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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Voilà un Maupassant un peu déroutant à première vue. Il m'a fallu un petit moment pour retrouver mon ami Guy dans ce roman qui débute sur deux jambes, l'une vaudeville champêtre autour de jeunes gens fortunés, l'autre chronique sociétale de l'affairisme grand siècle avec un banquier affamé de fortune devant une petite station thermale prometteuse du Puy de Dôme.
Mais il apparait rapidement que ces deux jambes marchent bien de concert, et le trait de plume acéré de mon peintre de moeurs préféré apparait vite derrière ces débuts rieurs : les bourgeois sont fats, immoraux et vulgaires, les amours cachés de l'épouse du banquier se retrouvent au coeur des intérêts financiers du mari, seuls qui comptent au final, les désillusions de l'amour l'emportent sur les passions naïves des jeunes années ; et pendant tout ce temps, les paysans se gaussent.
Si ce n'est pas Maupassant, ça ! sa lucidité, son humour, son amertume, son amour immodéré de la nature aussi, porté cette fois-ci non sur sa Normandie mais sur les merveilles de cette région de volcans que l'argent vient défigurer tout aussi férocement qu'il dénature le coeur des hommes.
Une promenade pour laquelle je ne suis pas fâchée d'avoir fait le détour, même s'il m'a semblé qu'il lui manquait un peu de la teneur parfaite de « Une vie » ou de « Bel ami ».
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Il y a beaucoup dans ce roman sur le thème de l'argent et de la spéculation. C'est une satire sur d'une part la médecine et d'autre part la bourgeoisie. C'est aussi une histoire d'amour.
Christiane a épousé sur les instances de son père et de son frère, le banquier Andermatt, « un juif faiseur d'affaires. Il en faisait de toutes sortes et s'entendait à toutes choses avec une souplesse d'esprit, une rapidité de pénétration, une sûreté de jugement tout à fait merveilleuses. ». Quoiqu'amoureux de son épouse, il n'a, là encore, pas oublié ses intérêts. « Il avait épousé, par adresse, la fille du marquis de Ravenel pour étendre ses spéculations dans un monde qui n'était point le sien.». Après deux ans de mariage, pas d'enfant, la famille se retrouve donc à la station thermale d'Enval où la jeune femme pourra soigner les vagues maux dont elle souffre. Elle est accompagnée de son père le marquis de Ravenel, de son frère le comte Gontran qui lui-même a amené un ami Paul Brétigny. Toute l'action se situe d'ailleurs dans cette région d'Auvergne, la Limagne même si un retour à Paris entre deux séjours est évoqué. Cette station a été fondée par le docteur Bonnefille qui a découvert une source. Deux autres médecins l'ont rejoint cependant la station vivote. Mais voilà qu'un riche paysan, le père Oriol en faisant sauter un morne a fait jaillir une nouvelle source. Tout de suite le banquier voit tout le parti qu'il y aurait à créer une station rivale.
Il faut attirer une riche clientèle et comment mieux le faire qu'en attirant des médecins parisiens. « Nous mettrons gratuitement ces demeures aussi élégantes que confortables à la disposition de nos médecins. S'ils s'y plaisent, ils achèteront seulement la maison de la Société Bernoise ; quant au terrain, nous le leur donnons… et ils nous le payeront… en malades. Donc, Messieurs, nous obtenons ces avantages multiples de couvrir notre territoire de villas charmantes qui ne nous coûtent rien, d'attirer les premiers médecins du monde et la légion de leurs clients, et surtout de convaincre de l'efficacité de nos eaux les docteurs éminents qui deviendront bien vite propriétaires dans le pays. »
Tandis que son époux réussit tous ces projets : acheter les terres du vieux paysan, marier Gontran qui lui doit beaucoup d'argent à l'une des filles Oriol, qui apportera en dot d'autres terres, Christiane qui a vécu une très belle histoire d'amour avec Paul Brétigny, se voit repousser. « Elle ne comprenait pas qu'il était, cet homme, de la race des amants, et non point de la race des pères. Depuis qu'il la savait enceinte, il s'éloignait d'elle et se dégoûtait d'elle, malgré lui. Il avait souvent répété, jadis, qu'une femme n'est plus digne d'amour qui a fait fonction de reproductrice. ».
Vaut-il mieux tabler sur l'argent que sur l'amour pour réussir sa vie ?
