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sur 876 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
LE PAVILLON d' OR de YUKIO MISHIMA
En1950, un des plus beaux temples de Kyoto part en fumée. Sur ce thème Mishima tisse une histoire avec le jeune Mizogushi, élevé dans ce temple de la beauté en opposition avec lui, laid et bègue. C'est grâce à son père, ami du moine en charge du temple, que le jeune garçon peut être novice dans cet endroit improbable pour un campagnard. Beauté, laideur, amour et haine, le roman chemine lentement, tel le sentier qui entoure ce pavillon d'or pour nous amener au point qui permet de le voir se refléter dans l'étang. le roman fourmille d'informations sur le Japon d'après guerre, sur le bouddhisme Zen et la vie au sein des temples.
Oeuvre énigmatique et fascinante, qui va au-delà de la dualité, beauté laideur, je me suis laissé entraîner au rythme lent de Mishima. Pour ceux qui ont eu la chance de voir ce Pavillon d'or reconstruit en 1955, il est impressionnant de voir comment Mishima, par petites touches, le décrit avec une telle précision.
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On m'avait conseillé de lire Mishima suite à une discussion houleuse sur la profondeur de la littérature nippone. Je filai donc chez mon libraire japonais pour lui demander par quoi commencer Mishima, il me tendit le Pavillon d'Or...

Cela a été une excellente découverte avec peu de défauts, le personnage principal inspiré du véritable incendiaire est très travaillé psychologiquement, j'admire en particulier comment est décrit sa psychose, il y un vrai travail de détails comportementaux et réflexifs très immersifs qui peuvent rendre la lecture dérangeante pour notre plus grand émerveillement (je pense que c'est le but de la psychologie psychotique du "héros" justement).

La poésie qui se dégage des descriptions et des environnements bouddhiques est sublime par son omniprésence et l'on plonge dans un japon post- guerre mondiale qui nous ravit à notre monde natal.
Il est vrai que vers la fin de l'ouvrage toute cette avalanche de détails poétiques m'a un peu fatiguée, mais cela ne me dérangea que sur les dernières pages du dénouement.

Attention, cette lecture est assez sombre et psychologiquement instable, ce n'est pas une lecture détente mais une magnifique lecture culture et poésie.
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Un roman envoûtant inspiré d'un fait réel: l'incendie en 1950 du Pavillon d'Or, temple sublime de Kyoto, incarnation de la Beauté par son harmonie sublime . L'incendiaire est un jeune moine d'une complexion fragile et bègue . C'est un roman psychologique, voire philosophique, dans lequel le narateur, Mizoguchi, le jeune moine incendiaire est tiraillé entre deux amis, l'un incarnant l'être pur et mystique, l'autre étant une sorte d'intellectuel démoniaque ayant un pouvoir de lire dans l'âme de Mizoguchi. Connaissant dès le départ l'issue l'intérêt du roman réside dans la peinture des motivations de Mizoguchi faite par Mishima avec finesse. Mishima, comme le jeune moine, ressentait une sorte d'aliénation devant la société, et il était aussi d'une complexion fragile, même s'il se forgea un corps d'athlète à force de discipline acétique. Certains verront peut-être quelque chose de prémonitoire dans l'incendie du temple pouvant annoncer le suicide par seppuku de l'écrivain. le monde de Mishima, celui du Japon traditionnel, lettré, héritier d'une riche culture, était aussi un monde très nationaliste confronté à l'américanisation rapide de la société japonaise après la défaite de 1945. Certains passages faisant référence à l'histoire de la culture japonaise peuvent échapper aux lecteurs occidentaux, mais le roman reste pourtant fascinant malgré toutes les réserves que l'on peut émettre sur les idées ultra nationalistes de Mashima.
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Qu'appelle-t-on langue classique en littérature japonaise ? Est-ce l'équivalent de la langue de Racine, ou de la langue romantique du 19 ème siècle pour les Français ?
Je ne connais pas la langue japonaise, malheureusement. Mais on a dit que Mishima était attiré par le style européen et, surtout, par le classicisme français, notamment, par Racine.

En tout cas, il faut rendre hommage à Marc Mécréant qui a traduit le Pavillon d'Or en une langue magnifique, pleine de poésie, de métaphores et qui invite le lecteur à une subtile déambulation dans l'âme des personnages, de Mizoguchi, en particulier, à une promenade poétique lente, d'où resplendit la beauté ; promenade emplie d'images de paysages, de descriptions minutieuses de temples, et du Pavillon d'Or, et du Silence, comme on se représenterait le Japon traditionnel dans les clichés occidentaux.

Je ne reviendrai pas sur la relation de l'histoire que nombre de Babéliens ont effectuée. La beauté du Pavillon d'Or ne s'impose pas d'emblée au bonze novice Mizoguchi, quoiqu'ait pu lui dire son père, lorsqu'il se trouve en présence du monument pour la première fois.

