Comment dire ? Comment dire ? Que ce bouquin est un objet non identifié, non identifiable ? Que j'ai lu un truc magnifique ? Ou au contraire absolument illisible ? le moins qu'on puisse dire c'est que si vous ouvrez ce livre, vous ne pourrez pas vous contenter d'un laconique : "ouais, bof !" Indifférence impossible. Pour ma part, histoire de déflorer le suspense tout de suite, je peux vous affirmer que j'ai été passionné par ce roman, avec néanmoins quelques réserves.
Difficile de dissocier le fond de la forme. Une partie des chapitres de JL Marret parle d'un conflit international, mondialisé. Dans ces paragraphes, l'auteur s'amuse avec la mise en pages : nombreux points de suspension pour des propos soi-disant censurés par tel ou tel groupuscule, polices de caractères et couleur de texte différentes parfois dans un même mot ! L'auteur tape sur nos sociétés, sur ceux qui nous dirigent.
les réserves dont je faisais état plus haut sont dans ces passages, parfois un peu longs et répétitifs. Je trouve qu'ils alourdissent le roman déjà pas très léger ni dans le thème ni dans son histoire ni dans le volume (445 pages).
Dans les autres paragraphes qui concernent le "petit" conflit Albanistan/Serbie et quelques personnages en particulier, Ali Karaté et le Commandant Zobsky notamment, le style est plus classique, apaisé. Mais bien sûr tout est relatif, parce que du classique ou de l'apaisé chez JL Marret, ça remue encore et toujours
L'auteur joue avec les mots, les triture, les déforme, en invente et fait preuve d'une belle innovation qui personnellement me ravit. Je prends, j'applaudis des deux mains (parce qu'à une seule c'est pas facile, essayez un peu !). Je me suis régalé à lire les mésaventures d'Ali et de Zobsky, j'ai ri souvent. Il y a un chapitre irrésistible dans lequel l'auteur parle du rapport des chanteuses disco avec les combattant albaniks. Il est fort dommage que je ne puisse le reproduire dans son intégralité ici, mais il est à tomber (à partir de la page 110).
Difficile de ne pas penser à Céline qui a été un des premiers à exploser l'écriture avec génie.
Jean-Luc Marret ne peut nier son influence, l'ombre de Bardamu flotte au-dessus de l'Albanistan. Un premier roman inclassable qui laisse augurer d'autres livres du même auteur, alléchants (les livres à venir bien sûr, pas l'auteur).
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