Son oeuvre, essentiellement tournée vers le rivage, est foisonnante. Pourtant c'est avec ce livre, peut-être, que
Jean Merrien est sûrement devenu "l'écrivain de la plaisance".
Il y a, selon lui, quatre marines : trois de labeur et une de joie.
Le
plaisir de la mer est récent. Il a été conquis, que ce soit par la plongée sous-marine ou la plaisance, durant ce vingtième siècle qui vient de s'achever.
L'image d'un voilier est évocatrice de vacances, d'été, de soleil et liberté.
Alors pourquoi ne naviguez-vous pas ?
Comme presque tout le monde vous désirez un bateau.
Alors pourquoi ne pas en avoir un ?
Parce que cela coûte cher.
Parce que vous habitez trop loin de la côte.
Parce que vous ne sauriez pas vous en servir.
Parce que vous avez peur.
Parce que vous êtes vieux.
Parce que vous n'avez pas le temps.
Parce que vous préférez la montagne ou la campagne.
Parce que vous n'êtes pas sportif ...
Peu importe, le
plaisir de la mer c'est avant tout le silence.
Et l'on ne peut, effectivement, se lancer comme ça, ni même naviguer tout de suite.
Il faut apprendre.
Pour cela, il y a deux manières : commencer par le commencement et posséder d'abord un petit bateau ou embarquer avec un marin expérimenté ...
Qui donc, autre que
Jean Merrien, pourrait transformer un manuel d'apprentissage en un passionnant roman de la plaisance et vous offrir les clés d'un monde aujourd'hui inaccessible.
Ce livre est l'ouvrage idéal pour des vacances réussies, en mer, sur les plages bretonnes, d'Aquitaine ou même normandes ...
Écrit avec la même arrière-pensée que "l'homme de la mer" et "les mémoires d'un yacht", il est plus qu'un cours appliqué, qu'une méthode, il est le sel de la relation d'un homme de lettres avec sa vrai passion, la mer.
Prendre la mer avec
Jean Merrien, c'est prendre, comme selon le dicton, le temps comme il vient, le vent d'où il souffle et le vin au goulot quand on n'a pas de verre.
Il est de ces auteurs qui flirtent, dans sa navigation littéraire, avec le danger des roches et des mots.
Le style d'écriture est souvent agréable, parfois rude mais toujours élégant.
Il est parsemé d'expressions et de tournures étonnantes, de petites pointes fines d'humour et de vagabondages au vent salé de l'aventure.
Pour moi, le plaisir est double car l'exemplaire, un peu abîmé il est vrai, que j'ai déniché dans une vieille caisse de brocanteur, est, "en attendant que petit bateau devienne grand", dédicacé à un certain Hervé Brousseus par
Jean Merrien lui-même ...