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4,04

sur 246 notes
Florent quitte la terre ferme le temps d'un voyage en Angleterre. Là-bas, il espère de tout coeur retrouver Jenny, une jeune anglaise rencontrée 2 fois mais dont il est tombé fou amoureux et ainsi commencer sa vie avec elle. Surprise par cette venue inattendue, elle se laisse charmer par le jeune homme et lui fait une déclaration des plus surprenantes. Elle veut une véritable histoire d'amour avec une maison en Normandie, manger du camembert toute la vie et surtout une petite fille au doux prénom de Lilie...
5 ans ont passé... La petite Lilie est bien là tandis que Jenny n'est plus... Sans réellement comprendre ce qui lui arrive, la petite fille assiste aux obsèques de sa maman sur sa terre natale tandis que Florent voit subitement sa vie s'écrouler. Lilie est tout ce qui lui reste et lui, son seul refuge. Sur le bateau qui les ramène en France, alors que la petite s'en va chercher un coca, il la perd de vue quelques minutes, plongé dans ses pensées, à se demander comment il va faire pour surmonter cette terrible épreuve. Elle reste introuvable alors il part à sa recherche. Partout, il court, demande si quelqu'un ne l'aurait pas aperçue...

N'était cette quatrième de couverture trop bavarde qui mentionne "Voyage en Alzheimer", l'on est bien loin de se douter de la tragédie qui se joue entre ce père et sa fille. Une seule planche, pleine page, et l'on comprend que Florent voyage dans ses souvenirs qu'il voit s'envoler petitement et qu'il essaie de rattraper. Damien Marie et Laurent Bonneau nous offrent une escapade intense, émouvante et d'une force incroyable. Ce huis clos entre un père trop absent et sa fille qui se cherchent continuellement sans vraiment parvenir à se rejoindre. Entre passé et présent, l'on est pris dans le tourbillon de ces souvenirs qui peu à peu se dérobent. Tout en retenue et d'une justesse incroyable, ce récit émeut de par ses quelques silences évocateurs, ses sentiments confus et pudiques et ses quelques touches de couleurs. le dessin de Laurent Bonneau est d'une sobriété déconcertante.

Ne pas oublier Ceux qui me restent ...
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Florent + Jenny = Lilie.
Puis très rapidement, cette équation parfaite va se muer en problème quasi insoluble.
Trop jeune pour être veuf. Déjà fatigué avant l'heure.

Le temps a filé. Ses souvenirs également.
A 70 ans, placé en établissement spécialisé, Florent se bat contre lui-même. Contre cette foutue mémoire qui n'en fait qu'à sa tête en lui bouffant la sienne.
Immanquablement, elle le ramène sur ce bateau maudit qui aura vu ce père égarer la petite prunelle de ses deux océans de tristesse bloqués sur la position hémorragie oculaire. Avant, nada, zob, fondu au noir.

La petite Jenny a bien poussé. Écartelée entre son boulot et les visites journalières à son père, elle n'est qu'une boule de rancoeur envers celui qui a fauté, à ses yeux.
Mais le temps passe et s'efface. Celui de la réconciliation est peut-être enfin venu...

De prime abord, coup de crayon épuré à l'extrême et couleurs tristounettes fleurent bon le bof-bof de compétition. Puis survient la gravité du propos et sa foultitude de flashbacks narratifs qui, sans avoir l'air d'y toucher, vous chopent l'âme et vous l'essorent jusqu'au dénouement final, celui qui vous cueille, la larmiche au coin des yeux et le palpitant tout serré.

Ici, on ne fait pas dans le pathos m'sieur-dames. En même temps, que viendrait foutre un mousquetaire en cette galère?
Non, Ceux Qui Me restent fabrique de l'émotion à plein tube avec une intelligence et une élégance rare.

Ceux Qui Me Restent traite de l'oubli.
Paradoxalement, ce récit me restera encore très longtemps...
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...ceux qui me restent... mes quelques souvenirs et, euh... ma fille...je crois. C'est ce qu'ils prétendent en tout cas, ici, à la maison de retraite. Mais, moi je cherche ma petite Lily ! Je la cherche sur le ferry qui nous ramenait d'Angleterre en France, après l'enterrement de ma femme, Jenny. J'avais 39 ans et je me devais d'être le refuge et un bon père pour notre fille Lily, alors âgée de cinq ans. Or, Lily s'est perdue... sur le bateau... je cherche ma fille au ciré jaune, je cherche ses yeux turquoises...

