Rendons à César ce qui appartient à César : c'est les critiques de fnitter qui m'a donné envie de me lancer dans cette série.
J'ai tout de suite vu qu'on empruntait aux très populaires outre-manche (més)aventures de "Sir Harry Paget
Flashman", antihéros victorien créé par
George MacDonald Fraser pour démonter en bonnes et dues formes l'idéologie raciste, machiste et impérialiste de cette époque regrettée avec nostalgie par les conservateurs britanniques. D'ailleurs le 2 séries sont présentées sous formes d'archives : les mémoires du personnage ont été remaniées par un tierce personne car trop bordéliques pour être publiées tel quel…
Comme Flashman, Ciaphas Cain est lâche et égoïste, pleutre et menteur, rusé et manipulateur, toujours prompt à rester planqué ou à tire les marrons du feu. Il n'a mérité aucune des récompenses qu'il a reçues, et s'en moque éperdument car il chanceux et malin. Sauf qu'au fil du temps sa réputation augmente, et qu'il se retrouve pris au piège de sa propre légende en gestation : supérieurs et subordonnés attendent de lui qu'il résolve tous les problèmes possibles et imaginables. de temps à autres l'auteur oublie (ou pas ^^) qu'il est dans l'univers Warhammer 40000 et nous gratifie de piques contre sa Gracieuse Majesté ou contre la propagande impérialiste naguère utilisée par les Rosbeefs et désormais utilisée par les Yankees (la simple protection des intérêts commerciaux est toujours synonymes de conquête à court terme et d'annexion à moyen terme pour les malheureuse victimes désignées)
Néanmoins le personnage remanié par Sandy Mitchell reste sympathique, car débarrassé des aspects les plus détestables de son modèle d'origine (Flashman était un butor misogyne persuadé que les femmes n'existent que pour se pâmer à ses pieds et satisfaire tous ses fantasmes… Ouf amies lectrices, on l'a échappée belle ! ^^).
Il est même attachant dans sa manière de cacher ses véritables origines, dans sa manière de constamment se dénigrer alors qu'il n'est pas si mauvais que cela, dans la manière dont il finalement il essaie de protéger ceux dont il a la charge, dans sa relation avec le loyal mais singulier Ferik Jurgen, et bien sûr dans son histoire d'amour vache avec celle avec laquelle il ne pourra jamais conclure… Presque un anti-Flashman en fait ! mdr
C'est en cours de lecture que j'ai également identifié les emprunts à la série "Blackadder", plus précisément à la saison 4 intitulée "Blackadder Goes Forth" qui se déroule durant la Première Guerre Mondiale :
- le capitaine Blackadder (interprété par Roman Atkison) qui fait tout pour ne jamais donner l'assaut sur la tranchée adverse, c'est notre sympathique froussard héroïque
- l'ordonnance S. Baldrick et ses problème hygiéniques et vestimentaires, c'est discret mais loyal Ferik Jurgen
- l'idéaliste lieutenant George Barleigh (interprété par Hugh Laurie alias Docteur House), c'est la lieutenante Jenit Sulla qui meurt d'envie d'accomplir moult actes héroïques pour entrer dans l'Histoire militaire
- les rôles du général Melchett (interprété par Stephen Fry) et du capitaine Darling qui ne peut pas saquer Blackadder, sont repris par le Seigneur Général Zyvan et le colonel Mostrue, qui ne peut pas saquer Ciaphas Cain
Ce recueil les trois premiers épisodes de la saga qui a ce jour est toujours en cours et compte déjà 9 tomes :
- "Pour l'Empereur", une plaisante entrée en matière où l'antihéros essaie d'empêcher la guerre entre les empires humains et tau
http://www.babelio.com/livres/Mitchell-Ciaphas-Cain-tome-1--Pour-lempereur/117403/critiques/666133
- "Le Labyrinthe de glace", un hommage super sympa aux classiques de la culture populaire horrifique
http://www.babelio.com/livres/Mitchell-Ciaphas-Cain-Tome-2--Le-labyrinthe-de-glace/144866/critiques/677101
- "
La Main du traître", on prend les mêmes et on recommence donc cela reste plaisant à lire
http://www.babelio.com/livres/Mitchell-
La-main-du-traitre/168166/critiques/709268
On retrouve aussi les nouvelles :
- "Combattre ou fuir, il faut choisir !"
