
" Après que Ségurant eut traversé le feu à la poursuite du dragon, comme vous avez entendu auparavant, le dragon prit un sentier — ainsi le rapporte le conte — qui conduisait dans la Forêt des Pitiés ; et Ségurant le poursuivait tout ensorcelé, car il était persuadé de pouvoir tuer le dragon, comme il avait fait jadis avec les lions de l'Île Non Sachante. Mais cette pensée était trompeuse : il ne pourrait tuer ce dragon de quelque manière qu'il fût au monde, car il s'agissait d'un pur esprit. Et l'esprit, qu'il soit bon ou mauvais, ne meurt jamais : seule la chair meurt, comme Merlin en témoigne plus haut de manière manifeste, quand il dit que, bien que sa chair fût morte et pourrie, son esprit survivait et répondrait pour toujours à quiconque l'interrogerait sur n'importe quel sujet ; car aucun esprit ne pourrait mourir de quelque manière qu'il soit au monde, si Dieu même le tout-puissant ne le fait, car Celui qui les a faits aurait seul le pouvoir de les anéantir, et nul autre.
Et en vérité, Salomon, qui fut l'homme le plus sage et le plus savant qui naquit en ce monde, mit toute son ingéniosité à concevoir, à force d'expériences et de sortilèges, comment tuer un groupe de diables d'enfer : il y employa tous ses efforts de toutes les manières possibles sans parvenir à leur nuire plus que s'il avait voulu leur faire tout le bien du monde. À la fin, il se décida à les enfermer dans un récipient de verre qu'il empêcha par magie de se briser et de s'ouvrir, puis le fit jeter à la mer où ils se trouvent encore et se trouveront jusqu'au jour du Jugement dernier. Et de ces diables parla Merlin le sage en l'une de ses prophéties que maître Tholomé mit par écrit quand il alla avec le pape Clément porter secours à l'Irlande en ce temps-là. « Je veux, fait Merlin à maître Tholomé, que tu mettes par écrit, de sorte que chacun le sache, que le récipient de verre plein de diables que le sage Salomon jeta à la mer en parcourt le fond et qu'il la déchaîne si violemment qu'elle engloutit navires et bateaux. Et sachez tous que ce récipient n'est jamais en repos, mais court toujours sur le fond de la mer, partout où s'étend l'eau salée, tantôt en un pays tantôt en un autre. le sage Salomon crut les tuer, mais je veux que tout le monde sache, fait Merlin, que personne ne peut leur faire ni bien ni mal là où ils sont, c'est-à-dire en enfer, car, où qu'ils aillent, l'enfer les suit toujours, c'est leur châtiment, si bien qu'ils sont toujours en proie au feu qui les brûle. »" mais maintenant le conte cesse de parler de cette poursuite, pour revenir à l'ouvrage

Que vous dire ? Que l'écriture est fluide, que les reproductions des manuscrits anciens viennent rehausser le texte. Dont certains ont miraculeusement échappés au feu. Que le principe narratif, que j'ai emprunté pour ce billet, fonctionne à merveille. Même si parmi les manuscrits certaines parties sont manquantes cela ne nuit nullement à la lecture et force est de constater que le travail de l'auteur est absolument magistral. À noter également que cet événement littéraire s'accompagne de la sortie d'un livre audio lu par Daniel Mesguich, d'un documentaire télé, d'une BD adulte et une BD jeunesse.

Même Michel Zinc en a dit : « Retrouver aujourd'hui un nouveau roman du Moyen Âge, un roman arthurien inconnu, est exceptionnel. […] Reconstituer l'ensemble du roman est un prodige d'érudition, d'intelligence et de sensibilité. »

