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3,23

sur 239 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Tout d'abord séduit par la présentation verbale de l'auteur sur le site BABELIO, à la fois rigoureuse et très vendeuse, je fus ensuite surpris par le style, une petite difficulté à me mettre en phase avec un langage un peu stéréotypé. Cette impression de départ fut de courte durée et j'adoptais très rapidement le rythme du polar. Car il s'agit bien là d'un polar et non d'un récit historique comme l'avait si bien précisé l'auteur dans son allocution. L'influence de James ELROY sur ce dernier ne me fit pas changer mon intention bien que je sois plutôt ELLORY.
Co-fondateur du cercle Jean PREVOST alors que j'avais une vingtaine d'année en 77 (Jean PREVOST : écrivain et résistant français mort lors d'un accrochage dans les hauts de Sassenage en 1944), je ne pouvais que persister dans ce choix de lecture car à la même époque, je parcourais ces montagnes en solo, en randonnée d'été ou l'hiver à ski. Les itinéraires de mes pérégrinations dans le massif pouvant être matérialisées sur la carte en début de livre.
Parti du col du Rousset après un trajet en car au départ de Villars de Lans, j'avais pris la direction de Vassieux à travers les crêtes pour aborder le village par le sud, là où le plateau déploie toutes ses nuances. Un village isolé au milieu d'un glacis après une légère déclivité, l'endroit où les parachutistes allemands surprirent les habitants en pleine nuit, à bord de leurs planneurs DFS 230, tractés au préalable par des DORNIERS 17 basés à Chabeuil.
Je ne pouvais décemment pas éviter le pèlerinage du village martyre. Après tout, un peu de dénivelé et quelques kilomètres en plus ne pouvaient pas me faire de mal, c'était une manière louable de rendre hommage à ces familles massacrées alors que Vassieux semblait tomber dans l'oubli, comme occulté par une volonté de regarder l'avenir radieux d'une Europe des six pleine de vitalité.
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Le titre « La sacrifiée du Vercors » du roman de François Médeline est déceptif : il sera très peu question de la jeune Marie Vallette, jeune institutrice et fille de résistants, retrouvée assassinée après avoir été violée et tondue. Elle ne sera que prétexte à analyser les dessous de la Libération et les heures peu glorieuses qui s'ensuivirent…

Le romancier s'est appuyé pour son roman sur l'épuration sur trois romans écrits quasiment à l'époque « Uranus » de Marcel Aymé, « la Crève » de Frédéric Dard et « les Epées » de Roger Nimier Il a aussi puisé dans les archives de son grand-père commissaire délégué à l'épuration miraculeusement retrouvées il y a quelques années.

Tout cela lui permet de s'interroger sur la figure du héros durant ces heures sombres durant lesquelles on tenta de se laver de la Collaboration à coup de résistance de la 11eme heure et où les coups bas fleurirent sous prétexte de loyauté et de grandeur … Médeline met ainsi à l'épreuve le roman national qu'on bâtit après la Libération ( a France a été libérée par les Français aidés des Anglais et des Américains)à l'aune des petitesses.

Il met en place une véritable tragédie. Structurellement d'abord avec une unité de temps, de lieu et d'action puisque la totalité du roman se déroule sur 24 heures, dans le massif du Vercors, à la recherche de l'assassin de Marie. Linguistiquement ensuite puisqu'il choisit une écriture lapidaire, réduite au strict nécessaire ( sujet, verbe, complément) , au présent comme pour signifier que ces événements pourraient se reproduire de nos jours et que l'Histoire n'apprend rien… Cette écriture minimaliste s'oppose également aux discours fleuris, aux péroraisons , aux longues périodes et métaphores filées dont De Gaulle et Malraux se firent une spécialité. Comme pour donner une vision non plus romantique mais réaliste de cette période. On pourrait d'ailleurs voir dans le patronyme du héros comme un clin d'oeil au maître du courant réaliste que fut Maupassant et à son « Bel Ami ». Comme George Duroy permettait une satire de la fin du XIXe , le héros de Médeline permet de révéler le vrai visage de l'épuration.