C'est aussi une satire sur les médecins. Les médecins, Maupassant les connaissait, lui qui était atteint de syphilis. Il s'en moque particulièrement dans une pseudo ordonnance. « Attendu que M. X… est atteint d'une maladie chronique, incurable et mortelle ;
« Il prendra : 1º du sulfate de quinine qui le rendra sourd, et lui fera perdre la mémoire ;
« 2º du bromure de potassium qui lui détruira l'estomac, affaiblira toutes ses facultés, le couvrira de boutons, et fera fétide son haleine ;
« 3º de l'iodure de potassium aussi, qui, desséchant toutes les glandes sécrétantes de son individu, celles du cerveau comme les autres, le laissera, en peu de temps, aussi impuissant qu'imbécile ;
« 4º du salicylate de soude, dont les effets curatifs ne sont pas encore prouvés, mais qui semble conduire à une mort foudroyante et prompte les malades traités par ce remède ;
« Et concurremment :
« du chloral qui rend fou, de la belladone qui attaque les yeux, de toutes les solutions végétales, de toutes les compositions minérales qui corrompent le sang, rongent les organes, mangent les os, et font périr par le médicament ceux que la maladie épargne. »
Les portraits sont très vivants. Celui du paysan, forcément madré chez Maupassant, est assez amusant, et sa ruse concernant le vagabond dans le but de vendre mieux ses terres est savoureuse. La malice du vagabond n'est d'ailleurs pas moindre. Il y a des traits d'humour tout au long du roman.
Il serait dommage de limiter Maupassant à ses nouvelles, même si elles sont généralement excellentes.

Lu dans le cadre du challenge XIXè siècle 2015

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J'ai apprécié de retrouver Maupassant avec ce roman moins connu de l'auteur.
Cet ouvrage très critique m'a plu, mais pour moi Maupassant n'a pas su choisir entre une chronique de la vie de l'époque dans une station thermale (et les spéculations autour de la création d'un nouvel établissement) et une histoire d'amour. Les deux sont là, mais sans qu'aucun des deux sujets ne soit, pour moi, traité à fond. On reste sur sa faim.
Et à propos de fin, parlons- en. Il n'y en a pas, ce roman finit de manière abrupte en plein dialogue.
Il y a tant de choses encore à développer.
Il y a vraiment matière à écrire une suite, un volontaire ?
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L'action du roman, un des moins connus De Maupassant – et c'est dommage ! – se situe en Auvergne dans la petite station thermale d'Enval, non loin de Clermont-Ferrand, station encore peu connue au moment où débute l'histoire mais qui va bientôt le devenir grâce à la découverte d'une nouvelle et abondante source. Maupassant excelle à décrire l'activisme forcené du banquier Andermatt pour faire fructifier ses investissements et aussi les relations amoureuses qui se nouent et se dénouent dans son entourage. Deux mondes bien différents, celui de l'amour et celui de l'argent, se côtoient, s'influencent, s'ignorent ou entrent en concurrence. C'est très bien raconté et mis en scène malgré – peut-être – quelques longueurs dans la première partie, largement compensés par une deuxième partie plus alerte et plus dramatique aussi.
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Serais-je en train de me réconcilier avec les oeuvres De Maupassant? Complètement traumatisée par Les contes de la bécasse, j'avais classé cet auteur dans ceux qui n'étaient pas pour moi, et voilà qu'après avoir apprécié La vie errante, un récit de voyage, j'ai décidé de tenter un des romans.... Et bien ce Mont-Oriol m'a beaucoup plu. Satire au vitriol de l'âpreté au gain de l'être humain, le roman épingle ce fort vilain travers dans toutes les couches de la société, du banquier au paysan enrichi en passant par le médecin et le fils de bonne famille. C'est grinçant, et on plaint grandement les personnages féminins qui finissent toujours par payer la note, qu'elles soient abandonnées par l'homme qu'elles aiment pour raison d'argent, ou vendues par leur père pour les mêmes raisons.
La description de l'Auvergne, peinte avec beaucoup de talent, aide à faire passer l'amertume de la pilule de la nature humaine et je dois dire que cette station balnéaire, ses scandales, ses entourloupes, m'a finalement assez amusée par le cynisme du récit.
Ce n'est pas le plus connu des romans de l'auteur, mais il mérite d'être plus reconnu et recommandé.
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Avec ce Mont-Oriol, Maupassant semble plonger encore davantage dans le pessimisme, voire le nihilisme. Il ne subsiste guère d'espoir, le lyrisme des premiers jours se transforme indubitablement en défaite devant le pragmatisme d'un monde sans pitié. L'amour candide n'a pas sa place face à l'appétit matérialiste, face aux désirs de puissance, quels qu'ils soient. J'y lis la tristesse d'un homme idéaliste face à une société qui ne peut répondre à ses attentes. L'homme est petit, tout petit, mesquin, avide et bas, toujours plus bas. Comme dans Bel-Ami, on retrouve la critique acerbe de la bourgeoisie, de l'esprit du capitalisme, de l'homme moyen, qui à travers la femme et une possible alliance d'intérêt, rêve de s'élever vers la noblesse, mais il n'en aura jamais vraiment l'étoffe.
