Ce roman nous offre un angle d'exploration de ce que peuvent être les réflexions, les interrogations, les angoisses et, tout à la fois, la sérénité et la quête d'amour d'un être humain vieillissant seul sur un petit archipel imaginaire du golfe de Botnie...
Son écriture est surprenante. Phrases courtes. Descriptives. Peignant par très petites touches le quotidien, le matériel, le terre à terre avec de temps à autre une percée (une ouverture) vers un soupçon d'interrogation philosophique ou l'approche prudente d'un sentiment. Bien que la situation physique, familiale et sociale du personnage principal soit très particulière, le lecteur se sent très vite à l'unisson du médecin retraité ; "vieillir, c'est s'aventurer sur une glace de plus en plus fragile" ; "la vieillesse tombe lentement sur nous, comme la brume en fin de journée".
Dans ce beau et profond roman, un incendie vous force au dénuement le plus complet. Votre fille qui vous a quitté depuis des décennies vous appelle à son secours. La femme que vous aimeriez aimer vous garde à distance mais sans toutefois vous fermer sa porte. Deux solitudes vivent en parallèle. La promesse de la vie, longtemps occultée, ressurgit soudain de manière inespérée.
Au terme de son roman, Mankell nous conduit à une fin positive, apaisée et rassurante. Mais sans que cela soit forcé, comme tout naturellement. Sans que les mots soient prononcés, la compassion et le pardon sont omniprésents dans cette belle oeuvre.
Bravo et merci à l'auteur ! (dont ce roman est, hélas, le dernier :
Henning Mankell est décédé fin 2015).