Le commissaire militaire Ciaphas Cain est muté à sa demande dans le 12e régiment d'artillerie de Valhalla, dans l'espoir d'être pour être le plus loin possible de la ligne de front contre les tyrannides... Mais avec ces créatures cauchemardesques qui semblent sortir de la saga Alien, la ligne de front a tendance à se rapprocher assez rapidement. 1ère aventure de notre antihéros qui va ici rencontrer le singulier canonnier Jurgen, qui sera son odoriférant aide de camp dans tout le reste de la saga.
- "Les Echos de la tombe"
Pour échapper aux dangers et vicissitudes du front, le commissaire militaire Ciaphas Cain choisi d'accompagner une mission archéotechnologique de routine sur Interitus dans le système Viridian… pour tomber sur armée nécron en tarin de sortir de stase. Une chouette ambiance horrifique pour Cain qui choisira l'incertitude d'un téléporteur nécron à une mort assurée aux mains desdits nécrons…. C'est durant cette nouvelle qu'on apprend comment notre antihéros a perdu 2 doigts à la main droite…
- "La Tentation de Cain"
Sur la planète de Slawkenberg les forces du chaos s'affrontent autant entre elles qu'elles n'affrontent les troupes de la Garde impériales. Durant une accalmie Cain réalise une patrouille de routine qui tourne mal, et doit trouver refuge dans le pensionnat de jeunes fille dirigé par Emeli Duboir (et oui, même dans un nouvelle l'auteur ne peut pas s'empêcher de faire des clins d'oeil puisqu'il remanie le pitch de "Les Proies" (1971), un film de Don Siegel avec Clint Eastwood et Geraldine Page)… Il est ensuite à un cheveu de passer du côté obscur, avant d'ordonner un pilonnage d'urgence de la zone pour stopper l'invocation d'un démon…
Des nouvelles sympathiques qui ne sont aucunement des bouche-trous, mais elles jouent à la fois le rôle de teaser et de spoiler pour chacune des histoires du recueil (la structure du livre éventant un peu le suspens car à chaque fois l'ennemi du roman à venir est mis à l'honneur dans la nouvelle qui le précède…).
On pourrait tiquer sur les nombreuses redondances qui apparaissent en cours de lecture : la chance/malchance de Cain, son autodérision et son autodénigrement, ses sarcasmes sur la bêtise des trouffions et la stupidité des gradés, les remarques sur l'hygiène corporel de Jurgen ou sur la folle témérité de Jenit Sulla, les notes de bas pages d'Amberley Vail qui en rajoutent une couche, les extraits de témoignages toujours pompiers donc très second degré, les cliffhangers de fin de chapitres, le comique de répétition, la préitération…
Mais cela serait oublier qu'on est dans un serial, et qu'un serial sans certaines répétitions ce n'est plus un serial. ^^
Et puis tous ces clins d'oeil aux classiques, voire aux gimmicks, de la culture populaire, cela fait toujours très plaisir à lire ! Et c'est là que j'enrage que l'éditeur ait stoppé au tome 3 la traduction de cette série, puisque les épisodes suivants piochent avec bonheur dans grands westerns et la saga James Bond… VDM quoi !!!
Pas de la grande littérature certes, mais de la bonne littérature d'évasion, et pour les novélisations d'un univers franchisé ce n'était pas gagné. Bref, un agréable moment de littérature populaire : amis/amies easy readers, enjoy ! blink
PS : le livre objet est assez réussi, mais surtout d'un bon rapport qualité-prix puisque pour 23 euros il propose 800 pages bien tassées qui regroupent 3 romans et 3 nouvelles… Mais je n'ai pas pu m'empêcher de tiquer sur la dizaine de coquilles concernant "
La Main du traître", facilement évitables pour une réédition en omnibus… ^^