AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,23

sur 239 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce court roman est une fiction qui se déroule dans un cadre historique et bien réel : ce haut-lieu de la résistance que fut le Vercors à l'automne 1944, peu après le massacre du village de Vassieux-en-Vercors.
Unité de temps, de lieu et d'action, style incisif et nerveux"à l'américaine", le tout crée un récit à la fois particulier et très réaliste.
Marie Valette, fille de résistants a été assassiné après avoir été violée et tondue. Un commissaire de police de passage pour une mission et une photographe de guerre américaine qui connait bien la région seront les personnages principaux du récit.
Thriller historique, mise en lumière d'une période extrêmement sombre et complexe de l'histoire où des jeunes-gens s'auto-proclament héros, où des réfugiés italiens sont désignés coupables, où la justice est expéditive et les esprits confus, ce livre est une très intéressante lecture dont je ressors troublée, horrifiée et persuadée que toute guerre n'amène que souffrance, violence et chaos.
Commenter  J’apprécie          50
Voilà que François Médéline nous ramène soixante-quinze ans plus tôt, à la fin de la seconde guerre mondiale, dans des villages encore en état de choc, ou personne n'a eu le temps de faire le deuil de ses morts, où les projets d'avenirs ne sont encore que des projections irréelles, les ruines encore fumantes sous les impacts des obus, les soldats, les résistants, les civils, encore mentalement en pleine guerre, la paix peine à renaître.

Certains n'ont visiblement pas vu suffisamment de corps violentés en cette fin de guerre, la violence s'est visiblement creusée une place dans le quotidien de chacun, qu'elle n'est pas prête de quitter. le cadavre d'une institutrice de 24 ans est retrouvé, violé, égorgée, rasé. Plus la moindre trace d'allemand dans le coin, il faut bien trouver quels drames ont bien pu se nouer derrière tous ces combats. Et si les allemands sont partis, c'est donc qu'il va falloir enquêter sur ces français, qui ont déjà bien eu leur lot de souffrance. Ce très court roman policier se place dans un contexte particulier puisqu'il ne s'agit plus de traquer le voisin germain envahisseur, mais un assassin qui pourrait être bien un des leurs. Et il y a ces italiens, tout aussi dignes d'être soupçonnés puisqu'ils sont étrangers, qui deviennent bien vite suspects. En ce temps-là, on ne règle pas encore ses comptes devant les instances juridiques de son pays, qu'elles soient à Nuremberg ou à Lyon. On peut craindre le pire.

Le temps de s'imprégner de la temporalité, une fin de guerre, un pays chamboulé et totalement mis à sac, des personnages – un commissaire de police Georges Duroy, une photographe américaine Judith Ashton, des soldats de la FFI, les habitants – en gros une période troublée, c'est une enquête, certes rapide, mais très prenante qui nous attend. D'autant qu'elle touche une famille de résistants, qui a déjà dû concéder leur fils ainé à la guerre. La situation est sensible, et si Duroy arrive dans le Vercors pour une tout autre affaire, c'est sur une corde raide qu'il va devoir marcher pour enquêter sans trop piétiner les susceptibilités très affutées et irritabilités très vives des gens du coin, d'autant qu'il n'est pas sur son territoire. Outre le conflit entre autorités civiles et militaires, qui perdure le long du roman et qui démontre d'une France qui a du mal à reprendre cours, c'est aussi la défiance envers ces étrangers, pour le coup, ces « macaronis » transalpins, qui forcément endossent la culpabilité éventuelle. Parce que la dernière chose dont on ait envie et besoin, c'est d'une guerre fratricide.

Duroy et Ashton campe un bon duo d'enquêteurs, qui m'ont fait penser à celui des Petits Meurtres d'Agatha Christie pour celles et ceux qui connaissent en l'occurrence, Alice Avril et Swan Laurence, jeunesse et maturité, témérité et sagesse, extravagance et introversion, dont on aurait volontiers prolongé les aventures un peu plus loin encore. Mais l'auteur en a décidé autrement. Il explique en toute dernière partie, que si le dénouement est fictif, l'intrigue ne l'est pas et certaines figures encore moins. Georges Duroy, Judith Ashton, Bornan ou Roger Bazin, Choranche, Marie Valette, la victime elle-même. Je vous laisse découvrir par vous-même le lien que François Médéline, l'auteur lui-même, entretient avec l'un d'entre eux.

