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Sa liaison avec une jeune journaliste a sonné le glas du mariage de Teodore Szacki, procureur vedette du parquet de Varsovie. Déprimé par son divorce, il a choisi de quitter la capitale polonaise pour la petite ville de Sandomierz, charmante bourgade au bord de la Vistule. Mais la solitude l'écrase et l'ennui rôde. Sandomierz est trop calme. Entre deux liaisons aussi vaines qu'insatisfaisantes, le procureur ne s'occupe que de bagarres d'ivrognes et d'accidents de la route. ''Heureusement'', un cadavre va le sortir de sa pénible routine. le corps d'Ela Budnik est découvert près de l'ancienne synagogue. Nue, vidée de son sang, la jeune épouse d'un conseiller municipal a été égorgée comme une bête, selon le rituel juif. Toute la ville est en émoi et de vieilles légendes refont surface. On a toujours accusé les juifs de fabriquer leur pain azyme avec le sang des enfants catholiques. le fait que très peu d'entre eux soient revenus des camps et que la victime ne soit plus une enfant ne trouble personne. La presse s'empare de l'affaire, les mères n'osent plus envoyer leur progéniture à l'école et l'antisémitisme pointe son nez. Dans cette petite ville où tout le monde se connaît, Szacki est jugé le plus objectif pour mener l'enquête. Avec Barbara Sobieraj, une collègue qu'il n'apprécie guère et Leon Wilczur, un vieux flic qu'il juge aigri, le procureur se lance sur la piste du tueur alors que les crimes continuent, tous sanglants et tous semblant pointer vers un meurtrier juif.

Après avoir exploré les fantômes du communisme dans Les imliqués, Zygmunt Miloszewski remet en scène son procureur fétiche dans une enquête pleine de rebondissements qui le conduira à explorer une nouvelle facette de l'histoire de la Pologne : la difficile cohabitation entre juifs et catholiques sur fond de légendes urbaines, de jalousie, de ressentiments et d'antisémitisme. Un pan d'histoire instructif et passionnant où les pogroms, les massacres et le difficile retour des camps se justifient par le mythe du juif avide de sang chrétien qui vole et tue sans vergogne les enfants catholiques. Côté vie privée, l'inflexible procureur s'éparpille, se cherche sans se trouver. Cet éternel insatisfait doit aussi se faire à l'idée que dans une petite ville tout se sait. Ses faits et gestes sont disséqués et commentés, la discrétion est un luxe qui n'existe pas à Sandomierz.
Une enquête bien menée, une leçon d'histoire et un enquêteur finalement attachant malgré ses défauts, Un fond de vérité a tout pour plaire et en supplément la ville de Sandomierz avec son quartier historique, son château et ses églises donne des envies d'escapades polonaises malgré son passé sombre et tourmenté. Un deuxième opus encore plus réussi que le premier.
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Zygmunt Miloszewski s'amuse à secouer les idées reçues, gardant tout au long du récit un humour grinçant et un grand sens de l'intrigue.
Poète des temps modernes il dépeint les polonais et leurs coutumes de manière drôle et sarcastique.
Comme dans « Les impliqués » l'auteur s'amuse de façon truculente à nous raconter l'état de la Pologne et du monde à tous les débuts de chapitres.

Cette fois-ci il raconte l'antisémitisme et les meurtrissures infligées par la haine. Avec beaucoup de talent et un grand travail de recherche, il donne force et subtilité au sujet.
Avec sa dose habituelle d'étrangeté et son ironie mordante il construit un scénario malicieux et effrayant. Pour résoudre cette affaire et trouver le fond de vérité le procureur Szacki se servira plus que jamais de son flair pour sentir le désagréable odeur du mensonge.
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Pauvre procureur Teodore Szacki! Sa liaison exta-conjugale le conduit, après son divorce, à trouver un poste vacant loin de la capitale. Mais force est de constater qu" au lieu de demeurer la vedette spécialisée dans les meurtres au parquet de Varsovie, il était devenu un étranger suspect dans une ville de province"....

