Nicolas Poussin (1594-1665) est un des meilleurs représentants du classicisme français au XVIIe siècle. le vrai paradoxe est que l'essentiel de sa carrière s'est faite à Rome (à part un séjour parisien) alors que le baroque régnait en maître sur toute l'Italie. Il est essentiellement un peintre de scènes historiques, mythologiques ou religieuses, mais il accorde une très nette importance au paysage. Claude Gellée dit le Lorrain (vers 1600-1682) est d'ailleurs son complément parfait, bien que plus atmosphérique, avec ses vues de ports ou de paysages imaginaires. L'un comme l'autre sont collectionnés par les plus grands pairs de France, à commencer par
Louis XIV lui-même. Et, pour ma part, je donnerais tous les tableaux de Simon Vouet pour un seul dessin de Poussin.
Ce volume de la collection Solo est consacré à une série de quatre toiles intitulée «
les Quatre Saisons », peinte entre 1660 et 1664, alors que
Nicolas Poussin, veuf inconsolable, souffre de la maladie de Parkinson. Si bien que sa technique parfaite de la touche fondue se transforme en une application de touches plus fragmentées. Ce qu'
Alain Jaubert a appelé « l'admirable tremblement du Temps ».
Nicolas Milovanovic, conservateur en chef du département des peintures du Louvre, nous propose une autre lecture des quatre toiles déjà, à plusieurs reprises, étudiées au fil des décennies. En 1931, par Pierre de Colombier. En 1956, par l'historien d'art allemand Willibald Sauerländer. En 1967, par
Anthony Blunt, l'espion préféré d'Elisabeth II. En 1988, par
Jacques Thuillier, un des plus grands poussiniens devant l'Eternel. Et, en 1994,
Pierre Rosenberg, lors de la superbe rétrospective du Grand Palais. La proposition de Milovanovic est de voir dans ces quatre tableaux des commentaires de l'exégèse, et autant de scènes annonçant la venue du Christ. En effet, depuis quelques années, plusieurs chercheurs tentent de prouver que
Nicolas Poussin était profondément croyant, si ce n'était pas carrément mystique. Mais rien de définitif, en fin de compte : nous en sommes toujours au stade des hypothèses et d'autres lectures sont nécessaires pour se faire sa propre opinion.
Un cahier d'images assez bien fourni complète un texte plus proche de l'article de revue spécialisée que de la vulgarisation destinée au grand public. Une bibliographie assez succincte cite les ouvrages principaux.