Même si l'enquête n'a rien de complexe, on s'emballe facilement pour cette quête de la vérité, d'autant qu'elle touche une jeune femme, institutrice, de bonne famille, et sans scandale. Et que l'on réalise précisément avec la venue de Duroy qui secoue ce petit entre-soi à quel point la guerre a pu avoir des retentissements invisibles, sur chacun d'entre eux, et dévastateurs, en créant et amplifiant une haine de l'étranger quasiment incontrôlable, si elle est tout du moins explicable. C'est une colère qui continue de brûler, inextinguible, d'ailleurs rien que le mot « épuration », même si dans le principe renvoie à la punition des collaborateurs les plus assidus, revêt tout de même de drôles de relents. Et il y a une bonne touche de mystère, quant au devenir du meurtrier – je me permets de vous révéler qu'il sera effectivement découvert, à vous la charge, si la curiosité vous en dit, d'en découvrir son identité et son motif – l'auteur brode sur une incertitude qui laisse, ma foi, à cet épisode comme un dernier gout de mystère.

La sacrifiée du Vercors renvoie à une fin de guerre pas glorieuse pour la France, entre lynchages et racisme, même si elle a eu l'honneur de compter un bon nombre de résistants qui se sont sacrifiés au nom de la liberté nationale. Marie Valette a été sacrifiée comme tant d'autres femmes ont eu le crane rasée par un ultime mouvement de haine, de vengeance et de lâcheté, il s'entend, évidemment qu'en ce qui concerne les français, aucun d'entre eux n'a eu la mauvaise idée de frétiller avec une femme allemande, c'est évident. Quoi qu'il en soit, c'est un roman, historique et policier, très efficace, sans aucune longueur, que j'ai lu quasiment d'une traite, merci les Editions 10/18.




Lien : https://tempsdelectureblog.w..
Commenter  J’apprécie          50
Un roman noir dans une période obscure et trouble de l'histoire de la deuxième guerre mondiale. Septembre 1944 : une partie de la France est libérée, mais ici dans le Vercors, haut lieu de la Résistance, on en est aux règlements de comptes, à l'épuration, au fanatisme, à l'arbitraire. C'est le règne de la milice et des FFI. Des gradés, des jeunes à peine sortis de l'adolescence, des héros et des familles endeuillées se côtoient dans un environnement fait de ruines.

Un crime sauvage a été commis, une jeune femme du village, Marie Valette, a été retrouvée violée, tondue, assassinée dans les bois. Qui peut être le coupable ? Un émigré appartenant à la communauté italienne qui travaille à la construction des routes et des tunnels ? Ce serait idéal… Mais qui d'autre pourrait en vouloir à mort à Marie ? le commissaire de police George Duroy et une jeune photographe de guerre américaine, Judith Ashton, vont mener l'enquête.

