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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai un faible pour les uchronies, pour ce qu'elles révèlent de notre monde, par un twist de l'espace-temps pipant la réalité. le réalisme et la crédibilité ouvrent à réflexion sur les chemins de traverse de notre humanité.

Karim Miské joue ainsi avec notre possible futur proche, quand on voit l'ébullition sociale actuelle.
En 2030, c'est la guerre civile en île de France, entre suprémacistes blancs de la Ligue française et le Front Uni de toutes les minorités. le gouvernement tendance centriste mais opportuniste s'est exfiltré de la capitale, laissant le Grand Paris en état de conflit larvé avec guerre de positions, comme un certain clin d'oeil à la Commune de 1870.
C'est dans ce contexte que s'inscrit une histoire à la Roméo et Juliette, (le sucre en moins), telle une allégorie d'apaisement entre clans bellicistes.

Avec son personnage principal franco-africain, l'auteur choisi le camp des opprimés en révolte face à des milices d'extrême droite, le camp de toutes minorités, ou/et de toute forme d'opposition au pouvoir établi.
Le discours peut paraître un brin simpliste, voire caricatural, à l'heure où je lis ce livre dans la foulée des émeutes et des saccages de juin 2023. Néanmoins l'idée du dérapage vers le pire fait réfléchir en tentant de s'affranchir de tout manichéisme. Ceci reste un roman au rythme narratif efficace, une anticipation bien ficelée d'un pays fracturé, faisant écho en sons et images à des actualités déjà connues.

Une uchronie intéressante, qui imagine que nous n'avons pas encore tout vu, car l'escalade de la violence policosociale n'est jamais impossible.

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Paris, 2030. La passivité des politiques face à la montée des extrêmes a conduit le pays au bord du chaos tandis que Paris et sa banlieue sont le théâtre d'une sanglante guerre civile opposant la Ligue Française (soutenue par la police) et une coalition d'opposants (de l'extrême gauche aux islamo-wokistes en passant par les réseaux mafieux).Kamel, soixante ans, est touché de plein fouet par la violence et rêve de vengeance. Mais sur son chemin de souffrance, il croise un prisonnier de la Ligue à l'agonie et il comprend que la haine de l'autre nourrit le terrorisme. Son objectif de sauver le blessé se heurte aux intentions guerrières des uns et des autres.
Réalisateur de films documentaires, Karim Miské s'est illustré en 2012 avec Arab Jazz, un polar salué par la critique et les lecteurs. Il récidive avec ce glaçant roman noir et politique qui explore les travers de notre société et alerte sur les possibles dérives que les plus extrêmes d'entre-nous font peser sur la démocratie

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France, février 2030. La police et les milices d'extrême-droite viennent de prendre le pouvoir par la force à Paris, en assassinant les député.e.s racisé.e.s de l'Assemblée Nationale, ainsi que sa présidente. le président et le gouvernement, ultralibéral, se sont réfugiés au sud de Paris, alors que la guerre civile a éclaté entre extrême-droite et extrême-gauche. Kamel Kassim, habitant de Belleville depuis de bien nombreuses années, se terre dans son appartement depuis le début de la Situation, c'est-à-dire trois mois, avant qu'une sortie impromptue change radicalement le cours de son existence de quinquagénaire désabusé.

Roman d'anticipation qui résonne franchement avec la situation actuelle, La Situation imagine, de manière plutôt convaincante, un potentiel français politique poussé à son paroxysme dans ses retranchements, dévoile, de manière assez pertinente, les conséquences progressives d'un coup d'état, portées par les problématiques qui divisent radicalement les politiques français et une partie de la population, avec, au centre, un ultralibéralisme au pouvoir qui profite, cyniquement, au maximum, de la chose : accueil des réfugiés et des migrants, acceptation plus globale de l'Autre, et compréhension des discriminations subies au quotidien…

Roman d'anticipation, qui en présente de fait tous les objectifs habituels : aller au maximum d'une situation d'un proche futur, quitte à paraître caricatural, pour mieux faire prendre conscience d'un potentiel futur, certes moins sombre, mais malgré tout problématique.