On n'a plus ainsi une glorification de cette période mais un rappel des querelles intestines et de l'anti communisme primaire qui y règne, de l'absence de solidarité envers les réfugiés italiens qui fuyaient le fascisme, de la misogynie aussi parfois … et une très belle réflexion sur la cruauté inhérente à l'être humain puisque la foule se montre avide de sang et de vengeance lors du lynchage alors même qu'elle a été martyre quelques semaine plus tôt à Vassieux …

Un roman dans lequel finalement il n'y a pas de héros mais que des perdants. Un polar « à l'os » court mais lourd de sens. Il vous assomme un peu comme le cagnard qui règne en ce lundi 10 septembre 1944 et joue en virtuose avec vos nerfs surtout lorsqu'il étire le temps dans les scènes cruciales ( le lynchage, le dilemme final). Un roman noir … comme cette époque.

Je remercie François Médeline et Babelio pour la passionnante rencontre du 19 avril et les éditions 10/18 pour l'envoi d'un exemplaire du roman.
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🔥MÉMOIRES DE NOS PEINES🇫🇷
Nous sommes le 10 septembre 1944. Les Allemands ont quitté la France, laissant derrière eux un pays à feu et à sang, exsangue et épuisé, et des habitants en quête de vengeance et d'ordre. Georges Duroy est commissaire de police délégué à l'épuration. Il débarque dans un petit village du Vercors pour y récupérer une collabo. Mais sur sa route, cet homme taiseux et incorruptible va tomber sur un crime ignoble. Une jeune femme est retrouvée tondue, violée et assassinée. Qui a pu s'en prendre à Marie Valette, jolie institutrice de 24 ans pourtant issue d'une famille de résistants ? Alors que tout le village veut lyncher un immigrant italien, coupable idéal, Duroy aidé de Judith, une jeune journaliste américaine, va tenter de découvrir le vrai coupable...

Si, comme nous, vous avez adoré la géniale série "Un village français", vous serez captivés par ce thriller historique qui prend pour cadre un des moments les plus honteux de l'histoire de France, l'épuration. François Médéline a puisé dans les carnet de son grand-père et ses rapports de police pour imaginer cette histoire terrible. Il décrit dans un style abrupt et imagé, bourré de détails de la vie quotidienne, ces jours sombres après la victoire des Alliés. Une période peu glorieuse, celle des règlements de comptes, des femmes tondues,(elles ont été 20.000 à subir cette humiliation), de la xénophobie, de l'antisémitisme, des collabos qui se font passer pour des résistants et des lâches donneurs de leçons et avides de vengeance. Ames sensibles s'abstenir, "La sacrifiée du Vercors" est un récit gorgé de violence et de sauvagerie mais il regarde les choses en face et sonde l'âme humaine comme jamais. Une réussite !

Il paraît aujourd'hui. Il vous tente ?
Lien : http://dans-la-tete-des-peop..
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Septembre 1944. le corps de Marie Valette a été retrouvé. Elle a été violée et tondue.
Avec l'aide de la journaliste Judith Ashton, le commissaire Georges Duroy, délégué à l'épuration, va mener l'enquête.


Un polar historique noir sur un moment de la grande Histoire que j'ai très peu vu en littérature, l'épuration.

Il s'agit pour le commissaire Duroy d'une enquête sensible car il s'agit du meurtre d'une fille de résistants, native et assassinée dans le berceau de la résistance, le Vercors. Une enquête qui le mènera au coeur de la résistance, où l'image de héros est difficilement ébranlable.

L'auteur nous montre des héros de cette guerre mais des personnages complexes. C'est violent, sombre et très détaillé. On s'aperçoit que la période était compliquée car la haine de l'autre, de l'étranger, était omniprésente. Finalement, ces hommes, ces résistants, n'étaient que comme tous les autres hommes avec leurs vices, leurs défauts, dans un pays où tout est à reconstruire.

L'écriture est sèche, incisive. Elle donne du rythme au récit et à l'enchaînement des situations, nous montrant que la moindre étincelle provoque un regain de violence et de règlements de comptes.

C'est un roman court mais dense. Les titres de chapitres sont atypiques, issus de poèmes de résistants.

À la lecture des dernières pages, nous apprenons que l'auteur a voulu retracer, de manière romance, une partie de sa propre histoire familiale.