J'avais beaucoup aimé l'interview de François Médéline à propos de la Sacrifiée du Vercors. Il m'avait vraiment enthousiasmée et je crois que j'attendais beaucoup de son livre. Ma lecture terminée, j'avoue une certaine déception. J'ai eu un peu de mal à entrer dans ce roman, à me familiariser avec les personnages et au contexte historique seulement abordé mais pas assez développé à mon gout. Et surtout je n'ai pas accroché au style d'écriture de l'auteur. Des phrases courtes, sèches, parfois sans verbe mais à contrario une abondance de détails ou descriptions qui n'apportent rien mais ajoutent de la confusion au texte. Heureusement j'ai beaucoup apprécié la deuxième partie du récit, quand les personnages se dévoilent, que l'action se précipite. Qui sont les héros ? Qui sont les criminels ? A qui faire confiance dans cette atmosphère pesante ? Enfin de roman l'auteur a l'heureuse idée d'ajouter un épilogue très intéressant, qui raconte ce que sont devenus ses personnages, ce que fut leur destin après la guerre et comment ils ont fini leurs vies. Et l'on sent dans ces dernières pages que des secrets familiaux nous sont dévoilés et que François Médéline se faisait un devoir de dénoncer les troubles de cette sombre période de notre histoire.
Commenter  J’apprécie          50
Avis : PERTURBANT
Je remercie Babelio et les Éditions 10/18 qui m'ont donné l'opportunité de lire « La sacrifiée du Vercors » de François Médéline, et de participer à une interview de l'auteur. Cette dernière m'a permis de mieux comprendre ses intentions tout au long de son écriture ainsi que le choix du visuel de couverture. Les deux étaient pour moi une interrogation, alors que chez lui, la volonté manifeste d'être le plus resserré autour de son sujet était cruciale.
« le roman noir de l'épuration » me paraît être un sous-titre quelque peu racoleur car sans vouloir spolier, même si les personnages peuvent être assez nombreux pour donner l'environnement humain, ils sont quand même engagés dans une enquête de vengeance autant que de collaboration. En revanche, le sujet central étant une femme, et certaines ayant connu l'abjection des résistants de la dernière heure, il peut être indispensable de rappeler que l'épuration n'a pas été que justice.
Dans le Vercors, terre de résistances et de massacres, à la fin de la guerre, Marie, fille et soeur de résistants est retrouvée tondue et assassinée. Georges Duroy doit convoyer une femme suspectée de collaboration mais il se retrouve chargé de l'enquête. Judith, photographe américaine, sera très présente à ses côtés. La période troublée au cours de laquelle les vrais héros sont difficilement discernables au milieu des derniers sortis de nulle part ne va pas faciliter la découverte de la vérité. Que font les Italiens et qu'ont-ils à se reprocher ? Qui était vraiment Marie Valette ? Pourquoi a-t-elle été martyrisée ? Nous ne le saurons qu'en lisant les dernières pages et grâce à un détail.
Si le style sec et très particulier de l'auteur, fait de scènes courtes, de peu de dialogues, de plans resserrés, m'a paru déconcertant au premier abord, je l'ai ensuite apprécié pour rester au plus près de l'action. Action qui se déroule seulement sur quelques heures et deux cent pages. Aucune digression, aucune tentative de généraliser le propos, tout est brut, presque haché. Si le fond est historique, les lieux réels, l'histoire en lien avec sa famille, l'auteur nous précise bien que c'est une fiction et qu'il n'a qu'un « pacte de crédibilité » avec le lecteur. Ce « peut-être que » m'a dérangée et m'a laissé quelques regrets.
Je ne peux que vous recommander ce roman brillant pour sentir tout au fond de vous l'atmosphère lourde, suspicieuse, inhumaine qui imprégnait les survivants, et combien il fallait être encore courageux pour affronter toujours les mêmes : ceux qui ne bougent que quand le vent leur est favorable. Rien que pour cela, je comprends pourquoi ce roman concourt pour un prix que je lui souhaite.

Lien : https://www.facebook.com/Lya..
Commenter  J’apprécie          50
Merci à Babelio et à 10/18 pour l'envoi de ce roman ! La 4ème de couverture résume assez bien le contenu, sans trop en dire. Un roman court, un style froid et sec qui convient. Au début, le lecteur peut être désarçonné par cette plume qui donne le sentiment de vous laisser sur le pallier alors qu'en fait elle traduit (je pense) l'urgence de la situation. Les protagonistes n'ont que quelques heures pour gérer la situation avant qu'elle vire complètement à la tragédie ! le temps leur file entre les doigts. Il faut se fier à l'instinct, on fera connaissance une autre fois. Peut-être. Si la vie offre une autre occasion. C'est peut-être aussi un moyen d'exposer sans prendre partie, au lecteur de trancher, de juger s'il s'en sent capable. Un crime particulier, un suspense qui ne vous tient pas vraiment en haleine (la trame est finalement assez classique) mais le contexte interpelle, alors on ne décroche pas. on veut aller au bout. A lire.
Commenter  J’apprécie          50
La Sacrifiée du Vercors, publié en mars 2021 par les éditions 10/18, est bien plus qu'un simple roman policier. C'est une fenêtre ouverte sur une des périodes les plus sombres de notre histoire: il a pour décor le maquis du Vercors qui, dès 1939, mit ses nombreuses infrastructures touristiques pour accueillir des réfugiés ainsi que des établissements scolaires privés, tels que le collège Turenne. Considéré comme une forteresse naturelle au vu de sa configuration géographique, il fut également une importante base pour la Résistance française. Roman noir, donc, fidèle aux écrits engagés de l'auteur qui nous pousse à réfléchir sur ce que les hommes sont capables de faire quand ils sont soumis à des conditions exceptionnelles telle que la guerre puis l'Occupation.
Le style de François Médéline est sobre et abrupt, à l'image des tragiques et sanglants événements relatés. L'auteur déblaie le terrain à la machette, parfois au scalpel, afin de mettre en exergue l'horreur et l'incompréhension face à la barbarie des hommes: "Il coupe le contact, sort et claque la portière. Judith examine les FFI par la vitre ouverte. Ils sont cinq. A un kilomètre, elle les reconnaîtrait: la dégaine et les tenues. Elle les remettrait même à l'odeur. Ce sont les hommes de la traque, le groupe du barrage sud de Saint-Julien." (Page 139)..."La petite église rectangulaire et son toit en zinc sont debout, et le Café du Progrès aussi. Les Allemands se sont surtout concentrés sur Vassieux et La Chapelle. Après le combat, les légions de l'Est et les supplétifs français y ont tout incendié. A Vassieux, des volontaires du Diois sont depuis venus évacuer le charnier à ciel ouvert. Ca puait la viande morte. Ils ont même trouvé un bébé et sa mère dans une cave. Les salauds les avaient cramés au lance-flammes." (Page 18)