Je remercie les éditions Les Avrils et NetGalley de m'en avoir permis la découverte en avant-première.
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Si l'intrigue se déroule en 2030, le roman de Karim MISKÉ interpelle par les thèmes actuels frappant notre pays, s'appuyant sur une France fracturée, en proie à un rejet de plus en plus présent, d'un pouvoir ultra libéral, qui semble aveugle à la situation catastrophique qui se profile (environnemental, sociétal) avec comme unique objectif travail et profit. En revanche, le portrait des personnages principaux trop caricaturaux pour la plupart m'ont empêché de me plonger à fond dans le récit. Reste néanmoins, un texte qui appelle à réflexion et qui se lit d'une traite, ce qui n'est au final pas si mal. Merci aux Éditions "Les Avrils" et à Babelio pour cet envoi.
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La situation....Dans quelle situation nous retrouvons-nous ?
Si le roman de Karim Miské se déroule en 2030, on ne peut être que stupéfait.e.s, saisi.e.s par l'actualité de ce récit. La France morcelée, éparse, déchirée.
La guerre civile traverse des zones de combats, des îlots d'humanités apparaissent tels des forteresses assiégées. C'est stupéfiant de réalité. Une dystopie, oui, mais bien plus que cela. Aucune prédiction, mais une fiction mise en service d'une réflexion, d'une interrogation, d'une vision extrêmement pertinente. Oui , roman sombre, mais qui expose la silhouette de nos maux en pleine lumière. Un excellent roman. Je ne doute pas qu'il saura susciter moult débats et riches échanges. Et pour connaître un peu le territoire sur lequel ce roman se déroule, je ne peux que saluer la cartographie dressée par Karim Miské.

Astrid Shriqui Garain
Masse critique juillet 2023; Babelio/ Editions Les Avrils.
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"J'ai écrit ce livre pour tendre un miroir à l'époque" a déclaré Karim Miské qui s'inquiète que l'on puisse jouer avec l'idée d'une guerre civile en France.
C'est en quelque sorte pour conjurer le sort qu'il écrit cette fiction politique dans laquelle la France de 2030 est submergée par des affrontements entre les mouvements de gauche et l'extrême droite, les wokistes et la Ligue.
Au centre du roman, Kamel, un écrivain sexagénaire, un brin désabusé et qui a déjà mené bien des combats sur les traces familiales , vit reclus dans son appartement de Belleville depuis que les attentats se multiplient. Il a connu les attentats de 2015 qui ont bouleversé sa vie mais n'a jamais voulu quitter ce quartier cosmopolite qui a su trouver le " vivre ensemble".

Mais lorsque des amies sont mortellement blessées dans un énième attentat, il fait l'expérience d'une souffrance infinie qui l'amène au désir de faire souffrir l'Autre. L'auteur pose alors une réflexion sur la conscience de chacun des limites entre le Bien et le Mal et s'interroge sur la dimension éthique de la vengeance. Se venger, c'est rendre le mal par le mal.
"Faire souffrir, faire du mal. Attraper des tenailles, un tournevis, deux fils électriques dénudés, une perceuse, n'importe quoi. Creuser la chair, la fouailler à perdre la raison. Percer un chemin dans l'inconscient de ce salopard de ligueur, une longue traînée de douleur. Devenir un héros maléfique à la Thomas Harris, à la Lautreamont, à la Stephen King. "

Cet écrivain humaniste et érudit va se confronter à une logique de haine qui l'autorise à envisager la torture comme riposte. le désir de vengeance découle alors des pires pulsions humaines : le plaisir sadique de faire souffrir celui qui m'a fait souffrir.
Mais il comprendra rapidement, lorsqu'il sera confronté à la souffrance des ligueurs, que la loi du talion est un non-sens et que faire l'apologie de la vengeance, c'est aussi faire l'apologie du terrorisme.

Karim Miské, pour donner corps à l'engagement de Kamel, choisit de lui faire revivre par procuration une histoire d'amour. Par l'intermédiaire d'un pendentif, il découvre l'histoire de l'amour impossible entre Soraya et Arnaud pour cause d'idéologie incompatible.
En mettant son énergie au service du couple par pur sentimentalisme, il sera obligé d'affronter non seulement la violence mais aussi les intrigues les plus sombres, les compromis et les manipulations.

Les luttes de pouvoir transforment rapidement ce roman en thriller politique. Plutôt que d'affronter les milices d'extrême droite, Kamel est menacé par les membres de son propre camp, à l'intérieur duquel s'opposent plusieurs factions.
" le pouvoir rend fou. L'hubris, le fantasme de toute puissance. Tu arrives au sommet et tu te crois l'égal des dieux. Mais ce qui te rend fou en réalité, c'est que tu es tout petit et que tu vas mourir comme les autres."
Aucun camp n'échappe à cette volonté de puissance. Dans chaque état major, des hommes et des femmes sont prêts à réecrire l'histoire, à manipuler l'opinion, à conclure des alliances infâmantes, à sacrifier des populations innocentes.