Les Chevaliers de la Table Ronde, avaient pour cri de ralliement, « Un royaume, un roi, une foi ! », pour le paraphraser je dirais à propos de cet ouvrage « Un chevalier, un dragon, un livre ! ». Et quel livre car redécouvrir, un roman du XIIe/XIIIe n'est pas une chose anodine et courante, alors ne boudons pas ce plaisir
Et pour terminer que vous dire ? Lisez ce conte, laissez-le conte vous parler, et vous emporter... Comme il a agit sur moi
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Voici mon retour de lecture sur Ségurant, le chevalier au dragon. Il s'agit d'un mélange de roman jeunesse et de bande dessinée.
Surpassant tous les chevaliers de son temps en force et en bravoure, Ségurant remporte haut la main chaque tournoi de chevalerie auquel il participe, jusqu'à ce qu'il soit ensorcelé par les fées Morgane et Sibylle qui le lancent à la poursuite d'un dragon cracheur de feu.
Les aventures extraordinaires de ce chevalier de la Table Ronde étaient oubliées depuis des siècles.
Elles ont été retrouvées par un jeune médiéviste, Emanuele Arioli, qui a parcouru les bibliothèques de toute l'Europe en quête des manuscrits de ce roman arthurien.
Nous avons ici le texte de ce roman disparu, illustré par les enluminures des manuscrits originaux.
Mais aussi, sous le format bande dessinée, comment l'auteur a découvert ce manuscrit, ses recherches..
Ségurant, le chevalier au dragon est un roman que j'ai souhaité lire car j'ai lu dernièrement la bande dessinée racontant les aventures du chevalier au dragon (qui dans cette version là se prénommait Sivar).
ici, il est prénommé Ségurant, et je suis ravie d'avoir découverte la version pour les enfants.
J'ai aimé le fait que ce soit un mélange de bande dessinée et album jeunesse.
Il y a plusieurs parties, les passages illustrés où nous découvrons toutes les recherches faites par l'auteur ; mais aussi le manuscrit original et aussi une partie réécritures.
Tout n'est pas fluide, notamment par rapport au manuscrit original. Mais cela ne m'a pas réellement dérangé.
J'ai pris plaisir à lire les aventures de Ségurant, chevalier oublié de la table ronde. C'est tout à fait dans la lignée des autres contes arthuriens.
J'ai apprécié les illustrations et le fait que ce soit un beau livre, parfait comme idée de cadeau :)
Pas tout à fait un coup de coeur mais un quatre étoiles bien mérité.
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Il faut d'abord dire qu'il s'agit là d'un magnifique travail d'édition et de recherche : tout, de la couverture aux enluminures choisies pour illustrer le livre, en passant par la mise en page, la préface et les annexes (notes sur les images, sur la traduction, glossaire et personnages) contribue à nous faire rentrer un maximum dans l'histoire ainsi que dans ses coulisses. le travail de vulgarisation est très bien fait pour toute personne n'étant pas familière de l'univers arthurien ou de la littérature médiévale.

Tous les textes retrouvés par Emanuele Arioli ne sont pas présents dans ce livre car un « écumage » a été opéré pour garder une trame cohérente, resserrée autour du personnage principal Ségurant. Cette présentation permet une grande continuité entre les textes, et ce malgré quelques passages manquants car perdus ou brûlés.

Les textes sont divisés en trois grandes parties : la première correspond à la version dite cardinale de la légende de Ségurant, qui est l'ensemble de textes le plus ancien (et homogène ?) s'y rapportant.

Suivent une seconde partie intitulée « continuations » qui consistent en quelques versions complémentaires datant de la même époque (XIIIe siècle), et une troisième partie intitulée « réécritures » qui nous propose des récits alternatifs et globalement plus tardifs (jusqu'au XVe siècle).

Ma principale déception vient du fait que j'ai pour ma part trouvé beaucoup plus d'intérêt à ces fameuses « continuations » et « réécritures » qu'à la version cardinale qui représente la plus grande partie du récit. C'est probablement juste une question de goût, et probablement aussi que l'écriture qui a évolué sur les versions plus tardives y est pour quelque chose ?

De la version cardinale, c'est le texte intitulé « le naufrage sur l'Île Non Sachante » qui narre l'arrivée des ancêtres de Ségurant sur l'île dont il est originaire, qui m'a le plus marquée. Emanuele Arioli le dit lui-même dans la préface, ce petit air de Robinson Crusoé à la sauce médiévale est assez surprenant.

De la partie « réécritures » j'ai beaucoup apprécié le combat de Ségurant avec le dragon, qui n'est plus chimérique comme dans la version cardinale, mais bien réel, ainsi que les quelques lignes sur un Ségurant amoureux. Parce qu'il est important de dire que le grand absent de la légende de Ségurant c'est bien l'amour … point de roman courtois pour ce monsieur. Ayant lu plusieurs extraits de Lancelot ou le chevalier de la charrette de Chrétien de Troyes, dans lesquels j'avais notamment apprécié les interactions entre Lancelot et Guenièvre, j'étais bien contente de retrouver une pointe de romantisme au milieu des combats !

Tout ce qui a trait à la magie ou l'extraordinaire de manière générale est très intéressant. Il y a une opposition magie / chrétienté dans le récit avec d'un côté des personnages exerçant la magie comme Morgane ou Sibylle l'enchanteresse qui sont clairement malfaisants, et de l'autre les chevaliers qui se dressent en défenseurs des valeurs morales, notamment en venant en aide à ceux qui sont en détresse. Et puis il y a le caractère surhumain de Ségurant qui est forcément le plus beau, le plus grand, le plus fort … et surtout celui qui mange le plus ! Cependant il n'est pas le seul à avoir ce traitement de faveur, parce qu'à presque chaque nouvelle demoiselle introduite dans l'histoire on nous apprend que celle-ci est la plus belle du Royaume. Il y a donc un sacré niveau !

