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Je lis beaucoup sur l'holocauste et le nazisme et souvent, je dois le reconnaître, les livres se ressemblent, n'apportent rien de nouveau.
Du coup, j'ai été plutôt surprise par cette lecture. Surprise car malgré le sujet maintes fois abordé, l'angle sous lequel les choses sont présentées est intéressant.

Nous suivons en effet le personnage principal, Rudolf Lang, depuis son enfance jusqu'à la fin de la guerre durant laquelle il a occupé le commandement du camp de concentration d'Auschwitz.

Construit comme un roman, cet ouvrage n'en reste pas moins un témoignage sur la vie de celui qui a été chargé de mettre en place et « d'optimiser » la solution finale.

Un avant-propos de l'auteur nous présente son ouvrage comme un complément des Mémoires de cet officier SS, qui malheureusement a réellement existé : Rudolf Höss. Intéressant d'ailleurs de mettre en perspective l'un et l'autre, auteur et personnage du romancier. Robert Merle aurait en effet été très marqué par sa captivité qui a duré de 1940 à 1943 et qui deviendra l'un des sujets qui marqua son oeuvre.

Le récit de la mort est mon métier se découpe en deux temps. le premier, celui par lequel nous apprenons à connaitre Rudolf. Son enfance, marqué par l'un figure d'un père névrosé et tyrannique. Des tocs et des traits de caractères qui apparaissent très jeune et une dévotion absolue à la Patrie. Cet ensemble conduira le jeune Rudolf à s'engager très tôt au parti nazi, alors que celui-ci était encore clandestin.

Le second temps, celui où tout bascule, est le moment où il accepte la mission spéciale qui lui est confiée par le Reichfuhrer lui-même : le point de non retour de l'indignité humaine, la solution finale. Celle-ci est alors abordée de manière factuelle, industrielle même. Comment respecter les cadences imposées par le rythme des convois de plus en plus fréquent. Aucune humanité ne rentre en ligne de compte là dedans et le commandant ne se pose d'ailleurs à aucun moment la question. Pour lui, une seule chose compte : on lui a donné un ordre, il doit y répondre bien, voire mieux que bien.

Il est sûr que l'on ne peut pas s'attacher au personnage principal, même son enfance, malheureuse il faut bien l'avouer, ne m'a pas émue et ne peux expliquer ce manque, que dis-je, cette absence totale d'humanité dans ce personnage.

Pour terminer, j'aimerai préciser une dernière chose remarquable sur ce livre. Il s'agit de sa précocité. Aujourd'hui en effet, nous l'avons dit plus haut, les ouvrages historiques ou romans, ainsi que les témoignages sont nombreux sur le sujet. Mais, 1950 mais surtout publie en 1952 ce livre j'imagine la « révolution » que cela a dû être, alors que la réalité de ce qui s'est passé dans les camps restait à la fois un mystère et surtout un tabou. le courage de cet auteur, qui s'adresse à un public qui n'est pas prêt à lire ce qu'il a à dire, ne fait qu'ajouter à mon admiration.

Je recommande la lecture de ce livre, à compléter par la lecture de Si c'est un homme de Primo Levi, pour lire les choses de l'autre côté.
Lien : http://mediatexte.blogspot.c..
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Sidérant. Ce livre est un monstre. Il dépeint la construction d'un homme simple, un opérationnel. Il suit strictement les ordres et trouve une complète satisfaction à repondre aux consignes sans se poser de question. L'absence d'esprit critique chez cet homme fait froid dans le dos.

C'est l'humain qui va construire les fours d'Auschwitz, la dernière version. Il va chercher à remplir les critères suivants : productivité, rapidité et confidentialité. Ces usines de la mort vont passer par son cerveau et devenir "rentables".

Bon je dois vous dire quand même que le début commence lentement et on a du mal à trouver le moindre attachement à cette histoire. C'est après quelques centaines de page que je suis passée en mode analyse psychologique et je n'ai pas quitté cette place jusqu'à la fin. Je me suis demandée à quel moment le personnage principal, qui a vraiment existé, a été conscient que répondre à des ordres dans les circonstances décrites correspondaient à ses choix propres ...

