Tout le monde a vu le film "Titanic" ?
Je vous propose une version alternative.
Revenons dès le début : la mère de Rose attend de sa fille qu'elle se sacrifie pour épouser un bellâtre richissime et amoureux, afin de restaurer le train de vie de la famille maternelle ruinée.
Version alternative : Rose, convaincue par sa mère tout autant que par le curé, accepte le fiancé.
Ajoutons qu'à la place du grand dépendeur d'andouille du film, on a ici un être chétif, un "cloporte", une "larve", avec un long nez rouge comme un sucre d'orge à moitié sucé (et doté de surcroît d'un père "égrotant".)
Vous sentez l'abnégation ? C'est qu'on a de la religion, dans ce milieu.
Au lieu d'une découverte passionnée de l'amour en voiture sur les eaux glacées de l'Atlantique Nord... une nuit de noces abominable au son des vagues du bassin d'Arcachon.
Prélude à une vie de couple tissée de dégoût pour elle, de contrition pour lui : le gars, depuis qu'il a lu
Nietzsche, il se la pétait en mode mâle dominant, mais sa nature timorée reprend vite le dessus et, entre
Nietzsche et Dieu, c'est la pagaille dans sa tête.
Bon, elle a pitié la pauvre, il est amoureux, elle fait de son mieux ; mais il voit bien qu'elle dépérit.
Du coup il prend le large sous un prétexte quelconque, monte traînasser à Paris et la voilà qui, restée seule, sent frémir la Nature en elle au vu d'un joli médecin qui passe ; elle reprend des couleurs. Mais on a le sens du devoir : lorsque l'époux revient au foyer elle l'accueille en digne épouse. Et même, lorsque ce "débris" tombe malade et agonise, elle commence à le voir d'un oeil de plus en plus attendri...
C'est splendide, c'est superbement écrit, c'est de
François Mauriac et ça s'appelle
le baiser au lépreux.
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