Maupassant décrit son microcosme aristocratique, toujours avec justesse et sensibilité dans le choix des mots.
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Dans mon panthéon littéraire, Maupassant reste le novelliste le plus talentueux et j'adore lire et relire ses contes et nouvelles. Mont-Oriol, son quatrième roman, beaucoup moins connu que ses autres oeuvres, est une belle découverte pour moi....
Tout d'abord, les personnages, haut en couleurs, souvent cocasses sont typiquement des portraits sociaux à la "Maupassant" : les bourgeois, les paysans, calculateurs, besogneux, arrogants, goujats, mais aussi les femmes belles, mal-aimées.
Ensuite, le contexte et les thématiques abordées s'imbriquent, en alternance, mais parfaitement : la spéculation financière, la médecine balbutiante et les médecins à la Diafoirus de Molière, la condition féminine à la fin du XIXe siècle et enfin- l'amour, l'amour et ses illusions.
Par-dessus tout, peut-être aussi, comme une respiration, il y a la superbe évocation de la nature auvergnate, la verte Auvergne des volcans et des stations thermales.
En somme, tout l'art et la riche écriture De Maupassant , tour à tour réaliste et lyrique, humoristique et caustique sont réunis dans ce récit  pour un beau moment de lecture "classique" !
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J'ai lu ce livre dans le cadre d'une lecture obligatoire en classe de 2nde.
Le Mont-Oriol est le livre le moins connu De Maupassant, pourtant il est extraordinaire ! Il m'a beaucoup plu (contrairement à certains autres livres du mouvement réaliste !)
Maupassant passe d'une description captivante à un enchaînement d'actions, joue avec les différentes registres.

Deux histoires principalessont menés en parallèle: la rencontre puis l'amour entre Paul et Christiane, et la naissance de la station d'Enval , à laquelles s'ajoutent des multitudes de petites histoires de la vie quotidienne .
Tout y est adroitement mêlé, ce qui fait qu'on ne s'y ennuie jamais, les descriptions n'y sont pas trop longues et essoufflantes.

Je le conseille à partir de la 2nde, il est très intéressant pour comprendre le mouvement réaliste, et est utile pour le bac !
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Dans ma poursuite de la découverte De Maupassant, je viens de terminer Mont Oriol.
Comme les premières histoires que j'ai lue de lui, le style est toujours aussi agréable et facile à lire. Cet auteur a si peu vieilli, c'est incroyable. Je ne peux m'empêcher d'imaginer ce qu'il écrirait aujourd'hui. Si le style n'a pas vieilli, les comportements et sentiments humains non plus.
Dans ce court roman, il va s'attacher à nous brosser un portrait haut en couleur de la bourgeoisie et noblesse du 19eme sans oublier bien sûr de taper bien fort sur le corps médical et sa pseudo science pour justifier les cures thermales, critique toujours autant d'actualité. Par ailleurs, on a une belle présentation assez critique de la condition de gibier des femmes. Si dans Bel Ami l'accent était porté sur la collusion entre la presse, le milieu des affaires et la politique, ici il va principalement se concentrer sur le capitalisme et les magouilles mises en place pour réussir. Étonnamment (ou pas), on sent une sorte d'admiration pour cet homme d'affaires qui réussit tout ce qu'il touche.
Bien que très agréable à lire, j'ai été moins subjuguée qu'après Bel Ami ou Boule de Suif. Peut-être parce qu'il manquait un peu de ce cynisme si caustique et si bon dont il use et abuse dans ses autres livres.
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Un roman délicieux dans le pur style De Maupassant. Il met en scène la famille du Marquis de Ravenel dont la fille Christiane a épousé William Andermatt, juif et homme d'affaires avisé. Il y a aussi les Oriol Père, Fils, et Filles, Paul de Brétigny (ami, amant, père de l'enfant à naître des Andermatt). Et tout un petit monde gravitant dans cette station thermale qui connaît une extension prodigieuse.
Maupassant jette un regard moqueur, lucide, sur la société de son époque, pleine de codes, d'hypocrisie, mais aussi d'humanité. On retrouve les immuables ressorts de l'humain : le sexe, l'argent, le pouvoir.
Christianne fera une formation accélérée (!), et ressortira grandie quand elle aura tout compris de ces ressorts et de leur vanité.
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