Il manque une outil à cet homme : l'esprit critique (quoi que on peut l'avoir et continuer à faire de la m***e ... ). Je m'embrouille toute seule dans cette critique ... C'est surtout que la nature humaine ne cessera jamais de m'étonner.
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Le début de ce récit est plus que troublant, il débute alors que Rudolf a une quinzaine d'années, nous sommes en 1914 au moment de la première guerre mondiale.

Le cheminement de Rudolf Lang pour intégrer l'armée allemande alors qu'il n'est pas encore âgé de 16 ans est dû à une rencontre fortuite.
Petit à petit l'obligation religieuse inculquée par son père va disparaître pour donner place à sa dévotion pour son pays. Il a une prédisposition à diriger et à obéir aux ordres de ses supérieurs, je n'irai pas jusqu'à affirmer que cette prédisposition s'étend jusqu'au sadisme…

C'est un récit historique qui relate les événements de la vie de Rudolf Lang en parallèle à la montée en puissance de l'Allemagne, ce texte débute en 1912 pour se terminer en 1946.

J'aurai préféré rentrer dans le vif du sujet plus vite et ne pas devoir me coltiner ses années de déboire durant plus de la moitié du livre. Car je sais très bien que l'Allemagne a connu des années très difficiles économiquement et socialement dans l'entre deux guerres, il n'était pas nécessaire à mon sens que le lecteur subissent cette latence interminable avant l'entrée dans le vif du sujet.

La phase terminale de ce roman montre à quel point l'horreur orchestrée par les allemands a été machiavéliquement bien mené et réfléchi en amont. Les horreurs décrites sont parfois tellement ahurissantes qu'en tant que personne, j'ai du mal à seulement imaginer ce qui est décrit page après page.

L'écriture de Robert Merle est assez captivante, je n'irai pas jusqu'à dire que cette histoire m'a plu car se serait déplacée de ma part. Par contre, j'ai appris énormément sur le déroulement de cette affreuse période.
Le final était prévisible et pourtant je le lis avec avidité.
Ce récit historique véridique n'est pas le moins du monde enjolivé, il est froid et dur comme son Reichsführer.
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Le livre est basé sur les mémoires de Rudolf Höss.

L'homme se lancera, encore adolescent, dans la carrière militaire, après une enfance et une relation houleuse avec un père psychorigide.

Il rejoindra le parti nazi, intègrera les SS dès la prise de pouvoir par Hitler et gravira les échelons jusqu'à devenir commandant du camp de la mort d'Auschwitz…

Fort de ses nouvelles prises de fonction il mettra tout en place afin de tenir les objectifs de ses chefs, « supprimer 500 000 unités par an au lieu des 80 000 de Tréblinka »…

Il développera, perfectionnera et déploiera la solution finale de manière déterminée, sans que cela ne lui provoque quelconque trouble personnel.

Le seul moment d'espoir réside dans la réaction de sa femme...

des_Histoires_et_des_Hommes
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Sidération :Un traumatisme psychique est un évènement qui par sa violence et sa soudaineté, entraîne un afflux d'excitation suffisant à mettre en échec les mécanismes de défense habituellement efficaces, le traumatisme produit souvent un état de sidération et entraîne à plus ou moins long terme une désorganisation dans l'économie psychique.

Tout au long de la lecture de ce livre, j'ai été OBLIGÉE de me dire : ce sont des humains. Ils parlent des femmes, des enfants, des hommes tant la pensée (je ne trouve pas d'autre mot) nazi déshumanise. Sidération...
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La mort est mon métier est le deuxième roman de Robert Merle consacré à la seconde guerre mondiale. Trois ans après Week-end à Zuydcott, prix Goncourt 1949, qui racontait de manière très factuelle la vie au quotidien (si ce terme à un sens dans ce contexte) des combattants, ce nouveau roman est rédigé dans une intention totalement différente.

