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Dans les années trente, une famille de tziganes sillonne les routes, offrant le spectacle de son petit cirque.
Mais la guerre arrive, les chassant puis les parquant.
C'est l'horreur des camps.
Anton, un des fils sera le seul rescapé de la famille et continuera à sillonner les routes à travers l'Europe, jusqu'en Inde.
C'est une magnifique histoire racontée avec un grand talent.
L'âme de ces « fils du vent » est pure et belle.
Quelle sagesse chez eux !
On traverse de longues années en compagnie d'Anton.
Des années où la joie de vivre se transforme en horreur.
Mais Anton a un don de vie, une force d'esprit, une beauté de coeur qui l'aideront à surmonter l'horreur et à préserver l'esprit de tous les siens.
L'écriture est très belle, profonde, poétique.
La vie d'Anton est bouleversante et admirable.
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Un coup de coeur! Ce livre se lit facilement, le style est simple et souvent poétique. Il est relativement rare de parler de ces petits cirques actuellement en voie de disparition, rare de parler des tziganes (rom, manouche, gens du voyage, nomades) encore plus rare de parler de leur génocide. Svetan, le père prédit qu'Anton sera un grand dresseur; il dit aussi qu'il faut partir vers l'Afrique ou l'Amérique comme son propre père l'avait conseillé mais le départ est toujours ajourné. Jag le violoniste va faire l'éducation de l'enfant: lui apprendre à lire notamment (ce qui est mal vu). Svetan, lui, enseigne le dressage des chevaux.
Petit cirque mais grande renommée. Une kumpania : Anton et ses parents, Jag,Jion et Lyuba; Boti , Kes et leurs trois enfants, Gugu et Mala; Gabor et Nina; Simza, la grand-mère de seulement soixante ans mais qui ne fait plus rien et n'aime pas Anton. D'autres enfants sont nés et une petite Katia, enfuie d'un orphelinat fut adoptée.Torvath et Fils du vent.
Un jour, en Mongolie, une petite fille est venue trois fois admirer la performance d'Anton, sans payer. Elle dit qu'il est son ange gardien et qu'il est le Frère des chevaux; il ne connait pas son nom mais imagine Nadia.
Anton devient un prodigieux dresseur mais aussi il parle plusieurs langues et lit aussi bien les caractères cyrilliques que romains. Jag lui apprend la musique et lui parle de pays lointains notamment l'Inde car c'est de là que viennent les Fils du vent. Il lui apprend des rudiments de médecine et d'herboristerie. D'aucuns annoncent qu'il va y avoir la guerre. Jag veut partir: "il voulait tailler la route avant que le monde ne se ferme"Le monde tourne comme un manège qui s'en va vers le pire.Le lendemain du départ de Jag vers Jaisalmer Hitler entrait triomphalement dans Vienne. Les horreurs des massacres, des camps, maladie et famine...Anton va connaître les pires moments...jusqu'à ce que, bien plus tard, une vie recommence mais les cicatrices ne s'effaceront pas.
Beaucoup d'émotion!


