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Vous avez sûrement dû remarquer qu'Ernest Hemingway est un écrivain dont la vie me fascine. J'étais donc très contente lorsque j'ai gagné le livre "La troisième Hemingway", de Paula McLain, qui se penche sur la vie de Martha Gellhorn, et qui me permettait d'en apprendre indirectement plus sur ce grand homme. Mais c'est en fait une grande dame que j'ai découvert...

C'est que sous ses dehors de petite bourgeoise du vieux Sud, Martha est une aventurière : elle veut écrire et découvrir le monde. Sa famille ne voit pourtant pas d'un bon œil sa vie d'apprentie journaliste à New-York, et encore moins sa liaison avec un homme marié. Elle finit cependant par rencontrer un succès d'estime avec son premier livre "J'ai vu la misère",
recueil d'entretiens avec les laissez-pour compte de la grande dépression. Mais lors de vacances à Key West, sa route croise par hasard celle d'Hemingway. Ce dernier l'invite alors à le suivre en tant que correspondante de guerre en Espagne...

Grace à ce livre, j'ai découvert tout un pan de l'histoire qui m'était inconnu, entre franquistes et républicains. J'ai également découvert une femme qui n'avait pas froid aux yeux, même si l'auteure la présente comme une personne peu sûre d'elle, plus victime de ses choix que décideuse. Elle
a surtout osé faire passer ses envies avant ce que l'on attendait d'elle, à savoir servir le grand homme et lui faire des enfants. Et c'est aussi la seule femme qui l'a quitté... Bref, chapeau madame ! Par contre j'ai eu un peu de mal avec le coté romanesque de cette biographie. D'ailleurs, s'agit 'il vraiment d'une biographie ? Mais bon, j'ai bien aimé quand même !
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Fin 1936, quand Martha Gellhorn la jeune romancière rencontre pour la première fois, Ernest Hemingway, elle a vingt-sept ans et une solide réputation de globe-trotteuse l'a précède. 

Hemingway est en passe de devenir le monstre sacré de la littérature américaine. 
Martha est célibataire mais à déjà une certaine expérience avec les hommes, lui en est déjà à son deuxième mariage.

Une complicité purement intellectuelle s'installe entre eux, mais la guerre a le pouvoir de déclencher les passions. 
Martha a beau être amoureuse, elle n'en demeure pas moins lucide.

” Je ne voulais pas lui faire de mal. Je savais seulement une chose : Ernest était un soleil qui brillait si fort qu'il m'éclipserait même sans le vouloir. Il était trop célèbre, trop avancé dans sa propre carrière, trop sûr de ce qu'il voulait. Il était aussi trop marié, trop enraciné dans la vie qu'il s'était forgée à Key West. Trop habité, trop impressionnant. 
 Trop Hemingway. “ 



De New-York bohème à l'Espagne ravagée par le franquisme, les amis deviennent amants, et Martha fait ses débuts en tant que reporters de guerre, tout en continuant d'écrire. 

Au gré de leurs allées et venues à travers le monde, entre l'Amerique, l'Europe et Cuba, dans un monde à feu et à sang, leur rivalité littéraire ne cesse de croître et entache leur amour. 


” Comment se fait-il qu'un homme ait le droit de penser à sa carrière sans qu'on lui demande de rendre des comptes, alors qu'une femme qui ne laisse pas tout tomber pour rester chez elle est considérée comme une égoïste ? “ 



Les deux époux ne tarderont pas à goûter aux fruits amers de la vie conjugale..

.

Ce que j'en dis : 


Bien plus, qu'une histoire d'amour , Paula McLain nous offre un formidable portrait de femme indépendante qui refusera de rester dans l'ombre d'un homme, même si elle en est fortement éprise.
Elle y avait pourtant cru à son idylle avec Hemingway mais son âme de grande aventurière ne l'ayant jamais quittée, elle n'hésitera pas à tout mettre en danger pour pouvoir écrire et devenir à force de ténacité,, la première femme reporters de guerre. 

Même si j'ai nettement préféré son premier roman Madame Hemingway, j'ai apprécié découvrir cette femme volontaire, déterminée qui refusera se soumettre à la volonté d'un homme, même célèbre et restera fidèle à ses idées. 

Une lecture agréable qui nous fait également découvrir l'illustre Hemingway, même si le récit est partagé entre fiction et réalité. 

Un roman qui rend hommage à une femme extraordinaire à travers une histoire plutôt passionnante. 



Je remercie Masse Critique Babelio pour cette découverte.