À lire!
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Un polar sur fond historique et "terroir" bien exploité même si on est un peu surpris que l'enquête soit en fait centrée sur autre chose que ce que l'on pensait au début, le scénario n'en n'est pas moins bien mené.
Un roman noir qui se lit vite et bien et m'a donné envie de me pencher sur d'autres bouquins de médeline.
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Tout d'abord, j'ai acheté ce livre à mon père qui est natif de Saint Martin en Vercors et qui avait 6 ans en 1944. Il a adoré.
J'ai donc récupéré mon cadeau et j'ai lu avec curiosité ce polar.
C'est vrai que François Medeline a une écriture très précise qui fait que l'on se voit littéralement sur les lieux et je pense que c'est ce qui a plu à mon père : cela sonnait vrai.
Moi, j'ai particulièrement aimé cette description d'une période que l'on connaît peu (sept 44) . Au delà du « polar » et de l'histoire, les questions autour de la nature humaine et la guerre m'ont particulièrement intéressée. Elles sont toujours d'actualité : le point du groupe, l'honneur, la conscience… vaste débat

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La sacrifiée du Vercors, un polar durant la seconde guerre mondiale.
Une couverture magnifique, qui attire l'oeil.
Un résumé aguicheur.
Un meutre, un coupable idéal, la vengeance, une enquête vite menée, vite résolue.
Des détails historiques de cette période de notre histoire dans cette partie de notre pays.
Des recherches historiques de l'auteur très intéressantes.
Des détails sur l'état d'esprit des habitants, des défenseurs de la région.
Un détail en fin de livre qui nous indique le pourquoi de ce roman.
Un agréable moment de lecture, et des échanges très intéressant avec l'auteur.
Une interview à découvrir bientôt sur Babelio.
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Étant (hélas) passionnée par le 2 secondes guerre mondiale il me le fallait ...que dire... dans l'ensemble j'ai aimé le lire même si je trouve un peu dans la longueur... j'ai même l'impression qu'on reste sur notre faim et je n'arrive même pas à savoir si c'est juste une "fiction" ou une histoire basé sur des faits réels ?...
Il ce lit facilement c'est déjà ça ;-)
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François Médéline place son roman noir en 1944. C'est la fin de la guerre mais c'est aussi une période de l'histoire mouvementée et plutôt sombre sur fond de règlements de compte et "d'épuration". le lecteur est invité à suivre le commissaire Duroy qui est chargé par le délégué général de l'épuration d'aller récupérer la baronne Erlich dans le fin fond du Vercors. Évidemment, rien ne va se passer comme prévu et le commissaire Duroy va se retrouver à enquêter sur le meurtre d'une jeune femme. Au cours de son enquête, il fera également la connaissance d'une journaliste américaine.

Dans l'ensemble, j'ai plutôt apprécié cette lecture notamment en raison de plusieurs points forts. le premier, c'est l'originalité. Je n'avais effectivement encore jamais lu un roman policier se déroulant pendant cette période si particulière. L'ambiance tendue et sombre est particulièrement bien dépeinte par l'auteur et on est plongé dedans dès les premières lignes. le deuxième point fort, ce sont les personnages qui sont très charismatiques. On en découvre un peu plus sur chacun au fil de l'histoire et il était encore possible de creuser encore ce que n'a pas permis ce format condensé d'à peine 200 pages. En même temps, cela permet de maintenir une sorte d'aura mystérieuse qui va particulièrement bien au personnage principal.

Mon principal regret est surtout lié à l'enquête. L'auteur a particulièrement bien travaillé l'ambiance, les personnages, mais l'histoire m'a paru nettement en retrait. J'aurai aimé quelque chose d'un peu plus fouillé, un peu plus complexe parce que j'ai quand même eu un peu l'impression que cette enquête n'amenait finalement pas grand chose au récit ce qui est assez dommageable pour un roman policier. C'est d'autant plus dommageable que pour moi, si l'enquête tenait la route, c'était quasiment un sans faute. Après, l'auteur évite au moins de partir dans tous les sens et de gâcher l'ambiance avec une histoire peu crédible, disons qu'il y a un juste milieu à trouver.