Puis, progressivement, de façon mystérieuse, sans doute en appliquant son regard au moindre détail de l'architecture, et en en contemplant l'image dans le Miroir d'eau, cette beauté se révèle à lui, telle qu'il se l'était imaginée depuis sa plus tendre enfance, grâce à son père, jusqu'à l'obséder.

Beauté hypnotique à laquelle la magie de l'écriture nous fait accéder, et qui constitue un obstacle entre la Vie et Mizoguchi affligé d'un bégaiement et d'une certaine laideur physique. Ces tares en font un garçon solitaire et sombre.

Le Pavillon d'Or le paralyse et l'empêche de vivre, en effet ; quand il prend la décision de s'en délivrer, c'est encore la beauté du Pavillon d'Or qui le rend impuissant à passer à l'acte, comme c'était déjà le cas avec les filles.

Cette fois-ci, il surmonte son impuissance et incendie de Pavillon d'Or, choisissant de vivre et non plus de mourir comme il l'avait prémédité, une fois son forfait accompli.

Le 2 juillet 1950, le Japon se réveilla hébété, en apprenant l'incendie, par un jeune bonze, du Rokuon-ji lequel, durant des siècles, avait échappé à toutes les guerres et calamités qui ont pu, à travers l'histoire, environner Kyoto, l'ancienne capitale impériale où le temple d'or avait été édifié à partir de 1397.

Il est des faits divers qui sont l'occasion de grands romans...

Pat
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Ce récit nous entraine au coeur de Kyoto dans un temple bouddhiste emprunt de beauté et de spiritualité.

Depuis sa tendre enfance, le Pavillon d'Or représente pour Mizoguchi le paroxysme du beau. Quand son père, un prêtre bouddhiste, l'emmène pour la première fois visiter le temple, il est confronté à une réalité bien différente de ses rêves d'enfant. Déçu par l'aspect esthétique du temple, il conserve un souvenir mitigé du lieu.

A la mort de son père, Mizoguchi va intégrer le Pavillon d'Or comme novice. Il débute sa formation pour devenir religieux comme son père. Son attraction pour le Pavillon d'Or perdure entre répulsion et fascination. Bègue et pauvre depuis son enfance, un souffle de vengeance et de puissance sommeille en lui. Son apprentissage religieux et son amitié avec le bienveillant Tsurukawa ne lui permettent pas d'étouffer les sentiments obscurs qui l'assaillent. Sa cruauté prend peu à peu possession de lui. Jusqu'où cette soif de destruction le conduira-t-il ?

Ce roman étrange laisse un goût indéfinissable. Portée par un esthétisme exacerbé, cette oeuvre parvient à déchiffrer les contrastes de l'âme humaine et toute l'étrangeté du monde. Ce récit ne ressemble à aucun autre et c'est peut-être aussi pour cela qu'il m'a laissé une trace indélébile.
Lien : https://memoiresdelivres.wor..
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La beauté du Mal

L'Histoire nous apprend que le 2 juillet 1950, un incendie criminel ravage l'un des plus beaux temples du Japon, le Pavillon d'Or. Ce que L Histoire peine à expliquer, c'est pourquoi le moine coupable de cet incendie a mis le feu à son propre temple.
Plusieurs théories ont circulé à ce sujet : Mishima, lui, en a fait ce récit étrange, entre chronique et confession.

Écrire les affres que l'adoration induit était un projet d'autant plus ardu que personne n'aime entendre souiller des idoles, surtout si ce sont toutes les idoles : car c'est bien la fascination en tant que telle qui est exposée ici, éclatante de cruauté.
Le récit se déroule comme les pensées d'un moine torturé par l'idée de ce qu'il vénère, par l'idée même qu'il vénère, sans espoir de rémission. le style est dur et d'une puissance brute : l'introspection, paradoxalement, ne sert aucune justification, ne provoque aucune complaisance : elle est jugement permanent, intransigeant, égoïste et absolu. C'est le brio de ce livre : faire admettre la perversion du mal comme une évidence, et non comme une erreur compréhensible. L'empathie dérangeante qui s'en dégage s'émancipe de toute sympathie.