Notre quarantenaire aux cheveux prématurément blancs s'ennuie en effet à Sandomierz, même si le centre historique de cette cité ancienne a un charme fou et qu'il fait bon se promener en ce début de printemps sur les bords de la Vistule, en admirant le château.

Mais voilà qu'une horrible découverte vient bouleverser la routine: une femme enceinte est trouvée morte, égorgée selon, semble-t-il, un rituel juif. De quoi raviver les légendes locales présentant les juifs comme des meurtriers d'enfants. De quoi agiter les nationalistes...Et d'autres meurtres adviennent...

Le démarrage de l'enquête est lent, on patauge. Puis les pistes se précisent. Mais le fond de vérité, où est-il? Jusqu'aux dernières pages, un écran de mensonges va noyer dans le brouillard le mobile du criminel.

Heureusement les neurones de Szacki vont fonctionner à plein régime, in extremis. Et peut-être que finalement, vivre à Sandormierz n'est pas si désagréable...

Je retrouve avec grand plaisir le charismatique procureur des " Impliqués " . Ici les faits historiques réels s'associent à une enquête tortueuse, au sein d'une vieille ville polonaise que l'on a envie de visiter. J'ai apprécié cette fois encore le ton sarcastique, les réflexions acerbes et justes du personnage principal sur la Pologne contemporaine. Le troisième opus" La rage" m'attend. Merci, Alexandra, de m'avoir incitée à poursuivre l'aventure avec Szacki! C'était un régal!
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Son premier roman m'avait emmené au 7ème ciel, malgré son introduction assez longue (mais les préliminaires, avec cet auteur, c'est agréable) et le second, c'est un pied intégral, confirmant tout le bien que je pensais de l'auteur.

Je me suis toujours dit que je vivais dans un pays de malades mentaux niveau politique (celle dite « du gaufrier », on vous l'expliquera un jour), mais je vois qu'à la course à l'imbécilité, la Pologne galope à nos côtés.

Le premier roman m'avait subjugué par son côté politique – le communisme était au menu – et le second ne déroge pas à la règle.

Aux rayons X, la Pologne ne laisse voir que des fantômes des années 40-50 et un antisémitisme qui s'accroche à ses basques mieux qu'un virus. Vous croyez en être débarrassé, et bien non, il revient au galop.

Je dois dire que j'ai eu un peu peur en ouvrant le roman, peur qu'il n'arrive pas à la cheville du premier, peur d'être déçue… Et puis, mon procureur préféré, Teodore Szacki, a quitté la capitale pour se retrouver muté dans la petite ville de Sandomierz et j'avais quelques craintes pour lui.

C'est vrai, quoi, qu'allait-il avoir à se mettre sous la dent, le Sherlock Holmes des prétoires ? Hein ? Un vol de GSM ? Une dispute conjugale ? Il ne se passe jamais rien chez ces bouseux de Sandomierz et ses collègues ont l'air moins sympa que les anciens.

Fallait pas avoir peur pour notre procureur imbu de sa petite personne ! Il a déjà trouvé où fourrer son bâton de berger (le cochon) et en plus, il est confronté à un meurtre assez sanglant, avec des relents antisémites qui vont venir se graver dessus.

Une femme a été retrouvée, saigné à blanc, selon un vieux rituel d'abattage juif. Là, sûr qu'elle était casher.

L'auteur n'est pas tendre avec son pays, la Pologne a des squelettes dans le placard – comme d'autres – et des spectres qui flottent toujours autour de certaines villes.

Les mentalités sont encore fort moyenâgeuse pour certains et les imbéciles croyant encore aux vieilles légendes sont nombreux. Oh, on ne les entend pas, en temps normal, mais chassez l'imbécilité et elle reviendra ventre-à-terre.

Pas tendre non plus avec les médias, avides de sang, inventant des faits s'il le faut, publiant tout et n'importe quoi sans l'avoir vérifié et montant la tête des habitants de la petite ville.

