Le cheval de mer

Je ne suis pas d’accord pour que tu partes. Premièrement, parce que tu m’as désobéi délibérément. Deuxièmement car j’ai énormément besoin de toi ici et troisièmement… stoppa un instant Pierre avant de reprendre cette fois d’un ton plus agacé : D’où vient cette envie soudaine de voyager ? Quel est le but de cette entreprise ? Tu prétends vouloir découvrir autre chose que les champs de Pleudihen en naviguant. Mais je ne comprends pas pourquoi. Je connais des marins qui voyagent parce que c’est leur travail. Comme tu me l’as dit, ils gagnent effectivement plus d’argent que nous. Pourtant, il y a un proverbe qui dit ceci : celui qui irait en mer pour le plaisir, irait en enfer pour passer le temps. J’ai peur que tu ne prennes pas la mesure de ton souhait. Les hommes à bord des navires risquent leur vie à chaque instant, s’exposant à la noyade s’ils passent par-dessus bord, encourant la mort en cas de chute d’un mât, sans parler des combats, des tempêtes et que sais-je encore ! Ils prennent leur quart la peur au ventre.