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« Un fond de vérité » nous parle de cette vérité cachée au fond du puits, un puits qui n'est pas sans fond... de vérité. Miłoszewski s'est donné pour devoir de raviver la mémoire de sa nation à travers ce roman qui bouleverse autant qu'il asticote les consciences. Un délicat dessein maîtrisé avec un gant de velours et des pointes de dérision qui tracent des lignes subtiles et féroces. Un roman indispensable par un écrivain qui a la trempe des auteurs majeurs.

La suite sur : http://bobpolarexpress.over-blog.com/2015/05/sandomierz-mon-amour.html
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J'avais fait la connaissance du procureur Teodore Szacki dans "Les impliqués" ; il m'avait suffisamment séduite pour je le retrouve sans hésiter dans une deuxième enquête.

Il a perdu de sa superbe le procureur. Comme le laissait supposer la fin du premier volume, il a divorcé et a atterri dans une petite ville de province où il ne se passe jamais rien, Sandomierz. Résultat, il a perdu sa femme, sa maîtresse, ses repères ; il vit dans un petit logement sans âme, il s'ennuie de la capitale et ne se voit plus aucun avenir. Ça ne le rend pas plus aimable avec la gent féminine qu'il continue à évaluer uniquement comme objet de consommation et sur des critères physiques. Ce qui m'a fait penser que son état dépressif tenace n'était que justice au regard de son arrogance et de son cynisme.

Mais venons-en à l'enquête, puisque c'est un polar. Un matin, le corps d'une femme est découvert, atrocement égorgée, tirant le procureur de sa léthargie. Ela Budnik, la victime, était une femme bien sous tous rapports, femme d'un notable local. Rien en apparence ne peut expliquer le meurtre. Seul indice, on a trouvé auprès du cadavre un couteau utilisé par les juifs pour égorger les animaux. Il n'en faut pas plus pour réactiver une histoire ancienne "la légende du sang" d'où il ressort que les juifs sacrifiaient des enfants catholiques et les saignaient pour fabriquer le pain azyme de Pâques. D'ailleurs, un tableau illustre cette légende dans la cathédrale de Sandomierz.

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Je serai bref, enfin pour commencer, parce qu'après je sens que je vais m'emballer (mais c'est possible ça d'être bref, avant de ne l'être plus ?) : j'ai beaucoup aimé Les impliqués, le précédent roman de Zygmunt Miloszewski, je réitère mon appréciation pour Un fond de vérité. Voilà, ma brièveté cesse ici-même, après je me lâche...

Bon d'abord, j'aime bien Teodore Szacki. Il est parfois insupportable, a une assez haute estime de lui-même en tant que procureur, il est beaucoup moins indulgent sur lui en tant qu'individu : 40 ans, divorcé parce qu'il a eu une liaison avec une journaliste, ne voit pas sa fille, méprise les péquenots de Sandomierz, drague et couche avec une fille sublime qu'il laisse parce qu'il la trouve injustement cruche -ça va avec son mépris des gens de cette petite ville. J'aime aussi beaucoup son côté anti-religieux, anti-dogme, le roman est truffé de perles anticléricales qui m'ont réjoui et dont je pourrais m'approprier mot pour mot. Il donne tout au travail. Il emmagasine les informations, les trie mentalement, se fait une idée la plus précise possible des faits et ensuite son cerveau procède par déclics. Il recoupe tout et certaines petites informations a priori anodines sont celles qui donnent l'ossature du raisonnement et de la résolution de l'affaire : "Jamais encore auparavant un processus mental ne s'était déroulé aussi vite dans sa tête, jamais encore autant de faits ne s'étaient assemblés en un éclair dans une suite logique et indissoluble qui ne pouvait aboutir qu'à un unique résultat. C'était une expérience à la lisière de la folie : les idées bondissaient entre les neurones à un rythme épileptique, la matière grise s'illuminait d'une couleur platine à cause du trop-plein d'informations." (p.440) J'aime bien aussi les liens qu'il peut tisser avec les autres protagonistes, collègues, flics, témoins, même les troisièmes rôles ont la faveur d'une ou deux pages pour décrire leurs vies et la manière d'arriver dans cette histoire. Certaines descriptions sont rapides et très visuelles : "Il était grand et très maigre. Sous son blouson épais et son écharpe, il devait ressembler à une gousse de vanille : mince mou et fripé." (p.36)