En concluant par un épilogue en forme de clin d'oeil, Karim Miské laisse cependant les lecteurs dans l'interrogation de ce qu'ils feraient si une telle situation se produisait. Face à des dérives terrifiantes, le minimum pour chacun d'entre nous, est de parvenir à conserver notre humanité.

Merci à Masse critique privilégiée et aux éditions Les avrils, dont je salue le beau travail d'édition, pour l'envoi de ce roman de qualité.
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Thriller politique noir? Dystopie?

Difficile de qualifier cet ouvrage : la Situation désigne une guerre civile déchirant la Région parisienne en 2030. Anticipation, emballement de la situation politique actuelle. Remake de la Commune de Paris. C'est un peu étrange de lire ce roman dans les échos des mortiers d'artifice des émeutes à la suite de la mort de Nahel. 

Un président opportuniste à la tête d'un parti s'appelant Egalité, mène une politique antisociale, ultra-libérale. Fuyant la guerre civile, son gouvernement a fui Paris pour Chartre. Il est prêt à tendre la main aux Ligueurs, l'extrême droite qu'on appelle parfois les Versaillais (comme en 1871). Les Ligueurs ont mené le 6 février (référence au 6 Février 1934) l'attaque de l'Assemblée (comme celle du Capitole) qui s'est soldée par le massacre des députés noirs et arabes et même la pendaison de la Chef du Gouvernement noire. A la suite de la tentative de putsch l'extrême gauche (wokiste, islamiste, gauchiste, trotskistes...) on fait une alliance pour  contrer les Ligueurs.

Le roman s'ouvre par un massacre dans un bar du XIème (rappelant les fusillades des terrasses de 2015)... Tout est outré  mais rien d'invraisemblable.

Lecture haletante.

Beaucoup d'empathie pour le héros de l'histoire, un écrivain sexagénaire qui s'est terré chez lui pour éviter la violence et que le décès dans le bar de son quartier a forcé de prendre parti : il veut voir les criminels prisonniers des Ewoke ( ultra-gauche) qui ont tiré sur

Ahmed, Eminé, Sarah, Gilles, Océane, Kévin Coumba, Denise, Fatima, Mamadou, Bocar, Tijani"

L'analyse simpliste Ultragauche contre Ligueurs ne fonctionne pas. Les luttes de pouvoir compliquent tout. L'écrivain se trouve entraîné dans une véritable épopée...

Là, j'arrête, je ne veux pas spoiler!

J'ai lu ce livre avec beaucoup de plaisir, je me suis amusée à relever les clins d'oeil à l'histoire ou à la politique actuelle. Références littéraires aussi. Exotisme du mélange et métissage des cultures dans le

"polygone Belleville, Goncourt, Père-Lachaise, Parmentier"

et que dire de la dalle d'Argenteuil:

"la visite de Sarkozy est restée dans les mémoires comme le prologue des émeutes les plus violentes que la France n'ait connues depuis mai 1968(et jusqu'à ce que la Situation fasse passer ces périodes de troubles pour d'aimables plaisanteries). La dalle d'Argenteuil, depuis ce temps, c'est l'Esplanade des mosquées de Jérusalem pour un politicien israélien. Tu n'y joues gros bras que si tu penses que le moment est venu de déclencher une énième intifada."



Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Un livre difficilement classable : de la science-fiction ? Un livre de philosophie politique ? Un livre d'aventures ? Une réflexion sur notre monde moderne ?

Un peu de tout cela, peut-être. Il se déroule en 2030 et c'est à la fois très proche et très loin, parce que beaucoup de choses peuvent arriver d'ici là. En 2030, dans le livre, la France semble diviser en trois : un gouvernement de centre sans majorité, une extrême droite (la Ligue) très forte et un rassemblement hétéroclite à gauche entre écolos, certains syndicats, des femmes voilées, etc.

