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sur 932 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Kurt Wallander s'éloigne dans les derniers jours de l'été scanien. C'est son avant-dernière enquête et déjà Henning Mankell l'efface doucement de son horizon d'écriture. Dès lors, il manque Wallander ; son obstination, son impatience, son univers bordélique, son idéalisme bancal. Sa fille Linda, fraîchement sortie de l'école de police, mutée à sa demande dans le commissariat de son père, à Ystad, attend de commencer son travail. Ce n'est pas la relève, il n'y a pas de relève « Wallander « chez Mankell. Linda Wallander est le personnage central de ce livre. C'est elle que l'on suit. L'enquête menée par son père est en toile de fond, lui-même n'apparait que de temps en temps. Pourtant Linda Wallander est au coeur de cette enquête et du drame qui se joue. Nous regardons donc Wallander à travers les yeux de sa fille ; un regard critique, étonné, accusateur, irrité souvent, admiratif et somme toute aimant, même si elle s'en défend. Deux individualités bien distinctes et fortes qui parfois volent en éclats. Ce livre s'ouvre sur l'épisode tragique du suicide collectif en Guyana du mouvement « le Temple du Peuple » en 1978. le reste du récit se déroule à la fin du mois d'août et au début du mois de septembre 2001. Avant les premières gelées de l'automne scanien. Un livre sombre, interrogateur sur la foi, la mort, l'appartenance à une famille, une société, l'idéal, la violence. La psychologie des personnages est toujours au premier plan, la solidité narrative aussi. Pour moi avec « Les morts de la Saint-Jean » le meilleur de la série. Peut-être parce que cette histoire a fait écho à un épisode personnel déjà ancien, lorsque ma route croisa pendant quelques mois Ursula, adepte de la secte Moon ou plutôt de l'Eglise de l'Unification puisque tel est son nom. Ursula essaya de me « recruter », je ne vois pas d'autre mot. Bien sûr, si quelqu'un lui avait fait remarquer que c'était sa « mission », sa « fonction » au sein du mouvement, elle l'aurait réfuté. J'ai retrouvé dans le livre de Mankell des similitudes de comportement entre Ursula et le personnage principal du livre (survivant de Guyana). Je ne peux que l'écrire :
Il y a de cela plusieurs années, je dirais même que c'était au siècle dernier. J'étais assise sur un banc Place de l'Odéon à Paris, perdue dans mes pensées je ne faisais pas vraiment attention au petit groupe de jeunes garçons et filles qui accostaient certains passants. Une jeune femme vint s'asseoir à côté de moi et commença à me parler. Rétrospectivement, je me suis dit que j' avaisl'air assez désoeuvré pour qu'elle pense que je puisse faire partie d'un nouveau contingent d'adeptes. Pauvre Ursula, j'étais dans mon état naturel, pensant à mille choses et peut-être à des lieux de la Place Odéon. Ursula qui se présenta comme une néerlandaise d'origine allemande, vivant en banlieue avec son mari français et faisant de l'humanitaire. Nous parlons, très gentiment, très agréablement. Ursula me propose de venir chez elle, j'accepte. Nous nous retrouvons donc dans un petit appartement de la banlieue sud est, agréable, chaleureux, moderne et voici Ursula préparant un déjeuner en toute simplicité. Comme toujours chez quelqu'un (même si c'est une mauvaise habitude) je regarde les livres dans la bibliothèque et je vois non pas un, mais plusieurs livres « moonesques ». Aucun autre livre, ni magazine d'ailleurs. Déjà le tableau est posé. Nous continuons à parler comme deux copines. Je lui dis pendant le repas que j'ai vu les livres écrits par Moon et je lui demande (même si je m'en doute) si elle fait partie du mouvement. Ursula confirme et oriente le sujet sur la religion au sens large pour voir mes réactions. J'ai des amis croyants pratiquants des trois grandes religions monothéistes et me suis trouvée plus d'une fois à débattre de leur foi, de la spiritualité, de leur religion. Etant agnostique tendance athée « ça dépend de mon degré de scepticisme du jour», je m'interroge et je les interroge. Donc, une conversation (un interrogatoire ?) sur les religions, allons-y. Bien sûr, Ursula, commença un travail de bourrage de crâne, je ne vois pas d'autre terme, à mon encontre. Aucune prise avec moi, mon cerveau est d'une indépendance forcenée et obtuse. Ursula changeait de ton pour ne pas dire de personnalité quand j'argumentais sur Moon, sur sa vision du monde, sur son « message », sur sa paranoïa affichée, etc.… le ton devenait soudain agressif, beaucoup moins sympathique. Etant partisane du dialogue et pouvant parler et débattre (même avec des idées que j'exècre) d'un ton calme et posé, justement pour toujours pouvoir comprendre le « pourquoi », cette violence verbale et cette agressivité me montraient les limites de notre relation. Quand je lui demandais de m'expliquer pourquoi elle et son mari se retrouvaient dans ce mouvement, elle récitait une succession de phrases sans réflexion, sans substance. Quand je lui demandais ce qu'elle pensait de tout ça, ne serait-ce que le fait de n'avoir pas pu choisir le prénom de sa petite fille. Elle ne pensait rien. Elle récitait. Effrayant et consternant. Ursula était charmante, sûrement intelligente, drôle, son mari était tout aussi avenant. Leur enfant était une mignonne petite fille, je me faisais surtout du souci pour elle. J'ai continué à lui rendre visite pendant trois, quatre mois, de façon régulière ; je ne la jugeais pas, je voulais comprendre. Peut-être pensait-elle arriver à ses fins avec moi, même si je refusais toutes les soirées, les sorties « entre adeptes ». Ursula aurait pût devenir une bonne amie. Malgré sa tentative de manipulation évidente vis-à-vis de moi, je l'aimais bien. Son endoctrinement était tristement total. J'ai pensé (après), que ce couple somme toute banal, un peu poussés par leur « gourou » auraient pu verser dans un extrême plus radical. En même temps je comprenais la logique d'approche d'Ursula, quand elle m'avait vue sur mon banc, seule. Je devais avoir l'allure d'une « proie » facile. Cette extrême gentillesse, douceur, calme, compassion, compréhension qu'elle déployait se lézardait au contact de l'interrogation d'autrui sur elle et ses semblables. En me souvenant des questions qu'elle m'a posées lors de notre première rencontre, je me suis aperçue qu'elles étaient orientées pour trouver ma faille, ma faiblesse, ma propre dépendance, le point qu'il fallait creuser pour m'amadouer. le vivre en direct est très instructif à condition de se voir en spectateur. Il pose des limites sur la compréhension vis-à-vis d'autrui et met en évidence sa propre impuissance. Cette rencontre a renforcé ma recherche sans fin (et sans réponse) sur la nature humaine. Henning Mankell a écrit un livre sur le désespoir et l'espoir, Linda et Kurt Wallander vivent cette histoire pleinement. Ma rencontre avec Ursula avait un goût de désespérance, j'ose y mettre une goutte d'espoir…
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Mon deuxième polar de Mankell, que j'ai bien apprécié même si le précédent "la cinquième femme" reste pour l'instant mon préféré.
Ici, c'est Linda, la fille de l'inspecteur Wallander, qui est au centre de l'histoire. Elle mène l'enquête, alors qu'elle n'a pas encore intégré la brigade de police auprès de son père, mais elle brave les interdits, ayant hérité d'un caractère bien trempé.
Au-delà de l'intrigue policière, qui aborde la question des sectes, de la religion et du terrorisme, il est beaucoup question des relations père-fille, et pas seulement celles de Wallander et Linda, les deux policiers, mais aussi de Anna et son père qui sont dans l'autre camp.
Mais je ne dévoilerai pas l'intrigue, je dirai juste que j'ai aimé ce livre pour la richesse des sujets qu'il aborde, l'étude psychologique des personnages et des relations père fille, plus que pour le suspense et le polar. Comme vous le savez, le polar n'étant pas mon genre préféré.
A lire sans modération si l'on apprecie l'auteur.
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Dans ce roman "Avant le gel", la psychologique propre à Henning Mankell se centre sur le personnage de Linda Wallander, la fille de son célèbre commissaire. L'auteur s'attache aux retrouvailles entre Linda et son père et montre, avec finesse et sensibilité, les sentiments qui les unissent ainsi que leurs incompréhensions. Ils sont semblables jusque dans leurs différences...
Après avoir terminé sa formation à l'école de police de Stockholm, Linda Wallander est de retour chez elle, à Ystad, en Scanie, à l'extrémité sud du pays, région frontalière du Danemark où elle doit bientôt prendre ses nouvelles fonctions d'aspirante. Elle habite provisoirement chez son père et, impatiente d'entamer sa carrière, passe le temps en renouant avec ses anciennes amies d'enfance.
Digne fille de son père, elle part à la recherche d'une de ses deux meilleures amies, Anna Westin, volatilisée le lendemain du jour où elle déclare avoir revu par hasard son père disparu depuis 24 ans.
L'auteur nous perd dans toutes les directions possibles : le récit s'ouvre sur le suicide collectif de la secte du Temple du Peuple, en Guyane en 1978. Puis retour à Ystad, août 2011. Un sadique s'amuse à enflammer des cygnes. Ensuite découverte, au fond d'une forêt, d'une scène macabre : une tête coupée, accompagnée de deux mains aux doigts entremêlés sur une bible. Les Wallander, des policiers du quotidien, confrontés à des circonstances hors du commun.
Henning Mankell , peu optimiste dans sa vision de la société, témoigne des changements sociétaux et intègre les bouleversements technologiques de notre époque et les grands évènements (encore ici avec les attentats du 11 septembre)
Je confirme mon plaisir à suivre cette écriture et ce rythme particulier, lent et ouaté qui mène à une sensation de lecture confortable et tranquille.
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Aaah mon premier Mankell , toujours emouvant de se remémorer sa premiere fois...