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J'ai eu un vrai coup de coeur pour ce premier roman. D'après la quatrième de couverture, l'auteur l'a écrit à 58 ans après avoir quitté son métier d'enseignant pour parcourir le monde.
Ce livre raconte une histoire originale et très documentée. Anton naît après la première guerre mondiale dans une famille tzigane circassienne d'Europe centrale. L'amour des chevaux, du cirque, de la musique, de la liberté du peuple tzigane est évoqué de manière détaillée, poétique et convaincante.
« Si tu veux obtenir quelque chose d'un homme, parle au fils du vent qui est encore en lui ; parle à sa liberté et non pas à tout ce qui l'entrave. Enlève la selle et le mors à ton cheval ; enlève aux hommes leurs oripeaux sociaux, leurs chaînes et tout ce qui les entrave : considère-les nus et tu sauras qui ils sont… ».
C'est une histoire en trois dimensions.
Tout d'abord, une dimension historique car la narration suit les grands évènements du vingtième siècle : la deuxième guerre mondiale, les conflits en Europe de l'Est, l'apartheid en Afrique du Sud. Un passage particulièrement dur décrit la survie d'Anton dans le ghetto de Lódz où la vie quotidienne est reconstituée avec des détails édifiants. Par exemple, un Tzigane se demande pourquoi la police criminelle du Reich commet de telles exactions, Anton répond : « Pour que nous ressemblions à l'idée qu'ils se font de nous. »
Une dimension géographique car Anton, avec son âme vagabonde voyage en Europe, en Asie centrale, en Inde et aux États-Unis. Il s'ouvre à des cultures et des religions différentes dont il s'enrichit.
Enfin, une dimension spirituelle et onirique. le rêve fait partie de la réalité tzigane, il nourrit les individus.
C'est un livre relativement court pour toutes les idées qui y sont développées. L'écriture est belle, les phrases simples, percutantes vont à l'essentiel. Certains passages sont poétiques. « L'haleine des chevaux soufflait des nuages et les étoiles au ciel semblaient cligner des yeux ».
Quand on ferme le livre, on a envie de générosité, de partage, d'ouverture aux autres et au monde.
Anton nous partage sa philosophie : « Retrouver les lenteurs et les insouciances de l'enfance, l'errance, ne pas dépasser les limites du besoin, voyager loin mais sans plan de route… ».
« Avant que le monde ne se ferme », ce titre évoque-t-il un espoir ou une crainte ?
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Dans ce roman aux allures de conte, Alain Mascaro retrace l'épopée d'Anton, un dresseur de chevaux né dans un clan d'artistes du cirque de la communauté tzigane au début du 20ème siècle.

De génération en génération, la petite troupe familiale sillonne les routes d'Europe et les steppes d'Asie centrale pour donner des spectacles sous un chapiteau rouge et bleu.
Profitant intensément de l'instant présent, les « fils du vent » mènent une vie de nomades, où la liberté, les voyages, les traditions tziganes et la musique envoûtante du violon du vieux Jag en constituent le coeur.
Mais la seconde guerre mondiale va brutalement mettre un terme à cette douce existence, et Anton va assister impuissant à « l'engloutissement » des siens, exterminés dans les ghettos ou déportés dans les camps de concentration.
Au milieu de toute cette horreur, son parcours sera parsemé de belles rencontres qui l'aideront à tenir bon dans les moments les plus sombres, puis à reprendre peu à peu goût à la vie.
Hanté par le souvenir des disparus, Anton fera vivre leur mémoire pour ne pas qu'ils tombent dans l'oubli : comme dans le poème de Baudelaire « J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans », son cerveau est « un immense caveau, qui contient plus de morts que la fosse commune ».

Je me suis laissé porter par le souffle romanesque et un peu magique de ce roman.
Avec son écriture empreinte de poésie, Alain Mascaro nous invite au voyage et à la contemplation. de la beauté du monde, renaissent l'espoir et la vie.
Un joli coup de coeur.
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L'épopée d'une vie tzigane. La communauté, le cirque, la musique, les chevaux, ... un idéal d'itinérance dans les confins de l'Europe. Une guerre qui met un terme à ce périple idyllique, qui contraint à une sédentarisation funeste et à l'extermination méthodique d'un peuple. Cette part du récit de l'auteur est réaliste et poétique.

La dernière partie de l'ouvrage m'a, en revanche, moins convaincu. À la sortie des camps, le personnage principal va connaître de nombreuses aventures. L'auteur fait le choix de dépersonnaliser son acteur central en faveur de la description contextuelle de ses aventures. Je m'attendais plutôt à continuer mon périple avec le personnage principal à travers sa reconstruction psychologique.

