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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« Un jour, Yiannis avait fait voir à Bruna ce vieux film culte du XXe siècle où l'on parlait pour la première fois des réplicants. Il s'intitulait Blade Runner. »

Un jour, j'ai ouvert Des larmes sous la pluie et je me suis souvenue.

Les souvenirs, ce qu'il y a de plus intime dans chacun de nous, ce qui nous façonne, ce qui nous donne joie ou douleur, ce qui nous constitue.

An 2019. Que faire lorsque vous êtes une créature créée à partir du néant, destinée à un usage déterminé, avec une durée limitée de vie mais avec des souvenirs humains... Vous devenez humain, vous voulez vivre, vous voulez vous délivrez de souvenirs qui ne sont pas les vôtres, qui vous rendent tristes et qui ne vous appartiennent même pas malgré l'apparence de la réalité du film.

« Mais les émotions de base, les événements essentiels, tout était là. Et, comme nous sommes ce dont nous nous souvenons, Bruna était en quelque sorte son autre moi. »

Bruna Husky, une reps de combat, devenue détective privé, cherche son moi tout en se remettant de la disparition de son compagnon, atteint par la date de péremption fatale.

Entourée d'amis, d'ennemis, elle traverse ce monde en pleine décomposition où les humains ont peur des réplicants, où les ET sont plus chaleureux envers les autres espèces et les mutants voués à chercher un bras perdu dans l'espace d'une téléportation ratée.

Un superbe livre de SF très bien construit, des personnages attachants dans un univers très réaliste. Rosa Montero est un auteur que je découvre avec ce roman et j'aime beaucoup sa manière de me raconter des histoires.

« C'était ça l'amour, en vérité : avoir quelqu'un avec qui partager ses bizarreries. »

