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Je poursuis ma découverte des oeuvres De Maupassant, après Une vie et Pierre et Jean. Deux longues nouvelles que j'ai aimées avec une large préférence pour le premier, ô combien magnifiques et tragiques.

Pour le coup, Bel-Ami n'est pas une nouvelle, mais bel et bien un roman. Un de ces livres que beaucoup connaisse de nom, y compris moi, et que Babelio, à travers ses insignes, a ramené des limbes afin d'en découvrir le contenu.

Je n'avais donc aucune idée de ce qu'il pouvait renfermer avant de l'ouvrir et je découvre un nouveau personnage, Bel-Ami (alias Georges Duroy ou encore Du Roy) a rajouté au Panthéon des grands personnages de la littérature. Un personnage rentré dans le langage commun et devenu une image, un symbole transposable au quotidien, comme le sont Solal, Don Juan, ou encore Aurélien.
Bel-Ami est un personnage qu'on aime découvrir et appréhender et qu'on apprend à détester, à force d'user de ses talents de séduction pour manipuler les femmes autour de lui et réussir dans la vie.

Bel-Ami est un arriviste souhaitant à tout prix réussir dans la vie. Il m'a rappelé le personnage d'Émile Zola, Nantas, obnubilé par un désir de réussite sociale tout en étant perdu au niveau de ses sentiments. Arrivé à la consécration, il se rend compte que la position sociale, que l'argent, que le réseau ne font pas tout, car l'Amour n'est pas (toujours) lié à la réussite.

Maupassant nous compte l'ascension d'un homme qui fera tout pour réussir et qui passera par des moments de folie, notamment par rapport à celui sans qui il ne serait devenu personne, Mr Forestier. Comme dans Nantas, le personnage atteint son but, mais n'en reste pas moins dans un 'encore et encore' au niveau des femmes. En en voulant toujours plus, il ne se rend pas compte de qu'il a, mais toujours de ce qu'il n'a pas et qu'il lui faut avoir, le rendant ainsi éperdument malheureux de ce côté-là.

Autour de du Roy, beaucoup de femmes, de tout horizon, de tout âge. Dans cette oeuvre de Guy de Maupassant, les femmes ont toutes leur place, tantôt femme forte, femmes manipulables, femme éperdue d'amour, femme de joie, Bel-Ami va les utiliser et les manipuler pour arriver à ses fins. Malgré tout, il va aussi être la marionnette de certaines d'entre elles afin de prendre une place dans la vie publique, notamment de Madeleine Forestier.

Les personnages secondaires du roman sont tout aussi réussis, notamment le poète Norbert de Varenne et son soliloque sur son rapport à la mort, que j'ai trouvé exceptionnel et parfaitement amené par l'auteur dans la première partie du livre.

Le journalisme est le thème principal du roman, le terrain sur lequel Maupassant a voulu écrire, tant il est jonché de messe basse, de journalistes et de directeurs peu scrupuleux et d'une aura unique comme quatrième pouvoir.

Un grand roman restant dans la lignée De Maupassant, avec des touches à la Gustave Flaubert (son 'maitre') que j'ai peu appréciée en termes de descriptions, mais qui reste dans l'ensemble une oeuvre abordant tout un panel de thèmes et fort enrichissant.
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Si c'était un pays, il n'y ferait que froid.
Si son coeur battait, ce ne serait que « pour moi ».
S'il avait une conscience : toute faite de surmoi.
S'il avait religion, il lui manquerait la foi.

S'il était un enfant, il serait fils de roi,
Sidérant par l'orgueil de son joli minois.
S'il savait d'où il vient, comme on pense qu'il le croit,
Signerait de son nom plutôt que : de Sournois !

S'il avait de l'esprit, qui ne soit pas retord,
Sinueux et cruel… il fallut qu'il soit mort...
S'il était anagramme, ne serait que sonore ;
Bel ami met l'habit et croit que ça l'honore.

S'il était vraiment homme, serait moins animal,
Sifflant, sonnant, mais faux, ainsi que le crotale.
Si c'était un péché, doublement capital,
Simulant ses démons en vertus cardinales.


Maupassant a dépeint le portrait de l'Envie :
Georges Duroy, le cupide, qui croit que c'est Une vie.
Sa stratégie pour être se joue de toutes les âmes,
Trompe, exploite, louvoie... a le goût de l'infâme.
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Ah Bel-Ami ! Quel homme ! Avec sa petite moustache blonde et frisée, il est irrésistible. Enfin, il a su se rendre irrésistible. Et c'est à son charme, à sa beauté et à son esprit de séduction qu'il doit son succès. Ce surnom de « Bel-Ami » lui va donc comme un gant ! Mais avant d'être Bel-Ami, il était Georges Duroy, puis il est devenu du Roy. La particule, voulue par sa femme Madeleine, l'a éloigné de ses origines modestes. Et plus il s'en éloignait, plus il voulait s'en éloigner, comprenez par là qu'il en voulait toujours plus. C'est de cette façon que « séduire plus pour gagner plus » est devenu son credo.