Je n'ai peut-être pas trouvé ce premier roman parfait, mais il demeure un bel hommage à la liberté pour un peuple dont les frontières ne sont que psychologiques.
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Quel beau voyage je viens de réaliser. Voyage dans des contrées lointaines et sur divers continents, voyage en culture Tzigane et voyage à travers le XXe siècle entre périodes d'insouciance, de liberté et d'horreur.
Le fil conducteur est le très beau personnage d'Anton, dresseur de chevaux doué, que l'on rencontre d'abord enfant, dans sa famille circassienne dans les années 1920. La décennie suivante est ensuite marquée par l'enfermement dans un ghetto pour tzigane puis le passage d'Anton en camp de concentration sous le régime nazie. Enfin après guerre le temps de la reconstruction psychique et tout simplement d'une vie, à la recherche des membres rescapés de son clan en découle.
Outre l'histoire, à la fois simple et originale, il se passe de nombreux événements et des rencontres riches et précieuses dans ce court roman.
J'ai beaucoup apprécié la qualité et la justesse de l'écriture, pleine de poésie, d'Alain Mascaro. J'ai d'ailleurs été tentée de noter de nombreuses citations.
Une très belle surprise pour moi que ce roman plein d'humanité, de sensibilité et de solidarité le tout accompagné de notes de violon et donc de musique traditionnelle tzigane.
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Il y a eu bien des génocides et celui des tziganes pendant la deuxième guerre mondiale reste un de ceux rarement évoqué. Alain Mascaro retrace le parcours d'Anton, dresseur de chevaux ou plutôt ami des chevaux, de sa famille aux multiples ramifications et origines. Il a connu l'amour d'une famille, de la liberté et de la nature mais aussi la gaine, l'horreur des camps, dû se faire juif pour survivre, connu des amitiés fraternelles au sein des ténèbres.
C'est un récit comme un voyage à travers le temps et le monde, des rencontres avec L Histoire et des hommes de sagesse. Mais je suis passée par divers stades d'intérêt et j'avoue mettre un peu lassée dans la deuxième partie des errances d'Anton racontées telles des souvenirs de voyages, de rencontres même si l'écriture évocatrice et poétique dessinait de beaux paysages et sentiments.
Emouvant et nécessaire, de beaux moments mais le fil narratif m'a perdue en cours de route.
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C'est marrant comme parfois on pose un livre après l'avoir lu et il y a des images qui continuent à vivre. Parfois on se dit (et on a raison), que dans quelques années on ne se souviendra plus de l'histoire mais qu'il y aura toujours ces images comme gravées au fer rouge.

L'image qu'il me reste de « Grâce et dénuement » d'Alice Ferney, c'est celle de ce feu dans lequel on jette tout et surtout n'importe quoi, de l'âcre fumée noire, de la puanteur, des monceaux d'immondices qui jonchent le sol et de la ronde de manouches pouilleux, sales, vêtus de frusques, qui l'entourent.

L'image qu'il me reste d'« Avant que le monde ne se ferme », c'est celle de ce feu crépitant, ce feu aux hautes flammes qui monte jusqu'aux voies célestes, ce feu aux ombres mouvantes habitées des anciens, sous les notes de Jag, et ces tziganes qui chantent la vie puisqu'il n'est rien de plus important.

Ce pourrait être deux images très différentes et pourtant elles recèlent la même poésie, la même ivresse de vie, la même humanité.

Alors imaginez. Imaginez qu'on vous invite, là, à vous asseoir près d'un grand feu, à former, vous lecteur, un cercle avec Stevan, Jag, Hristo, Samuel, Nava, Katok, Yadia, les Wittgenstein, tous les personnages qui peuplent la nuit de ce roman. On vous invite, donc, vous vous asseyez, devant vous le feu, brûlant, crépitant, avec des flammes qui montent jusqu'à ce ciel jonché d'étoiles et de promesses, derrière vous les ombres et le froid. Alors pour ne pas qu'elles s'approchent trop près quand même, ces ombres, pour les tenir à distance, vous alimentez le feu, pas question de le laisser mourir. Les autres le font aussi : tous contemplent ce feu Anton pour ne pas qu'il soit feu, justement, tous l'attendent, tous l'espèrent, tous ne vivent que par ce regard posé sur lui. Et lui ? Et lui c'est la lumière. Qui ne vit que parce qu'on le lui a ordonné, qu'on a écrit, ou plutôt dit, son histoire. Que déjà tout est tracé, et qu'il faut suivre la voie que les signes ont nommée. Tous ces personnages ne vivent, n'existent, que par le regard qu'ils portent sur Anton, par l'attente de son retour (réel ou « à la vie »), de ses décisions (par exemple, remonter le cirque), allant même jusqu'à vivre pour lui, (Katok) (ou mourir pour lui, ce qui n'est pas si éloigné, comme Simon). Dans cette épopée messianique, Anton ne semble décider, au fond, de rien. Il se laisse porter, tout le long du roman, par les injonctions des autres, il n'y a ni refus, ni révolte, il s'abandonne à ce qui doit être. Anton est-il maître de son destin ? Dès avant sa naissance, des voix l'écrivent pour lui, à commencer par son père : il sera dresseur de chevaux, et il sera seul, sans les siens, à devoir porter leur mémoire. Même dans le ghetto tzigane, ce fatum lui est rappelé par Jion (p.72). Donc, il obéit. Il ne s'enfuit pas quand il en a l'occasion, il attend que tout le monde soit mort car tel est son destin. Même l'amour !!! Il refuse Nava car telle est la décision de son père (« Voici un frère pour Nava, voici notre fils »p.126). Katia, depuis qu'ils l'ont recueillie à neuf ou dix ans, disait qu'elle se marierait avec Anton. Ils se retrouvent, elle l'embrasse, il se « laisse faire » (quelle drôle d'expression !), il plonge dans cet amour parce qu'il a décidé de « dire oui », de l'accueillir. Et puis il se fait (enfin !) ce même questionnement, p.198-199 : cette parole oraculaire, où l'a-t-elle conduite ? Quand a-t-il été maître de sa vie ? le poème de Yadia, 14 ans plus tôt à Oulan Bator, augurait, écrivait déjà l'avenir… Et en même temps, il ne subit pas : il décide simplement d'assumer ce qui a été écrit pour lui. Très « garyen » (sic), très « promesse de l'aube » 😉