« Quatre ans, trois mois et huit jours. »
Une éternité... ? Quand on aime on ne compte pas Bruna.
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Le roman policier, dans un décor de science fiction tient en une phrase: tolérons les différences et laissons chacun vivre comme il l'entend sans l'obliger à quoi que soit, et dans le strict respect de la loi commune. C'est toujours agréable de lire un hymne à la tolérance, même si l'on en est convaincu. Surtout lorsque l'intrigue et son décor tiennent en haleine le lecteur et ne l'embrouille pas trop avec des détails extravagants ou incompréhensibles. Rosa Montero sait se renouveler, question genre. C'est sans doute la preuve qu'elle est un rand écrivain.
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Dans la Madrid du XXIIème siècle, nous sommes en janvier 2109, la société a « intégré » un grand nombre d'androïdes dont la principale mission est de prendre en charge les tâches qui ne sont plus réalisés par les humains.
Bruna Husky, l'héroïne du roman, détective privée, est une techno-humaine, une réplicante de combat.
Le thème parait rebattu et l'on s'attend aux classiques affrontements des humains sur la place grandissante que prennent les androïdes, les « réplicants » comme dit Rosa Montero usant en cela l'un des termes emblématique du vocabulaire de Philip Kindred Dick.
D'ailleurs, l'auteur ne cache pas ses références :
Page 204 on peut lire « Un jour, Yiannis avait fait voir à Bruna, ce vieux film culte du XXè siècle où l'on parlait pour la première fois des réplicants. Il s'intitulait Blade Runner. »
Elle évoque aussi l'institut Asimov…
Le roman de Rosa Montero va au-delà d'une simple imitation de ce genre littéraire. Il complète, actualise modernise, re-conceptualise la geste des humanoïdes dans la SF. En lisant Des larmes sous la pluie, si l'on est amateur des histoires d'humanoïdes dans la SF, on ne peut qu'admirer le travail de Rosa Montero pour absorber, ruminer, digérer et restituer avec intelligence et subtilité des thèmes devenus classiques.
Pour cette raison, je situe ce roman au même niveau que les références littéraires, cinématographiques et télévisuelles du genre. Les romans d'Asimov qui ont posé les termes des lois régissant les rapports humains/robots, les romans de PK Dick qui ont vulgarisé ces règles en les adaptant à un monde technologique et onirique, les films Blade Runner et Total Recall, les séries télévisées, Westworld et Real Humans.
En effet, Rosa Montero a su créer un monde différent et en décrire les caractéristiques sans nous ennuyer. Pour cela, elle a choisi un artifice littéraire qui permet d'avancer dans l'intrigue sans être perturbé par des références historiques.
Yiannis Liberopoulos, un ami de Bruna, est archiviste. En compilant des documents d'archives, il constate, que des modifications interviennent sur leur contenu et déforment le sens de l'histoire. L'ensemble prend 5 chapitres de quelques pages qui interviennent comme un contrepoint à l'énigme et nous permettent de mieux comprendre les positions des uns et des autres.
Nous apprenons ainsi que le contentieux entre les humains et les réplicants ne date pas de 2109, bien avant il y eut des guerres Rep (2060-2063) et des guerres robotiques (2079-2090), qui ont laissés des traces.
Les humains anti-replicant puisent leurs arguments chez Heriberto Labari né le 11 septembre 2001, l'illuminé, auteur de SF et prophète d'une religion dispensée par l'Eglise du Credo Unique qu'il fonde en 2031. Ses fidèles se réfugient sur des satellites de la terre, les Terres Flottantes ou Royaume de Labari.
Gabriel Morlay le grand philosophe et réformateur social androïde inspirateur du Pacte de la Lune qui met un terme à la guerre en 2063 est l'inspirateur du camp des replicants.
L'intrigue s'appuie sur ces faits « historiques ».
Myriam Chi, une réplicante, Présidente du MRR, Mouvement Radical Réplicant, sollicite Bruna Husky et lui demande d'élucider plusieurs affaires inquiétantes pour la stabilité de l'ordre social. Des réplicants se suicident après avoir tenté de tuer d'autres réplicants ou des humains.
Les Labaristes se saisissent de ces événements pour faire monter la pression sur le gouvernement. Des troubles sociaux éclatent. Les réplicants se terrent chez eux. L'ordre économique et social est menacé.
Au cours de son enquête, Bruna Husky acquiert la certitude que les commanditaires de ces crimes et suicides visent à déconsidérer la communauté des réplicants et à redonner tout le pouvoir aux humains.
Paul Lizard, un humain, détective de la Police la suit comme son ombre. Bruna rencontre Pablo Nopal, un humain également, un mémoriste qui écrit les scénarios des souvenirs qui sont implantés dans la mémoire des réplicants et permettent de construire leur personnalité intime.
Dans la gargote d'Oli Oliar, un endroit où l'origine des clients n'est pas considérée comme un critère de sélection, Bruna rencontre une femme-publicité Texaco Repsol et d'autres personnages qui gravitent autour de l'enquête.
Soucieuse de parvenir à faire éclater la vérité, Bruna Husky se débat aussi avec ses propres démons. Elle a perdu son compagnon Merlin et ressent un manque depuis. Elle-même sait qu'il ne lui reste que quatre ans trois mois et dix-huit jours à vivre. le système des réplicants contient une « date de péremption » et intègre la TTT, Tumeur Totale Techno, qui va conduire à leur « mort » après dix années d'existence.
Au-delà de ces différences rep/humain, Bruna a un comportement très humain, elle se saoule en buvant du vin blanc, arrive en retard à ses rendez-vous, consulte un psychanalyste et s'interroge sur sa sexualité.
Roman de SF, cyberpunk n'hésitent pas à l'étiqueter certains critiques littéraires, Des larmes sous la pluie est avant tout un roman sur la différence et la tolérance. Aujourd'hui, nos réplicants ne sont-ils pas ces étrangers que nous avons sollicités pour venir travailler dans nos pays, ou que nos politiques interventionnistes ont poussés à l'exil et que nous utilisons pour donner un visage à nos peurs, à nos inconséquences, à nos fantasmes ?
Lisez Des larmes sous la pluie.

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L'histoire :

Madrid, 2109. La réplicante Bruna Husky enquête sur la mort mystérieuse et violente d'une poignée de techno-humains, tous emportés par de surprenantes et inexplicables crises de folie meurtrière. Coïncidence malheureuse, ou première manifestation visible d'un vaste complot visant à raviver la haine entre espèces ? Difficile de ne pas céder à la paranoïa ambiante ! La jeune détective va se retrouver confrontée à ses propres angoisses, dans un climat particulièrement tendu et hostile.


L'opinion de Miss Léo :

Quel plaisir de retrouver Rosa Montero dans un nouveau roman ! La géniale et toujours inspirée créatrice du Roi Transparent et du Territoire des Barbares se renouvelle de façon surprenante à chaque ouvrage, et j'éprouve toujours autant de satisfaction à la lire. J'ai pourtant été très surprise lorsque j'ai découvert le thème de ce dernier opus, à des années lumière de l'univers moyenâgeux dans lequel évoluait la jeune Léola dans le Roi Transparent. La romancière espagnole nous propose cette fois de la suivre dans une intrigue futuriste, vaguement inspirée de Blade Runner, mêlant subtilement ambiances de polar et de SF. Il n'en fallait pas plus pour éveiller ma curiosité !