Septembre 1944. le Vercors, qui a essuyé les terribles représailles de la Wehrmacht deux mois plus tôt, réduisant à néant des villages et leurs habitants, tuant 639 combattants, est le théâtre d'un meurtre sanglant. Marie Valette, violée puis assassinée après avoir été tondue, est retrouvée morte sous un arbre non loin du village de Saint-Julien en Vercors. La police est sur les dents. Georges Duroy, commissaire de police auprès du délégué général à l'épuration, est envoyé en mission afin de transférer la baronne Ehrlich, espionne au service des ennemis, avant que qui que ce soit ne s'avise de la rapatrier en Allemagne ou de la faire taire définitivement.
Arrivé sur la scène du crime, il croise par hasard la route d'une jeune photographe américaine, Judith Ashton, jeune femme déterminée et courageuse. Après avoir examiné le corps et son environnement immédiat, quelque chose le chiffonne. Les détails ne collent pas avec l'identité de la morte. Judith et Georges s'interrogent. Qui a pu ainsi violenter et tuer la fille d'une famille de résistants notoires? Vengeance de la milice? Une sombre affaire de moeurs? Un crime crapuleux? L'acte désespéré d'un amoureux éconduit qui a voulu maquiller son forfait en règlement de compte?
Dans l'atmosphère étouffante de cet été 44 dont les cruels rayons du soleil soulignent les détails sordides, un jeune réfugié italien semble le coupable tout trouvé. Jeunes héros soudainement sortis de l'ombre, villageois endeuillés, miliciens en quête d'absolution, policier et chefs résistants s'affrontent en un ballet orchestré par les rancoeurs et les règlements de compte sur les ruines encore fumantes du maquis du Vercors. Silences accusateurs et vengeances personnelles s'inscrivent dans l'Histoire de la Libération et de la fin de la guerre.