Au-delà de ce point qui m'a un peu déçu, l'ensemble reste quand même très intéressant à découvrir et cela n'enlève rien à cette ambiance soignée qui permet une immersion dans cette période (même si le mot est un peu fort je le reconnais). Il y a un vrai talent de l'auteur, un style très intéressant.

Je recommande donc quand même ce roman malgré l'enquête un peu en dessous du reste. Si vous êtes amateur d'enquêtes complexes, passez votre chemin, si par contre vous appréciez les ambiances soignées, les personnages charismatiques et que vous souhaitez découvrir une période rarement abordée (enfin il y a sûrement beaucoup d'autres romans sur cette période mais je n'en avais encore jamais lu) alors vous pouvez vous procurer ce roman. Il se lit vite en raison de sa petite taille et c'est justement ce qui est un peu frustrant, je me suis dit que quelques pages supplémentaires n'étaient pas de trop pour avoir une enquête un peu plus complexe et découvrir encore un peu plus ces personnages. Après, peut-être que l'auteur souhaite faire du commissaire Duroy un personnage récurrent d'une série, à suivre...

Lecture dans le cadre du prix France bleu - L'histoire en polar 2021, merci pour leur confiance !
Lien : https://marquepageetexlibris..
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"La sacrifiée du Vercors" n'est certes pas le premier ouvrage de François Médéline mais c'est grâce à celui-ci que je découvre l'auteur. Pour avoir régulièrement côtoyé dans le cadre de mon activité professionnelle, anciens résistants et déportés, j'ai toujours été intéressée par cette période trouble de notre Histoire. Je n'ai pas été déçue.

Non, je n'ai pas été déçue… et je peux le dire d'emblée, j'ai adoré et lu ce roman d'une traite, entraînée par une écriture que j'ai particulièrement appréciée : phrases courtes, sujet, verbe, complément. Sèche, cinglante, sans fioritures elle est terriblement efficace. Ces petits groupes de mots qui claquent…"Judith passe le sac sur son dos. Elle claque la porte. Elle dégringole l'escalier… Nous sommes le 10 septembre 1944. Il est 8 h 22. A Saint-Julien-en-Vercors. La température est de 91°F." m'ont entraînée à grande vitesse et sans presque respirer à la suite de Georges Duroy, commissaire de police près le délégué général à l'épuration, et Judith Ashton, journaliste photographe de guerre américaine. Nous sommes, en effet, le 10 septembre 1944 et ils vont se retrouver tous les deux sur une scène de crime :ne jeune institutrice, Marie Valette, est retrouvée tondue, violée et assassinée dans une forêt du Vercors.

C'est bien d'une enquête policière dont il s'agit, une enquête à la manière d'un huis clos, bien menée, haletante, palpitante. En une journée le commissaire et la journaliste vont découvrir que rien n'est simple, que le coupable facilement envisagé n'est pas forcément celui qu'on croit. Sous les dorures, souvent, apparaît la rouille et en cette période particulière les règlements de compte sont nombreux. Il faut faire vite, s'assurer de ne pas faire payer un innocent. L'atmosphère est lourde, juste allégée par les rapports insinués entre le commissaire et la journaliste, le désir à peine dissimulé. Maquisards, résistants, la tension monte. Enquête policière, donc, mais sur fond d'Histoire, la grande, et la petite… François Médéline dresse un bilan fouillé de cette fin de guerre où qualités et défauts se confondent, où héros et salauds se ressemblent. C'est vrai, qui a bien pu s'attaquer à une fille de résistant ?

Et, comme chaque détail compte, j'ai beaucoup aimé la couverture et le choix des titres de chapitres tirés de magnifiques poèmes. le troisième, en particulier, m'est allé droit au coeur parce que René-Guy Cadou et parce que "Les fusillés de Châteaubriant", ma ville natale. Châteaubriant et sa carrière des Fusillés dans laquelle, pour moi, vit encore l'âme des 27 otages dont celle de l'éternel jeune Guy Moquet.

"La sacrifiée du Vercors", un véritable beau roman sur le sujet douloureux qu'est l'épuration.


Lien : https://memo-emoi.fr
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