J'ai eu beaucoup de chance de débuter par celui-là (meme si l'auteur est plutot avare en flop litteraire..) car il m'a réellement donner l'envie d'enquiller sur la totalité de ses oeuvres Wallanderesques ( si si , ça se dit en Suedois!).
Je ne m'etendrai pas sur l'enquete abordant le probleme des derives sectaires et des gourous de papier mais plutot sur l'ambiance et les traits recurrents des oeuvres de Mankell. Ce qui m'a d'abord frappé et n'a cessé de le faire tout au long de mes balades suedoises , ce sont les incroyables descriptions de ce pays et plus particulierement de la Scanie , ce sentiment d'y etre , cette faculté qu'a Mankell de vous immerger corps et ames dans ces contrées Nordiques inhospitalieres propres a rendre suicidaire un mormon depressif ! Autre force de Mankell , c'est le pouvoir de rendre attachant un complet anti-heros : Wallander est de la vieille ecole (fans d'NCIS , LAPD , WIPTZUV.. passez votre chemin!) , un type plutot banal au caractere bien trempé mais limite associal et trainant un passé douloureux rendant ainsi difficiles voir conflictuels ses rapports avec son pere ( artiste peintre ayant la particularité de peindre continuellement le meme tableau ) ainsi qu'avec sa fille , Linda , ayant choisi d'exercer le meme boulot que son paternel qui plus est! Mais au travers de ces destins qui se croisent , l'on sent de l'amour , beaucoup d'amour difficilement avoué car bridé par une pudeur excessive..
Autre caracteristique des romans de Mankell , c'est le rythme : un faux rythme volontairement assumé , visant a poser l'histoire , a asseoir les personnages de chaque enquete...mais qui loin de vous endormir vous titille et vous entraine inexorablement et sans le moindre ennui!J'ajouterai , pour finir , que ce qui transpire egalement de la majorité de ses romans , c'est la noirceur..Un climat rude associé a des personnages qui se cherchent , voire a la derive et vous aurez un petit aperçu de ce que l'on ressent en decouvrant ce formidable auteur!
Je ne peux que vous conseiller de decouvrir ce grand conteur car Wallander , c'est un petit peu quelqu'un de la famille que l'on retrouve avec grand plaisir a chaque enquete!