Ensuite, il y a l'intrigue, la recherche du ou des coupables menée par un procureur volontaire et désireux de montrer qui il est. Toutes les pistes sont explorées, même celles qui déboucheront sur une impasse : le travail minutieux des enquêteurs, chaque victime est auscultée et l'on sait quasiment tout de sa vie. L'enquête est lente, entrecoupée par les problèmes familiaux ou de coeur du procureur, on s'en imprègne en douceur, on peut même se laisser berner, ce qui est réjouissant dans un roman policier. Parce qu'il nous emmène où il veut Zygmunt Miloszewski. Il écrit bien, c'est limpide, ça va au plus court et même si le livre fait 470 pages, j'ai eu l'impression qu'aucun mot n'était de trop.

Enfin, il y a le contexte historique : la Pologne a un gros souci avec les juifs, auxquels elle reproche parfois tous les maux. A Sandomierz, ils sont accusés de meurtres rituels d'enfants qu'ils enlevaient et vidaient de leur sang. D'ailleurs, une toile de Charles (Karol) de Prévot représentant ces meurtres se trouve dans la cathédrale de la ville ; elle a longtemps été cachée (en cliquant sur le nom du peintre, vous pourrez la voir). le passif entre Polonais et juifs est lourd, entre les ghettos pendant la guerre, l'extermination et le refus du pouvoir d'après-guerre de restituer les biens confisqués ; beaucoup de juifs rescapés furent des résistants et mirent en place le régime communiste ce qui leur fut reproché même vingt ans plus tard, en 1968 où beaucoup émigrèrent. C'est donc dans cette ambiance houleuse que Zygmunt Miloszewski place son récit, avec la montée des nationalistes qui profitent du moindre fait divers pour hurler leur haine. Teodore Szacki, malgré quelques maladresses ne se laisse pas détourner de son chemin, la rechercher de la vérité, il laisse dire, n'en pense pas moins : "Il lui aurait fallu répondre sincèrement que n'importe quelle tentative de juger des personnes selon leur appartenance à un groupe national, ethnique ou religieux, lui était complètement insupportable. Et, il en était persuadé, chaque pogrom avait trouvé sa source dans une discussion modérée à propos d'une "certaine réserve"" (p.159)

Une très belle série qui commence avec ces deux romans ; ne tardez pas pour la débuter. Les charmantes éditrices -je le sais, je les ai vues- de chez Mirobole ont eu la main très heureuse en la mettant sur Zygmunt Miloszewski que je relirai avec plaisir et impatience et vice-versa.
Lien : http://lyvres.fr
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Le policier est devenu tellement codifié que réussir à s'en tirer demande un véritable talent. Zygmunt Miloszewski tape juste avec Un fond de vérité.

Theodore Szacki, procureur et tout juste divorcé, à quitté Varsovie pour rejoindre la petite ville de Sandomierz. Mais alors qu'il commence à s'ennuyer, il fait face à une affaire de meurtre : une femme tué devant une synagogue, selon un ancien rituel juif. de quoi faire ressortir des tensions ?

Le roman repose sur un socle certe classique, dans son enquête, mais aussi sur des bases historiques, religieuse, et social. Les tensionsentre le peuple juif et les nationalistes polonais sont fortes et ce dont va se servir l'auteur pour cuisiner une intrigue qui vous prendra à revers dans sa résolution. Et si elle parvient à nous prendre, c'est justement parcequ'elle se base aussi sur les habitudes des lecteurs, sur la culture du blockbuster que l'on a maintenant tous, au point d'en oublier parfois la simple émotion du moment. C'est aussi uen idée qui gouverne le roman : l'émotion du moment, la plus palpable, celle qui résonnera en fond et empêchera Szacki de résoudre l'énigme parcequ'elle est trop forte. Celle qu'il va finir par suivre. Bien écrit en plus, le roman n'est peut-être pas si sombre qu'il le parait. En réalité il l'est encore plus…
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Le procureur est un homme froid, sûr de lui, corrosif, souvent excessif et s'il est l'archétype du mec détestable, il est en réalité difficile de s'en détacher tant il est complexe. D'un charisme subtil et d'une intelligence implacable, Teodore Szacki attire les femmes et sait apprivoiser les protagonistes-clés à l'enquête pour obtenir ce qu'il attend d'eux. Cette enquête est pour lui l'opportunité de coincer le criminel, de tester ses talents de détective mais c'est aussi l'occasion de rassembler les morceaux de sa vie bouleversée. Poursuivre et résoudre l'enquête pour échapper à l'ennui et aux regrets d'un mariage qu'il aura fait saboter.