Florent, 70 ans, s'enfonce dans la solitude de la maladie d'Alzheimer, se réveillant chaque jour plus seul, après chaque "cauchemar" dans lequel il essaie de retenir les bribes de sa mémoire afin de retrouver Lily... qui pourtant vient voir son père une fois par semaine...

Il y a très peu de texte dans ce remarquable roman graphique, texte presque superflu, tant les dessins expriment tout. le chagrin, la colère, les remords, la souffrance, parfois un rare sourire, se lisent, criant de véracité, sur les visages et dans les attitudes de Florent et sa fille. La ligne des traits, essentiellement au crayon, fusain et encre, reste sobre. Les arrière-plans souvent floutés, le joli travail d'ombres et le parfait découpage amènent les personnages sur les avant-scènes aux teints pastels sombres...nuances par moments moins soutenues quand la mémoire de Florent se perd dans un effrangement brumeux...

L'histoire introspective de ce père et les relations avec sa fille se raconte en grande partie par flashbacks et la lecture de leur vécu constitue désormais un de mes plus beaux souvenirs... de ceux qui restent...
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Un coup de foudre pendant les manifs de mai 68 et Florent court rejoindre la jolie Jenny en Angleterre. Elle ne s'y attendait pas, l'accueille en riant, pose ses conditions : « Si tu viens avec moi, c'est le vrai sérieux. Je veux une bébé fille who's called Lilie and une maison dans la Normandie pour manger le camembert toute la vie. » Qu'à cela ne tienne, il lui offrira tout ça. Mais Jenny meurt lorsque Lilie a cinq ans, et Florent se retrouve dépassé : « Il faudra affronter la maison pleine de Jenny sur tous les murs... les meubles... dans tous les tiroirs. Reprendre le travail. Consoler petite Lilie. Encore travailler. Encore consoler petite Lilie. Et ne jamais pleurer. Je suis le refuge. » Lourde tâche de s'occuper seul d'une petite fille qui a perdu sa maman, perspective ô combien angoissante, vertigineuse...

Album déroutant sur le deuil, la paternité, les relations père-fille, le pardon. Et surtout sur la maladie d'Alzheimer, qui fait revivre jour après jour à cet homme le cauchemar d'une disparition, la peur de la perte de son enfant. J'ai longtemps navigué à vue entre ces pages, je ne suis pas certaine d'avoir tout compris même après relecture. J'ai été mal à l'aise, angoissée et perdue en même temps que ce père dont la mémoire fout le camp, pour qui tout s'embrouille.

