Ce serait dommage qu'un tel livre reste cantonné au secteur jeunesse des librairies et des bibliothèques. En effet,
Florence Medina, avec
Direct du coeur, a réussi un superbe roman qui intéressera, régalera aussi nombre d'adultes – pas seulement jeunes - comme il m'a régalé tout en m'apprenant beaucoup de choses sur le langage des signes comme l'annonce une couverture très bien choisie.
Timothée est élève de Première l'au lycée Rodin. Première l'parce qu'il est nul en maths mais sa mère le pousse à choisir une option pour assurer quelques points supplémentaires au bac : « le bac, ma mère, ça la met dans tous ses états. Elle veut que je l'aie, du premier coup, avec mention, parce que les places en fac sont de plus en plus chères. Et pour ça, elle est prête à me faire chier. Ce sont ses mots. »
Comme on le voit, le ton est donné et j'ai adoré ce style direct, comment l'auteure fait parler son jeune héros, « branleur gentil », qui n'a plus le choix et s'inscrit en LSF : langue des signes française.
C'est le départ d'une aventure pleine d'humour, captivante, instructive aussi car découverte et fonctionnement de cette langue sont bien expliqués. Timothée fait partie des six élèves de Sonia Girard, une prof sourde, ce qui ne manque pas d'étonner son élève qui découvre, s'intéresse, se décourage, drague, se fait rembarrer mais ne se décourage jamais. Nelly puis Jeanne sont très importantes dans l'histoire mais je n'en dis pas plus…
Il faut parler aussi de son père « maqué à une Finlandaise » qui sera en PAC (Paternité Apprentissage en Cours) sans oublier la passion du jeune héros pour le skate. En cours de lecture, j'ai appris que la langue des signes n'est pas internationale comme on pourrait le croire, que les sourds ont, de tous temps, souffert de brimades, d'interdictions, de déportation, de stérilisation…
Le cours de LSF est l'occasion d'expliquer le nom-signe qui permet de désigner une personne en mettant en avant une qualité ou une caractéristique physique. C'est là qu'après avoir évacué les propositions pas sympas de certaines filles du cours, Timothée se voit appeler [
Direct du coeur], pour sa franchise. En cours de lecture, dès que les crochets apparaissent, on comprend que le mot est signé, un verbe qui indique que l'on parle avec des signes manuels désignant un mot entier ou détaillant les lettres d'un mot.
Je note au passage ce bel hommage de Timothée à sa prof de LSF : « En fait, je sais ce qui se passe : elle se contente pas de nous enseigner une discipline au programme, elle nous emmène ailleurs, elle nous fait vivre quelque chose avec elle… Elle repousse les murs du monde existant, elle nous agrandit l'univers. »
Pour moi aussi, la lecture de
Direct du coeur a agrandi l'univers et je recommande vraiment la lecture de ce livre à tous.
Merci à Masse Critique de Babelio pour cette lecture pleine de rebondissements mais aussi touchante et très émouvante.
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