« le procureur Teodore Szacki détestait le froid, les affaires stupides, les avocats incompétents et les tribunaux de province. Ce matin-là, il reçut une dose de cheval de chacune de ces substances ».

L'enquête c'est d'abord un corps de femme retrouvé devant l'ancienne synagogue, une mise en scène parfaite dans le froid sibérien de la nuit. La neige a conservé impeccablement ce corps blanchâtre dont la gorge a été lacérée avec hystérie. Vidée de son sang à la manière du rite sacrificiel juif, le meurtre d'Ela déchaine les passions et soulève le coeur de Sandormierz. Tout le monde connaissait et aimait Ela et c'est une véritable tragédie qui secoue les habitants de la petite ville. (Suite sur le blog)
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Entre sa précédente aventure et la présente le procureur Teodore Szacki à divorcé et obtenu sa mutation en province à Sandomierz. Il s'imaginait que ce changement lui permettrait de "séduire des filles dans les discothèques, courir le long du fleuve chaque matin, se délecter de l'air frais, vivre des aventures et des moments de ravissement et, pour finir, rencontrer le véritable amour de sa vie et vieillir à ses côtés dans une maison recouverte de vigne (...)". Six mois plus tard il est bien obligé de reconnaître qu'il s'est trompé et il est en fait complètement déprimé. A un point que je me demande d'ailleurs si son suicide social n'est pas en fait plutôt une conséquence qu'une cause de sa dépression.

Heureusement pour Szacki, les circonstances vont lui présenter un travail apte à lui redonner goût à la vie : un crime. Et un crime horrible en plus. La victime a été égorgée et vidée de son sang. A côté du cadavre est déposé un couteau sacrificiel juif qui rappelle la vieille légende du sang dont Sandomierz est un épicentre : les Juifs sacrifieraient des enfants chrétiens et utiliseraient leur sang pour confectionner le pain azyme. On subodore une provocation antisémite et le mari de la victime est le premier suspect mais quand il est lui-même assassiné, l'affaire se complique.

Une affaire bien compliquée, peut-être un peu trop pour être tout à fait crédible, mais qui a le mérite d'interroger le vieux fond antisémite de la Pologne. le héros, et son auteur derrière lui, sont très clairs là-dessus : il est urgent de passer à d'autres relations. Par contre ce que je déplore c'est tout un tas d'autres préjugés, filés bien régulièrement et sans beaucoup de recul. Teodore Szacki est un misogyne -ce que j'avais déjà aperçu dans le premier roman. Ses collègues de travail, habillées de façon sévère, sont des femmes "frigides". Elles sont procureures. Il voudrait quoi ? Qu'elles viennent au bureau avec un nez rouge ?

Quelques stéréotypes concernant les homosexuels, que l'on pourrait reconnaître à leur "garde-robe soignée", à la décoration de leur maison, "élégante sans être tape-à-l'oeil" et à leur démarche exagérée m'agacent aussi et je suis choquée par l'idée selon laquelle les Algériens de France "brûl[ent] des voitures, s'organis[ent] en mafias et viv[ent] du trafic des stupéfiants".

Des idées qui me déplaisent et pourtant le personnage a aussi des côtés sympathiques et j'en arrive à le trouver attachant malgré tout. Finalement c'est le talent de l'auteur d'avoir réussi à créer un héros dont les contradictions font l'épaisseur. Comme une vraie personne, quoi.
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. le procureur Teo Szaki ne va pas bien : relégué en province, en plein naufrage familial ,il se morfond . Seule une affaire bien saignante peut le sauver du désespoir ou de l'addiction aux chouquettes… Et il va être servi ! Des meurtres particulièrement « gore » , la mise au jour des horreurs du passé , une marée de haines recuites , mais aussi quelques galipettes lui redonneront goût à la vie . Au terme d'une enquête fertile en actions et rebondissements, il finira par déchirer la toile de mensonges qui l'entrave pour trouver, au fond, tout au fond, la vérité .
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Second opus des aventures du procureur Teodore Szacki. Ou plutôt des mésaventures du procureur Teodore Szacki.

