Ces mémoires déçoivent. J'attendais que
François Molins retrace les affaires marquantes de sa carrière. Or il se contente de les survoler sans entrer dans les détails. En revanche il s'étend longuement sur sa carrière, sur ses diverses affectations et sur les initiatives qu'il a pu prendre - non sans une certaine autosatisfaction. À noter cependant des prises de conscience salutaires, notamment quand il regrette d'avoir utilisé l'expression "loup solitaire" s'agissant de Mohamed Merah; ou quand il se repent d'avoir mal estimé et mal traité le phénomène des violences conjugales - est-ce la raison pour laquelle il se complaît à utiliser à de multiples reprises la formule consacrée par l'ineffable
Sandrine Rousseau "violences faites aux femmes" ? Alors qu'il existe d'autres manières de les caractériser...
Il y a de curieuses lacunes dans ses récits. Ainsi quand il oublie d'évoquer le policier Ahmed Merabet parmi les victimes de la tuerie de
Charlie Hebdo. Autre exemple quand il parle des polémiques survenues après le massacre du Bataclan en évitant le sujet de l'incroyable comportement des autorités militaires, alors qu'une patrouille de l'opération Sentinelle se trouvait sur les lieux et avait refusé d'intervenir...
Il ne nous épargne pas l'antienne contre le "prétendu" laxisme judiciaire en citant l'aggravation des peines prononcées, sans la mettre en rapport avec l'évolution de la gravité des délits et des crimes et sans dire un mot de la généralisation des mesures d'aménagement.
François Molins évite de
parler du "mur des cons" et se garde de porter un jugement sur la politisation de certains syndicats de magistrats, qui n'est pas étrangère à la défiance de nos compatriotes à l'égard de l'institution judiciaire.
Un dernier mot sur l'affaire de cornecul des poursuites contre le garde des sceaux
Eric Dupont-Moretti de la part des syndicats de magistrat : malgré plusieurs lectures, je n'ai rien compris à ce qui était reproché à ED-M ni aux 32 pages d'arguments de F Molins, acteur central de ce procès ridicule et sans intérêt au terme duquel le ministre a d'ailleurs été relaxé.