Il n'y a pas d'excuses dans le Pavillon d'Or de Mishima. Son héros n'est pas un romantique incompris. Il est le mal qui sommeille en chacun de nous, et que nous chérissons.
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Oh mes mots vont être dérisoire après cette lecture flamboyante de ce magnifique Roman de Mishima ou la poésie des paysages sublimés par cette prosaïque féérique enchanteresse de cette Nature ......
Le Pavillon d'Or objet de culte de la beauté d'un étudiant bouddhiste flambe le désespoir de cet être complexe que Mishima peindra avec minutie ....Les méandres Psychologiques sans manichéisme du futur pyromane dans un Japon vaincu ou le marché noir prolifère et les américains aussi sont étudiés finement sans parti pris tel Zweig pouvait le faire dans ses nouvelles ....
C'est une oeuvre magnifiquement écrite .....
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Yukio Mishima était un sacré personnage aux multiples facettes : romancier, dramaturge, essayiste, poète, acteur, réalisateur, chanteur, culturiste et fervent adepte des arts martiaux. Il s'est montré très tôt doué pour écrire et son père a accepté à contrecoeur de le voir se lancer dans cette carrière, qu'il a bien fait d'embrasser puisque sa renommée a vite atteint le monde entier, le plaçant par trois fois sur la liste des Nobel. Personnage sombre, maître de la mise en scène, il ne supporte pas ce que devient le Japon d'après-guerre et organise un coup d'État en novembre 1970, qu'il sait vouer à l'échec. Si bien qu'il en avait préparé la sortie : à 45 ans, il se livre à un seppuku, le suicide rituel samouraï.

"Le Pavillon d'or" se base sur un fait réel : en 1950, un bonze met le feu au Pavillon d'or, un joyau d'architecture de Kyoto, la capitale impériale. L'incendiaire a prétendu qu'il avait mis le feu par haine de la beauté.

En s'appuyant sur de nombreuses sources, Yukio Mishima prend le parti de relater le parcours fictif du bonze qu'il appelle Mizoguchi afin de retracer le chemin qui l'a conduit à cet acte criminel.

Le narrateur, Mizoguchi donc, est né d'un père prêtre bouddhiste et est élevé par son oncle à la ville. Il est bègue et a tendance à se mettre en retrait, se contentant d'observer. Il se fait pourtant un ami avec qui il sera admis en tant que novice au Pavillon d'or, un temple que son père porte aux nues, comme la chose la plus belle au monde.

Mizoguchi est au départ très déçu, ne trouvant pas dans le Pavillon d'or l'émerveillement escompté. Petit à petit, le charme va néanmoins opérer, au point de l'obséder. Sa personnalité s'assombrit. Lorsqu'il rentre à l'université, il se fait un ami handicapé par ses pieds bots qui se venge tous les jours sur la vie par un esprit vif et mordant. Mizoguchi comprend alors qu'il n'a pas à subir, qu'il peut lui aussi être acteur.

Tel l'anneau du Mordor, le Pavillon d'or va exercer son pouvoir (bien malgré lui) sur Mizoguchi qu'on voit sombrer dans la folie. le Prieur, son mentor, assistera impuissant à la déchéance de son protégé.

Si toute son oeuvre de Yukio Mishima est de cet acabit, je veux bien renouveler l'expérience. C'est du grand, grand roman. L'écriture pour commencer est belle et exigeante, précise : la traduction reste celle d'origine, excellente, qu'on doit à Marc Mécréant, et qui a un léger côté désuet qui colle au texte à la perfection. le meilleur du roman est néanmoins la psychologie du narrateur, qu'on voit évoluer avec son parcours et ses fréquentations au fil des ans. Mizoguchi est flippant mais j'ai adoré le suivre jusqu'au bout. Et enfin il y a cette immersion dans la culture nippone, d'autant plus authentique qu'elle se place dans les années 1950, qui m'a offert un extraordinaire dépaysement culturel.

Une superbe découverte!
Lien : https://lejardindenatiora.wo..
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Une aventure psychologique et métaphysique inspirée d'un vrai fait divers, que le lecteur appréciera d'autant plus si elle lui fait revivre les souvenirs d'un voyage à Kyoto avec ce Pavillon d'Or étincelant. Mishima nous plonge dans les profondeurs psychologiques d'un jeune moine bouddhiste rongé par l'antinomie entre son handicap et la beauté. Mais non la simple beauté, la Beauté, concept et Absolu, dont le Pavillon d'Or se fait l'écho et le symbole. le lecteur s'habitue à cette logique névrotique qui lentement mais sûrement nous entraîne vers le mal et le dénouement final : l'apologie de l'existence du soi par le Mal, par l'immolation de cette Beauté qui le ligote. La fin n'est pas sans rappeler le feu purificateur qui illumine la fin du Pays de Neige de Kawabata.
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Le Pavillon d'or est un excellent roman qui a servi de fil conducteur pendant l'écriture de mon mémoire d'orthophonie sur le bégaiement. L'auteur Yukio Mishima y évoque à la première personne la personnalité complexe d'un jeune moine bègue, oscillant de manière ambivalente entre l'idéal et la monstruosité, idéal représenté pour lui par le Pavillon d'or, qu'il détruit par le feu avant de se suicider. J'avais beaucoup aimé l'écriture et j'en garde,même après de nombreuses années, un souvenir très fort, à l'instar de la violence caractérisant le bègue.
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