On le quitte à Varsovie, on le retrouve dans une petite ville au nom (pour moi) imprononçable (mais avec un joli coeur historique, semble-t-il).
On le quitte en couple, on le retrouve divorcé en rut... ou presque.
Il s'ennuie comme un rat mort dans son nouveau poste. Sa chef une fois de plus paraît assez particulière. Et avec sa principale collègue, ce n'est franchement pas la grande amitié. Avec les autres non plus. Il est regardé comme le gars qui croit tout savoir parce qu'il arrive de la capitale... et il aurait parfois tendance à leur donner raison.
Bref, les choses ne sarrangent pas pour Teo.

Une chose, si. Un meurtre plutôt tordu arrive enfin pour le sortir de la léthargie qui menaçait de le submerger. Quand on en arrive à aspirer à ça, c'est que ça ne tourne pas bien rond. Toujours est-il qu'il saute sur l'occasion pour imposer ses méthodes de la grande ville. Méthodes du type qui s'est déjà frotté aux crimes sordides et complexes. Pas comme les bouseux d'ici. Certes, il ne le dit pas textuellement mais l'idée est bien là. Il a l'art de se faire des amis, notre Teo.

S'ensuit une passionnante enquête qui semblr s'inscrire dans le passé plutôt trouble de cette charmante bourgade, en ce qui concerne les rapports avec la population juive. Rajoutons là-dessus une pincée de craintes fantasmées, un soupçon de folklore sanglant, quelques secrets actuels bien (quoique...) cachés et nous obtenons un roman très prenant, qui joue avec le titre mis en concurrence avec la rumeur d'une petite ville.
Toujours dans une Pologne qui pousse à la dépression certes mais Miloszewski signe un polar de qualité, tressant à nouveau le passé avec le présent pour nourrir son intrigue. D'une manière différente des Impliqués toutefois. Encore mieux!

Aucun ennui dans ce deuxième tome. L'auteur soigne son "héros" d'une façon gratinée. J'ai refermé le livre en ayant plus qu'une hâte: attraper La Rage...
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Dans toute légende, dit-on, il y a un fond de vérité. C'est justement cette vérité que devra découvrir l'attachant procureur polonais, Teodore Szacki qui a quitté Varsovie pour atterrir à Sandomierz, une bourgade tranquille de la province polonaise. Enfin tranquille c'est peut-être un peu rapide...

Fraîchement divorcé, Teodore Szacki a quitté Varsovie pour s'installer à Sandomierz, où il compte bien refaire sa vie. Mais six mois à peine après avoir abandonné l'agitation de la capitale et l'asphyxie de son mariage, l'ennui le gagne jusqu'à la découverte d'un corps près d'une ancienne synagogue. Apparemment, une jeune femme catholique aurait été égorgée selon un rite sacrificiel juif, la shehita. Tous les soupçons se tournent vers le mari de la victime jusqu'à ce qu'il subisse le même sort. Il n'en fallait pas moins pour faire renaître une vielle légende selon laquelle les enfants catholiques étaient égorgés et vidés de leur sang avec lequel on fabriquait du pain azyme. Aux prises avec une flambée d'antisémitisme sans précédent, Teodore Szacki va devoir plonger dans un passé aux échos douloureux et tenter de trouver la vérité dans une histoire qui déchaîne toutes les passions. Dans toute légende, il y a un fond de vérité, n'a t-on de cesse de lui répéter...

Un fond de vérité est le deuxième volet des aventures de l'attachant procureur, Teodore Szacki. Zygmunt Miloszewski, jeune auteur polonais qui monte, observe à travers le regard sarcastique de son personnage, la montée du nationalisme et de l'obscurantisme. Il n'hésite pas à explorer les zones d'ombre de la Pologne et notamment son histoire antisémite.