J'ai mis du temps à entrer dans ce roman De Maupassant, dont j'avais déjà lu Une vie et quelques nouvelles (Boule de Suif, La Parure, Mademoiselle Fifi, le Horla, etc.). J'avais déjà essayé de lire Bel-Ami, mais je l'avais reposé et j'étais passée à autre chose. Cette fois, je me suis dit : quand même, c'est Maupassant, c'est un classique, tentons ! J'ai bien fait, j'ai adoré, et ce même si le personnage de Bel-Ami m'a souvent paru insupportable : il démarre de rien grâce à un ami, qu'il va mépriser par la suite, et gravit les échelons assez rapidement, mais il est souvent insatisfait. Et puis il est calculateur, il se sert des femmes pour arriver à ses fins en leur jurant un amour passionné et infini, alors que dans sa tête, les choses sont très claires : « Je serais bien bête de me faire de la bile. Chacun pour soi. La victoire est aux audacieux. Tout n'est que de l'égoïsme. L'égoïsme pour l'ambition et la fortune vaut mieux que l'égoïsme pour la femme et pour l'amour » (deuxième partie, chapitre II). Et cette pensée du personnage principal est d'autant plus agaçante qu'au départ, il pensait que seul l'amour était important dans la vie. Puis il a soupçonné sa femme Madeleine d'avoir trompé Charles Forestier, son ex-mari. Soit. le problème, c'est quand même qu'il n'est pas un personnage très fidèle non plus, loin de là ! Mais bon, l'égalité homme-femme (au 19ème siècle), la paille, la poutre… n'est-ce pas ! Mais malgré tout, il reste un personnage que l'on suit et qui intéresse, que ce soit pour son irrésistible ascension, pour son esprit fin et calculateur, pour son travail de journaliste (il commence comme un petit chroniqueur puis va devenir un journaliste respecté et redouté) ou pour son rapport aux femmes, de même que le rapport qu'elles entretiennent avec lui.

Voilà, une lecture captivante, riche, intéressante qui, comme à chaque fois que j'adore un livre, m'a donné envie de lire d'autres oeuvres de son auteur. Peut-être Pierre et Jean qui attend sagement dans ma bibliothèque ? En tout cas, Maupassant était vraiment un maître du récit. J'ai lu certaines phrases et certaines descriptions plusieurs fois tellement elles sont belles et bien écrites. Quant à l'intrigue, elle est passionnante ! Tout ce que j'aime dans une lecture !
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Quel plaisir, une fois de temps en temps, de se plonger dans ce qu'on appelle un "classique"!

Avec Bel-Ami, nous voici plongés dans le Paris du XIXème siècle, à la suite de Georges Duroy, mélange de Dom Juan et de Rastignac, soit un personnage peu sympathique, opportuniste et arriviste, pour qui les rencontres, en particulier féminines, ne sont que des moyens d'accéder à la réussite sociale.

Si la description de l'époque et de Paris sont très agréables et offrent un vrai dépaysement, le passage de ce livre au statut de "classique" provient sans doute du fait que l'attitude du héros peut être transposée ailleurs et à une autre période: sa soif de réussite sociale reste universelle!

