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Martine Vallette-Hémery (Traducteur)
EAN : 9782877303521
98 pages
Editions Picquier (19/05/1998)
3.23/5   11 notes
Résumé :
Ce célèbre récit autobiographique fut écrit en Chine au xviie siècle, par un lettré prestigieux à sa défunte concubine, morte à vingt-sept ans. Evocation d'un art de vivre raffiné, de la poésie aux saveurs des parfums, confession nostalgique, ce récit est également une émouvante élégie à la femme aimée.
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
La Belle est-elle une vraie femme ou un fantasme d'homme ? C'est la question que je me suis posée en lisant cet hymne d'amour d'un lettré chinois du XVIIè à sa concubine morte prématurément.

Elle est si belle qu'après l'avoir entr'aperçue une fois il ne peut l'oublier pendant 3 ans durant (tout en étant marié et en entretenant de tendres liens avec d'autres courtisanes pendant cette période, quand même). Si aimante qu'elle l'a poursuivi dans toute la Chine en le suppliant de la prendre comme concubine (une relation parfaitement égalitaire, en somme). Si soucieuse de lui plaire qu'elle développe tous les talents qu'il affectionne : calligraphie, gastronomie, cérémonie du thé, peinture, soin du foyer par des fleurs ou de l'encens (5 pages sur les différents encens qu'ils testent, soit près de 8% du récit !). Et si dévouée qu'elle sacrifie sa santé à s'occuper de sa famille (femme, enfants et vieux parents compris) et de lui (allant jusqu'à étudier ses selles quand il souffre de la malaria, mais oui !).

Bref, une perle de douceur et d'abnégation que j'ai surtout trouvée très agaçante tant elle se façonne sur les désirs et idéaux de son homme... Mais je crois que les femmes n'avaient pas beaucoup d'options à cette époque en Chine : épouses soumises, ou concubines soumises, ou courtisanes soumises...

Le livre montre admirablement cette situation, et raconte avec subtilité l'histoire de cet amour paradoxalement très pur et sincère... Malgré tout, je suis bien contente d'être une femme moderne et pas la Dame aux pruniers ombreux !
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Xiang Mao, lettré renommé dans la Chine du 17ème siècle, fait l'éloge de sa concubine adorée décédée à 27 ans.
Après avoir arraché la Belle Dong Xiaowan à sa vie de courtisane, il n'aura de cesse, avec elle, ainsi qu'avec sa femme et sa mère, de courir le pays, de Nankin à Suzhou, et à bien d'autres villes du pays, ainsi que sur le fleuve Yang-Tsé, souvent dans l'urgence de la fuite. Nous sommes dans les années 1640, les guerriers Mandchous mènent des raids destructeurs pour mettre un terme au pouvoir de la dynastie Ming, et installer leur propre dynastie des Qing.
La Belle, ainsi que le narrateur l'appelle, est une femme exceptionnelle, très éduquée, qu'il pare de toutes les qualités. Outre sa beauté, elle est humble, dévouée, travailleuse incessante, protectrice, patiente, réfléchie...Il y a un grand respect mutuel avec l'épouse et la mère de Xiang. Elle est aussi une experte en cuisine, et élève véritablement la maîtrise des saveurs culinaires en art...
Leur relation durera neuf ans. Elle supportera avec patience les départs de Xiang, qui étudie pour devenir fonctionnaire. On ne trouvera pas ici de confidences d'alcôve. Le récit évoque les occupations et divertissements du couple : les promenades, la calligraphie, la poésie, le thé, les parfums...Les plaisirs sont sensuels et intellectuels, mais peu à peu la vie devient plus aride et dépouillée, au fil de la montée des troubles dans le pays, qui pousse à l'exode.

Le récit est parfois un peu difficile à suivre en raison des noms de villes citées incessamment, et qui ont la particularité d'avoir plusieurs noms chinois différents ! Et puis la progression, qui au début est linéaire, chronologique, se fait ensuite dans le désordre, avec des retours en arrière, comme par mimétisme avec le chaos ambiant dans le pays.
Heureusement un très court récit signé de l'ami de Xiang, Zhang Mingbi, vient en quelque sorte résumer ce que nous venons de lire, ce qui nous permet de remettre les choses dans l'ordre.

