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Quel talent d'écriture ! Un roman noir, rythmé à souhait, exalté et extrêmement drôle.
Le contexte politique, les mouvements anti-coloniaux des années soixante comme toile de fond. La construction, simplissime : alternance de chapitres consacrés à la confession enregistrée de Butron, un triste sire, combinard opportuniste et embrouilleur, et de scènes où l'on retrouve Oufiri, ministre en poste en centre Afrique (sic), écoutant cette même bande.
Et ces gimmicks : les armes, les voitures, les morceaux de jazz, la caractérisation physique des personnages (ressemblance avec tel musicien ou tel acteur).
Un bijou dérangeant à souhait, à lire au troisième degré.
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Manchette JP. L'affaire N'Gustro. Gallimard 1971. 224 p. 5 étoiles.
Le roman est directement inspiré de l'enlèvement et de l'exécution de Ben Barka en 1965, il narre.
C'est la nuit. Dans une propriété dans les environs de Paris, le maréchal Oufiri, chef de l'armée du « Zimbabwin » (l'Algérie en fait), insomniaque, méchant sadique, se prélasse sur un divan.
Dans une chambre à l'étage, le colonel Jumbo, chef des services secrets du même Etat, besogne la poulette du maréchal tandis que N'Gustro (Ben Barka), un opposant politique est pendu par les pieds dans la cave. Il se demande ce qu'il va bien pouvoir faire de l'un et de l'autre… 😊
Le ton est donné pour ce roman dont les scènes se déroulent comme dans un film noir français de la même époque.
Passionnant. Chaque personnage est typé. L'argot est parlé. L'humour est omniprésent présent. Très noir, très fort comme le café filtre. L'intrigue est serrée, comme l'expresso. le tout vous tient éveillé jusqu'au bout de la nuit. Pas question de le lâcher ce roman…
Critique sociale également. J'en retire une confirmation de ce qui se passe à notre époque : lâchez la bride au socialisme (1905 - https://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_socialiste_(France) ) et
une partie de sa direction redeviendra léniniste /marxiste/stalinienne (comme vous voulez) et participera à un état devenu totalitaire (1 message politique, une presse, une démocratie bâillonnée, un parti et un clientélisme d'une ampleur incroyable…c'est ce qui se passe en Belgique).
Noir ou rouge, qu'importe la couleur pourvu qu'on ait le pouvoir. Absolu. https://fr.wikipedia.org/wiki/Pacte_germano-sovi%C3%A9tique
A noter que lors de la dernière guerre mondiale, le parti communiste (issu du « socialisme ») a généralement servi l'occupant nazi (e.a. en dénonçant des résistants français inscrits sur leurs listes de membres).
Et si on s'entendait sur une éthique universelle ? (honnêteté, vérité, non-violence, maîtrise des désirs, non accumulation des biens au-delà du raisonnable) et que les lois et les hommes politiques désignés devaient répondre à ces critères ? 😊 …
Et si la désignation du Président devait être décidée publiquement par le résultat d'une prévision à 5 ans de ce qui se passera dans le monde et pour le pays, au niveau social, politique, économique. Et non sur base d'un programme qui n'est jamais respecté ?
On peut toujours rêver.
Bref, revenons au récit. du suspense. de la violence. Peu d'amour. Beaucoup d'humour. Noir. Un coup de poing dans la figure. J'ai adoré… !
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J'adore lire Manchette illustré par Tardi. Pour l'affaire N'Gustro, j'avoue, j'ai moyennement aimé. L'itinéraire d'un salaud parmi les siens. Un roman qui commence par la fin casse souvent une bonne partie de l'intrigue. L'auteur excelle à raconter et dépeindre cet univers de personnalités atypiques, car l'histoire de ce jeune homme mêlé à une sale affaire politique sinue dans les années 60. Son avantage, il a de l'argent, il aime les mauvais coups car si on regarde bien son palmarès est peu glorieux.
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Du très grand Manchette, un style sans retenue à l'aise dans l'argot des malfrats, des extrêmistes de tout poil, des politicards véreux et de leurs nervis. Tout le monde en prend pour son grade et on nage en plein dans une sorte de remake de l'affaire Ben Barka avec un enlèvement d'opposant africain à Paris. L'anti-héros se croyant malin, ne l'est qu'à demi mais laisse un enregistrement qui sera écouté après son assassinat par les vrais instigateurs rigolards qui s'en délectent en se réjouissant de leur bon coup et du final qui va se jouer à la cave... C'est chaud, pas à la mode féministe du tout, ni politiquement correct. On se demande encore comment on osait en 1971 écrire ainsi.
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C'est rythmé, plein de bons mots et avec des regards acérés sur la société, les personnages et les péripéties. Pas de doute, on a bien retrouvé la plume de Manchette dans ce pur roman noir. L'affaire N'Gustro est le premier livre de Jean-Patrick Manchette (en réalité le second, car « Laissez bronzer les cadavres ! » a été publié avant mais coécrit avec Jean-Pierre Bastid). On sent déjà le style si particulier de l'auteur et la précision qui va avec à travers l'action.