La sacrifiée du Vercors est le roman âpre sur l'épuration. Des mises en scène sobres, dans un style souvent télégraphique, quelques mots suffisant à faire ressentir l'atmosphère pesante, sombre parfois,  violente aussi, de cette histoire dans L Histoire. Les scènes sont d'un réalisme confondant, parfois même dérangeant, notamment l'exécution de Simeone Fucilla par les FFI: les villageois, profondément bouleversés par l'incendie de leurs maisons et la mort de nombreux civils au cours de l'opération Aktion Bettina, deux mois plus tôt, sont devenus des bêtes sauvages, prêts à massacrer un innocent pour se venger. Leur bestiale cruauté suinte des mots par tous leurs pores.
L'action se déroule au ralenti, accentuant l'atmosphère lourde qui pèse sur le maquis et englue les gens dans les soubresauts de la Libération du Vercors avec ses inévitables bavures et débordements: "Le véhicule sort bientôt du village. La 402 avale le faux plat. C'est une bonne voiture, trois rapports et aérodynamique à l'américaine. Duroy accélère. L'obstacle n'est pas dans son champ de vision. Il est après, dans la descente. Duroy jette son mégot dans le vent et il n'entend pas ces tonnes qui martèlent la route. C'est pourtant à moins de cent mètres." (Page 19).
Comme le dit lui-même François Médéline, ce roman est aussi un hommage aux femmes tondues sur les places publiques, jetées en pâture à la vindicte populaire. Il pose la question cruciale en temps de guerre: à quel moment devient-on un héros? Quels actes justifient cette appellation? Car on oublie souvent que les hommes et les femmes qui se sont comportés de manière héroïque pendant la seconde guerre n'étaient en réalité qu'une poignée; et que souvent ils étaient très jeunes. Remettre les choses en perspective, peut-être pas, mais poser les bonnes questions, certainement. Un roman choc qui ne vous laissera pas indifférent...
Lien : https://legereimaginarepereg..
Commenter  J’apprécie          50
La sacrifiée du Vercors... ou une enquête policière oppressante où le paysage se dispute la scène avec L Histoire.
Entre les descriptions détaillées du Vercors et les faits historiques de la Résistance riches, il s'agit ici d'un livre dense avec une intrigue-prétexte, celle d'une sacrifiée, Marie Valette, tondue, violée et tuée dans le maquis. Georges Duroy, commissaire auprès du Bureau de l'épuration, est chargé de ramener une prisonnière surnommée "la Baronne", quand, mu par une attirance curieuse, il va se mêler à l'enquête sur la victime, en binôme d'abord artificiel puis apprécié, avec Judith Ashton, une photographe américaine. D'un suspect stéréotypé bien trouvé en la personne de Simeone Fusilla en découvertes plus laborieuses mais prometteuses, le couple en recherche de vérité va, au cours d'une journée étouffante au ralenti, passer les méandres historiques et recoins géographiques au peigne fin, où les apparences de gloire et de Bien se révèlent illusoires ou trompeuses, où les héros présumés cachent aussi leur part d'obscurité.
Voici une intrigue relativement simple de prime abord, qui se complexifie dans sa lecture, superposant les dimensions historique et morale, et allant au-delà d'une enquête élémentaire au dénouement somme toute banal. Il s'agit d'un récit particulier auquel j'ai eu du mal à adhérer, en raison d'un style très nerveux, haché, voire distordu. L'aspect policier ne semble ici qu'un support afin de démontrer les mécanismes méconnus de la Résistance dans les maquis et des relations alambiquées entre les différents groupes et partis. Bien que l'atmosphère lourde, moite et accablante colle à merveille aux paysages et investigations, la lenteur rythmique provoque un engourdissement de lecture auquel je ne suis pas habituée. Je n'ai donc apprécié ce livre que de façon mitigée, car loin de ne pas aimer L Histoire/l'histoire, c'est son écriture qui m'en a éloignée.
Je remercie beaucoup les éditions 10/18 pour cet autre titre de François Médéline, que j'avais déjà découvert avec Tuer Jupiter, qui me conforte dans l'idée que malheureusement, cet auteur et moi ne nous correspondons pas. Un merci également pour NetGalley, qui m'accorde constamment sa confiance.
Commenter  J’apprécie          50
Il était temps pour moi de changer un peu d'air et de m'éloigner des familles dysfonctionnelles ou des couples bancals.
J'ai donc pioché La sacrifiée du Vercors, attirée par le regard magnétique de cette jeune femme en couverture.

1944, par un jour brûlant de septembre, un commissaire de police et une jeune journaliste américaine se retrouvent à enquêter sur les meurtre et viol d'une jeune fille.

La situation politique et la canicule combinées donnent une atmosphère explosive, les tensions sont à leur comble , les haines sont exacerbées...
Les faits sont ramassés, se déroulant sur une seule et même journée.

L'écriture de François Médeline, sèche et abrupte, à l'image de ce Vercors dans lequel se situe le roman, dessert parfaitement l'intrigue.
Cette rugosité du style ne facilite pas la lecture mais donne une texture et une belle épaisseur aux personnages.

Changement de cap réussi pour moi !
Commenter  J’apprécie          50
Vercors, 1944

Le commissaire à l'épuration Duroy, vient chercher la soi-disant baronne Ehrlich, détenue par les militaires, sous le commandement de l'officier de cavalerie Choranche, pour la ramener à Lyon où l'attend son procès.

Sauf qu'en route, il tombe sur une scène de crime que des FFI sont en train de "contaminer" : une jeune femme a été tondue, violée puis assassinée ! Jeune femme du village partie institutrice à Grenoble et de passage chez ses parents après le décès de son jeune frère, un maquisard.

Vengeance politique, épuration sauvage, crime d'un passant.