Avant le gel ne vous laissera pas de glace...
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Livre de transition entre la série sur Kurt Wallander et un début de série sur sa fille Linda, devenue à son tour policière, comme lui à Ystad, Avant le gel donne lieu bien entendu à quelques échanges d'amabilités entre le père et la fille, qui s'affirme à son tour dans un métier qu'elle a choisi. Derrière les propos et le doute d'un père qui est tout à la fois flatté que sa fille suive sa voie et inquiet de la voir se mettre en danger, se dessine en filigrane l'amour paternel de Wallander.
Linda s'implique totalement dans l'enquête sur la découverte en forêt d'une tête de femme coupée avec deux mains jointes comme pour la prière et bible annotée. Cette violence est-elle due à quelque déséquilibré ou à des fanatiques ?
Linda remonte la piste qui l'oriente vers une secte religieuse, n'hésitant à à recourir à la violence. Elle est cette fois seule face à l'incompréhensible. Heureusement papa Kurt suit sa fille même si c'est de loin.
Ave ce roman Henning Mankell signe tout à la fois un roman sur la passation de témoin entre les générations, la difficulté de sentir son départ professionnel arriver, la nécessité de trouver ses propres marques et un lourd polar, glacé et glaçant.
PS, alors que je viens de finir cette critique, j'apprends le décès d'Henning Mankell, un grand écrivain, qui savait si ben décrire la vie, nos inquiétudes et l'évolution de son pays.
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Page turner!!!!! Suis-je objective? Suis indéniablement sous le charme des auteurs scandinaves.... Des personnages normaux physiquement, des crimes plausibles, bref des ingrédients qui font bien prendre la mayonnaise... Un seul regret, celui de découvrir ce monsieur qu'aujourd'hui!!!!
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On bascule du point de vue du tueur à celui du commissaire Wallander. Tension, angoisse, réflexions, ambiance scandinavie, étrange, étranger, bref, tout y est.
On est happé par le récit et on ne lâche plus le livre jusqu'à la dernière page.
Sans doute un de ses meilleurs polars (avec le Retour du Professeur de Danse).
Henning Mankell est un des plus grands auteurs de romans policiers suédois, un des premiers à avoir été diffusé en France.