Les mots de Mascaro sont à eux seuls un voyage, d'une beauté saisissante et presque irréelle ; je crois que c'est pour cela que certains, dans les critiques que j'ai pu lire (magnifiques, pour certaines !), parlent d'un « conte » ; plus qu'un conte, c'est un chant : un chant qui nous emporte loin, très loin, haut, très haut au-delà des steppes des vallées et des montagnes ; loin au-dessus de la folie des hommes. le lecteur est un oiseau libre qui glisse, ivre du vent qui le porte, sans un battement d'ailes, sans lutte, un abandon consenti au défilement des paysages, aux voyages, aux tracés de ces vies que l'on croise et que l'on perdra du regard pour n'avoir en ligne de mire que l'horizon, toujours plus loin, toujours plus haut.

Il est évident que ce roman est promis à un bel avenir, d'ailleurs les critiques et les prix qui s'annoncent ne sont pas passés à côté du joyau 😉 Plutôt que d'écrire des lignes et des lignes sur les immenses qualités de l'oeuvre, je vais donc m'attacher à expliquer pourquoi je n'ai mis que 4 étoiles et pas 5 (original, non ?).

D'abord parce que je n'ai pas compris le passage sur Silke. Elle est ado au moment de la première rencontre, je suppose que protégée comme elle est, elle ne comprend pas trop ce qui se passe autour d'elle. Elle répète ce que dit son père sur les juifs et cie comme un perroquet, mais ça ne l'empêche pas de tomber amoureuse d'Anton, et même, de voler pour lui. (p.113). Et on la retrouve p.227 : elle vient « demander pardon ». Mais pardon de quoi ? D'avoir aidé Anton ? de l'avoir aimé ? Qu'elle se soit déplacée pour le voir, qu'elle ait « transformé » cette expérience de petite fille pour forger quelque chose, cela m'aurait semblé logique. Là je n'ai pas compris cette rencontre… Elle est suffisante et hautaine, alors pourquoi s'être déplacée ?

Et puis, il y a la question du cirque. Je m'imaginais Anton en Monty Roberts galopant à cru dans les plaines au milieu d'étalons sauvages sur fond de soleil couchant 😉. Et en même temps, la résilience ne pouvait passer que par la toile du chapiteau sortie des cendres du passé (on revient sur la métaphore du feu !). Mais voilà : j'ai bien conscience que c'est totalement subjectif mais le fait est que ça m'a heurtée. Les clowns qui se moquent du genre humain, les trapézistes, funambules et cie qui repoussent sans cesse les limites de leur corps, comme des sportifs de haut niveau, oui, c'est extraordinaire, magique ; mais le dressage (au sens le plus abject qui soit) des animaux qui pastichent l'homme (du genre des chats qui font du toboggan ou du vélo, avec en plus des casques sur la tête ! p.216), ça me met profondément mal à l'aise. Pour le « numéro » d'Anton, c'est pareil. « Toi » porte un licol ? (p.217). Pourtant, il a été prouvé qu'Anton n'en a nul besoin. Alors pourquoi ? Quant au spectacle à proprement parler, je ne connais pas bien l'anatomie des chevaux… Mais pour les côtoyer pas mal, pour les avoir vus faire à peu près tout et n'importe quoi, je n'arrive pas à me construire, intérieurement, l'image d'un cheval qui saute en arrière 😉

Excellent roman, donc : il y a une telle douceur dans ces mots-là et une telle certitude aussi. Une telle poésie… à lire absolument !

