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sur 236 notes
Dix jeunes d'une tribu africaine sub-saharienne, les Mulongo, et deux adultes disparaissent à la suite d'un grand incendie. Où sont ils? Tout le clan s'interroge, leurs mères ou épouses en pleurs sont écartées et ne participent plus à la vie du clan, "leur douleur sera contenue en un lieu clairement circonscrit et ne se répandra pas dans tout le village". Elles doivent être purifiées afin de ne pas porter malheur au groupe : en effet, "après ce drame on n'a pas fait les sacrifices que les circonstances méritaient". Les superstitions régissent la vie du clan.

Les femmes crient leur douleur, tout le clan essaye de comprendre et de se protéger de ce malheur. Les uns partent visiter leurs voisins les Bwele, une mère quant à elle va à la rencontre des peuples de l'eau. Tous comprennent que les Bwele avec lesquels ils vivaient en bonne intelligence ont capturé leurs enfants pour les échanger contre des tissus, des bijoux, des armes. Plusieurs tribus s'associent en effet pour capturer et vendre les jeunes aux 'hommes aux pieds de poule ', ces étrangers venus du Nord.

Un roman sur un aspect de l'esclavage non traité par la littérature. Plusieurs grands romans de Beloved à Racines ont décrit dans le détail la souffrance des esclaves. Celui-ci nous fait vivre la vie de ceux qu'on oublie : ceux qui sont restés dans l'incertitude de l'attente, dans l'angoisse de la disparition, l'angoisse des mères, les superstitions et croyances dues à la culture africaine, les luttes d'influence au sein du clan, les guerres tribales et la recherche de la suprématie par les armes, les interrogations face à ces grands bateaux. Un roman qui, aussi, montre du doigt la part de responsabilité de l'Afrique dans l'esclavage, la part de responsabilité de certaines tribus, ayant tout à gagner en vendant aux trafiquants les hommes, les femmes et enfants des clans voisins

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C'est à travers le joli portrait d'un petit village africain et dans une langue exquise que Léonora Minora nous retrace les conséquences tragiques et locales de ce qui fut dans l'histoire le plus grand commerce d'humains. La Traite Transatlantique ou Traite des Noirs. Un clin d'oeil à la Grande Sultane de Barbara Chase-Riboud, qui nous plonge plutôt dans l'horreur de l'esclavage des Blancs.

Une fable très magnifique. D'une saveur légère et mystique, elle fait voyager le lecteur dans cette Afrique profonde et mythologique. Des parcours croisés de plusieurs personnages sans que l'on puisse réellement dire qui en est le principal.

Douze mâles à la suite d'un grand incendie ont disparu du village du clan Mulongo. Commence alors la traversée du désert des femmes dont les fils n'ont été retrouvés. Frappées d'un bannissement provisoire, elles sont internées dans une case commune à une bonne longueur des autres concessions. C'est le prix à payer afin que leur douleur soit circonscrite en un lieu précis et ne se répande pas partout ailleurs. Quelques figures emblématiques du clan, dont le chef, se lancent alors à la quête de ces mâles disparus. Mais comme un malheur porte souvent un autre, le village est attaqué de nouveau, cette fois dans le but de le déplacer, d'anéantir son âme. C‘est encore l'oeuvre de leurs voisins immédiats, les Bwelés avec qui jusque-là le village a entretenu des rapports paisibles. Une vérité difficile à admettre pour ce dernier. Les captifs sont ensuite sont acheminés vers la côte, territoire du peuple Isedu avec qui les Bwelés ont conclu un accord en ce sens. Un peu à l'instar de celui conclu entre Isedu et Etrangers venus des eaux. Ces « biens humains » seront enfin de compte livrés à ces derniers, troqués contre des armements ou des pacotilles, et enchaînés, entassés dans des navires pour une destination inconnue. C'est le commencement d'une longue saison de l'ombre qui durera pendant plus de trois siècles sur l'Afrique.

Le village de Bebayadi est une terre d'asile pour tous ceux qui ont fui les attaques des étrangers ou de leurs complices africains. Il incarne la renaissance d'un peuple hétéroclite avec un harmonieux mélange de cultures, de cultes, de langues. C'est un voeu de l'auteure pour l'Afrique de Demain. Une Afrique nouvelle née des cendres de son passé trouble. Bana, quant à lui, l'enfant à plusieurs têtes, il symbolise la douleur commune, l'anéantissement, la venue de la saison de l'ombre.