Lien : http://loiseaulyre.canalblog..
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Linda Wallander vient de terminer l'ecole de police et elle n'a qu'une seule hâte c'est de commencer à travailler. Au même moment, son amie Anna disparaît. Elle se met à sa recherche, aidée de son père le célèbre commissaire Kurt Wallander.
La fille de Wallander, que l'on suit depuis les premiers titres de Mankell, suit les traces de son père. Dans ce titre c'est elle le personnage principal qui est mise en scène et je dois dire qu'elle n'a rien à envier à son père.
Excellent roman comme tous les autres de Mankell qui est un de mes auteurs préférés ❤.
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Avant le gel : titre original "Innan frosten" ( Suède 2002 - France 2005 )

Le suicide est le thème central de ce roman ( le dixième de la série, voir le tome neuf ici ). Henning Mankell évoque le suicide collectif comme celui qui fut imposé à plus de 900 adeptes du Temple du Peuple par le prédicateur Jim Jones. C'était en 1978.

Fin août 2001, Linda Caroline Wallander a trouvé sa voie. A bientôt trente ans elle va intégrer dans quelques jours la police au commissariat d'Ystad. Comme son père. Elle a choisi seule. Mais elle doute encore. Elle pense à tous ces évènements et aux personnes qui ont fait sa vie et qui l'ont emmenée vers cette vocation tardive. le père de Kurt Wallander n'avait jamais vraiment accepté le choix de son fils. le père de Linda va-t-il approuver le choix de sa fille ?

Linda n'a connu que les conséquences de l'implication totale de son père dans les enquêtes policières, ses absences, ses colères, une vie sentimentale sacrifiée jusqu'au divorce, une mère qui la rejette, un père qui ne sait pas s'y prendre. Linda lui a caché une tentative de suicide. de retour à Mariagatan, Linda va avoir l'occasion d'observer son père gérer plusieurs affaires, anodines au départ puis de plus en plus tragiques. Des cygnes qui brulent au dessus du lac Marebro puis un taureau dans une ferme de la route de Malmö et enfin un magasin d'animaux de compagnie tout entier. Une randonneuse pédestre qui cartographie les sentiers de Scanie est sauvagement assassinée, on ne retrouve que sa tête et ses mains. Deux églises sont incendiées, dans l'une d'elles le cadavre d'une femme la tête presque arrachée à l'aide d'une grosse corde. Elle voit son père mener une enquête. Elle voit son père diriger des collaborateurs, Martinsson, Nyberg, Ann-Britt Höglund et un jeune nouveau, Stefan Lindman. Elle le voit répondre aux questions de la presse avec sa cheffe, Lisa Holgersson. Elle le voit rendre compte au procureur. Pour la première fois elle voit son père au travail.