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Une formidable épopée nomade par un auteur qui a lui-même décidé de se rendre nomade, abandonnant métier et attaches il y a deux ans pour prendre le chemin d'une errance sans but, qui a pu, entre l'Asie centrale et la Patagonie, engendrer le désir de conter et l'écriture de ce livre… Parmi les textes évoquant, avec autant de respect que de poésie, la mémoire historique et la culture des Tsiganes, on appréciait beaucoup le Tsiganes, sur la route avec les Roms Lavera de Jan Yoors (Phébus, 2004) ou, plus récemment, le magnifique N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures de Paola Pigani, où celle-ci racontait sa rencontre d'enfance avec ces gens du voyage dans son coin de Charente. le livre d'Alain Mascaro les rejoint désormais dans notre admiration, parce qu'il redonne, à travers l'histoire d'une poignée d'hommes, tout son lustre de fierté à cette communauté, rappelant à quel point elle a pu sans cesse être ostracisée et humiliée et, cependant, garder farouchement entier son goût de la liberté, porter haut son panache au-dessus de la misère. Tout commence autour d'un feu, une de ces brasées rituelles qui rythmeront le cours du récit… le jour où le grand-père d'Anton meurt, et où l'on brûle sa roulotte pour empêcher qu'il ne revienne hanter ses proches, Svetan, son père, apprend qu'il donnera bientôt naissance à ce fils, à qui il prédit un avenir de grand dresseur de chevaux, le voyant parcourir le monde, souvent seul et loin de sa famille du petit cirque. L'enfant naît et grandit parmi ces gens de la kumpania, s'éprenant de la musique de Jag, le violoniste, apprenant à lire contre l'avis même de son père, découvrant peu à peu toute la vulnérabilité de son peuple. Bientôt l'arrivée des soldats nazis en Autriche, où le cirque circulait alors, sonne le glas de tout espoir. Tandis que certains des siens sont enfermés dans des camps, où l'on sait quel sort – « Porajmos, l'engloutissement, la dévoration » …- leur est réservé, Anton entame une longue errance à travers l'Europe, un voyage souvent sinistre et malheureux, mais ponctué de rencontres enrichissantes, avec Simon, un médecin philosophe, Katok le sage et plus tard, le colonel américain Wittgenstein, avec qui il quittera le camp de Mauthausen et qui l'accueillera dans son ranch, aux Etats-Unis. Mais ce n'est que le début d'une nouvelle errance, qui emmènera Anton jusqu'en Inde… A travers le voyage de son dresseur de chevaux, ce « fils du vent » que rien n'entrave, et tout l'univers culturels des Tsiganes qu'il dépeint autour de cette aventure, c'est aussi de notre monde que parle Alain Mascaro, de notre peur de l'étranger, de notre tentation du repli. Une oeuvre forte, oui, à lire d'urgence, alors, avant que ce monde, le nôtre, ne se ferme… pour y trouver les mots, un feu, une musique de violon peut-être, les armes pour empêcher ce destin-là ?

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Quelle beauté ! Quel souffle, quelle poésie dans la langue, que c'est beau ! Alain Mascaro nous emmène loin - loin dans les steppes, au-delà de frontières qui n'existaient pas, "avant que le monde ne se ferme" ; loin dans les tréfonds de l'âme humaine, au plus proche de l'horreur et de la barbarie et loin vers la recherche d'encore un peu de beauté dans le monde, quand on survit à des évènements sur lesquels on ne peut véritablement mettre de mots, qu'on ose à peine imaginer. Pourtant, il y arrive, mettre des mots sur le génocide tzigane, longtemps tu. Il nous emmène loin, loin dans une langue (des langues, même) faite de contes et de fables du monde entier, où l'on puise la sagesse çà et là, auprès des rencontres extraordinaires, celles qui nous transforment et nous rendent humbles. Un roman précieux, somptueux malgré la dureté des évènements - d'autant plus durs qu'ils ont eu lieu ; empli d'humilité et d'espoir. Un premier roman maîtrisé, d'une justesse et d'une sagesse indéniable.
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