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La grande guerre de Charlie tome 7 sur 10
EAN : 9781090916143
Delirium Editions (10/10/2014)
4.4/5   5 notes
Résumé :
Septembre 1917. Charlie et ses camarades sont repliés sur la base d’entraînement d’Etaples, avant de repartir sur le front. Là, les injustices et les mauvais traitements dont sont victimes les hommes, épuisés par les combats harassants dans les tranchées, finissent par les pousser à bout. C’est la Grande Mutinerie d’Etaples.

A l’issue de ce conflit interne derrière les lignes, les hommes sont renvoyés au combat pour l’assaut « décisif » sur Passchenda... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce tome comprend 29 épisodes 3 à 4 pages initialement parus hebdomadairement dans le magazine "Battle Picture Weekly", en 1982. le scénario est de Pat Mills, et les dessins en noir & blanc de Joe Colquhoun. Il comprend également une introduction de Steve White sur les mutineries dans l'armée française en 1917. Il comprend également la reproduction des paroles de la chanson de Lorette (vraisemblablement écrite par Paul Vaillant-Couturier), ainsi qu'une page de résumé, et 6 pages d'annotations de Pat Mills.

Épisodes 1 à 8 - Ulcérés par les conditions de vie dans le camp d'entraînement d'Étaples, les soldats britanniques décident de se mutiner contre la hiérarchie en place. Certains s'en prennent aux gradés, d'autres saccagent du matériel, d'autres enfin s'assoient en refusant d'obéir aux ordres. le haut commandement essaye de trouver rapidement des solutions, avant que les allemands n'aient vent de la situation. Épisodes 9 à 23 - Une fois la situation réglée, Charley Bourne prend la décision de se porter volontaire pour être brancardier.

Épisodes 24 & 25 - En 1982, le vétéran Fred Green se rend au mémorial de la Grande Guerre à Ypres, pour voir s'il peut trouver une trace du soldat qui l'a sauvé dans les tranchées (Charley Bourne). Épisodes 26 à 29 - le 18 novembre 1917, 476 chars anglais participent à la première offensive de la bataille de Cambrai. Bourne est à l'arrière entre 2 vacations dans les tranchées.

Le tome précédent s'était terminé sur la mise en scène époustouflante de la montée du mécontentement des soldats au camp d'entraînement à Étaples, mettant en évidence la fragilité de l'autorité des officiers et de l'organisation militaire. C'est donc tout naturellement que le lecteur assiste aux actes de mutineries au sein de l'armée anglaise.

Pat Mills fidèle à son parti pris, utilise une narration au niveau de Charley Bourne et des actions de soldats. Il limite les réactions et les décisions de l'état major à 2 ou 3 cases. D'un coté il respecte la logique interne de son récit ; de l'autre il se prive d'exposer les rouages internes d'une hiérarchie devant répondre à l'attente des troupes au plus vite (avant que le camp adverse n'ait vent de la mutinerie et n'en profite pour reprendre l'avantage). La suite d'actes de rébellion laisse également une impression déconcertante d'actions désordonnée, sans objectif clair. Si le lecteur peut imaginer que les mutins ne disposaient pas d'une organisation en bonne et due forme, un commentaire explicite et didactique aurait été le bienvenu.

Colquhoun conçoit une mise en scène permettant de se rendre compte des mouvements de foule composée de soldats, de la peur mêlée d'incrédulité des officiers, et de l'indécision d'une partie des troupes. Dans les commentaires, Mills se félicite d'avoir pu rendre hommage à Percy Toplis, l'un des meneurs de la vraie mutinerie, et il reste curieux des documents d'archive qui seront rendus publics en 2017 sur le sujet.

Dès le début de la deuxième partie, Pat Mills annonce la couleur : 80% des brancardiers n'ont pas survécu à leur tâche, à comparer à un pourcentage de tués de 35% pour les soldats. Et pourtant l'intention de Mills et Colquhoun n'est pas de peindre une fresque de blessures et souffrances au travers des interventions des brancardiers. Ils s'attachent plutôt à montrer en quoi leurs interventions sont rendues encore plus difficiles par la boue, et le manque de médicaments. Ils montrent comment se développe un trafic odieux autour du manque de morphine.