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Un roman qui commence doucement, mais qui devient de plus en plus intéressant au fil des pages.
Je découvre l'auteure Paula McLain avec ce roman, et je découvre également avec la note en fin de roman, que ce n'est pas que pure fiction. Il y a une part de vérité dans le récit. Cela me fait l'apprécier encore plus, et j'espère prendre le temps un jour de découvrir les autres romans de cette auteure.
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Hemingway est une guerre. Et c'est une guerre perdue. On peut temporairement faire alliance. Mais on restera menacé et finira laminé si on ne se résout pas à une stricte allégeance. C'est le refus de Martha Gellhorn. C'est le récit de Paula McLain. Gellhorn se déclare être une voyageuse. C'est d'abord une correspondante de guerre et sa guerre et sa correspondance sont d'abord ici Hemingway. Tout fonctionne quand on est « sa fille ». « Lapin », c'est être proche d'être dévorée ou devoir s'échapper. Marty, une « forte femme », qui n'aura eu de cesse sa vie durant d'aller de l'avant pour tenir ses promesses de jeunesse. C'est sans doute ce qui aura séduit Hemingway en elle mais lui coûtera également au final ses plus grandes défaites : une maison, une famille, une passion perdues. On sous-entend, si on a bien lu, que qui explique le plus la ligne directrice de l'existence de Martha Gellhorn, « l'homme de sa vie », n'est d'ailleurs peut-être même pas Hemingway. N'empêche, la troisième femme d'Hemingway, Martha Gellhorn se révèle juste une véritable Madame Hemingway d'incarner au propre, par elle-même, pour elle-même, nombre des attributs (l'énergie, l'action, etc) de son plus célèbre mari. Correspondant. Correspondante. L'auteur ne cache pas son admiration pour « la liberté et l'indépendance » de son héroïne.
Ardeurs, heurs et malheurs d'une correspondance impossible, donc, d'être trop correspondante. Un récit conséquent, à un ou deux chapitres près d'allure chronologique. Un modèle de vie qui séduira, en qui se reconnait manifestement l'auteur, interrogera au bas mot autour du sujet, éternel, d'une censée impossible conjugaison entre être et avoir, exister et partager, exiger et s'associer.
S'il faut prendre parti, j'ai dévoré le récit. En quarante-huit heures. C'est alerte. Cohérent. Des images fortes marquent. La mort. La Grande Dépression. La Finca. Les fils d'Hemingway. L'Espagne, bien sûr. Un amour envahissant et exigeant comme une végétation tropicale. L'écriture. Paradoxalement, rien n'est meilleur à mon goût que les passages incarnant la vision hemingwayenne. Ils sont présentés en italique. J'ai été moins convaincu par les paragraphes d'introspection, encore moins par les digressions justificatrices voire moralisantes qui annoncent ou suivent les actions de Marty. Mais, peut-être, comment faire autrement, puisqu'il s'agit d'abord d'exposer les doutes, les choix difficiles d'une vie ? Deux interrogations, malgré tout. On annonce sans arrêt un travail de fiction, mais la trame historique de cette histoire semble tellement respectée qu'on est troublé de ne plus savoir le vrai du faux. Deuxièmement, au derniers tiers du récit, Hemingway n'apparait plus que comme un rustre alcoolique, un matamore inconséquent et dépressif. Certes, Hemingway n'est pas le sujet de Paula McLain, mais on craint que soit mal rendu compte de la complexité du personnage. Il y a sans doute une explication à ces deux difficultés et c'est bien qu'il ne s'agit pas d'une biographie, d'un livre d'Histoire, mais d'un point de vue.
Car, au total, cela ressemble terriblement à ce qu'aurait pu devenir un journal intime de Martha Gelhorn. Les forces et les faiblesses d'un point de vue encore une fois, imaginé tel et en même temps qu'il se vit, qu'il se construit, qu'il se défend. Un récit à une voix, livre découverte à n'en pas douter d'une grande personnalité. Un récit certes à une seule voie mais une voie qui mène loin qui veut réfléchir les choix d'une vie. Hemingway est une guerre. Madame Hemingway est également une guerre. A l'issue de leurs guerres, les victoires auront coûté leurs lots de victimes. Une oeuvre vaut-elle une vie ? C'est à savoir ici pour qui sonne le glas.
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Je ne dirais qu'un mot: Passionnant! Allez, j'en ajoute tout de même quelques uns pour vous convaincre de lire cet ouvrage.
C'est donc la biographie de Martha Gellhorn. Ca ne vous dit rien? Moi non plus je ne connaissais pas cette auteure. Bon, c'est vrai je ne connais pas grand chose à la littérature d'outre Atlantique. Mais Hemingway, tout de même cela doit faire tilt quelque part, non? Alors c'est l'histoire de la troisième femme de ce grand écrivain. Enfin surtout l'histoire de sa vie avec lui car la livre ce concentre surtout sur cette époque. Et quelle époque! Celle de l'entre deux guerres et la montée des extrémismes aussi bien de droite que de gauche. Ce livre s'achève avec la seconde guerre mondiale et aussi le mariage de ce couple d'écrivain.
Quelque part, pour cette femme qui a souffert de la comparaison avec son illustre mari, c'est tout de même dommage de s'intéresser quasi uniquement à cette période de sa vie. A mon sens, elle mériterait un vrai travail pour elle seule. N'est-ce pas un peu le lot de beaucoup trop de femme: n'exister qu'à travers l'homme?
Cette remarque, qui coûte donc une étoile, n'éclipse pas le magnifique travail de Paula McLain. Celui d'une conteuse hors pair, appuyée sur un solide travail de documentaliste. Cet ouvrage est un vrai régal.
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Martha Gellhorn est une femme atypique, pour son époque. Libérée sur beaucoup de sujets, elle a pour ambition de devenir écrivain. Pour cela, elle écrit d'abord des articles pour certains journaux. C'est au harsard des ses voyages qu'elle rencontre Ernest Hemingway, ce monstre sacré de la littérature.