Linda est sans nouvelle de son amie Anna Westin. Elle est persuadée qu'il s'agit d'une disparition. Pour son père, cette absence est trop récente, il n'y a pas lieu de s'inquiéter. Linda doute. Elle doute de son jugement. Elle doute de son choix professionnel alors qu'elle observe son père rassembler les fils épars de son enquête pour constituer un tout cohérent. Mais Linda est obstinée. Même lorsque Anna revient, Linda veut comprendre et expliquer l'attitude de son amie d'enfance. Elle croyait la connaître, finalement non, à moins que des bouleversements récents aient affectés Anna.

Ce récit se passe avant les premiers gels de l'automne, avant le 11 septembre 2001, jour où l'actualité parla d'attentat suicide.
Lien : http://cercle-du-polar-polai..
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Dans ce nouvel opus de Mankell, la fille de Kurt Wallander, Linda entre en scène et bientôt dans la police sur les traces de son cher papa. Une série de meurtres inexplicables et ignobles se produisent en Scanie. le lecteur sait dès le départ qu'il s'agit d'un fanatique religieux issu d'une secte américaine (on pense bien sûr au massacre de Waco) qui préconise le suicide collectif. le roman est raconté à travers les yeux de Linda, jeune femme d'une trentaine d'années, rattrapée par son passé ( elle renoue avec d'anciennes amies de lycée) et à la fois fascinée et agacée par la personnalité de son père qu'elle reconnaît comme un grand professionnel. Kurt Wallander est toujours aussi négligent et indécis dans sa vie privée. Il cherche à acheter une maison comme il dit :

" J'ai toujours rêvé de me lever le matin et sortir pisser. Sur la terre."

Linda a un passé de suicidaire. Son amie, Anna disparaît puis réapparaît sans explication plausible. le père d'Anna l'a abandonnée il y a longtemps. Linda vit encore chez son père avant d'entrer dans la police. le père d'Anna a vécu dans la secte et en a réchappé. Les rapports au père des deux jeunes femmes semblent au centre de ce roman. Anna par exemple croit avoir revu son père mais on apprend par la suite, d'une autre d'amie de Linda et d'Anna -surnommée "le Zèbre"- qu'Anna ment. Qui croire? Et pourquoi cette réaction violente d'Anna lorsque "le Zèbre" leur apprend qu'elle a autrefois avorté? Tout tourne autour de ces meurtres rituels, d'animaux enflammés, d'églises en flammes, de femmes étranglées ou coupées en petits morceaux. Mankell réussit à tisser un réseau entre les personnages et leur façon d'agir sans jamais tomber dans le manichéisme facile. On sous-tend des excuses aux meurtriers tout comme Linda se souvient parfois avec agacement , parfois avec nostalgie de son passé de petite fille puis d'adolescente, se sentant abandonnée par son père mais s'apercevant qu'elle lui ressemble de plus en plus. Anna, a l'opposé, idéalise ce père qu'elle a "cru" revoir et fait tout pour le rencontrer, y compris usurper le nom de Linda tandis que celle-ci rêve d'indépendance privée et professionnelle. Reste un fait troublant : Linda commence à travailler le mardi 11 septembre 2001. Symboliquement, elle entre dans un métier qui va changer de plus en plus et devra compter que sur elle-même pour trouver des solutions, comme son père, taciturne mais tellement professionnel. Linda, qui n'est pas encore aspirant de police, mène sa propre enquête, comme un enfant grandit, ayant encore parfois besoin de son père, puis apprenant petit à petit à s'en détacher pour finir par prendre ses propres initiatives. La boucle est bouclée, quand confrontée à nouveau à une jeune fille suicidaire, Linda réussit sa première intervention de policier.

Comme assez souvent dans les romans de Mankell, il y a des passages lents qui mettent le lecteur en appétit, lui livrent quelques réactions et indices avec parcimonie, et l'on pourrait les trouver parfois pénibles si ce n'était justement le charme de cette écriture. L'édition du Seuil- qui n'est pas l'édition de poche, le roman venant de sortir en France- laisse parfois passer quelques fautes d'orthographe assez grossières qui désolent au passage.
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