Sans doute peut-on à propos de la Traite négrière parler d'un thème éculé, car traité par d'innombrables auteurs et spécialistes, mais Léonora a réussi son pari en le menant magistralement sous un nouvel angle. Nouvel peut-être pas tout à fait, en tout cas intéressant. Elle a évité deux sentiers battus, celui d'idéaliser le monde africain avant le contact avec l'Europe et surtout celui de porter toute la responsabilité de ce crime contre l'humanité sur les seuls négriers blancs. Elle insiste et persiste sur la complicité mercantiliste et impérialiste de certains peuples africains qui entendent imposer leur hégémonie dans la région grâce aux armements fournis en échange des captifs. Elle met le doigt aussi sur l'esclavage intérieur et cruel qui perdure sur le continent.

L'une des rares choses que j'aie moins aimées dans le livre, c'est les profils complètement manichéens du personnage du chef du village et de celui de son frère rival. L'un est décrit comme un ange tandis que l'autre est un diable. Quoiqu'à la fin du livre celui-ci se rachète en aidant à la libération de l'une des figures principales.

J'ai beaucoup aimé son style, sa phrase courte et hachée dont la brièveté évoque l'oralité, la poésie. Un roman qui aurait pu s'intituler d'ailleurs « celles dont les fils n'ont pas été retrouvés », tant cette phrase revient dans le texte comme un refrain. Une histoire simple et captivante portée par une écriture délicieusement sobre.

Un véritable coup de coeur. Parmi les plus réussis romans africains que j'ai lus. Ce qui lui a d'ailleurs valu le Prix Femina 2013.


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Découvrir le Cameroun ancestral, c'est ce que nous propose Léonora Miano, nous présentant des tribus variées, attachées à leurs terres, leurs croyances, leurs usages, leurs différences, aussi : deux territoires contigus, mais distincts par leurs ressources, leur géographie, leur histoire, constituent deux mondes séparés.
Bien sûr, on se rencontre, entre clans voisins, on commerce, on s'arrange, on cohabite paisiblement. Mais la paix peut-elle résister quand la différence n'est plus une source d'échange mais une opportunité de domination ?
Léonora Miano nous fait alors (re)découvrir quelques constantes universelles qui dépassent largement le contexte du Cameroun d'il y a 7 ou 8 siècles : la fourberie, la tentation du profit, la loi du plus fort, la fragilité de ceux qui ne voient pas le mal arriver à leur porte, la cruauté des maîtres envers les esclaves... et pour insister encore dans le registre des injustices : l'attribution aux femmes de la responsabilité des malheurs qui tombent sur le village.
Ce livre est passionnant, pour son côté historique, géographique et ethnographique : moi qui n'avais jamais lu de littérature camerounaise, j'ai appris énormément de choses sur ce pays à l'époque qui correspond au moyen-âge européen.
J'ai apprécié aussi l'immersion totale proposée par l'autrice, qui nous invite à regarder tous les événements avec les yeux des membres de la tribu qu'elle décrit, influencés par leurs croyances, leurs rites et leur connaissance limitée du monde.
Autre point fort : le suspense, entretenu par le fait que nous découvrons progressivement, en même temps que les personnages, l'origine de leurs malheurs.
Enfin, l'autrice nous offre plusieurs protagonistes forts, surtout des femmes, prêtes à tout pour défendre leur clan, retrouver leurs fils disparus et comprendre les raisons des attaques contre leur village.