L'affaire N'Gustro / Jean-Patrick Manchette

C'est rythmé, plein de bons mots et avec des regards acérés sur la société, les personnages et les péripéties. Pas de doute, on a bien retrouvé la plume de Manchette dans ce pur roman noir. L'affaire N'Gustro est le premier livre de Jean-Patrick Manchette (en réalité le second, car « Laissez bronzer les cadavres ! » a été publié avant mais coécrit avec Jean-Pierre Bastid). On sent déjà le style si particulier de l'auteur et la précision qui va avec à travers l'action.

L'affaire N'Gustro est inspiré d'un enlèvement, celui de Ben Barka en 1965. Dans ce roman on part à la rencontre d'Henri Butron, un voyou, barbouze, trafiquant d'armes et scénariste. Petit à petit, on se rend compte qu'il va être impliqué dans cet enlèvement. Ce personnage nous inspire à la fois du rejet avec son caractère et sa personnalité tout en déclenchant chez le lecteur une forme d'empathie lorsqu'il se rend compte que l'affaire le dépasse. Les politiques sont mises en cause à plusieurs reprises et on remarque que même si le livre est le témoin d'une autre époque, plusieurs observations de l'auteur pourraient s'appliquer aujourd'hui encore.

Ça faisait longtemps que je n'avais pas mis le nez dans un Manchette et j'ai passé un bon moment de lecture, sans forcément être aussi plaisant que lorsque j'avais découvert « La position du tireur couché » et « le petit bleu de la côte Ouest ». Et vous quel est le dernier livre de Jean-Patrick Manchette que vous avez lu ?
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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Je connaissais de Jean-Patrick Manchette ses captivantes histoires de vengeance ou de chasse à l'homme, où transparaissait toujours une critique acérée de l'organisation sociale contemporaine. L'Affaire n'Gustro (pourtant seulement son deuxième roman !) me semble pourtant une oeuvre d'une portée littéraire et politique bien supérieure. Manchette construit un dispositif narratif habile (que je ne dévoilerai pas ici) pour narrer une affaire françafricaine par la voix d'une petite frappe à moitié fasciste, témoin a priori absolument antipathique mais qui au fur et à mesure du texte devient presque un double de l'écrivain. Autour de ce gratte-papier paumé gravitent des personnages inquiétants, souvent construits comme des paires de jumeaux donnant lieu à autant de sublimes et vaines arguties sur la nature du bien, ou les raisons d'agir. Assurément une grande oeuvre littéraire.
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"Toute ressemblance avec des personnages" ... ne serait franchement que pure coïncidence.

Propriété esseulée de la région Parisienne. Un dictateur de pays africain lambda, le maréchal Oufiri, a kidnappé son principal opposant.
Pour le faire parler, et bien sûr pour qu'il disparaisse.

Comme il manque de distractions, il écoute des enregistrements récupérés au domicile de Butron.
Personnage sulfureux que tous les coups fourrés attirent.
On va découvrir son passé, et ce qu'il sait de l'affaire N'Gustro...

Assez quelconque, on pourrait penser à une mise une lumière sur la disparition de Ben Barka, mais à mon humble avis il n'en est rien.