Ce que j'aime chez l'auteur, c'est sa plume (même si on a droit à celle du traducteur) qui n'hésite pas à pratiquer l'humour, qui n'est pas tendre envers son pays et ses compatriotes et qui a un petit je-ne-sais-quoi qui me prend aux tripes pour ne plus me lâcher.

Si l'enquête est prenante à suivre, il y a aussi tout l'aspect « j'entre de plein-pied dans la société polonaise » qui est important. Ceci est un vrai roman noir.

L'auteur ne se borne pas à écrire un fait ou une histoire, non, il développe le tout, brode autour – sans jamais lasser le lecteur – vous faisant entrer tout entier dans son histoire avec un grand H.

Les rancoeurs sont tenaces, le passé leur colle aux basques, les vieilles haines aussi et le portrait qu'il nous brosse de son pays est assez sombre.

Notre procureur est toujours aussi imbu de lui-même, a gardé son esprit acéré, sa bite est devenue volage, il est toujours aussi anti-religieux, anti-dogme, anti-hobby, mais sa vision des habitants changera au fur et à mesure que le temps passe.

Les personnages secondaires vont aussi évoluer et les surprises seront nombreuses. J'ai vraiment pris mon pied lors de ma lecture. Bluffée j'ai été.

Lire Zygmunt Miloszewski est un plaisir de fin gourmet, du petit-lait, le petit Jésus en culotte de velours.

Ouvrir un roman avec le procureur Teodore Szacki, c'est aussi orgasmique qu'un roman caché de Conan Doyle où Holmes culbuterait Irene Adler sur la table en lui disant « Vous avez de beaux yeux, vous savez »… et elle qui lui répondrait « Oh oui, grand fou, allez-y, prenez-moi sur le coin de la table ».

C'est vous dire le plaisir que j'ai eu à le lire. Mais gaffe, sortez couverts, messieurs. N'oubliez pas l'imper anglais… Ceux qui l'ont lu sauront de quoi je veux parler.

PS : À noter que le titre et l'illustration de la couverture lui vont comme un gant.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Publié en 2008, Un fond de vérité est un polar à classer dans la catégorie des romans noirs, un genre littéraire que j'affectionnais jadis et avec lequel j'ai pris quelque distance, n'y revenant que de temps en temps, en veillant à n'y sélectionner que des grands crus. J'atteste, pour celui-ci, une dégustation savoureuse.

Sans perdre de temps, l'auteur annonce la couleur. Ou plutôt l'absence de couleur. Glaçant ! A quatre heures du matin, tout est noir ou gris aux Archives Nationales de Sandomierz, situées dans l'ancienne synagogue de la ville, et le cadavre sur lequel tombe un généalogiste insomniaque est d'une blancheur anormale. En cette semaine frisquette de Pâques, aucune couleur ne vient réchauffer l'atmosphère une fois le jour levé sur la petite ville provinciale, un trou paumé où le personnage principal, le procureur Teodor Szacki, est venu s'enterrer quelques mois plus tôt, préférant quitter Varsovie après un divorce douloureux.

Le cadavre avait été vidé de son sang, comme une viande casher. le meurtrier s'était inspiré des soi-disants rituels juifs des légendes antisémites d'antan, selon lesquels le sang, notamment celui des enfants, servirait à l'élaboration du pain azyme. N'importe quoi, direz-vous ? Sauf que selon un dicton populaire polonais, « il y a dans toute légende un fond de vérité ». Sauf que dans la bourgade médiévale de Sandomierz, la population avait, jusqu'à la dernière guerre, compté quarante pour cent de Juifs, et que les lieux avaient été, au cours des siècles, au coeur des rumeurs d'enlèvement d'enfants et des pogroms qui s'en suivaient.

De là à ce que le meurtre déclenche des paranoïas de tous bords, il n'y a qu'un pas. D'un côté, celle des traditionalistes fanatiques ressortant subrepticement un vieil antisémitisme refoulé, au nom du fameux fond de vérité, tout prenant garde de ne pas trop sortir du cadre de ce qu'il est autorisé de dire. En face, celle des moralistes acharnés à vilipender l'incapacité de leurs concitoyens à s'affranchir de leur antisémitisme historique.