Ensemble, ils partent comme journalistes de guerre pour couvrir les conflits qui ravagent l'Espagne. Bien que marié, Ernest ne résiste pas longtemps au charme de la jeune femme.

C'est une vie semée de rebondissements que ces deux êtres vont partager…

Ernest Hemingway est un nom bien connu dans le monde entier. Même si nous n'avons jamais eu l'occasion de lire l'un de ses livres, nous savons, bien entendu, de qui il s'agit dès que l'on entend son nom dans une conversation.

On connaît beaucoup moins sa vie sentimentale, mouvementée s'il en est! En effet, cet homme avait la bougeotte. Il aimait sa tranquillité, en alternant avec des périodes de vacances en famille, et constamment entouré d'amis proches ou pas.

C'est dans une de ses périodes tranquilles que Martha va faire sa connaissance. En tout bien tout honneur au départ, ils ne parleront que de leurs travaux respectifs. Mais la proximité rapprochée dans des situations dangereuses va favoriser un rapprochement plutôt rapide.


Si Ernest Hemingway n'est plus à présenter, les romans de Martha Gellhorn sont, en Europe en tout cas, nettement moins connu. Pour ma part, je n'avais jamais entendu parler d'elle. J'ai d'ailleurs d'autant plus apprécié ma lecture qui m'a permis de la découvrir. J'aime énormément ce genre de livres, qui me permettent d'ouvrir davantage encore mon horizon sur des sujets ou des personnages un peu oubliés de l'Histoire.

Paula McLain n'en est d'ailleurs pas à son coup d'essai. J'avais eu la chance de découvrir son précédent roman, L'aviatrice, qui m'avait laissé une forte impression.



J'aime sa plume, fluide et agréable. Son sens de la recherche avant l'écriture me ravit également. Elle a le don de faire renaître pour nous des êtres dignes d'intérêt, méritant la lumière qu'elle leur donne. D'ailleurs, lorsque l'édition Presses de la Cité m'a proposé ce titre, je n'ai pas hésité une seconde !

Martha Gellhorn est le personnage principal de ce roman, bien qu'autour d'elle gravite des personnages plus connus. Elle a des réflexions profondes, elle travaille avec acharnement sur ses livres et ses articles, et j'admire sa capacité de prendre des décisions qui pouvaient choquer à l'époque. Elle a par exemple été la seule femme à couvrir le débarquement en Normandie, une des rares à avoir assisté au premier plan aux combats qui faisaient rage en Espagne, et à voyager pour assister à ce qui révolutionnait le monde entier. Elle n'avait pas peur d'approcher les lieux de combats, avaient la capacité de rendre la proportion humaine à ces horreurs.

Vous l'aurez compris, je suis sous le charme de ma lecture. Je ne peux que vous la recommander!