Le scénario intègre le dilemme moral qui se pose à Bourne quand il devient responsable d'un prisonnier allemand. Page après page, Colquhoun fait des merveilles pour rendre compte du bourbier entre les tranchées, ravagé par la mitraille, pour rendre compte de l'angoisse des espaces à découvert, des platelages de bois plus ou moins stables, des barbelés dressés en travers de la progression des soldats, de l'angoisse face au gaz, et de la normalité de chaque individu. À nouveau Mills et Colquhoun rendent palpable les horreurs et la vie de tous les jours sur le champ de bataille, sans se reposer sur des clichés, avec un point de vue personnel qui implique le lecteur, sans le faire ressentir de la culpabilité, sans avoir recours à des images chocs pour provoquer la pitié ou l'effroi. Il y a quand même la description d'une authentique transfusion sanguine qui fait froid dans le dos.

Et puis arrivent les 6 pages les plus intenses, les plus chargées émotionnellement, sans aucun combat, en 1982. À nouveau Mills et Colquhoun misent sur la sobriété pour évoquer le devoir de mémoire d'un monsieur ayant été secouru sur le champ de bataille par Bourne quand il était brancardier. La simplicité et l'évidence de ce passage m'ont ému aux larmes (malgré le décalage entre l'apparence du monsieur et son âge probable). Il ne s'agit pas de plausibilité (Colquhoun a du mal à rendre l'âge de ces vénérables vétérans). Il ne s'agit pas d'émotion exagérée. Il ne s'agit même pas de mise en abyme : Mills et Colquhoun écrivant des épisodes où un vétéran rend hommage à un brancardier, dans une série où ils rendent eux-mêmes hommage aux soldats de la Grande Guerre. Il s'agit juste d'une scène de remerciement honnête et sincère, d'une quête spirituelle des plus pragmatiques trouvant son aboutissement, en toute simplicité à la fois pour le texte et pour les images.

Le tome s'achève avec une nouvelle bataille où l'armée anglaise déploie un armement qui change la face du combat. À nouveau le lecteur peut apprécier l'intelligence de Pat Mills qui évoque un fait historique avéré (la Bataille de Cambrai), en étant assez fin pour ne pas essayer de faire croire que son héros était de tous les combats. Les dessins de Colquhoun rendent bien compte du dispositif mis en oeuvre pour faire franchir les tranchées par les chars anglais. Comme à leur habitude, ils ne glorifient pas l'avancée de ces machines de guerre. Ils ont la présence d'esprit de profiter de cet épisode pour mettre en évidence la futilité des opérations menées par les soldats à pied. Même dans la victoire, la Guerre reste une horreur sans nom.

Après une première partie qui soufre un peu de l'approche narrative de Mills (au niveau du soldat), le récit ramène le lecteur au plus près du terrain et des tranchées, avec un nouveau point de vue, toujours édifiant sans pédagogie lourdaude, et sans jouer sur la sensiblerie tire-larmes. Mills & Colquhoun atteignent des sommets de sensibilité et d'intelligence avec 2 épisodes se déroulant à Tyne Cot en 1982, entre Ypres et Passendale. le retour sur le champ de bataille n'en est que plus dur, avec un autre point de vue pertinent.
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Charley's War est un chef-d'oeuvre de la bande dessinée britannique, paru sous forme d'épisodes dans la revue britannique Battle entre 1979 et 1986. Excepté quelques épisodes publiés dans les magazines “Bengali” et “Pirates”, cette histoire réalisée par Pat Mills et dessinée par Joe Colquhoun n'avait pas encore réussi à franchir la Manche. Grâce au label Delirium, fruit d'une collaboration entre les éditions Ça et Là et 360 Media Perspective, cette véritable perle du neuvième art est dorénavant éditée chez nous en dix tomes. Ce septième tome contient 29 épisodes de trois pages, parus en 1982.