Ce sont des dérapages que le procureur Teodor Szacki, chargé de l'enquête, s'efforcera d'éviter. Car le champ des possibles est très ouvert. le meurtrier pourrait être un Juif orthodoxe se vengeant d'un acte antisémite dont sa famille aurait été victime dans un passé plus ou moins lointain. Ou un serial killer juif complètement fêlé (les Juifs étant des individus comme les autres, il n'y a pas de raison qu'il n'y ait pas de serial killer fêlé parmi eux). Il pourrait être à l'inverse un militant ultra-nationaliste ou un catholique traditionaliste intégriste. Mais le meurtre pourrait aussi résulter d'un tout autre motif, la mise en scène pseudo rituelle ne servant qu'à égarer les soupçons.

Personnellement – j'ai déjà dû l'écrire – je ne suis pas sensible au suspens des enquêtes et l'envie de connaître la clé des énigmes n'est pas à l'origine de mes insomnies. Dans Un fond de vérité, j'ai apprécié l'atmosphère qui imprègne l'intrigue, marquée par les dissensions d'une population toujours en proie à ses vieux démons, et aussi les descriptions expressives de la ville de Sandomierz, une cité historique, paraît-il la plus belle de Pologne, avec sa vieille ville dominant la Vistule, sa cathédrale, son château, son ancien quartier juif, des églises par douzaines, ses murailles médiévales et son très inquiétant réseau de couloirs souterrains.

A la ramasse dans sa vie privée, le procureur Teodor Sacki est droit dans ses bottes lorsqu'il recherche la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. le personnage est de qualité, d'une grande culture, à l'image de l'auteur, l'écrivain et journaliste Tomas Miloszewski, un intellectuel polonais aux idées modérées pro-européennes. L'on peut retrouver l'un et l'autre dans deux autres polars, Les impliqués et La rage.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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« Un fond de vérité » est le deuxième tome de la trilogie écrite par Zygmunt Miloszewski mettant en scène le procureur Teodore Szacki.
Nous le retrouvons avec plaisir, même s'il s'est passé un peu de temps depuis le dernier tome. Szacki n'est plus dans ses questionnements existentiels et est à présent divorcé. Il n'habite plus à Varsovie et a déménagé à Sandormierz qui est une charmante petite ville provinciale. Il papillonne pas mal et ne se plait pas plus que cela dans cette ville qu'il n'arrive pas vraiment à apprécier.
Cependant, un meurtre avec une mise en scène plutôt atroce va l'obliger à se réinvestir dans son travail. L'enquête s'avère ardue car les pistes sont nombreuses, presque trop d'ailleurs.
En effet, certains indices le mènent dans le sens du crime antisémite. Ce qui va nous permettre aussi de nous pencher sur le passé de cette ville qui a compté à une époque une grande communauté juive entre ses murs.
De plus, cette histoire permet de mieux comprendre le rapport des polonais vis-à-vis des crimes de guerre en lien avec la Shoah.
L'enquête est très bien ficelée et j'ai lu ce livre quasiment d'une traite. de plus, il faut reconnaitre que Teodore Szacki, malgré ses défauts est un personnage auquel on s'attache de plus en plus.

Je reconnais que j'ai fait une petite incursion sur le net au sujet de Sandormierz. Finalement, quand on voit à quoi ressemble cette ville, je n'exclue pas d'aller visiter la Pologne un jour.

Si j'avais vraiment bien aimé le premier tome intitulé « Les impliqués », j'ai carrément adoré ce deuxième tome qui est franchement très bon. J'avoue que je me suis lancée immédiatement dans la lecture de « La rage » qui est le dernier livre de cette trilogie.


Challenge Séries 2019
Challenge Pavés 2019
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Le procureur Theodore Szacki s'est enterré tout seul à Sandomierz...
( je connais, c'est un bien joli village des bords de la Vistule, au charme ancien, mais sans doute un trou provincial polonais pour une affectation de fonctionnaire).