A celles et ceux d'entre vous qui objecteraient que "la SF, ce n'est pas pour eux", je répondrai qu'ils auraient bien tort de se priver de la lecture de ce formidable roman, dont les problématiques et l'ambiance paranoïaque sont en réalité très proches de celles du monde dans lequel nous vivons. Je rappelle que j'ai moi-même été longtemps réfractaire à la SF, avant que certaines lectures bien choisies ne me permettent d'élargir mon univers littéraire, et même de trouver quelque intérêt à un genre que j'avais jusque là relégué au quarante-deuxième rang de mes préoccupations (clin d'oeil à mes amis geeks fans de H2G2). J'ai notamment lu il y a une bonne dizaine d'années le célèbre roman de Philip K. Dick à l'origine du film de Ridley Scott (titre original : Do androïds dream of electric sheeps ?), auquel Rosa Montero rend ici explicitement hommage. le lecteur averti s'amusera des nombreux clins d'oeil qui émaillent le roman, le plus visible d'entre eux étant évidemment la présence de réplicants évoluant au milieu des humains. Plus subtil : le titre, qui fait référence au monologue de Rutger Hauer dans les dernières minutes du film, plus connu sous le nom de "Tears in rain soliloquy".

"I've seen things you people wouldn't believe. [laughs] Attack ships on fire off the shoulder of Orion. I watched c-beams glitter in the dark near the Tannhäuser Gate. All those moments will be lost in time, like [coughs] tears in rain. Time to die."

Nous voici propulsés à l'aube du XXIIème siècle, plus précisément en l'an 2109 (Blade Runner se déroulait en 2019 : hasard ou coïncidence ?), dans un monde à la fois très proche et très différent du nôtre. Les Etats-Unis de la Terre tentent de maintenir un semblant d'ordre sur une planète au bord du chaos, fragilisée par les nombreux bouleversements liés au réchauffement climatique. Les événements les plus marquants du XXIème siècle nous sont présentés par le biais des Archives Centrales, qui interrompent le cours du récit pour faire le point sur la situation géopolitique et technologique du monde dans lequel évolue la réplicante Bruna Husky. J'ai beaucoup aimé ces passages, que j'ai lus avec enthousiasme et avidité ! On découvre par exemple que la Terre est désormais entourée de deux mondes flottants artificiels et déjà surpeuplés, tandis que certaines planètes lointaines ont pu être colonisées, dans le but d'en exploiter les ressources. Les progrès scientifiques ont permis des avancées majeures dans le domaine de la conquête spatiale, également facilitée par le perfectionnement des dispositifs de téléportation, et les tâches les plus pénibles et/ou dangereuses sont désormais confiées aux techno-humains, les fameux réplicants, androïdes ultra-perfectionnés dotés de souvenirs artificiels et "condamnés" à effectuer pendant toute la durée de leur courte vie (une dizaine d'années seulement) les missions pour lesquelles ils ont été créés.

La grande réussite du livre consiste à projeter dans cet univers futuriste inventif et cohérent les valeurs et les enjeux de l'époque actuelle. Les problèmes soulevés par le roman entrent en résonance avec la situation que nous connaissons aujourd'hui, et il y a là matière à une passionnante réflexion. Bienvenue dans un monde où l'air payant fait désormais l'objet d'odieuses spéculations, monde dans lequel les plus pauvres se voient ipso facto relégués dans d'étouffants ghettos pollués, où ils croupissent en attendant de succomber à une mort précoce, sans jamais avoir aperçu le Soleil. Bienvenue dans un monde où les villes côtières sont désormais enfouies sous les eaux et exploitées par les professionnels du "tourisme humide", qui les font visiter chaque année à des millions de vacanciers impatients de découvrir les anciennes Manhattan ou Amsterdam, fleurons d'une époque désormais révolue. Bienvenue dans un monde ravagé par les guerres et les famines, qui tente de retrouver un fragile équilibre après avoir connu d'innombrables luttes fratricides pendant toute la durée du XXIème siècle.

