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EAN : 9782707156242
210 pages
La Découverte (11/09/2008)
4.67/5   6 notes
Résumé :
Entre 1990 et 2005, l'Asie a vu le nombre de "femmes manquantes" passer de 100 à 163 millions: toutes ces absentes sont des petites filles qui n'ont pas pu naître, qui ont été tuées à la naissance ou qu'on a laissé mourir en bas âge.

L'Asie rejette les filles au nom de préjugés liés à l'honneur, de croyances religieuses et, de plus en plus, de calculs économiques qui font des garçons un investissement pour l'avenir et des filles une charge. En Inde, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Béatrice Manier nous livre ici un livre impressionnant , résultat d'années d'enquêtes en Asie de l'est , et principalement la Chine, et en Inde .

Le sujet de ces enquêtes ?
Une génération de millions d'hommes célibataires émerge actuellement , des hommes qui ne trouvent pas de femmes .
On évalue à 100.000.000 ( cent millions !) et peut-être même 163.000.000 , le nombre de" filles et femmes manquantes" dans ces régions .
Ces femmes sont des bébés que l'on n'a pas laissé naître , qu'on a tués à la naissance ou qu'on a choisi de ne pas nourrir , ni de soigner .

Les raisons de cette " disparition "?
En Chine , la politique de l'enfant unique et la préférence culturelle selon laquelle seule la naissance d'un garçon assure une vieillesse heureuse à ses parents font que les petites filles ne naissent pas ( foeticides après échographie ) ou sont tuées à la naissance ( ce peut être une clause du contrat de la sage-femme : elle remplit d'eau une cuvette , si le bébé est un garçon , il sera lavé , si c'est une petite fille , elle sera noyée .)
En Inde , la dot , initialement payée par l'époux est désormais le dû de la famille de l'épouse ( qui doit se considérer heureuse de caser leur enfant ). Cette famille s'endette très lourdement pour payer cette dot, d'autant que , non seulement le fiancé mais ses parents , les frères , oncles et cousins se font régaler sans vergogne en montres , voitures et mets délicats , n'hésitant pas à revoir leurs exigences à la hausse ( et à rompre le contrat si besoin .)
À ce tarif-là , on comprendra aisément que le " nimby " ( not in my back yard , pas de ça chez moi ), soit la philosophie de tout bon père de famille : des filles , oui mais chez le voisin .
L'émergence d'une classe moyenne a encore accéléré le processus : grâce à la technologie ( échographie ) , on ne court pas le risque de mettre au monde une fille peu rentable qui mettrait la fortune acquise récemment en danger .

Les conséquences ?
Elles sont terribles : drames et crimes familiaux , déséquilibre démographique catastrophique, criminalité ( commerce humain , prostitution , viols , rapts ) et ruine des familles qui n'arrivent pas à " caser " leurs garçons .
Attention , nulle part il n'est dit que l'échographie est une mauvaise chose , c'est son utilisation perverse qui est monstrueuse .
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Contrairement à une croyance répandue, le rejet des filles en Asie ne semble donc pas devoir être imputé à la pauvreté, à l'analphabétisme ou au sous-développement. Sur le continent, la masculinisation est en effet "plus forte parmi les personnes éduquées ou parmi les citadins", résume le démographe Christophe Z. Guilmoto. Si, autrefois, la pauvreté pouvait en partie expliquer l'infanticide des filles (moins de bouches à nourrir), elle ne peut plus expliquer aujourd'hui la sélection prénatale. Car, depuis vingt ans, l'élimination des filles ne fait que s'amplifier dans des pays (Inde, Corée du Sud, Chine, Taïwan ...) qui connaissent un développement socio-économique sans précédent, et surtout parmi des populations de plus en plus éduquées et qui accèdent à un meilleur confort matériel.

"En bref, elle est liée à la prospérité, pas à la pauvreté", conclut lui aussi Ashish Bose. Une réalité qui met à mal bien des clichés et bouscule la théorie selon laquelle le développement améliore à coup sûr le statut des femmes.

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En réalité, contrairement aux idées reçues, les groupes sociaux les plus hostiles à la naissance d'une fille seraient plutôt les classes moyennes , où les filles ne sont pas directement "productives" et où les mariages sont de plus en plus onéreux. Ces catégories émergentes n'ont pas envie de voir leurs salaires et les biens récemment acquis s'évaporer dans une cérémonie de mariage et dans une dot brisant leurs rêves consuméristes et les empêchant par exemple d'accéder à la propriété. Dans la classe moyenne, "les filles sont devenues synonymes d'obstacles, de frein à l'ascension sociale", note Ifat Hamid, une jeune chercheuse qui a observé ce phénomène à Delhi au sein de l'ONG Action India.
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