Un aviateur à la grande écharpe humant l'air avec bonheur, il ne pouvait s'agir que de
Saint-Exupéry sur la couverture de ce livre, bien que je n'aie pas immédiatement compris l'allusion au blé. Etrange petit opuscule que celui-ci, qui utilise au plus près possible la structure du Petit Prince pour raconter les principales étapes de la vie de
Saint-Exupéry et en particulier son amitié avec
Léon Werth.
L'histoire a un peu de mal à débuter. Là où les piques contre les adultes sont amusantes chez
Saint-Exupéry, elles m'ont paru ici alourdir le texte. Et les apparitions inopinées du Bribonzuelo, le Lutin taquin, rendent le texte un peu décousu. Ce n'est que quand
Saint-Exupéry et Werth se rencontrent et se lient d'amitié que l'histoire commence vraiment. On suit
Saint-Exupéry qui découvre pas à pas les leçons qu'il regroupera plus tard dans
le Petit Prince, ces phrases qui sont devenues partie de notre patrimoine commun et que le Bribonzuelo décoche au fil de ses apparitions à un
Saint-Exupéry qui apprend à ne plus être une personne adulte.
Et la guerre arrive, pendant laquelle Werth devra fuir alors que
Saint-Exupéry volera dans le camp des Alliés. Et c'est là que
Saint-Exupéry comprend le sens profond de son amitié, c'est là qu'il comprend que l'amitié peut survivre à la mort. Est-il vrai que Werth a reçu un exemplaire du Petit Prince (qui n'est autre que la transfiguration du Bribonzuelo qui a accompagné
Saint-Exupéry à tous les moments critiques de sa vie) quelque part au fond des montagnes où il se cache seulement quelques jours après la mort apaisée de son ami ? Je ne le sais pas, mais l'image est belle, et, bien que cela m'arrive peu, j'ai pleuré en lisant les dernières pages de ce livre.