Judith Ashton, juive new-yorkaise, photographe pour Life depuis la guerre d'Espagne, est de passage dans la région, en route pour rejoindre l'armée américaine qui part à la rencontre de la soviétique. Ses photographies, rares et marquantes sont des témoignages implacables.

Dans la montagne, un médecin italien communiste et sa famille qui ont fui le fascisme de Mussolini, sont devenus charbonniers.  

Tous les éléments sont réunis pour que le coupable évident soit l'un des italiens, repris de justice, et les FFI assoiffés de vengeance partent pour une chasse à l'homme... 

Avec une écriture sèche, ciselée, quasi cinématographique, François Médéline saisit l'ensemble des enjeux parties en présence, les adoucit par le bon sens d'un pêcheur de truites, décrit les revirements de bord et retournements de veste qui suivent le départ de l'armée allemande, l'honneur de l'Armée et le sordide de certains comportements.

Un roman cru sur cette période trouble.

Un style et un ton qui tranche totalement avec 'Tuer Jupiter' lu l'année dernière.

Un auteur qui sait se renouveler.

Un auteur à suivre !

Merci à NetGalley et aux Editions 10/18 de m'avoir offert ce roman 

#LasacrifiéeduVercors #NetGalleyFrance   
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
Commenter  J’apprécie          40
Septembre 1944. Sur les cendres encore fumantes de la Libération, se dresse la fureur de l'Épuration. Dans une forêt du Vercors, le corps brutalisé d'une jeune femme est retrouvé, la tête tondue comme celle des femmes accusées de "collaboration horizontale". Georges Duroy, commissaire de police près le délégué général à l'épuration, décide de mener l'enquête, accompagné d'une journaliste américaine, Judith Ashton. Pour lui, le crime est politique. Mais certains sont bien décidés à ce que la vérité ne surgisse jamais...

"La sacrifiée du Vercors" se lit dans le même état d'esprit que celui qu'on imagine être des populations civiles à la fin de cinq années d'une guerre féroce. La tête lourde, les oreilles encore bourdonnantes des échos des MP40 et des mitrailleuses Sten, les narines remplies de l'odeur de la terre chaude et de la poudre et du feu. Ce court roman noir fait l'effet d'un court-métrage percutant, l'histoire se déroulant sur quelques heures seulement, des heures que l'on passe en apnée, témoins de la violence de l'après-guerre, une violence qui semble rugir et éclater comme après être restée trop longtemps enfermée. Les phrases de François Médéline sont dures et sèches comme les habitants de ce Vercors à feu et à sang. Il ne s'encombre pas de mots inutiles, joue avec le temps, l'accélérant puis le réduisant à néant dans des scènes percutantes.

François Médéline nous met en face de nos émotions et nous plonge au coeur de celles qui ont traversé cette période trouble dont peu osent parler, car il ne s'agirait pas de salir la grande Histoire et les échos héroïques. Nous sommes tour à tour sidérés, révoltés, enragés, étouffés par le réalisme de ce récit, on aimerait y prendre part, plonger à l'intérieur de ses pages et faire quelque chose... mais quoi ? "Qu'aurais-je fait si j'avais vécu à ce moment-là ?" ; cette question, nombreux sont ceux qui l'ont eue en tête. Peu en connaissent la vraie réponse. D'ailleurs, quelle vérité est possible lorsque l'on regarde la grande Histoire avec un oeil patiné par le récit que l'on nous en a fait ?

Toutes ces questions sourdent au travers des mots de l'auteur. Plus qu'un polar, "La sacrifiée du Vercors" démontre la véritable nature humaine, sauvage, détenant une propension insoupçonnée à la violence et à la vengeance, mais tout autant glorieuse et tenace, éprise de liberté.

S'il peut être difficile d'entrer dans le récit du fait de son écriture particulière, il est néanmoins impossible de le lâcher une fois que l'on y est plongé. Et l'on en ressort abasourdi, K.O. debout par tout le talent de l'auteur et la force de l'histoire qu'il dépeint sans concession mais avec compassion et compréhension.

Je tiens enfin à remercier Babelio et François Médéline pour avoir organisé un club lecture vidéo auquel j'ai pu participer, et qui a été passionnant du début à la fin ! A la lumière de ces échanges, le roman prend une nouvelle dimension qui le rend encore plus poignant et l'inscrit durablement dans une réalité historique et personnelle.
Commenter  J’apprécie          40




Lecteurs (513) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3189 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}