Les femmes sont des sottes dont les aguicheries peuvent facilement tourner l’esprit des hommes et créer beaucoup de complications, continuait de se remémorer la vieille dame. C’est ainsi qu’une autre de ses sœurs, la plus jeune et la plus jolie, ce qui ne veut pas dire la moins stupide, revenait de la source, sa jarre de fin métal cuivré bien accrochée sur le dos par la lanière de cuir qui ceignait son front.
Aujourd’hui, le commerce du sel est devenu marginal ou inexistant. S’étant enrichis, nombre d’entre nous sont devenus propriétaires terriens, commerçants, bourgeois. D’autres se sont immiscés dans l’appareil administratif et y occupent de hautes fonctions, au service de Sa Majesté. Finalement, dans ces vallées, presque tous nous sont apparentés.
Décidément très beau, Abdou était grand, mince, musclé, viril avec, comme l’on sait, d’étonnants yeux de gazelle. Un physique à tomber ! Et le même enivrant parfum de musc et d’ambre gris qui lui rappelait les nuits chaudes de Zagora.
Mais il était beaucoup trop jeune, d’au moins vingt ans !, pour correspondre aux goûts de Jamil.
À quarante-cinq ans, c’était un homme superbe à la haute stature, à l’allure fière et virile, aux yeux de braise soulignés d’un trait de khôl, que sa famille n’avait pas encore marié ou qui était veuf, on ne savait pas très bien. Il arborait une gandourah blanche et le cheich bleu des hommes du désert.
Depuis presque deux ans, les amants vivaient leur histoire en toute discrétion et au jour le jour. Ils n’avaient établi aucun projet d’avenir. Latifa terminerait ses études et verrait bien après. Au mariage, elle ne pensait évidemment pas, en dépit des fréquentes allusions de ses parents qui avaient, de leur côté, entamé discrètement leur recherche du meilleur parti. Cependant, les filles devant arriver intactes dans le lit nuptial et surtout prouver leur virginité à la belle-famille en exhibant le drap taché, les jeux sexuels des deux amants furent au départ très précautionneux.