Je ne vais pas vous refaire le coup de la Belle du Nil en m'appesantissant sur les détails de ma vie palpitante. Sachez juste qu'il y a pas loin de vingt ans, j'avais tenté Vague à l'âme au Botswana, un des premiers titres de la série Mma Ramotswe d'Alexander McCall Smith, et que je le regret de dire qu'encore aujourd'hui, je me souviens que je m'étais terriblement ennuyée. Mais comme pour La Belle du Nil, j'ai trouvé Les Vacances de Mma Ramotswe dans un boîte à livres il y a de longs mois de ça, et je m'étais dit alors : "Redonnons une chance à cette série !" Voyez un peu comme je suis pleine de bonnes intentions ! Et hop, second ratage.
Alors certes, je n'attends pas des chefs-d'oeuvre de la collection Grands détectives de 10/18, que j'ai pas mal fréquentée. Je sais bien que les enquêtes y sont rarement palpitantes, et que dès qu'on accroche à une série, c'est surtout un certain confort qu'on recherche, en retrouvant les mêmes personnages, souvent le même décor, etc., etc. C'est avant tout une question d'ambiance. Et voilà le hic. Déjà, je ne me suis pas attachée à tout un univers qui prenait vie il y a une vingtaine d'années, et que je n'ai pas suivi d'un iota depuis. Et surtout, d'ambiance, je n'en ai pas trouvée, ni la première, ni la seconde fois. Il est question de vacances que tout le monde veut que Mma Ramotswe prenne absolument, ce dont elle n'a pas envie. Déjà, c'est pas passionnant. En sus, le truc du "Des vacances ???" "Qu'est-ce que c'est que des vacances ???" "Je ne connais personne qui prenne des vacances..." "À quoi ça sert des vacances ???" m'a agacée au plus haut point. Donc, une fois en vacances, Mma Ramotswe fait du rangement dans sa cuisine - ce que je peux faire aussi chez moi, même si je ne vis pas au Botsawana, je ne vois donc pas bien ce que ça m'apporte qu'on me raconte ça, ou alors il faut y mettre des anecdotes un peu accrocheuses, ce qui n'est pas le cas. Ensuite elle s'ennuie et ne trouve rien de mieux à faire pour passer le temps que d'aller boire un verre dans un bar chic où elle retrouve des connaissances inintéressantes. Bref, Mma Ramotswe essaie de tromper son ennui mais s'ennuie quand même, je me suis forcée à la regarder s'ennuyer mais je me suis vraiment beaucoup ennuyée avec elle, et je n'irai pas plus loin car j'ai fini par lâcher l'affaire à force d'ennui, que McCall Smith ait introduit des soi-disant péripéties (dont un semblant d'enquête) ou pas. On ne m'y prendra plus.
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La mauvaise critique de Musardise m'a donné envie de relire ce livre que j'avais un peu oublié.
Des "vacances"...ce "vide" que l'on peut combler ou pas...Combler à notre rythme, d'activités que nous choisissons.
J'ai l'impression qu'on n'a jamais autant parlé de vacances que cette année. Ceux qui se sont trouvés en vacances forcées et qui aimeraient bien reprendre leur activité, ceux qui se demandent s'ils pourront partir en vacances ? Où ? Quand ?
Mma Ramotswe, elle, n'a jamais pris de vacances et en ce moment tout le monde lui en parle. Tout le monde lui dit qu'elle travaille trop, qu'il faut qu'elle se repose...Elle n'est pas "complotiste", non, pas du tout mais elle se pose des questions...
Enfin, elle croit bien savoir qui est à l'origine de cette idée. C'est bien sûr sa secrétaire-assistante-associée Mma Makutsi. Mais est-ce qu'il s'agit d'une bonne intention où plus simplement de l'envie de s'asseoir dans son fauteuil et de jouer les chefs à l'Agence N°1 des Dames Détectives. Avec Mma Makutsi difficile de savoir...
Une fois de plus il n'y a pas de véritable enquête et donc pas de véritable détective....Mais il y a des personnages étonnants que nous avons appris à connaître de livre en livre et que je suis contente de retrouver...
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Toujours cet univers sympathique, un tantinet désuet pour cet épisode avec nos détectives préférées. Un bon moment de lecture, un nouveau volume qui ne sert pas la littérature mais quand on est fan de cette série, on apprécie.
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Mma Ramotswe sut tout de suite à qui pensait sa collègue.
