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EAN : 9791093160672
78 pages
Editions Vanloo (31/07/2022)
4/5   1 notes
Résumé :
Mettre la gomme parle de vitesse. Une sorte de passion de l’asphalte et du caoutchouc. Le pneu est mon odeur. Le pneu brûlé. Fumant. Et sa trace d'un S qui veut dire zéro. Ça commence par un monologue sur une tombe. Et la tombe ne répond pas, bien sûr. Reste cette trace et cette odeur. On ne peut pas dire que le monde est pourri, ça serait trop beau, simplement il ne veut pas. Pas de nous, pas d'eux, de personne en fait. À peine veut-il des morts, et encore, s'ils n... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Tête-bêche, complices et réfractaires, deux mini-recueils de poésie motorisée aux facettes coupantes.


Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/07/20/note-de-lecture-mettre-la-gomme-guillaume-dorville-suf-marenda/

Sous le titre « Mettre la gomme », portant le numéro 21 de la belle petite collection One Shot des éditions Vanloo, publié en juillet 2022, on trouve en réalité, imprimés tête-bêche, deux mini-recueils de poèmes, l'un de Guillaume Dorvillé, à qui l'on devait déjà un « Chrome » chez le même éditeur), l'autre de Suf Marenda (qui nous avait notamment déjà offert « Jours de manif à L.A. », également chez le même éditeur).

Nés de la même commande, par la Maison de la Poésie de Rennes, à l'occasion de la résidence de création du poète Samuel Rochery, ces deux « Mettre la gomme » ne sont toutefois pas de vrais jumeaux : chacun des deux auteurs y appréhende à sa façon spécifique l'imaginaire motorisé, voire motard (en un sens évidemment très large, voire absorbant), dont les facettes retenues ne sont pas nécessairement les mêmes dans un sens et dans l'autre de l'ouvrage (après que Suf Marenda, qui avait choisi initialement le skateboard comme sport-témoin demandé par Samuel Rochery, ait obliqué en direction de son compère d'un soir annulé).

Sylvain Coher et son « Carénage », comme Antonin Varenne et son « Dernier tour lancé », nous rappellent en effet, s'il était nécessaire, que derrière le couple moto / motard ou moto / motarde – pour distinguer cette partie-là du réseau motorisé qui nous hante éventuellement, de vastes espaces sémantiques parfois insoupçonnables s'étendent gaillardement dans nos imaginaires, de pratiquante ou de profane, espaces où tout ne ressort pas totalement du sport ni de la mécanique, loin s'en faut. Si la possibilité de l'accident, du crash potentiellement fatal, en compétition ou sur la route « ordinaire », hante les moindres interstices laissés vacants par les deux poètes (avec chez l'un d'eux en tout cas, le sexe omniprésent, avec un art consommé du double entendre – le « Crash » de J.G. Ballard n'est pas si loin), on trouvera ici aussi bien quelques autoroutes jeudi d'automne dignes de Hubert-Félix Thiéfaine, des poncifs sexués centenaires qu'il s'agit enfin de tordre discrètement, ou au minimum de dé-binariser, des twins poussifs et des cylindres à trous qui puent (comme dirait Édouard Bracame), des calandres furieusement chromées (en signe de quoi au juste, là est l'une des questions), des voyous toyotistes, des barres de Twix en forme de Raider, des café racers et des commando café makers, des publicités Quick détournées en temps utile par les Nuls, des injecteurs paradoxaux, des calendriers Pirelli et tout ce qu'ils peuvent symboliser, des burns et des roues arrière, une Ford Fiesta, des rappels produit, un blouson d'aviateur en peau de mouton retourné, et même les principaux satellites de Saturne.

Bien sûr, la moto qui domine les textes n'est pas seule, et vaut aussi métonymie, en maintes occasions, de la voiture et de la vitesse en général – celle du capitalisme encore un peu triomphant, hélas, nous dirait Hartmut Rosa, parmi d'autres (on peut aussi songer à un certain texte dans La moitié du fourbi n°9, intitulé « Esthétique politique du défouraillement »). Dans ce métal qui hurle sous les accélérations, il faut peut-être saisir toute une dimension d'étrange repentir du bitume, qui naviguerait entre le Sébastien Ménard de « Soleil gasoil » et celui de « Quelque chose que je rends à la terre », ou comme une inquiétude et un songe qui rejoindraient ceux du créateur de bandes dessinées Bar2. Et toute cette magie induite en seulement deux fois quarante petites pages.

Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
VOYAGER

J’aspirais tant, vois-tu,
à m’imbiber d’essence,
que l’embrayage cramé,
je revivais tes trucs (e.g. chacun rentrant survivor de plus d’un run, ou au moins un,
à La Rochelle)

no clutch, no glory ?

mes flancs blancs, valdinguaient zoubidou, la fourche du PX se barrant allnighter, de toute sa mère de glace.

depuis l’aller, déjà, la pompe à huile shuntée à blanc, le bourrin du T5 avait serré deux fois sur l’une des voies rapides.
mon corps de jeune mâle se sentait laminable
sous les roues d’un poids lourd
polonais, vendéen
sous la masse estoquante des forces brutes du capital :
quand comptait-on m' »écraser »?
qu’adviendrait-il de mon casque ?

Cette mort-là, ne m’était pas, Jamais,
théorique,

c’était un truc juste extinctif.

(Suf Marenda)
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HONDA NX DOMINATOR

des rétros, au voyant de poids mort,
sur ce gros-mono 500, ma cognition résonne
de partout, jusqu’au cœur.

il nous faut, dirait-on, de ces radars à reculades !
car, il faut savoir se renseigner du train arrière.

Ils ont ce déclenchement ancien
des cris vertueux de la Cyrénaïque.

Actifs aux mauvaises intentions,
ces systèmes quadrillent les frontières de notre croupe.

Ils sauvent ainsi la tôle de son envol,
lorsqu’ils n’insultent pas leur monde,
à cancaner : « enculards ! enculards ! »

Sinon, oui, comme je suis sourd,
ma moto recule en toute sérénité.

N.B. : Nelly (Lucky) Dominator est le nom d’une
femme, qui a inventé le principe du drive in.

(Suf Marenda)
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DANS LE CIEL
La lumière sur le lac se
diffracte
Des milliers de points
brillants rebondissent
dans tes yeux
Les feuilles vibrent
Le jaune éclate partout
Dans les tunnels les
Supersport jaillissent
comme de la gueule
d’un canon
Les yeux ne voient
presque plus rien
Cette bonne odeur
d’essence
On est vendre-die 13
(Guillaume Dorvillé)
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TWIX
Machine à distribuer de
la nourriture
Station service
Saint-Thibault-des-
Vignes
Quick face à MAcdo
Un vague signe de la
main
Le C des Creepers je
crois
ou deux doigts façon
Raiders
Mika tu souris sur la
photo
C’est quoi cette photo
C’est de la matière à
poème
Sortir de la caisse
Vider ses poches sur le
capot
Normal
3 heures
Vous vous faites chier
les gars hein
(Guillaume Dorvillé)
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