Un jour de pluie, un agent de police trouve une main humaine dans un sac oublié à un arrêt de bus par un homme ou une femme qui monte dans ledit bus sans que l'agent ne réussisse à l'identifier.
Le légiste, Paul Blaney, a peu d'éléments sur cette main d'autant que le tueur a pris soin de couper le bout des doigts pour qu'on ne relève pas les empreintes. le sac donne plus de détails car une compagnie aérienne le distribue à ses bons clients.
Encore une enquête compliquée pour les inspecteurs du 87e district d'Isola où il faut reconstituer les pièces d'un puzzle qui les mène dans les milieux interlopes du cabaret et des marins en goguette. Carella s'énerve, Carella piétine mais la solution viendra comme le soleil succède à la pluie, à force d'interrogatoires et de ténacité car d'autres parties du corps de ce cadavre découpé vont apparaître à divers endroits de la ville.
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Le flic est précisément le personnage de fiction mis en scène dans le moyen d’évasion que constitue le roman policier. Le problème, se dit-il, c’est que le flic de fiction est un héros, alors que le flic réel n’est qu’un homme comme les autres. Il lui semblait un peu ridicule que les gens les mieux considérés soient précisément ceux qui produisent des fictions, acteurs, metteurs en scène, écrivains, tous les artistes dont la seule fonction est de divertir. C’était comme si un tout petit fragment du monde était vraiment vivant, et que ces gens n’étaient vivants que parce qu’ils produisent des fictions. Le reste de l’humanité se contentait de regarder. Le reste de l’humanité se composait de spectateurs. Ç’aurait été beaucoup moins tragique si ces gens assistaient au spectacle de la vie réelle.
Que ce soit bien clair : la mort est toujours dégueulasse, et il n’y a pas trente-six façons de la considérer. Si vous faites partie de ces gens qui aiment les films où, quand on tire un coup de revolver, un petit nuage de poussière explose sur la poitrine de la victime (juste un petit nuage de poussière, surtout pas de sang), alors le travail de la police n’est pas pour vous. Si vous êtes de ceux qui s’imaginent que les cadavres « ont l’air d’être assoupis », vous avez de la chance de n’être pas flic. Car si vous êtes flic, vous savez que la mort n’est jamais belle à voir. C’est ce qui peut arriver de plus atroce et de plus terrifiant à l’être humain.
C’est marrant, ce qui se passe, avec ces filles. Un homme regarde une femme qui se déshabille et il oublie qu’il est au spectacle et que la fille est une danseuse. Il finit par s’imaginer qu’il est seul avec elle, et qu’elle se déshabille pour lui, pour son bénéfice personnel. Il arrive que ce rêve éveillé persiste quand la lumière se rallume. Et quand deux clients font le même rêve, ça peut devenir embêtant. L’homme qui se figure que la fille se met à poil pour lui tout seul n’aime pas voir un autre type partager la même idée. Et v’lan, les poings s’en mêlent.
Il n’y a rien de rassurant dans le spectacle d’un homme qui a été massacré à coups de hache. Le crâne, géniale structure osseuse qui ressemble à un melon, les plaies parallèles, les plaies croisées, les horribles plaies sanglantes qui recouvrent la tête, le visage et le cou, la trachée artère apparente, luisante d’une couleur vive, mais seulement parce que la vie s’en est allée, la vie qui s’est enfuie sous la sauvagerie aveugle d’une hache.
On se demandera peut-être s’il est raisonnable de parler de « gars » à propos de ces hommes de vingt-huit à quarante-deux ans, qui se rasent chaque matin et couchent avec toutes sortes de femmes d’âge plus ou moins mûr, qui jurent comme des charretiers et doivent se colleter avec ce que l’humanité a de plus immonde. Le mot évoque une simplicité, une innocence qui ne sont sans doute pas entièrement de mise ici.
"À chacun son heure" ("No Time to Die", 1992), Saison 11, Épisode 2 de la série TV Columbo, tiré du roman "N'épousez pas un flic" ("So Long as You Both Shall Live", 1976) d'Ed McBain. Extrait.