En faisant de petites recherches pour me documenter un peu plus, je suis tombée sur la couverture d'un film relatant leur histoire: Hemingway et Gellhorn. Martha Gellhorn est interpretée par Nicole Kidman.
Lien : http://au-fil-des-pages.be
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Martha Gellhorn.
Martha Gellhorn, novelliste, romancière, reporter de guerre, première journaliste sur les plages du débarquement ; mais également Mme Hemingway, la femme du célèbre écrivain, du monstre de la littérature américaine.
Ce statut de "femme de" lui aura coûté énormément en termes de réputation et de renommée. Car Hemingway attire toute la lumière, il aspire l'essence de ceux qui l'entourent. Martha et lui vont passer sept ans ensemble, sept ans durant lesquels elle n'aura de cesse de ménager un équilibre entre son besoin d'indépendance et la volonté de l'homme qu'elle aime, de la garder près de lui.
De la guerre civile espagnole au débarquement sur les plages de Normandie, en passant par La Finca, leur havre de paix à La Havane, leur couple va traverser de beaux moments mais également d'énormes crises ; vivre ensemble et travailler côte à côte est très délicat pour deux écrivains.
Paula McLain se met dans la peau de Martha Gellhorn pour nous raconter ses sept années en tant que "troisième Hemingway". Si la narration à la première personne semble un peu incongrue au départ, elle permet de s'attacher à Martha, d'être en empathie avec elle. Certains paragraphes donnent la parole à Hemingway, lorsqu'il est séparé de sa femme, ce qui nous offre un autre point de vue.
J'avais lu Mrs Hemingway de Naomi Wood, qui m'avait beaucoup plu et par lequel j'avais appris l'histoire amoureuse de Ernest Hemingway. Je connaissais donc déjà légèrement Martha Gellhorn.
Cependant, ici elle est le personnage principal, et même si l'on guette les apparitions du "grand homme", nous sommes dans le monde de Martha.
Et malgré le titre de cet ouvrage, Martha Gellhorn est loin d'être uniquement "La troisième Hemingway".
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Mosaïque issue de l'histoire réelle de Martha Gellhorn et de imagination de l'auteur, ce roman est palpitant.

Notre héroïne m'a fait penser à Alexandra David-Néel pour son envie de découvrir et de décrire le monde, l'une une parisienne à Lhassa première occidentale dans la ville tibétaine, l'autre première et seule femme américaine en Normandie pour le débarquement. Les deux frappées par la maladie du voyage et du témoignage.

Tout au long de ce livre, nous sommes entraînés dans une aventure humaine extraordinaire faite de rencontres d'hommes et de femmes, les célébrités de l'entourage d'Hemingway et les souffrants de l'Europe en guerre.

Les passages dédiés aux voyages de Marty comme correspondante de guerre sont aussi remarquables que prenants. C'est la partie de ce roman que je préfère.

Hemingway, l'idole, se transforme pour la jeune journaliste et écrivaine en complice, grand amour, mari et antagoniste au fil des pages.

Réussie et intéressante également la description de la vie à Cuba, on s'imagine à la piscine ou avec les chats dans le jardin.

Ce récit vif et intense est un régal !
Lien : https://blog.lhorizonetlinfi..
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Quel plaisir de retrouver cette auteure découverte il y a six ans pour son roman : « Madame Hemingway ».
Son deuxième roman « L'aviatrice » était un coup de coeur aussi.
Son talent de conteuse est toujours présent : dès la première page le lecteur est captivé par le récit.
Paula est très douée pour utiliser les faits historiques et produire une belle fiction : le roman se dévore, en le refermant on en redemande.
Le grand écrivain a déjà eu deux épouses et ne peut résister au charme de cette jeune femme. Celle-ci est belle et talentueuse : écrivaine et journaliste, ils sont en phase intellectuellement dès le début. Chacun lit les textes de l'autre. Mais progressivement, la jalousie d'Ernest empoisonne leur relation.
Je vous encourage vivement à découvrir ce roman passionnant qui nous fait revivre le destin de ces deux êtres uniques. Martha est une grande héroïne qui fut l'une des plus grandes correspondantes de guerre du vingtième siècle.
Un roman qui combine une histoire passionnante et une belle plume : n'hésitez pas.
Lien : http://www.despagesetdesiles..
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Je publie des chroniques littéraires sur lavisqteam.fr et celle de ce roman est présente au lien suivant : http://www.lavisqteam.fr/?p=43632
J'ai mis la note de : 19/20

Mon avis : La troisième Hemingway est un roman palpitant, qui nous entraîne dans un passé tumultueux et plein de péripéties. Les pages s'enchaînent à un rythme effréné et les images que l'on retient sont dures, violentes, et pourront perturber certains lecteurs. En effet, Martha Gellhorn fut une journaliste de guerre reconnue et très active, jusqu'à ses derniers jours. Ce roman, nous racontant sa vie passionnante, est prenant et rend compte d'une période instable, ponctuée de nombreuses personnalités hautes en couleur que l'on souhaiterait parfois oublier : Hitler, Franco, Mussolini, Staline…