Il s'y ennuie tellement qu'il frise la déprime, en rupture familiale et sans réseau amical local.
Dans ce contexte morose, l'égorgement spectaculaire d'une jeune femme devient alors une gourmandise...

Crime passionnel ou acte de fou furieux obsédé par la religion ou le patriotisme? Car le mode opératoire du meurtre ouvre à des investigations dans les strates historiques et culturelles les plus sombres de la région. le procureur va marcher sur des oeufs en engageant ses recherches sur la piste d'un forcené sanguinaire inspiré de rituel juif.
Et le pire est encore à venir...

Sur fond de nationalisme, de xénophobie et d'antisémitisme, l'auteur nous parle de la Pologne contemporaine, à l'heure d'internet et de la médiatisation en continu. Une Pologne provinciale également, de la façade trompeuse des petites villes et des citoyens sans défaut, au catholicisme affiché et aux suspicions anti juives à demi exprimées. Un pays imprégné de cette double culture judéo-chrétienne, identité qui lui a fait vivre ou subir les heures des plus noires de son histoire.

Par ironie et torpillage généralisé de toutes formes de massacres ou ostracisme guerrier ou religieux, l'auteur sait faire parler en politiquement incorrect ses personnages. On adhère ou pas mais il ose...sans doute pour montrer une nation restée superstitieuse et pleine de préjugés. Avec cette plume insolente, provocatrice, à l'humour décalé, la narration est vibrante, érudite, et le rythme narratif sans coup de mou, jusqu'aux dernières révélations.