Ce texte vaut surtout pour sa qualité d'écriture (il y a de très beaux passages), et sa dimension d'histoire d'amour quasi-mythique, qui lui ont valu de traverser les siècles en Chine.
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Difficile pour moi de rédiger un avis sur ce livre. Ce livre est un chant d'amour à la femme aimée et aimante, son tombeau de papier, et l'une des seules oeuvres parvenues jusqu'à nos jours de cet auteur.
Ce livre m'a plongé dans la Chine tourmentée du XVIIe siècle, dans laquelle les hommes passaient des concours pour obtenir tel ou tel poste et où les femmes n'avaient le choix qu'entre être épouse ou concubine - ce qui n'est pas sans me rappeler le titre d'un livre qui est au sommet de ma PAL.
L'aimée est extraordinaire car elle a choisi cette vie de concubine, très jeune : elle ne voulait pas se laisser brider par un rôle d'épouse et de mère. Elle se voue entièrement à l'homme qu'elle aime et à sa famille, au sens large du terme (y compris sa femme et sa mère) tout en trasversant avec eux des épreuves liées à une période historique.
Un très beau texte
Lien : http://le.blog.de.sharon.ove..
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Ce livre est un vibrant éloge funèbre rédigé par un lettré chinois du XVIIes qui ne supporte pas la mort de sa concubine. Il précise dès la deuxième page son projet d'écriture : « j'ai composé une élégie de plusieurs milliers de mots pour la pleurer, mais les contraintes prosodiques m'empêchent de donner libre cours à mes sentiments. Ainsi vais-je tenter, simplement, de la dépeindre à grand traits. »
Et c'est ce qu'il fait sur près de 80 pages. Il la met en avant, montre sa ténacité, son courage, mais aussi son raffinement et son dévouement. Pour la valoriser, il n'hésite pas à se dévaloriser, se donnant le mauvais rôle, ce qui semble la norme dans ce type de récit.
Il présente en autobiographie neuf ans de son quotidien avec la Belle, la description tournant essentiellement autour de leurs occupations mettant en avant leur art de vivre. En filigrane de ce récit se dessine une Chine du XVIIes, pas encore unifiée, et connaissant des troubles aux changements de dynasties, ce qui semble être le contexte de ces 9 ans de vie commune.
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Ouvrage instructif sur la vie en Chine au 17e siècle et en particulier au moment de l'invasion mandchou, le tout conté par le lettré Mao Xiang pour ce recit autobiographique.
En revanche je m'attendais à un récit plus romantique, il est très intéressant de comprendre la construction du sentiment amoureux en Chine (très différent par exemple au Japon à la même période).
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Ce fut en un de ces moments que la Belle me dit : "Voilà quatre années révolues que je suis entrée chez vous. J'ai eu tout loisir de voir combien vous êtes généreux et loyal, jamais mesquin ou méchant même pour des vétilles. Je suis la seule à vous avoir compris et excusé chaque fois qu'on vous a reproché un de vos actes. J'éprouve encore plus de respect pour vos qualités de coeur et d'esprit que d'attirance pour votre séduction physique. Les dieux et les démons devraient se tenir à une distance respectueuse. Si le ciel savait, il vous viendrait en aide. Mais la vie humaine, en ce monde, est soumise à de bien cruelles vicissitudes et à moins d'être de métal ou de pierre, il est difficile de traverser ces épreuves sans périr. Si nous avons un jour le bonheur de rentrer vivants chez nous, nous devrions renoncer à ce que nous possédons pour vivre libres et détachés de tout. N'oubliez pas, alors, ce que je vous dis à présent."
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Quand vinrent les épreuves et la maladie, elle marcha à travers les écueils comme sur une route lisse, elle consomma l’amertume comme si ce fût du miel.
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Des cassolettes xuande brûlaient toute la nuit et donnaient une cendre aux teintes d'or fondu ou de jade couleur miel. Si l'on prelevait un pouce de braise incandescente et que l'on faisait brûler dessus de l'encens posé sur une couche de gravier, il dégageait son parfum jusqu'à minuit sans se carboniser ou fondre et se cristallisait en diffusant une épaisse fumée ; la chambre était remplie d'une senteur à la fois chaude et fraîche comme celle des fleurs de prunier ou de poires musquées, que nous savourions en silence, les narines dilatées.
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J'ai composé une élégie de plusieurs milliers de mots pour la pleurer, mais les contraintes prosodiques m’empêchaient de donner libre cours à mes sentiments. Aussi vais-je tenter, simplement, de donner libre cours à mes sentiments.
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La belle conservait dans son appartement neuf pieds d'orchidées de printemps et des orchidées du Fujian, ainsi du printemps à l'automne, l'air y était aussi embaumé que dans la région des lacs qui les produit. Elle en parfumait l'eau dont elle baignait ses mains.
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