Pour ce qui relève du moins marrant, je trouve qu'il faut du temps avant de s'habituer à cette forme de récit. L'aventure passe en premier, la personnalité des personnages reste donc très superficielle et passe souvent au second plan. Pour cette raison, il est très difficile de s'attacher au personnage principal. C'est un peu à qui tapera le premier, il y a beaucoup d'histoires de vengeance/rétribution pour laver l'honneur et de combats pour se mesurer entre chevaliers, mais sans réelle profondeur psychologique derrière, ce qui peut désarçonner un lecteur contemporain.

De plus le récit est fait de formules répétitives qui sont probablement dues à son caractère oral. La tournure peut être déstabilisante en premier lieu car inhabituelle si on est nouveau lecteur de ce genre. Parfois elle fait sourire, puis au bout d'un moment ça peut légèrement courir sur le haricot. En guise d'exemple, toute personne s'en prenant à Ségurant se fait systématiquement refroidir ou doit être ramassé à la petite cuillère. le narrateur s'assure que le message soit bien passé à coups de « et le précipite à terre dans un tel état qu'un médecin lui serait inutile » allégrement répétés.

Et enfin, un épisode en particulier concernant le chevalier Dinadan m'est légèrement resté en travers de la gorge. le personnage était pourtant prometteur puisqu'il apportait un peu de légèreté au tout, mais au final certains comportements des personnages pourtant érigés en modèle finissent par faire penser que la morale de l'époque est toute relative et parfois difficile à digérer … en tout cas pour un lecteur contemporain ! Ma lecture a été faite avec le moins de partialité possible mais forcément ancrée dans l'époque présente : cet avis est donc malheureusement un poil subjectif (mais quel avis ne l'est pas ?).

Je ne regrette pas en tout cas d'avoir découvert cet univers et ces personnages, et je pense bien tenter d'autres livres de la légende arthurienne à l'occasion.
Je remercie infiniment Babelio et les éditions Les Belles Lettres (que j'ai pu découvrir par la même occasion) pour l'envoi de ce livre, et pardonnez-moi pour cette critique bien longue que je n'ai pas su alléger ...
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Manu est étudiant à Paris et il travaillle à la bibliothèque de l'Arsenal où il rencontre un jeune garçon, Anthony et une bibliothécaire, Marion. Ensemble, ils découvrent un manuscrit médiéval racontant l'histoire d'une chevalier Ségurant. le jeune Ségurant vivait sur l'île non-sachante et après qu'il ait débarrassé le village de la menace des lions, il est adoubé chevalier. Il part alors en quête et rêve de rencontrer le roi Arthur et les chevaliers de la Table ronde. Ségurant débarque au royaume de Logres puis continue sa route jusqu'à Winchester pour un tournoi de chevaliers. Il bat successivement Gauvain, Keu, Yvain, Palamède et Tristan. Cependant, la méchante fée Morgane décide de perdre ce jeune chevalier au coeur pur et elle convoque le dragon Lucifer . Au moment où Ségurant, qui poursuit le dragon, touche au but, le manuscrit est interrompu. Manu va devoir partir à la recherche des autres fragments…

Ségurant, le Chevalier au Dragon est un roman français médiéval en prose qui, datant du XIIIème siècle, se rattache au cycle arthurien. Longtemps oublié, parce qu'il n'existe pas à l'état de manuscrit complet, il a pu refaire surface grâce au travail d'un archiviste paléographe, Emanuele Arioli, qui l'a redécouvert et reconstitué.
Après avoir retrouvé sa trace dans un manuscrit de la bibliothèque de l'Arsenal, conservant les Prophéties de Merlin, Emanuele Arioli a mené une quête à travers les bibliothèques et les archives de toute l'Europe pour chercher les fragments subsistants des aventures de Ségurant le Brun, le Chevalier au Dragon. Au bout d'une recherche de dix ans, il a réuni vingt-huit manuscrits en France, Italie, Allemagne, Belgique, Suisse et États-Unis qui lui ont permis de reconstituer ce roman oublié.
La plus ancienne version connue de ce roman a été écrite en Italie, en langue française, entre 1240 et 1273. Plusieurs continuations et réécritures ont vu le jour entre la fin du XIIIème siècle et la fin du XVème siècle. Les manuscrits aussi s'échelonnent sur plusieurs siècles et proviennent de France, d'Italie et des Flandres ; certains sont très sobres, d'autres richement illustrés. Cet ensemble romanesque, qui eut un grand succès, circula en Italie, France, Grande-Bretagne et Espagne.