- Violet Sephotho ?
Mma Makutsi hocha la tête et un fin rayon de soleil vint rebondir sur les verres de ses grosses lunettes rondes, envoyant danser des éclairs au plafond.
- Oui, c'est a elle que je songeais, répondit-elle. Quand on la regarde, elle a l'air rayonnante. Elle est toujours en train de sourire et de....
- Et de dévisager les hommes, compléta Mma Ramotswe. On connait bien le genre de regard que certaines femmes lancent aux hommes... N'est-ce pas, Mma ? Vous voyez ce que je veux dire ?
Mma Makutsi voyait très bien.
- Un regard d'encouragement. Un regard qui dit : si tu te demandes en ce moment si tu vas faire une certaine chose, n’hésite pas, fais-là ! C'est ce genre de regard-la....
Elle marqua un temps d’arrêt, puis reprit :
- Eh bien, cette femme-la est heureuse. Tous ces sourires qu'elle lance, tous ces rires sont à mon avis le signe qu'elle est parfaitement heureuse.
Les deux détectives plongèrent dans le silence en réfléchissant à l’injustice flagrante qu'il y avait là. Mma Makutsi ouvrit la bouche pour parler, puis la referma. Elle avait voulu dire : « Mais le bon Dieu la unira surement, Mma » et s’était ravisée : c'était le genre de chose que l'on ne disait plus, même si on le pensait. Car le problème, estimait-elle, c’était que le bon Dieu avait quantité de gens à punir de nos jours, de sorte qu'il ne trouvait sans doute pas le temps de s'occuper de Violet Sephotho. C'était là une réalité très décevante, une opportunité gâchée, dans un sens. Mma Makutsi aurait volontiers proposé ses services pour aider à faire appliquer le châtiment divin, peut-etre en créant une organisation qu'elle appellerait La ligue de justice de Mma Makutsi, par exemple, un moyen sévère, mais juste de punir des individus comme Violet.
- Donc, reprit Mma Ramotswe, je vais prendre mes vacances très bientôt. Je vais vous confier toutes les affaires en cours, à Mr. Polopetsi et à vous-même, et je partirai m'asseoir sous un arbre.
Mr Polopetsi applaudit à ces mots.
- C'est exactement ce qu'il faut faire, Mma ! se réjouit-il.
Il marqua un temps d'arrêt et fronça les sourcils.
- Mais sous quel arbre, Mma ? s'enquit-il .
Surprise, Mma Ramotswe secoua une main négligente.
- Oh, des arbres, il y en a beaucoup en ce monde, répondit-elle. Peu importe lequel on choisit, du moment que l'on choisit le bon...
Mma Makutsi et Mr. Polopetsi hochèrent tous deux la tête. Ils trouvaient la réponse très sage. En y réfléchissant à deux fois cependant, Mr. Polopetsi éprouva le besoin de pencher davantage sur ces paroles : "si peu importait quel arbre on choisissait, alors..."
Mais ce n'était pas le moment de se lancer dans de telles considérations. Pas encore...
- Je suis consciente que je devrais marcher davantage! soupira-t-elle. Mais avec de telles températures cela tient de l'exploit. Alors quand bien même cela est bénéfique pour le coeur de faire de l'exercice, si c'est pour mourir d'un coup de chaleur, à quoi bon? Les docteurs diront : "Coeur en parfaite santé, mais qui a cessé de battre pour cause d'insolation...".
Quand une chose était "comme ça", elle ne requérait aucune justification. Comme la morale traditionnelle botswanaise, par exemple, songea Mma Ramotswe : on ne discutait pas ses doctrines. Au moment où ils l'avaient édictée, les anciens savaient ce qu'ils faisaient, aussi n'avions-nous pas à venir perturber cet ordre établi, qui exprimait la volonté d'une multitude de générations successives.
Elle se gara près de l'entrée en laissant ses vitres ouvertes pour empêcher la chaleur de s'accumuler dans l'habitacle. Le véhicule ne comportait pas d'objets de valeur et aucun voleur doté d'un tant soit peu d'ambition n'eût envisagé de partir avec la fourgonnette elle-même. D'ailleurs, en remplissant le formulaire d'assurance, Mma Ramotswe avait inscrit dans la case intitulée "Valeur du véhicule": purement sentimentale.
Alexandre MacCall Smith au Botswana par Journeyman Pictures