Outre l'aspect historique, ce polar est remarquablement bien construit, l'intrigue rondement menée et la fin surprenante. Un vrai polar noir comme on les aime. le personnage principal, un homme ordinaire tout juste divorcé, qui tente de reconstruire sa vie affective et de rester en contact avec sa fille, est attachant, incisif, déterminé. Quant à la plume de l'auteur, elle est vive, rythmée et teintée d'humour noir. Assurément, Un fond de vérité de Zygmunt Miloszewski mérite que l'on s'y attarde !

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Un petit tour en Pologne ?
C'est ce que nous propose un nouvel auteur de polar (enfin, nouveau pour nous) au nom pas facile à retenir : Zygmunt Miloszewski, voilà c'est dit.
Un fond de vérité est son deuxième polar, après Les impliqués.
On est un peu surpris au début par une prose parfois crue qui semble presque épicée d'une once de vulgarité et d'une pincée de violence verbale.

[…] Il pouvait fixer un rencard à cette poule de province et la prendre debout contre la table de la cuisine.
[…] Szacki n'en croyait pas ses oreilles. « C'est de la connerie en barre. le mensonge le plus débile que j'ai entendu au cours de ma carrière. »

Mais après quelques pages, l'on s'y fait peu à peu, imaginant comme le suggère l'auteur lui-même que cela relève peut-être de la culture polonaise, du moins en partie.
Ce ton parfois étrange est aussi celui du costume du personnage principal : le procureur Teodore Szacki, légèrement misanthrope, franchement misogyne, carrément cynique et parfaitement désabusé, tant vis à vis de ses concitoyens que de lui-même. Cette autodérision finit même par nous rendre ce drôle de personnage plutôt sympathique.
Cela nous change des détectives imbibés que nous fréquentons habituellement.
Et cela nous vaut quelques pages à l'humour très second degré et très féroce.
Voilà pour le côté plume.
Côté polar, le procureur Teodore Szacki vient donc d'être muté dans une petite bourgade de province, tout au sud de la Pologne, près de Cracovie : à Sandomierz.
Il s'y ennuyait et dépérissait jusqu'à ce qu'un ‘vrai' crime y soit enfin commis pour son plus grand bonheur et le nôtre.
Le polar de Zygmunt Milosweski se laisse lire sans déplaisir aucun. le montage est plutôt classique mais cette fois nous sommes du côté des magistrats et de la justice, les flics n'apparaissent qu'au second rang.
Milosweski arrive même à renouveler les scènes pourtant vues et revues de l'autopsie.
La trop parfaite Ela Budnik est retrouvée égorgée à la mode casher ou halal.
Voilà qui sent la mise en scène antisémite.
Oui sous ses airs potaches, profitant d'une intrigue policière, Zygmunt Milosweski explore les penchants antisémites de ses concitoyens et un côté un peu obscur de la Pologne et de son Histoire.
On se rappelle ce même contexte découvert dans la forêt polonaise, noire et profonde, de Charles T. Powers.
Toute ressemblance avec des pays voisins serait bien sûr fortuite.
L'intrigue policière et l'enquête du procureur sont presque dignes d'Agatha Christie.
Miloszewski est un journaliste (chaque chapitre est d'ailleurs introduit par une sorte de petite éphéméride amusante reprenant des titres de ‘journaux') un journaliste écrivain à l'écriture directe, émaillée de petites phrases que l'on devine comme autant de piques parfois ironiques, parfois féroces, adressées à ses concitoyens.
Dans son roman, quelques personnages clés, plutôt bien dessinés : les autres acteurs ne servent souvent que de faire-valoir.
Pas mal de discours également (mais qui passent assez bien) : Miloszewski veut faire entendre ce qu'il a à dire sur ‘sa' Pologne (et donc sur l'antisémitisme de ses compatriotes, c'est le thème principal).
Il est notamment fait allusion au progrom de Kielce (dans la région de Sandomierz) qui eut lieu en 1946, donc après la guerre, contre des juifs survivants de retour des camps ou d'URSS.
Mais en dépit des horreurs qui sont évoquées, Zygmunt Miloszewski brosse un fort alléchant tableau de cette petite bourgade de province au bord de la Vistule, qu'il semble bien connaître et apprécier (son frère y vit) ... à tel point que l'on est même allé voir quelques photos de Sandomierz chez gougoule en regrettant de ne pas avoir fait le détour lorsque nous étions passés par Cracovie !

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