Une lecture enrichissante.
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Voici une lecture qui change assurément de mes lectures habituelles. Je lis rarement de la littérature africaine, par méconnaissance je pense.
Léonora Miano signe ici un roman magnifique abordant un sujet particulièrement tabou la traite des esclaves et particulièrement le rôle joué par certaines tribus. Ici, Léonora Miano s'attache à ceux qui reste après la disparition soudaine et inexpliquée de douze hommes du clan des Mulongo. Les membres du clan cherchent à comprendre ce qui est arrivé à ces hommes, les mères sont mises à l'écart du groupe. L'auteur met en scène plusieurs personnages Eseibe, Eyabe, Mukano, Mutango,… qui au cours d'une enquête parfois mystique vont comprendre ce qui est arrivé.
Les européens ne jouent aucun rôle actif dans l'histoire, ils font du troc avec les populations côtières : des tissus et des armes contre des êtres humains. A plusieurs reprises les partenaires commerciaux disent des « hommes au pied de poule » puisque c'est ainsi que sont nommés les européens qu'il faudrait les peindre pour leur donner « figure humaine ». Cette petite phrase m'a amusée, illustrant parfaitement le paradoxe de la perception de l'autre. Pour les européens, c'étaient les africains qui n'avaient pas « figure humaine » ! L'auteur évite soigneusement tout anachronisme ou toute référence à des éléments inconnus des africains. J'ai beaucoup aimé cette immersion.
Les douze hommes disparus du village Mulongo incarnent ces milliers d'hommes, de femmes et d'enfants qui ont été vendus comme esclaves. Léonora Miano leur redonne une identité, elle les replace dans un clan, une famille. Elle expose la blessure, la peur, l'incompréhension de ceux qui ont ainsi perdu un proche. Elle met au jour le comportement de certains clans ayant capturé et vendu d'autres clans.
Le style de Léonora Miano est très particulier. Il m'a fallu m'accrocher un peu au départ pour m'habituer à cette écriture inhabituelle. Mais ensuite, j'ai été totalement subjuguée par ses mots magnifiques.
Une très belle et touchante lecture.
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La saison de l'ombre projette le lecteur au sein du clan Mulungo : les garçons du village ont disparu et les mères cherchent à comprendre la cause de cette subite absence. Un roman qui aborde, d'une prose sensible, le sujet de la traite négrière, se situant du côté de ceux qui sont restés, de ceux qui se sont vu arracher des êtres aimés.
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Un village, en Afrique subsaharienne. Tous les mulango, qu'ils soient hommes, femmes, matrones ou sages, jeunes ou vieux, sont abasourdis. Un incendie s'est déclaré quelques jours auparavant et la communauté a constaté après l'extinction des flammes la disparition de douze hommes du clan. Celles dont "les fils n'ont pas été retrouvés" sont installées dans une case commune, loin de leurs proches. Il ne faut pas que leur douleur contamine les autres familles. Et l'on pense qu'entre elles, elles sauront trouver une forme d'apaisement. Mais certains, au village, ont besoin de comprendre ce qu'il s'est passé. Pourquoi cet incendie, pourquoi ces disparitions ? Et puis il y a celles qui ne peuvent se résoudre à ignorer le sort de leur premier-né disparu... Tour à tour, chacun se questionne. Les chefs doivent prendre des décisions. Les femmes isolées aussi. Mais si la menace était plus grande qu'ils ne l'imaginent tous ?

