Voici en effet ce qu’est la fuite : connaître son but, s’alléger du siècle, s’alléger du corps, afin que désormais personne ne s’exalte vainement et ne refuse, dans l’enflure de sa pensée charnelle, de s’attacher à la tête, et afin que l’on ne dise pas de ce genre de personnes : Ils ont fui sans voir. Au contraire, la fuite loin d’ici, c’est mourir aux éléments de ce monde, cacher sa vie en Dieu, éviter les souillures, ne pas se souiller par les désirs, ignorer ce qui appartient à ce monde qui fait tomber sur nous la neige de chagrins de toute nature, qui, une fois rempli, se vide, et, une fois vidé, se remplit. Et toutes ces choses sans aucun avantage solide sont creuses et vides. Le riche est un homme mort qui ne possède rien, parce qu’il n’est pas riche en vue de Dieu, et c’est un insensé, parce que la sagesse, c’est honorer Dieu, et la science, c’est éviter le mal.
Patrick Boucheron, professeur au Collège de France, sort de l?oubli un étrange personnage : Ambroise de Milan. Dans « La Trace et l?aura »(Editions du Seuil), il raconte la vie d?Ambroise, écrivain, poète, évêque du IVème siècle, qui fut le maître de Saint-Augustin.
Dans ce livre passionnant, Patrick Boucheron retrace plus de dix siècles d?histoire.