Ce texte illustré raconte l'aventure extraordinaire de recherche d'Emmanuele Arioli qui a traqué dans toute l'Europe les textes concernant la légende de Ségurant, un héros médiéval oublié car probablement mis à l'index par l'église catholique au milieu du XVIème siècle. Ce roman alterne des planches de bande dessinée à la ligne claire pour décrire les voyages d'Emmanuele Arioli et un texte illustré avec des illustrations pleines pages pour l'aventure de Ségurant. Les aventures sont rythmées pour entrer avec aisance dans les aventures des chevaliers de la Table ronde.
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J'avais entendu Emanuele Arioli à la radio, et j'avais eu très envie de découvrir ce livre : un roman arthurien redécouvert ! Il ne m'en fallait pas plus. D'autant qu'Emanuele Arioli est en quelque sorte le personnage de sa propre épopée de chercheur, dont l'établissement même du texte est le but de sa quête, son propre Graal. Il faut l'intervention même du hasard - ou du Destin, ou de Dieu selon le nom qu'on préférera lui donner, dans une version plus ou moins christianisé du mythe pour le mettre sur la piste d'un manuscrit à moitié brûlé - par un dragon ou par un incendie de la bibliothèque au XIX ème siècle ?, avec peut-être même une bibliothécaire ou archiviste pour tenir le rôle de la pucelle...
Je salue d'abord le beau livre, le bel objet : les illustrations médiévales, les enluminures, sont magnifiques et permettent vraiment une immersion au plus près dans un texte médiéval. On retrouve ainsi des représentations de Lancelot, Guenièvre, Arthur...
A la lecture, nous ne sommes pas dépaysés. On retrouve bien les codes de l'univers arthurien, de nombreux personnages aussi, des lieux et des passages obligés - la fontaine merveilleuse, l'ermite, le chevalier qui garde un pont... Une différence principale étant le fait que Ségurant ne soit pas amoureux, il n'a pas de Dame.
J'ai été très intéressée par la préface d'Emanele Arioli, qui donne vraiment des pistes de lecture. Ségurant est un chevalier de la fin du Moyen-Âge, il n'est donc pas encore une caricature ou une parodie, mais il ouvre la voie vers don Quichotte, le combattant imaginaire. Ségurant, lui, est tellement héroïque, tellement preux, que ses combats n'ont pas d'intérêt à la lecture quant au suspense : on sait déjà qu'il va gagner, l'issue d'une joute ou d'un affrontement est prévisible. Il triomphe à chaque fois du meilleur chevalier de chaque région, il se bat contre cinquante, ou cent, ou deux cent adversaires à la fois, les chiffres ne veulent plus rien dire. Ce qui compte, c'est l'expression de ses valeurs chevaleresques et courtoises, la description des lances qui se brisent ou des épées qui s'entrechoquent - on est au plus près de la lice.
Ségurant peut aussi annoncer Gargantua : il est très grand, très fort, a un humour qui pour nous paraît trivial voire grivois - et qui, personnellement en tout cas, nous échappe, et mange beaucoup - ah, ça, il mange...
Je regrette néanmoins que le dragon qui lui donne son nom n'apparaisse que si peu. Mais, encore une fois, Emanuele Arioli l'explique bien : ce dragon n'est pas réel, ce n'est pas un conte merveilleux que nous lisons, mais un roman chrétien. le dragon ne renvoie donc pas au genre que l'on appellerait aujourd'hui la fantasy, puisque c'est une créature spirituelle, un démon envoyé par le diable lui-même. Ségurant ne pourra donc jamais le vaincre, puisqu'il n'est pas fait de chair.
Dans le coeur même du texte, Ségurant est oublié : les dames et les chevaliers de la cour d'Arthur, sous l'emprise d'un sort, oublient l'existence de Ségurant. Ce procédé permet de justifier pourquoi, alors qu'il est si vaillant et preux, n'est pas le héros des autres romans, n'est pas un des champions de la quête du Graal, n'est pas retenu comme meilleur que Lancelot et Galahad. Il est donc oublié des récits, comme il a été oublié des manuscrits et des lecteurs. Au terme de sa quête, Emanuele Arioli nous l'a donc restitué, merci à lui.
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critiques presse (5)
LeJournaldeQuebec
02 janvier 2024
Grâce à son minutieux travail, on pourra ainsi découvrir l’étonnante épopée de Ségurant, qui aurait été le meilleur chevalier de la Table ronde à l’époque du roi Arthur. […] Un coup de cœur !
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LeFigaro
07 décembre 2023
Un rêve d’érudit ! C’est la découverte, en effet, d’un véritable trésor qu’a réalisée le jeune médiéviste Emanuele Arioli ! Une pièce précieuse, peut-être un «chaînon manquant» de l’histoire du roman européen, qu’on croyait perdue à jamais.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LHistoire
16 novembre 2023
Il est exceptionnel de retrouver un roman arthurien inconnu. C’est pourtant ce qu’a fait le jeune médiéviste (également comédien) Emanuele Arioli.
Lire la critique sur le site : LHistoire
LeMonde
09 novembre 2023
Le style du roman possède la saveur médiévale d’une narration très directe, faite de ruptures, de poétiques hyperboles et de saillies burlesques.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaLibreBelgique
31 octobre 2023
Dix années de recherche ont été nécessaires au médiéviste Emanuele Arioli pour reconstituer le roman perdu de Ségurant, appartenant à la légende du roi Arthur.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Le naufrage sur L'île Non Sachante