Martha Gellhorn, faisant fi de l'image de la femme de cette époque, n'a pas hésité à embarquer son stylo et sa force, pour dépeindre les plus grands conflits de l'Histoire et les vivre à bras le corps, en plein coeur de l'action, bravant la mort et les dangers. Martha Gellhorn est un portrait de femme forte comme on les aime et comme on les connaît peu. Auteure, comme son célèbre mari Ernest Hemingway, la jeune femme ne démérite pas non plus de ce côté-là et, malheureusement, tous ces livres n'ont pas été exportés en Europe, vite ombragés par ceux d'un époux impressionnant et, comme elle, journaliste de guerre à ses heures perdues.

Le roman nous entraîne dans une aventure plutôt inattendue, loin des histoires d'amour auxquelles on peut être habitués. Les trois quarts de l'intrigue tournent autour des travaux de journaliste de Martha et de ses voyages : la guerre civile espagnole à Madrid, l'annexion de Hong-Kong par les Japonais, le front de la Seconde Guerre Mondiale… Les scènes sont terribles, pleines du sang des victimes et des rescapés que la jeune femme interviewe pour la postérité, pour leur rendre hommage, pour les comprendre ou pour les aider.

Humaniste dans l'âme, Martha a aussi besoin de cette adrénaline, de rôder avec la mort et de ressentir tous les affres du danger, et c'est cet ensemble, en plus de son histoire d'amour et de ses talents d'écrivain, qui en font une femme riche et complexe, que l'on a plaisir à suivre dans sa vie quotidienne.

Indépendante, Martha diffère des femmes de cette époque, attachées à des règles strictes ou soumises à des maris envahissants. Son travail représente tout pour elle, et elle n'hésite pas à partir des mois loin de son mari pour mener à bien ses missions de journaliste de guerre, quitte à ne plus jamais revenir. Sa relation avec Hemingway est ainsi atypique et passionnante à suivre. Temps de guerre obligent, de nombreuses tensions existent en plus de leurs sentiments explosifs et du divorce d'Hemingway avec sa seconde femme, qui peine à se faire.

Comment supporter que la femme qu'on aime veuille sans cesse risquer sa vie sur des champs de bataille et s'éloigner de nous ? D'un autre côté, comment supporter au quotidien la vie mondaine d'un mari célèbre, qui préfère les soirées alcoolisées et pleines d'hypocrisie, à des moments simples en amoureux ou en famille ? Deux caractères forts qui s'affrontent et qui s'unissent, sous un fond de drames politiques et de combats épiques.

L'écriture rythmée est parfaite pour un tel roman, qui ne contient aucune longueur et qui nous tient en haleine jusqu'à la fin. L'Histoire associée à l'histoire plus modeste d'un couple haut en couleur, est bien retranscrite et fait réfléchir. Martha et Ernest nous font part de leurs visions des conflits, de leurs envies, de leurs douleurs, et on s'attache profondément à eux. Bien que la narration passe entièrement via Martha, quelques passages en italiques nous font part des pensées d'Ernest, un homme qu'il est difficile de cerner et de comprendre, tant son psychisme est troublé.

Il n'y a pas de gentils ou de méchants dans cette histoire, simplement un homme et une femme qui n'ont pas réussi à s'accorder et qui n'ont pas réussi à se comprendre, bien que nombre de leurs envies convergent. Ce sont de beaux messages de vie, d'amour et de paix que véhicule ce roman. On se rend finalement compte de la chance que l'on a de vivre dans un monde à peu près stable, dans lequel on peut se projeter et non pas, sans cesse, avoir peur du lendemain ou pour sa vie. Les climats européens décrits sont vrais et plein de vie.

Les métiers d'écrivain et de journaliste sont mis en avant dans ce roman. le problème de la page blanche, celui de l'inspiration, ceux des publications, éditions et publicités, les critiques très bonnes ou, au contraire, odieuses, les commentaires sur les ressemblances dans l'écriture dans le couple (Martha a été vivement critiquée pour sa relation avec Hemingway), l'ombre d'un auteur plus célèbre que l'autre, l'un en tant que romancier, l'autre, en tant que journaliste (Martha ayant fait davantage qu'Ernest en tant que journaliste avant que ce dernier ne la décrédibilise par jalousie), … Tout y passe.

La troisième Hemingway est un portrait prenant d'une femme qui mérite d'être reconnue non comme la femme d'un célèbre écrivain, mais comme une artiste à part entière.
Lien : http://www.lavisqteam.fr/?p=..
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