J'ai discuté avec un homme politique de Tanzanie qui avait démissionné de son poste et qui était suffisamment vieux pour dire ce qu'il pensait. Il possédait un château en France, en partie financé avec de l'argent suédois envoyé pour la création de puits dans les régions les plus pauvres de son pays.
De nos jours, les voyages n'existent plus. Nous sommes catapultés à travers le monde comme des pierres munies de passeport. Notre temps sur terre n'est pas plus long que celui de nos ancêtres, mais nous l'avons dilaté à l'aide de la technologie. A notre époque, nous sommes rarement pris de vertige devant la distance et le temps ...
"On ne peut pas tout partager, il faut s'aménager un jardin secret. En avançant dans la vie, on acquiert cette sagesse fondamentale qui vous indique les rêves qui sont à partager et ceux qui sont à garder secret."
Devenir adulte, c'est peut-être se rendre compte de sa solitude, pense-t-il.
Il reste longtemps assis sans rien faire.
Encore une fois, il se trouve en haut de l'énorme arche du pont. Au dessus de lui, il y a les étoiles.
Et en dessous, Janine...
Un calme impassible règne sur la ferme. [...] Il croise par hasard Eisenhower Mudenda, qui s'incline profondément et il se fait la réflexion que l'homme blanc en Afrique participe à une pièce de théâtre dont il ignore tout. Les Noirs sont les seuls à connaître les répliques.
Ses souvenirs sont une forêt devenue broussailleuse et Hans Olofson ne dispose pas d'outils pour déchiffrer son paysage intérieur qu'il a de plus en plus de mal à embrasser du regard.
"...Les Africains passent une grande partie de leur vie à aller à des enterrements.... Dans ce pays rien n'est impossible.
Ce sont les restes d'une époque révolue se dit Hans Olofson. Ausjourd'hui le colonialisme n'existe plus...Mais les Blancs sont encore là et leur mentallité n'a pas changé. Une époque transmet toujours une poignée d'hommes nostalgiques du passé à l'époque suivante. Ils regardent leurs mains vides en se demandant où sont passées les armes du pouvoir et ils découvrent avec stupéfaction qu'elles sont passées dans les mains de ceux à qui ils ne se sont jamais adressés autrement qu'en leur donnant des ordres. Ils vivent l'Epoque de l'Amertume. Les Blancs en Afrique ne sont plus que des débris humains dont tout le monde se fout. Ils ont perdu leur fondement. Ce qu'ils croyaient appartenir à l'éternité n'existe plus..."
Des milliards de dollars d' une soi-disant aide au développement affluent des pays riches, mais pour chaque dollar qui entre, il y en a deux qui sortent.(p246)
Mes ambitions ont toujours été superficielles et insuffisantes, mes démarches morales ont été trop sentimentales ou trop impatientes. En réalité, je n'ai jamais rien exigé de moi-même.
Le comportement barbare de l'être humain a toujours un visage humain, pense-t-il confusément. C'est ce qui rend la barbarie si inhumaine.