Igor Bromhead n'en finit pas de causer des tracas dans le Mignolaverse : il réussit à subjuguer Hecate dans les premières pages de cette histoire. Cet acte a des conséquences inattendues dans la mesure où il prive les 3 sorcières de la terre de leur meneuse. Elles décident de faire appel à Hellboy pour prendre la place d'Hecate. Comme à son habitude, il refuse d'emprunter la voie d'une destinée satanique. Elles décident alors de l'envoyer dans le monde Baba Yaga pour que cette dernière le soumette. Elle dépêche Koshchei, un guerrier qui ne peut pas mourir pour qu'il lui ramène un des yeux d'Helboy en compensation de celui qu'il lui a crevé. Il s'en suit un affrontement dantesque. Et pendant ce temps là Gruagach en profite pour continuer de convaincre les entités féeriques terrestres de se soulever et de rétablir leur domination sur la race humaine.
Hellboy était tranquille, il était peinard en vacances chez Harry, un ancien ami de Trevor Bruttenholm quand tout ça lui tombe dessus. À l'énoncé des différents noms compris dans le résumé, vous aurez compris qu'il vaut mieux ne pas commencer par ce tome et avoir lu en particulier le Troisième souhait, et autres histoires avant. Avec ce tome,
Mike Mignola a décidé de faire avancer l'histoire d'Hellboy à grands pas et de révéler à ses lecteurs les différentes factions qui hantent l'univers d'Hellboy. Et pour être sûr de revenir à un rythme plus familier dans le monde de l'édition des comics, il a décidé de confier les dessins à un autre. Ce n'est pas la première fois qu'un autre dessinateur met en images un scénario d'Hellboy, mais
Duncan Fegredo s'installe dans ce poste pour plusieurs histoires de suite.
À partir de là 2 possibilités. La première est que la série d'Hellboy n'avait d'intérêt à vos yeux que pour les illustrations de Mignola. Il dessine dans ce tome les couvertures des 6 chapitres, ainsi que les 5 pages du deuxième épilogue, et c'est tout. Deuxième possibilité, au fur et à mesure des tomes, vous avez pris goût au flegme d'Hellboy, à la richesse des références des contes et légendes, à la diversité et à l'originalité des monstres, etc. Et dans ce cas là, vous allez être servi.
Mais avant attachons nous au travail de
Duncan Fegredo. Dans les commentaires de fin, Mignola indique qu'il ne voulait surtout pas une personne qui essaye d'imiter son style et que Fegredo a été son premier choix pour le succéder en tant que dessinateur d'Hellboy. Effectivement, on ne retrouve pas les gros à-plats de noir chers à Mignola, mais des dessins plus détaillés, avec un grand soin apporté aux décors. Que ce soit les escaliers menant à une crypte, une vue d'une villa donnant sur la mer ou l'intérieur d'une cuisine rustique, Fegredo sait faire naître de ses crayons, les détails et l'atmosphère qui plonge le lecteur dans le décor. Pour ce qui est des visages, il a adopté quelques tics picturaux de Mignola pour le rendu esquissé, plutôt que photoréaliste. Il sait très bien évoquer les manifestations surnaturelles. À mon goût, il n'y a qu'un seul aspect de l'histoire pour lequel ses illustrations sont moins convaincantes : les affrontements physiques et magiques. Pour le reste, une fois que l'on a accepté que les illustrations ne sont pas de Mignola, je trouve que Fegredo a une interprétation graphique de l'univers d'Hellboy qui est consistante, cohérente et convaincante.
Et de son coté, le scénariste Mignola se sert de ce tome pour nous servir un nouvel affrontement entre Baba Yaga (par l'intermédiaire de Koshchei) que j'ai trouvé un peu étiré et pour mettre en place ses pions pour le tome suivant. Hellboy redevient un jouet pris dans le tourbillon de forces qui le dépassent : Gruagach et le peuple des êtres féeriques, Hecate et Bromhead, Dagda, Baba Yaga, etc. Et le deuxième épilogue explique l'origine d'Hecate.
Ce tome constitue une lecture très divertissante, plus dense que les autres tomes d'Hellboy et qui voit plusieurs forces se mettre en mouvement, ce qui met l'eau à la bouche pour la suite.