Alimentée par des faits authentiques, ce récit qui traite de la guerre 14-18 invite à suivre les aventures de Charlie Bourne : un jeune « Tommy » de 16 ans qui, en mentant sur son âge, se retrouve au front, à quelques jours de la terrible bataille de la Somme. le fait de suivre les pas de ce jeune britannique un peu stupide, mais courageux et foncièrement bon, permet non seulement de plonger le lecteur dans le quotidien de la Première guerre mondiale, mais surtout de lui faire découvrir le point de vue anglais.

Après avoir relaté la fameuse bataille de la Somme et s'être intéressé d'un peu plus près à l'armée française lors de la bataille de Verdun, Pat Mills avait accordé une brève permission à Londres à son héros. le cinquième tome mettait cependant fin à cette trêve et envoyait Charlie Bourne sur le front des Flandres, au coeur de la saillie d'Ypres. En fin de tome précédent, la compagnie de Bourne était envoyée à Étaples en camp d'instruction, pour une formation qui montrait les relations tendues entre officiers et soldats et pointait une nouvelle fois du doigt la hiérarchie militaire. Les mauvais traitements, les conditions de vie déplorables et les nombreuses injustices faisaient progressivement monter le mécontentement des soldats au camp d'entraînement à Étaples.

Ce tome débute en septembre 1917, au moment où le meurtre du caporal Wood par un gradé déclenche une mutinerie de grande ampleur au camp d'Étaples. Une fois la situation réglée, notre ami Charlie se porte volontaire pour être brancardier. Bien décidé à sauver des vies afin de soulager une conscience toujours hantée par ce peloton d'exécution où il a dû tirer sur des collègues, Charlie délaisse donc les armes pour un métier où les chances de survies sont néanmoins trois fois plus faibles que celles d'un soldat. Des interventions dans la boue, sous les rafales ennemies, au trafic odieux de morphine, en passant par des transfusions sanguines sans vérification du groupe sanguin, Pat Mills montre un « bel » aperçu de cet aspect-là de guerre. Il rend ensuite un dernier hommage aux brancardiers en suivant les pas d'un vétéran qui se rend au mémorial de la Grande Guerre à Ypres en 1982, afin d'y retrouver la trace de l'homme qui lui a sauvé la vie dans les tranchées. Ce petit bond dans le futur permet également de découvrir une ville d'Ypres reconstruite après la guerre. En fin d'album, l'auteur revient finalement sur l'importance des chars anglais lors de la Bataille de Cambrai en novembre 1917, pour conclure l'album sur l'apparition surprenante de l‘estafette Adolf Hitler

En se servant de Charlie et de ses amis comme fil rouge, Pat Mills restitue une nouvelle fois avec grand brio tous les aspects de la Première guerre mondiale. Si le réalisme de ces scènes tirées de faits réels impressionne, c'est surtout l'humanité dégagée par cette oeuvre qui fait mouche. Au sein de la Grande Histoire, Pat Mills invite en effet à découvrir les petites histoires de simples soldats. le graphisme noir et blanc de Joseph Colquhoun fourmille de détails et contribue également à dépeindre le quotidien des soldats avec énormément de réalisme.

Une saga incontournable !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Vidéo de Pat Mills
*Rediffusion du live du 27 janvier 2024 sur la chaîne Twitch de Glénat et de Ultia*
Du mercredi 24 au samedi 27 janvier 2024, Ultia vous fait vivre le Festival International de la BD d'Angoulême en direct sur Twitch. Présentation du stand, interview d'auteurs.ices et de dessinateurs.rices, visites d'expositions, tutos dessins...
Au programme de cette vidéo : Rencontre avec Olivier pour une visite de l'exposition Requiem Découvre la série Requiem : https://www.glenat.com/bd/series/requiem
Avec Requiem, récit épique et gothique scénarisé par Pat Mills, Olivier Ledroit avait fait découvrir le versant sombre de son talent. Plébiscitée par les amateurs de dark fantasy, cette série culte sort chez Glénat dans une toute nouvelle édition dont chaque volume est enrichi d'un cahier de 8 pages. L'occasion de (re)découvrir une oeuvre majeure et l'époustouflant graphisme en couleur directe de l'un des meilleurs artistes de sa génération.
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