Je découvre Maria Borrély, institutrice du village haut-provençal de Puimoisson dans les années 20 et 30 et auteur de plusieurs romans, grâce à ce premier livre qu'elle a publié, avec le soutien d'André Gide. C'est une magnifique découverte que je dois (une nouvelle fois) aux éditions Parole et à leur collection "Main de femme" qui rassemble "des livres à ne pas mettre entre les mains de tous les hommes". Pour ma part, c'est le troisième livre de cette collection que je lis et c'est à chaque fois un coup de coeur !
Le vent qui souffle sur le plateau de Valensole (non loin de Moustiers-Sainte-Marie) est, avec la jeune Marie, le personnage central de ce roman. L'histoire ici est si simple et si universelle (un mal d'amour qui survient sans crier gare) qu'il n'est nul besoin de la raconter. Il suffit de dire que l'écriture est ici absolument sublime : elle nous montre ce que la langue française peut devenir lorsqu'elle sait accueillir les mots d'un parler régional et ce, avec le talent et la sensibilité d'une poétesse telle que Maria Borrély. Certes il se passe peu de choses dans cette histoire mais ce "peu" vibre tellement que nous, lecteurs, en sommes ravis, au sens le plus fort du mot.
Malgré l'avertissement, je crois que je vais continuer à piocher dans le catalogue des Éditions Parole et de leur collection "Main de femme"...
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Beaucoup trop de très belles descriptions certes et tout cela bien écrit, de manière très poétique. Mais il ne se passe pas grand chose et j 'ai fini par m'ennuyer!
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"Le village étale sous le ciel uni la nudité de ses toits roux, s'accote entre des terrasses d'oliviers, épouse l'adret ensoleillé qui penche. Ses pieds baignent dans des près et des vergers fleuris.
Les vieilles tuiles déteintes, les murs ayant perdu au fil des saisons leur crépissage, rien de ce village ne dépare au sein de la colline verte. Tout y est couleur de temps, de rocher. Et quand le soleil se couche derrière les oliviers, le pâté de maisons sordides aux toits inégaux a un plein relief, offrant la plus riche confusion de murs agglomérés, dorés ou rosés, ou couverts d'ombre noirs.
A flan de coteaux et sur la plaine, les maisons, tassées au coeur de l'ancien village, s'étalent mieux alentour, sur la pente abritée aussi bien que là-haut, où souffle un vent dur.
La place, vaste, est sur le plateau, avec de maigres noyers et érables qui ronge la poussière, que mutile le vent, que dessèchent une terre sans eau, les longs étés sans pluie.
Les jours de mistral n'y sont pas gais.
On mange de la poussière. Ceux qui marchent dans le vent, se sentant légers comme la feuille, semblent glisser. Les autres, tête baissée, souffle court, n'enfoncent qu'avec des poussées, des arrêts, des pas de côté, dans la dure épaisseur de vent."
Février fougassier et amateur de crêpes faisant prévaloir, malgré tous les gels, Carnaval charbonné, affublé d'oripeaux, hilare.
C'est la saison où les femmes s'en vont au revers des ribes cueillir la doucette et les chicorées amères dont il faut faire une cure au printemps, parce que ça dépure.
Mars fut rude, qui grilla les premières feuilles ayant cru bon de se déplier dans un chaud rayon.
Le ciel appuie sur le corps de la terre son flanc léger.
Croupes remontantes, les collines étendues s'offrent à la caresse bleue, toucher qui partout erre, cherche, veut tous les reliefs, entre dans les secrets replis.
Le ciel est tout près, bleuissant ici, sous ces lauriers noirs, mêlé aux nuances de ce blé, à l'argent de ces oliviers. Du firmament choit dans cette ravine, là.
Sous son regard elle se sentait bousculée, tremblante comme un arbre dans le vent.