Apres l'excellent "Les impliqués", Zygmunt Miloszewski a transformé brillamment l'essai de ses polars polonais! J'ai même trouvé ce second livre meilleur, plus nerveux, plus thriller que le premier. Son procureur Theodore Szaski a enfilé le costume des héros récurrents dont on attend la suite des aventures avec impatience.
J'ai vraiment dégusté chaque page...
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C'est ma première rencontre avec le procureur Teodore Szacki et je suis enchantée. Pour vous résumer l'histoire, je cite : " Ainsi, il devait mener une enquête dans une ville épiscopale au pavé antisémite à propos d'une militante associative réputée ayant été égorgée rituellement comme une vache dans un abattoir juif." (p.69) .
Voilà, le ton est lancé ! Et l'action se déroule à Sandomierz, une des plus anciennes villes de Pologne, déjà habitée au néolithique et véritablement développée au Moyen-âge car située sur le passage des routes commerciales.
Cette ville est peut-être la véritable vedette de ce livre, en tout cas, c'est un ravissement toujours renouvelé de s'y promener avec l'auteur.
On se demandera si le meurtre de cette femme et les suivants sont reliés à d'anciennes légendes ou stéréotypes profondément ancrés dans l'inconscient polonais, tels les meurtres rituels. Si vous pensez connaître le peuple polonais, et bien...dites-vous qu'ici vous en découvrirez une autre facette.
P. 304: "En passant, j'adore cette caractéristique des Polonais, ce déplacement dans les marges, l'euphorie ou une déprime noire, le grand amour ou une haine aveugle. Avec les Polonais, rien n'est jamais modéré."
Et avec "Un fond de vérité" , on revit l'antisémitisme, le catholicisme outrancier et immobilier , les légendes dans lesquelles il y a toujours un fond de vérité ! Et des années après les derniers pogroms, les rescapés juifs, la fin de la guerre et la Shoah, peu importe, c'est encore et toujours l'histoire de destins croisés une nouvelles fois.
À lire absolument et personnellement, malgré quelques petits défauts de redondance, je m'abonne avec grand plaisir aux enquêtes du procureur Szacki.
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On a déjà eu ici une première occasion de dire le bien que l'on pensait de Zygmunt Miloszewski lors de la parution en France de son roman, Les impliqués. En voici une deuxième avec la suite des enquêtes du procureur Teodore Szacki.
Avec Un fond de vérité, Miloszewski poursuit sa radiographie de la Pologne des années 2000 et de l'opiniâtreté avec laquelle les fantômes du passé s'accrochent à la société polonaise. Et là où, à mon sens du moins, Les impliqués souffraient quelque peu d'une mise en place un peu longue, l'auteur réussit là à plonger directement son héros et le lecteur dans le bain. Muté après son divorce dans la petite ville de Sandomierz, Szacki a quitté Varsovie et traîne sa déprime entre deux affaires de violences domestiques. Mais le procureur abonné aux affaires insolites va finalement avoir l'occasion de se plonger à nouveau dans un dossier complexe quand, devant l'ancienne synagogue de la ville, est découvert le corps, saigné à blanc selon un vieux rituel d'abattage juif, de l'épouse d'un notable de Sandomierz.
C'est avec un réel plaisir que l'on retrouve une deuxième fois Teodore Szacki, procureur mélancolique et imbu de sa personne, condescendant, vaguement misanthrope et pourtant, aussi peu sympathique soit-il, réellement attachant, ne serait-ce que parce que s'il ne se fait pas d'illusion sur les autres, il n'en a pas non plus sur lui-même. Confronté ici à ce qui ressemble étrangement – trop étrangement peut-être – à des crimes rituels juifs, Szacki voit donc une nouvelle fois ressurgir les spectres qui hantent la conscience collective polonaise.
Les impliqués parlaient des fantômes du communisme, Un fond de vérité met l'accent sur l'antisémitisme endémique de la société catholique polonaise. Toute la question pour Szacki, s'il sent bien que les crimes qui commencent à se succéder à Sandomierz relèvent de la mise en scène et visent à désigner un coupable idéal, sera de déterminer si, malgré tout, il n'y aurait pas un fond de vérité dans tout cela. D'autant plus que la combinaison de crimes menés par un ou des Juifs et de l'éventualité de l'apparition d'un tueur en série ne peut qu'exciter des médias populistes prêts à monter l'affaire en épingle :
« La plupart des présentateurs gominés donnaient l'impression de tenir sans arrêt une main dans leur froc et de se branler plus fort à chaque fois que les mots « en série » étaient prononcés. Un spectacle affligeant. Il remarqua également que les nationalistes de droite levaient le menton de plus en plus fièrement […] »
Si l'enquête en elle-même est passionnante à suivre grâce à la manière dont Zygmunt Miloszewski fait pénétrer au lecteur l'esprit acéré de Szacki, ce qui fait là encore le grand intérêt du roman est surtout la manière dont l'auteur se plaît à mettre à jour la face sombre d'une société polonaise toujours tourmentée par son passé et dans laquelle les anciens antagonismes n'arrivent jamais vraiment à s'effacer. Il y aussi, comme avec Varsovie dans Les Impliqués, la manière dont Miloszewski se fait le portraitiste de Sandomierz jusqu'à en faire un personnage à part entière. le tout formant un roman captivant de bout en bout, spirituel et brillant.
Bref, ce deuxième livre installe indubitablement Zygmunt Miloszewski parmi les auteurs de romans noirs qu'il est aujourd'hui impératif de suivre.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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C'est avec plaisir que j'ai retrouvé Teodore Szacki, procureur, qui vit désormais à Sandomierz, petite ville du Sud de la Pologne où il s'ennuie ferme... jusqu'à ce qu'un cadavre soit découvert, et que tout porte à soupçonner un meurtre rituel juif. En Pologne, ce sont les procureurs qui mènent l'enquête, assistés par la police, et Szacki s'empare de l'affaire.
Mais cette affaire n'a rien de simple, car rien n'est simple en Pologne, et Miloszewski prend le temps de poser son histoire dans le contexte particulier de ce pays toujours hanté par l'antisémitisme et le patriotisme. J'ai beaucoup aimé cette plongée au fond de l'âme tourmentée de la Pologne. J'ai également apprécié l'intrigue bien maîtrisée et compliquée à souhait, et la psychologie des personnages, mouvants et insaisissables.
Sans être génialissime, c'est une lecture qui change des romans policiers stéréotypés, et Miloszewski est un auteur qui mérite vraiment d'être découvert.
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