Arf, ce roman et moi, ça n'a pas collé....
Tout d'abord, j'ai été gênée de ne pas situer précisemment l'époque et le lieu (je ne lis jamais les 4e de couverture, je les hais !). Cela m'a rendu à moitié dingue de ne pas savoir si on était au XIVe ou au XVIIIe siècle ! Après, le pays exact est une information moins cruciale. Mais j'admets que quand on arrive au 3/4 du roman, on comprend ce choix de l'auteur de rester floue, car les personnages eux-mêmes découvrent au fur et à mesure ce que L Histoire nous a déjà appris (la traite négrière, l'esclavage...). Je me suis aussi perdue dans les prénoms. Ebeise/Eyabe/Eleke ; les prénoms de femmes se ressemblent tous beaucoup et pour les hommes ce n'est pas mieux (Mukano/Mutango/Musima/Musinga). J'avais donc à la fois ce petit souci spacio-temporel et pour couronner le tout, une légère confusion quant aux différents personnages (assez nombreux, trop disons-le carrément à mon gôut). Certains passages m'ont ennuyé ; de manière générale, je retiens des "bouts" de textes tandis que d'autres, depuis quelques jours à peine, se sont déjà totalement évaporés de mon esprit.

Cependant, j'ai aimé me confronter à une autre culture que la mienne. Comprendre le sens des scarifications, la structure du clan ou la place, le rôle de chacun. J'ai trouvé étrange mais pas désagréable de me figurer l'incompréhension d'un peuple qui ne connait rien du monde en dehors des limites de son village, qui ignore tout des autres habitants de la terre ! J'ai aimé le fait que Léonora Miano ne porte aucun jugement sur les hommes qu'elle décrit, y compris sur les aspects plus sombres de leurs traditions. le fait que ce roman soit dépourvu de "morale" au sens de "ce qui est bien ou non" m'a plu, oui. Mais j'ai aussi , malheureusement, regretté le fait qu'elle ne joue pas plus à fond la carte du poétique. Il y a de très beaux élans d'écriture, mais ils retombent systématiquement trop vite. Je cherchais autre chose dans cette écriture. Je cherchais, dans cette histoire qui ne m'emportait pas vraiment, autre chose auquel me raccrocher...mais je suis restée tout aussi hermétique au fond, qu'à la forme. Et je le regrette, car j'aurais aimé être touchée par le combat des personnages, tant pour comprendre ce qui leur arrive que pour exister et demeurer libres. Il y avait là une belle matière, tout un tas d'ingrédients pour que la recette soit alléchante, très appétissante même. Mais à la lecture, c'est retombé. Comme un soufflé dans le four. Je n'affirme pas que Léonora Miano soit mauvaise cuisinière, loin de là... mais je vais devoir goûter à autre chose pour changer d'avis !

http://manoulivres.canalblog.com/archives/2014/06/19/30098423.html
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Le clan Mulongo doit faire face à une tragédie. Alors qu'un incendie ravageait les cases du village, dix jeunes initiés et deux hommes d'âge mûr dont leur guide spirituel se sont mystérieusement évaporés.

L'heure est à la reconstruction. Il faut aussi faire la lumière sur cette disparition. Circonscrire la douleur des mères également, afin qu'elle ne paralyse pas la vitalité des autres villageois.

Au-dessus de la case où demeurent "celles dont les fils n'ont pas été retrouvés", une épaisse brume s'installe. À l'intérieur, l'ombre nourrit les songes et les songes appellent les esprits. À leur manière, ces femmes entravées cherchent la vérité.

Comprendront-elles avant ceux qui se sont dirigés en terre Bwele pour consulter leurs voisins ?

C'est avec érudition et sans lourdeur que nous pénétrons dans une vie clanique, dans son mélange de traditions, de croyances, d'organisation interne mais aussi et surtout au sein des individualités à la fois habitées par cet ordre des choses et capables de s'en affranchir.

On ne peut qu'avoir le coeur lourd et révolté quand, se mettant ainsi à hauteur d'hommes et de femmes, les démons de l'Histoire viennent vous percuter.

La prose de Leonora Miano, vive et habitée, m'a fait l'effet d'une chanson tatouée sur un corps en mouvement. Elle s'étire, s'agite, bouillonne, semble vouloir sortir des pages et y parvient.
Les termes en langue douala s'y invitent et sont un merveilleux apport que ce soit pour l'immersion comme pour la découverte culturelle.
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Léonora Miano s'est donnée un mandat juste, celui de raconter la traite négrière vue de l'intérieur par ceux qui en ont souffert, les habitants des communautés d'Afrique sub-saharienne. Un roman historique bien documenté et bien construit autour d'hommes et de femmes ayant toujours vécu en harmonie avec leurs voisins, commerçant et échangeant sans acrimonie. Soudain, un incendie se déclare dans le village et treize hommes dans la force de l'âge disparaissent sans laisser de traces. Commence alors une quête éperdue de la vérité, sans repères connus pour analyser un tel événement inattendu et inexpliqué. J'ai réellement compris et senti le désarroi de ces villageois face à l'inconnu du monde extérieur et face à la perte ressentie d'un univers dont ils connaissaient les contours et la finitude et qui se désagrège littéralement sous leurs yeux. Un prix Femina bien mérité.
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Un livre envoûtant, mystérieux et poétique. Une très belle découverte !
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Le clan mulango vit en Afrique subsaharienne, à l'écart du monde. Il ne connait que la tribu voisine, les Bwele avec lesquels il entretient des relations commerciales.
Un grand bouleversement se produit dans leur calme village; un terrible incendie et la disparition de douze des leurs. Ils ne comprennent pas les raisons de ces catastrophes. Tour à tour, diverses personnes partent à la recherche des disparus, afin de connaître leur sort.
Ils vont ainsi découvrir l'horreur de l'esclavage.
Ce drame me rappelle la citation de la Fontaine "La raison du plus fort est toujours la meilleure. "
Il ne m'a pas été facile d'entrer dans ce livre en raison des noms des personnages qui se ressemblent énormément, mmais la suite fut une belle lecture.
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