Depuis trois mois, la ligue et le rassemblement de gauche s'affrontent quartier par quartier. le héros du livre, Kamel Kassim, se terre chez lui. La première sortie qu'il fera pour prendre un verre, va faillir lui coûter la vie. Et lorsqu'il veut comprendre ce qui lui est arrivé et qui a coûté la vie à des vieux amis, il va croiser des personnages à cheval comme lui entre deux mondes. Surtout qu'il voudra contribuer à relier ces mondes en rapprochant Arnaud et Soraya.

Comment ne pas tomber dans les extrêmes ? Comment garder son éthique dans un monde en dérive ? C'est là où le livre devient intéressant. L'histoire pourrait se dérouler en 2030 ou avant. C'est suffisamment proche pour qu'on identifie les protagonistes. C'est suffisamment loin pour que chacun puisse contribuer à éviter ces dérives.

Le livre porte autour de ce dilemme pour le héros qui va être à la fois chassé par des gens des deux bords et aidé par d'autres tout aussi engagés. Si l'issue tient à un fil, la chance et le hasard y jouent un grand rôle. C'est un difficile équilibre entre des Machiavel des deux bords qui jouent avec le feu en manipulant les évènements et d'autres qui refusent de perdre leurs libres arbitres. Or, ces derniers, comme vous et moi, sont des pions dans une gigantesque mécanique. Je n'irai pas plus loin pour ne pas révéler l'histoire et sa fin.

Ce qui est important, c'est qu'à la fin, je n'en suis sorti indemne. Moi aussi, j'ai des amis dans les deux mondes, moi aussi, ma famille proche est partagée entre les deux mondes. Aussi, quand je vois la fracture grandissante aujourd'hui entre ces extrêmes, et pas seulement qu'en France, mais aussi en Espagne, en Suède, aux USA, … je m'interroge sur ce que je peux et dois faire au quotidien. Ne rien faire et me terrer comme Kamel Kassim ? Agir à mon humble niveau ? Entrer en politique ? J'ai bien aimé la dernière phrase du livre : « L'Europe du XXI° Siècle, c'est décidemment trop dangereux ».

Cela oblige à faire des choix. A chacun de choisir. En tout cas, une fois que vous avez lu ce livre, vous ne pourrez pas dire que vous avez été prévenu.
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Février 2030. Des membres de « La Ligue », groupuscule d'extrême-droite ultra-catho, ont fait irruption à l'Assemblée Nationale. La présidente, noire, a été pendue et tous les députés d'origine africaine ou maghrébine ont été tués. La guerre civile a obligé le Président de la République à trouver refuge à Chartres où s'installe le gouvernement tandis que l'Ile-de-France s'embrase et oppose «islamo-gauchistes », wokistes, bandes islamistes et groupes fascistes. La banlieue ouest de Paris est devenue une zone de non-droit où Uzi et Kalashnikov font régner la terreur.
Kamel, auteur de polars, s'est isolé chez lui jusqu'à ce terrible jour de mai où son univers et ses certitudes basculent…

Dans ce roman (qui, à l'éclairage des émeutes de juillet dernier semble bien loin d'une utopie), l'auteur brosse un portrait effrayant de ce qu'est en train de devenir notre société. Un monde de chaos, de terreur, où le racisme et les tous les extrémismes dessinent une image manichéiste des rapports humains.
Il donne à réfléchir sur la violence des hommes (et de leurs idées), sur le désir de vengeance et de revanche, mais apporte malgré tout une lumière, un espoir. Qui devient-on quand les fractures sociales et politiques génèrent une guerre civile ? Que reste-t-il d'humanité en chacun de nous ?

J'ai beaucoup aimé ce roman, non seulement pour les questions qu'il suscite, mais également pour le style de Karim Miské qui glisse, entre ces pages dramatiques, des références à la culture africaine, évoque la littérature et qui laisse espérer qu'il reste un peu d'intelligence chez l'homme.
Derrière ce roman qui prend souvent l'allure d'un thriller politique, j'ai apprécié le regard érudit et humaniste de l'auteur, sa faculté à faire alterner horreur et espoir, sa pertinence face à ce qui se noue dans les banlieues.

Merci à Babelio Masse Critique et aux éditions Les Avrils pour ce roman.
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Glaçant....
Livre étonnant, d'une vision qui pourrait être prémonitoire de tous nos maux actuels.
Très plaisant à lire, plus difficile à "vivre", on partage les sentiments des personnages principaux, happés par une Situation qui les dépasse complètement, mais dont nous sommes tous spectateurs.
A lire !
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