Un très bon moment de lecture, donc, qui, une fois de plus, me réconcilie avec les classiques et me donne envie de poursuivre ma découverte (tardive!) De Maupassant!...
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Superbe oeuvre! Je dois dire que mon jugement était peut être déjà biaisé à la base, étant donné la considération que j'ai pour Maupassant, mais cela n'en réduit pas la qualité du récit.
Le ton est fluide, léger et drôle! Ce qui me frappe le plus, c'est de voir à quel point les choses ne changent pas. On pourrait croire à un roman contemporain en faisant abstraction de détails sur le mode de vie, autant sur les réflexions que se fait le héro, que sur son comportement et de manière général, sur les liens en société. Bel-Ami utilise ses relations pour parvenir à ses fin, sans état d'âme, comme le fait également tout son entourage. le but de chacun étant de se hisser au sommet de la pyramide de la gloire, de l'argent et de la reconnaissance. Nihil novi sub sole en somme.
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On dit souvent, à raison, que l'ambition est dévorante, mais elle porte aussi la marque d'une absence remarquable de scrupules dont l'entourage de l'ambitieux fait immanquablement les frais.
Avec ce Georges Duroy, Maupassant a effectivement créé l'archétype même de l'arriviste moderne.
Ce Bel-Ami – qui doit d'ailleurs être le livre de chevet de tous ces ambitieux de notre temps, aux dents si longues qu'elles rayent le parquet ! – veut sa revanche. Lui, l'obscur soldat d'Afrique – donc aguerri au combat –, confronté à l'opulence de Paris, entend se venger de sa relative indigence, comme un défi lancé à la capitale, dans la prolongation de Rastignac contemplant la ville depuis le cimetière du Père-Lachaise. « Il avait l'air de toujours défier quelqu'un. » dit le texte.
Mais peut-on en vouloir à cet homme qui, au début du roman, compte le peu d'argent qu'il a en poche pour manger ? N'est-ce pas, d'abord, l'instinct de survie qui le motive ? Ces questions n'éludent en rien son cynisme pour réussir ; elles méritent toutefois d'être posées. Car Duroy sait ce qu'est la nécessité et c'est pour cela qu'il apprendra à ruser avec un talent qui le conduira au sommet social tant convoité.
C'est là tout l'intérêt de ce roman que de ne pas brosser un portrait manichéen. Duroy, certes, s'accommode des dommages qu'il provoque pour gravir les marches, mais il n'en est pas moins homme, c'est-à-dire, quelque part, comme nous.
Parlant des marches, il n'en est jamais rassasié, puisqu'en haut de celles de l'église de la Madeleine, le voilà qui regarde en face, du côté des marches de la Chambre des députés, maintenant qu'il est assez haut pour s'offrir toutes les ambitions. Parce que Duroy est un conquérant insatiable.
Une fois encore, Maupassant, ainsi que le suggéra jadis un de mes professeurs de Lettres modernes – Pierre Bayard, Maupassant, juste avant Freud –, creuse l'esprit des hommes avec une dextérité psychologique de premier ordre.

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Une vie fut un de mes premiers coups de coeur littéraires, une déflagration par la noirceur et la pesanteur du réalisme du désespoir. J'étais alors jeune collégien, puis j'ai lu quelques nouvelles, parmi les plus connues : le Horla, Boule de suif... sans jamais revenir à Maupassant, jusqu'alors.

Et Bel-Ami m'a rappelé au génie de l'auteur, à y sentir le disciple de Flaubert et toute la puissance littéraire, évocatrice, qui fut la sienne.
Un ouvrage pessimiste, cruel et désenchanté. Georges Duroy est un arriviste, prêt à tout pour satisfaire ses ambitions, qui vont naturellement s'accroître à mesure de son ascension sociale. Pour lui, les femmes ne sont qu'un marche-pied vers un succès futur. Il joue de sa séduction avec froideur, calcul, et en même temps une forme de candeur, de celle de l'imbécile maladroit qui n'a pas les codes des sphères qu'il veut conquérir.
C'est le triomphe du cynisme sous couvert de badineries. On peut penser aux Liaisons dangereuses, sans le lyrisme chatoyant De Laclos, ou à un Loup de Wall Street dix-neuvièmiste.
Le style De Maupassant est prenant, et aussi glaçant par son propos et la manière naturelle avec laquelle il développe sa critique subtile d'une société qui doit le débecter, en cela il laisse parler le personnage du poète, certainement à son compte, procédé connu de liberté de parole, comme peuvent être les fous chez Shakespeare.

Bref, un très grand livre, qui ne laisse pas indifférent, à tous niveaux.
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Lecture audio
Une écoute à laquelle j'ai pris un immense plaisir. Bel ami n'a pas été sans me rappeler Rubempre par ses ambitions mais quel goujat et quel manipulateur !
C'est romanesque et à la fois une charge sur bien des points et encore très actuel sur la vision de la société, la religion etc....
C'est vif, rebondissant, sarcastique, les personnages bien campés et représentés même si les femmes apparaissent sous un jour peu valorisant à part Madeleine que j'ai beaucoup aimé mais qui est victime des conventions de l'époque.
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Eh ben on s'embêtait pas à cette époque , comme ça à l'air facile pour Duroy de séduire les femmes . Bel-ami c'est l'histoire de ce Duroy qui va s'élever peu à peu dans la société grâce à (en utilisant même parfois) ses contacts , sur fond de journalisme . Est-ce que c'est vraiment un arriviste sans scrupules ? Je trouve pas tant que ça ,il a au moins le mérite d'être honnête . Je pensais le voir s'enfoncer dans des mensonges mais au moins il n'est pas menteur. Non ,juste manipulateur .C'est déjà assez grave mais il faut quand même noter que certaines en redemandent ...C'est ça qui est étonnant ,ce roman est vraiment pas flatteur pour les femmes ! Duroy est détestable mais je peux pas m'empêcher de lui trouver une certaine classe .
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Bel ami ou l'ascension d'un pourri dans la société.... et en plus il s'en sort bien à la fin!!!! un livre lu une première fois pour le bac de français et relu depuis. A 17 ans j'avais adoré ce livre qui ne fini pas en happy end (en opposition avec beaucoup de livres que l'on nous faisait lire) et surtout son absence de morale. Des années après je l'apprécie toujours pour les mêmes raisons
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