Roman panégyrique de la JOC narré par Pierre Mardyck, petit ouvrier roubaisien dans la France des années trente. Il y raconte le monde ouvrier avec ses misères, ses espoirs et consacre un chapitre sur les grèves de 1936. J'y ai noté un anticommunisme très catholique, communisme dans lequel on pense que les hommes se sont perdus et laissé berner. Des passages font bondir notamment lorsque les jocistes réclament, parmi leurs revendications, la femme au foyer et la famille nombreuse. Mais, bien qu'à l'opposé de mes convictions, j'ai relativisé.
Le contexte historique d'abord implique la lutte de part et d'autre des deux camps.
Van der Meersch sait décrire le monde ouvrier sans retenue de bon ton. Il parle même assez franchement des « choses du sexe », notamment de la masturbation (et comment y remédier, bien sûr, comme les ouvrages matrimoniaux de l'époque) et de l'amour hors mariage, encore tabou à l'époque et renforcé par les préceptes religieux. Il donne une vision positive de la JOC mais montre aussi combien la tâche est difficile : « elle a besoin de dangers pour vivre. » Il en fait quelque chose de vivant avec pour seul talent, une grande force de conviction et des phrases un peu militantes. On est loin du politiquement correct de notre époque ! C'est un livre prenant dans lequel le héros et les personnages qui l'entourent (Dhouthulst, Siebel…) sont d'abord tombés pour être relevés. Quelques grosses ficelles qui fonctionnent malgré tout mais je pense que l'auteur, par ailleurs très catho, vu ses autres écrits, est sincère et touche parfois par cette naïveté par laquelle il fait vivre ses héros.