Les pseudo-mémoires d'un allemand, devenu SS, pour finir commandant du camp d'Auschwitz, forment un récit glaçant, sidérant le lecteur car l'auteur ne cherche pas à condamner, il cherche à comprendre. Comprendre comment un homme comme les autres, a pu devenir ce monstre absolu qui applique des instructions aberrantes et n'en conçoit pour autant aucun remord.

Pour bien appréhender l'intention de l'auteur, je ne vois pas mieux que de citer (pour une fois), la préface de la réédition en 1972 du livre qu'il a écrite vingt ans plus tôt :

Lire la suite de ma critique sur le site le Tourne Page

Lien : http://www.letournepage.com/..
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Dans ce livre paru en 1952, Robert Merle dresse le portrait d'un homme dont la mort est devenu le métier. Il obéit à tous les ordres reçus, sans sourciller. Il se trouve qu'il fait partie du monstrueux appareil nazi. Le rôle qui lui a été fixé est donc d'exécuter le maximum de Juifs selon un planning déterminé. Il le fait sans états d'âme, un point c'est tout. Des personnes comme ça existent en ce moment même, autour de nous. Mais elles se révèlent seulement quand l'Histoire devient folle - non seulement pendant la seconde guerre mondiale, mais également dans bien d'autres circonstances.
Les livres qui nous font entrer dans la tête d'un tueur institutionnel sont très rares. Robert Marle a réussi à en écrire un, qui "tient la route". Il fallait que je le lise. Mais je n'ai pas aimé cette lecture. Je peux expliquer ma réticence par le sujet qui est particulièrement dur. Mais il y a autre chose... A titre personnel, je souhaiterais qu'on donne la parole aux victimes plutôt qu'aux bourreaux. Et je préfère les témoignages directs des protagonistes de la tragédie, plutôt que des récits romancés.
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Quand le SS responsable du camp de concentration de Auswitch raconte son histoire, depuis son enfance, jusqu'au procès de Nuremberg, en passant par le gazage des détenus cela ne peut pas laisser de marbre. Il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'un roman, mais tout semble crédible, le personnage principal est largement inspiré du véritable responsable du camp.

Avant de lire ce livre je m'imaginais les SS comme des monstres, j'avais une idée très manichéenne de la seconde guerre mondiale. En lisant ce livre, mon image de la guerre change et je pense que, au delà de la monstruosité de leur geste, les SS étaient des êtres humains. Autre chose qui me fait réfléchir, un pilote bombardant un village, n'est-il pas aussi monstrueux que le protagoniste "La mort est mon métier" qui de son point de vue, ne fait qu'obéir aux ordres, pour la patrie ? Problème complexe à mon avis.

J'ai dévoré ce livre , il me fait regretté de ne pas avoir suivi correctement les cours d'Histoire au collège/lycée, j'y ai sûrement loupé de nombreuses réflexions intéressantes...
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Livre fantastique…tant il décrit un horreur indicible !
Comment un enfant, plutôt malaimé, deviendra, en son âme et conscience, un « bourreau » SS durant la seconde guerre mondiale…ou comment un homme participe à l'organisation d'un génocide en étant persuadé de faire uniquement son devoir de citoyen.

Edifiant et terrifiant !
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Romancer le réel, enrober de fiction l'Histoire, ce n'est pas évident. Robert Merle s'est longuement documenté, il a lu les entretiens des psychanalystes lors du procès de Nuremberg, il a enmagasiné toute une masse de connaissances pour rendre un Lang/Hoess crédible.

De l'enfance au procès, il accumule les petits moments de la vie d'un des pires tortionnaires du 3è Reich. Et pourtant, il met aussi les choix et les mauvaises excuses en perspective, il englobe le tout dans une sorte de matérialisme historique. Bien sûr, si cela n'avait pas été lui, cela aurait été un autre...

L'horreur côtoie le quotidien. Mais pas d'excuse, pas de pitié, pas de commisération de la part de Merle. Pas de morale non plus. Du fait brut, du récit, propre, net, direct. Dire que le roman n'a pas vieilli serait incorrect, mais la langue reste vive et simple, à dessein. Une lecture parfois difficile mais qui vaut la peine.
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