Cette histoire troublante et triste est admirablement mise en valeur par des mots émouvants et un graphisme superbe.
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Un dessin magnifique qui illustre avec finesse ce récit sur la maladie d'Alzheimer, Damien Marie et Laurent Bonneau ont trouvé le ton juste.
C'est comme une plongée dans un esprit atteint de cette saleté qui vous bouffe la mémoire... avec ce dessin au fusain, aux traits floutés, presque effacés... ou seul Florent, victime de la maladie, héros de ce triste conte, apparait clairement, dessiné d'un trait clair et limpide.
Florent, qui fut un jeune père dépassé... et dont la mémoire bloque sur cet épisode traumatisant de son passé, la mort de sa femme, et surtout, la disparition de sa fille, sa petit Lilie en ciré jaune... le jaune, couleur solaire, point de repère de cet homme perdu dans le temps, prisonnier de ses souvenirs... La couleur jaune, comme une ponctuation d'amour dans ce noir et blanc linéaire et labyrinthique... Sa fille, sa petite Lilie, perdue, il y a si longtemps, sur ce bateau... La retrouvera-t-il ici, maintenant ?
Un livre superbe, troublant, qui se lit trop vite....
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Tout au long de ce roman graphique, comme Florent, on erre entre présent et passé, réalité et souvenirs, histoire reconstituée et histoire vraie. C'est une façon extrêmement habile, outre un beau graphisme, de montrer la réalité de l'Alzheimer et de permettre au lecteur, petit à petit et sans pathos, de séparer l'histoire vraie de Florent et d'Aurélie (sa fille) des obsessions, oublis et erreurs de Florent noyé dans la détresse cette terrible maladie.
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Un roman graphique tout en chausse-trappes afin d'évoquer les conséquences désastreuses que la maladie d'Alzheimer inflige aux malades et à leur proches. de page en page, on se surprend à errer dans les tunnels temporels persistants, certains menant à des souvenirs lointains, d'autres comme des impasses ou des chemins de traverse menant nulle part…
C'est l'histoire de Florent et celle de sa fille Aurélie. le deuil, l'absence, la maladie auront creusés entre eux des tranchées qui pourraient devenir infranchissables avec le temps.
Le dessin est lui-aussi tout en trompe-l'oeil ; il semble esquisse, brouillon, comme tracé grossièrement au fusain ou crayonné dare-dare… C'est en réalité un vrai travail de camouflage qui masque les émotions et la réalité crue.
Afin de ne pas se perdre, il faut se repérer à la ligne jaune acidulée ; ce leitmotiv qui parfois se fond et tend à disparaitre dans le gris du décor mais nous qui rappelle que la vie et ses étincelles sont peut-être plus fortes que la détresse.
Fort, émotionnellement.
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La façon dont est composé le récit m'a surpris, les premières scènes sont vraiment déconcertantes. le graphisme est assez froid, avec des aplats de couleurs qui mettent un peu mal à l'aise, un trait mélangeant un crayonné brut, mine de plomb avec quelques traits plus nets, et une ambiance sordide et triste, beaucoup de pluie, des ciel gris, des décors sans vie. Mais lorsqu'on comprend, lorque le puzzle se dévoile, c'est le choc. La manière avec laquelle les auteurs nous amènent dans le drame de la maladie et vraiment terrible, choquant et en même temps délicat et subtil, on entre dans la pensée du malade, dans sa manière de voir les choses, de revivre les moments durs de sa vie, de se perdre dans ses souvenirs insupportables. le graphisme lui même participe au drame, le visage de la belle mère est à moitié gommé, le choix des détails, la tristesse des couleurs, tout est savamment posé, rien n'est laissé au hasard. Il y a peu de mots, le strict minimum pour saisir les caractères. C'est une bande dessinée émouvante, très dure et pourtant très belle, à ne pas lire si vous avez le bourdon.
Magistral.
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Florent a beaucoup perdu tout au long de sa vie. D'abord sa femme, dont le suicide a fait de lui un père esseulé et incapable de faire face. Sa fille, ensuite. Lilie ne lui a jamais pardonné la mort de sa mère et l'a toujours tenu responsable de cette tragédie. Aujourd'hui, il voudrait la retrouver mais il ne la reconnaît plus. Son mal porte un nom terrible et glaçant : Alzheimer. La maladie n'est pas le seul sujet de cet album bouleversant. La rancoeur, les non-dits, ces choses qui nous éloignent les uns des autres et n'engendrent au final que tristesse et remords sont également des thématiques abordées avec beaucoup d'habileté.

Difficile de mettre en images une mémoire défaillante. Les souvenirs surgissent par bribes, sans réelle hiérarchie. Ils s'imbriquent, se chevauchent, se télescopent, s'estompent, s'effacent. Que reste-t-il de tangible ? A quoi se cramponner ? le récit restitue à merveille ce puzzle mémoriel dont les pièces se perdent peu à peu.

Le dessin de Laurent Bonneau, d'une grande sobriété, suggère les périodes de flottement, de vide, d'absence d'éléments temporels concrets auxquels Florent pourrait se raccrocher. Les grandes cases, très dépouillées, illustrent le "brouillard" dans lequel son esprit s'enfonce chaque jour davantage. C'est subtil et très lisible malgré l'aspect à première vue "décousu" de la narration.

Un album à lire comme une course poursuite. Contre le temps qui passe et efface. Contre une maladie impossible à vaincre. Contre l'amour perdu d'une fille à laquelle on n'a jamais, absolument jamais, cessé de penser au fil des années. le récit émouvant d'un combat perdu d'avance, déroulé avec une intelligence et une pudeur remarquable.


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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"Ceux qui me restent" est un magnifique roman graphique qui m'a beaucoup touché sans que ses thèmes me soient forcément familiers.
Damien Marie fait passer tellement de choses, de sentiments, la rancoeur, le ressentiment, le pardon. La lecture peut être un peu déroutante, il faut lâcher prise et se laisser aller suivant les méandres de la mémoire, la maladie.
Le dessin de Laurent Bonneau est très beau avec des couleurs bien choisies.
160 pages sur lesquelles je reviendrai sûrement.
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