Selon le témoignage véritable de l'histoire, au temps de Vertiger qui jadis avait obtenu la couronne du royaume de Logres par grande déloyauté, comme le raconte clairement maître Blaise dans son livre, puis avait fait mettre à mort les douze seigneurs qui lui avaient prêté main-forte, il y avait deux chevaliers, Galehaut le Brun et son frère Hector, si valeureux qu'ils n'avaient alors leurs pareils au monde. En voyant que Vertiger avait fait tuer celui qui était plus qu'un roi et capturer nuitamment ceux qui l'y avaient aidé, chacun des deux chevaliers commanda à sa femme de quitter de nuit le pays avec son fils - tous deux étaient déjà de très beaux garçons - et de rester chez leur père en Carmélide jusqu'à ce que les enfants soient en âge de devenir chevaliers. Eux voulaient s'en aller en Gaule par crainte pour leur vie.

(INCIPIT)
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Quand le capitaine le voit revenir, il commande à tous ses chevaliers de monter à cheval et d'aller à sa rencontre, et il fait de même. Arrivés près de lui, ils descendent tous de cheval pour lui rendre honneur. Voyant cela, Ségurant en fut très embarrassé et descendit promptement de son cheval, s'en vint au capitaine et lui dit : « Ah ! Seigneur, vous me couvrez de honte ! Vraiment, je ne suis ni un roi, ni un prince, ni un duc, ni un marquis, ni un comte pour que vous et votre chevalerie soyez descendus de vos montures devant moi. Pour sûr, seigneur, fait Ségurant, je veux que vous sachiez que je ne resterai plus avec vous si vous ne me donnez votre parole de chevalier que vous ou quelqu'un de votre compagnie ne descendrez jamais plus de cheval devant moi. »
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Le conte dit que la déloyale Morgane, qui désira toujours nuire à tous les bons chevaliers où qu'ils fussent, se concerta avec Sibylle l'enchanteresse pour ensorceler le preux chevalier de manière à le perdre pour toujours. Alors elles invoquèrent tellement un diable d'enfer qu'il vint à elles. Morgane lui demanda comment il s'appelait et il lui répondit : « Lucifer, le seigneur », et les autres en enfer l'appelaient dragon, parce que lui et ceux de sa région devaient engloutir les âmes des pécheurs qui étaient en enfer. « Pour sûr, fait Morgane, j'avais besoin de quelqu'un comme toi. » Alors elle l'envoûte de telle sorte qu'il doit obéir à tout ce qu'elle veut lui commander.
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Je vous assure que les chevaliers valeureux commencèrent à se préparer le plus richement et le plus élégamment qu'ils purent pour venir à ce tournoi. En effet, tous pensent que le preux chevalier qui doit y venir sera celui qui conclura les aventures du royaume de Logres et la quête du Saint-Graal. Et même le roi Arthur en est persuadé, parce que Merlin avait prophétisé que ce chevalier viendrait la cour où seraient réunis tous les barons. Je vous déclare que le roi Arthur et la reine Guenièvre firent grand honneur au serviteur qui avait apporté à la cour le message du preux chevalier et ils lui donnèrent tant de joyaux que lui et ses héritiers en furent riches à jamais.
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Il ne pourrait tuer ce dragon de quelque manière qu'il fût au monde, car il s'agissait d'un pur esprit. Et l'esprit, qu'il soit bon ou mauvais, ne meurt jamais : seule la chair meurt.
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Videos de Emanuele Arioli (5) Voir plusAjouter une vidéo
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