Á part çà, pas grand chose d'intéressant à retenir.
J'accroche pas trop les noms plutôt ras des pâquerettes "Zimbabwin", "Defeckmann", pas mon style.
(plus d'avis sur PP)
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Cette « affaire » est manifestement inspirée de l'affaire Ben Barka : un leader tiers-mondiste africain en opposition à son gouvernement est enlevé par une bande de malfrats. L'auteur alterne habilement la confession du narrateur, qui finira mal, et l'action des commanditaires africains de l'enlèvement. Butron, le narrateur, un raté issu d'une famille aisée, ébloui par le « beau monde », se trouve embarqué à ses dépends dans cette affaire sordide. L'auteur en profite pour nous faire le tableau de certains milieux d'extrême-gauche, de bobos de l'époque que l'on n'appelait pas encore les bobos, et, à peine suggéré, celui des derniers barbouzes issus de l'époque gaulliste, ainsi du monde politique africain à peine naissant
Voilà un polar à la française, bien noir, ironique et narquois, qui date de 1971 et qui pourtant n'a pas pris une ride.
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Bel hommage à Jean-Patrick Manchette, décédé il y a vingt-cinq ans, que de rééditer L'affaire N'Gustro. L'écrivain, devenu culte pour les amateurs de romans noirs, s'est forgé au fil du temps une réputation de mastodonte du genre. Il s'est fait l'instigateur d'un autre polar, politique et sociétal. L'affaire N'Gustro, directement inspirée de l'enlèvement de Ben Barka en 1965, n'échappe pas à la règle, au contraire. Servi par un protagoniste ahuri, fasciste et détestable, ce grand roman se dévore d'une traite, et laisse dans la bouche de son lecteur ébouriffé un étrange goût de reviens-y.

Manchette débarque sur la scène littéraire en 1971 et L'affaire N'Gustro est son deuxième texte publié dans la Série Noire. D'un coup de pied tonitruant, le jeune écrivain envoie bourlinguer au diable la fourmilière ordonnée du roman policier bon-enfant. Il apporte avec lui un nouveau genre de polar, un polar qui se veut noir et rouge ; noir comme les tréfonds de la vie politique, rouge à forte tendance internationale. Ce registre inédit en France lui est directement inspiré par les auteurs d'outre-Atlantique, fers de lance du roman noir : Raymond Chandler ou William Burnett, entre autres. Intrinsèquement sociétaux, les textes de Jean-Patrick Manchette sont ancrés dans une réalité politique trouble, et sont servis par un style trépidant, à cent à l'heure.

Henri Burton est un crétin. Un imbécile oisif porté sur l'extrême-droite sans conviction, un vaurien prétentieux, une petite frappe du dimanche. En 1960, tout jeune lycéen déjà, le goût du vice est chez lui irrépressible. le malotru trouve ainsi la grande idée de piquer une jolie Fiat, se faisant mousser pour draguer la galerie, sans être suffisamment malin pour esquiver le propriétaire du véhicule. En désespoir de cause, Burton lui fend le crâne, et, pour étouffer l'affaire, le voyou est parachuté en Algérie. Commence ainsi le parcours anecdotique d'un imbécile en vadrouille. Mythomane averti, Burton s'invente un passé de tortionnaire, puis fricote avec l'OAS, avant de se retrouver au trou pour dix piges. Finalement gracié, il reprend ses bas larcins, et devient trafiquant d'armes par opportunisme. Grand bien lui fasse, puisque Burton est finalement suicidé par le chef de l'armée d'un état imaginaire, le Zimbawin, après avoir, un peu malgré lui, joué un rôle dans la guerre civile qui a secoué le pays. le Maréchal en question se repasse au cours d'une nuit insomniaque les tristes mémoires d'Henri Burton, protagoniste gerbatoire du roman qui nous occupe.


Le style Manchette tape comme un revers du gauche. Il a les mots uppercut, la langue foudroyante, la syntaxe assassine. Il réussit l'exploit difficile de retranscrire avec la même exactitude les conflits politiques qui agitent l'époque et la psychologie ectoplasmique de son personnage. le récit est lancé à cent à l'heure, les évènements s'enchaînent à un rythme effréné et magistralement maîtrisé. La langue est riche sans être prétentieuse, elle est acérée et enflammée, unique. Dans l'univers sombre de Manchette, les barbouzes défouraillent à tout-va, les mots claquent et le lecteur jubile. L'affaire N'Gustro est un roman jouissif, à lire expressément. 
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"C'est un livre abominable. Il n'y apparait que la vilenie des gens. J'espère que je vais faire bruyamment vomir quelques critiques, c'est bon pour la gloire." écrivait (quelque peu provocateur) Jean-Patrick Manchette dans son Journal à la date du 30 avril 1971. Il nous offre en réalité un superbe et saisissant portrait de la France des années 60 en transposant l'affaire Ben Barka (leader tiers-mondiste enlevé avec la complicité de policiers français) dans son roman. En prime, le style inimitable de Manchette, faisant de lui mieux qu'un auteur de roman noir, un écrivain, tout simplement.
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