Vous connaissez la métaphore de l'iceberg ? Ici elle s'applique parfaitement à la montagne Pyrénéenne. Alors que cet édifice minéral se dresse pour aller chatouiller les nuages et que nous levons les yeux vers un téléphérique, centre de l'attention,
Bernard Minier nous intime que les mystères de la montagne trouvent leurs origines en ses racines. Sinueuses, elles parcourent
la vallée, croisent le chemin de nombreux résidents qui lui confient leurs secrets... même les plus noirs. Car la montagne sait tenir sa langue et maintenir cette impression d'occlusion si propice au crime.
Le commandant Servaz et la capitaine Ziegler auront bien du mal à faire les liens entre les différents crimes dont est témoin la montagne (tout comme nous d'ailleurs !)
glacé prend son temps. le livre pose méticuleusement le décor, ou bien plutôt LES décors : la montagne et son téléphérique (évidemment), une centrale hydrolique, un institut psychiatrique, une ville (
Saint-Martin). Il nous présente une multitude de personnages : policiers, gendarmes, maire, homme d'affaire, psychologue, psychiatre, procureur, criminel. Et même, des affaires périphériques.
Alors forcément, tout cela prend du temps. Notre temps. Accrochez vous sur les 100/150 premières pages. Personnellement, je n'ai pas adhéré de suite, l'engouement est arrivé au quart du livre, grâce aux personnages. L'enquête, elle, piétine jusqu'à la moitié du livre environ.
Le protagoniste principal Martin Servaz, commandant de police, pourrait presque passer pour un anti-héro si il ne nous était pas si sympathique. Martin ne sait pas tirer avec une arme (comble pour un flic), il a le vertige, peur de la vitesse, est allergique aux nouvelles technologies que son adjoint affectionne particulièrement (j'apprécie beaucoup l'adjoint Espériendieu, véritable rayon de soleil dans un récit sombre dont beaucoup de scènes se passent de
nuit). Bref, on se demande parfois comment Martin est devenu commandant. Mais face à toutes ses peurs, il a le courage de les effronter. Il est accompagné dans son enquête par la Capitaine Ziegler. Jeune gendarme qui en plus d'être brillante, belle et courageuse, possède une multitude de compétences techniques (piloter un hélicoptère, conduire une moto-neige, entre autres). le duo fonctionne parfaitement et on s'y attache.
L'un des antagoniste m'a fait penser à Hannibal Lecteur. Hirtmann est un homme réfléchi, éduqué, charmant, et terriblement charismatique. Lors de ses interrogatoires, c'est lui qui mène la danse. Et, fait curieux, il semble tout savoir et va diriger nos enquêteurs vers une voie encore insoupçonnée. Un peu comme un Lecteur interrogé par Clarisse. Mais vous vous en doutez... rien n'est jamais gratuit !
C'était mon premier
Minier et je ne regrette absolument pas cette lecture. Certes, l'enquête (atypique : je ne vous ai pas dis, mais l'enquête démarre par un cheval décapité retrouvé au sommet du téléphérique) prend son temps, mais on apprécie la suivre et lorsque la course contre la montre se met en place, c'est nous qui ne pouvons plus nous arrêter de tourner les pages.