Le réchauffement climatique a considérablement modifié nos modes de vie, et de nombreuses espèces animales ont disparu (la viande est d'ailleurs remplacée par divers ersatz dans l'alimentation de nos futurs descendants). Les ours polaires se sont TOUS noyés, et l'on prend désormais des douches de vapeur, tandis que la végétation des villes se résume à quelques dizaines d'arbres artificiels, regroupés dans des "parcs-poumons". Tout cela nous renvoie à nos propres préoccupations écologiques, à l'heure ou l'humanité se retrouve confrontée aux choix les plus importants de son histoire. le roman de Rosa Montero fourmille de détails pertinents, souvent amusants, parfois effrayants, qui rendent crédible le monde dans lequel évolue Bruna. La jeune réplicante mène son enquête dans une Madrid qui nous semble à la fois étrange et familière, et force est de constater que l'espèce humaine n'a que peu évolué depuis le début du nouveau millénaire. Des larmes sous la pluie dresse le portrait d'une société paranoïaque, en proie à l'intolérance et au racisme, où la peur de l'autre conduit immanquablement à différentes formes d'ostracisme ou de discrimination. Les réplicants comme les aliens, communément appelés "bestioles", subissent le même mépris, et sont fréquemment exploités dans des conditions proches de l'esclavage. Nous retrouvons également quelques travers de nos sociétés occidentales : manipulation de l'information, influence croissante des partis d'extrême-droite, injustice économique (les laissés pour compte subsistent en exécutant des petits boulots sous-payés), politique répressive, légalisation de l'euthanasie . . .

A ces thèmes graves viennent s'ajouter quelques clins d'oeil plus légers : on découvre ainsi que les employés des transports madrilènes se mettent fréquemment en grève, au grand désespoir des usagers du tramway, généralement bondé aux heures de pointe. Ca ne vous rappelle pas quelque chose ?? La chirurgie esthétique est désormais monnaie courante, donnant l'illusion d'une jeunesse éternelle, alors que l'être humain demeure désespérément mortel. On apprend également que la fin du monde est prévue pour le 3 février 2109, comme ne manquent pas de le clamer à qui veut l'entendre des groupes d'Apocalyptiques illuminés ! La présidente du Mouvement Radical Réplicant répond quant à elle au nom de Myriam Chi. Myriam Chi ? Ne s'agirait-il pas là d'une référence à Myriam Chirousse, l'excellente traductrice du roman, dont j'avais déjà pu apprécier la qualité du travail sur le Roi transparent ? Celle-ci a probablement apprécié cette petite attention de l'auteur !

Ce passionnant univers estampillé SF sert de cadre à une enquête policière tout à fait satisfaisante, que l'on a grand plaisir à suivre jusqu'à son dénouement. Des larmes sous la pluie est aussi un roman noir, et tous les ingrédients les clichés du genre sont ici réunis. L'intrigue se distingue cependant par la personnalité originale et atypique de son détective privé, qui n'a rien à envier aux Philip Marlowe et autres Sam Spade, lesquels cèdent ici la place à une jeune et attachante réplicante de combat. Rosa Montero compose un personnage de femme forte et fragile, sensible, qui se révèle presque plus humaine que les humains. Athlétique et solitaire, Bruna Husky se sent menacée par tous, et mène son enquête comme bon lui semble. Elle consacre une bonne partie son temps libre à faire des puzzles (s'attirant ainsi toute ma sympathie), et se répète en boucle cette obsédante litanie : "Quatre ans, trois mois, vingt jours", "Quatre ans, trois mois, dix-neuf jours" . . . Quatre ans et trois mois, soit le temps qu'il lui reste à vivre avant que la mort ne l'emporte définitivement. C'est là le triste sort des réplicants, condamnés à mourir d'un cancer dix ans après leur mise en service. Cette terrible fatalité permet à l'auteur de soulever quelques intéressantes questions philosophiques. Qu'est-ce que l'humanité ? Sommes nous définis par rapport à nos souvenirs ? Par rapport à nos rêves et autres aspirations ? Rosa Montero conduit à travers le personnage de Bruna une réflexion sur notre propre mortalité, ainsi que sur le travail de deuil consécutif à la mort d'un proche. Cela ajoute encore de la profondeur à un roman décidément très abouti.

Rosa Montero se révèle comme toujours redoutablement efficace, et capte l'attention de son lecteur dès la première phrase. Elle prouve une nouvelle fois toute l'étendue de son talent de conteuse, construisant sans jamais décevoir une oeuvre cohérente et d'une grande richesse thématique, transcendée par de superbes personnages féminins. J'ai préféré le Roi transparent, mais ce dernier roman est cependant très réussi, et mérite d'être découvert. Je vais pour ma part me diriger vers les autres textes de l'auteur.


Un excellent roman de science-fiction. Recommandé par Miss Léo !
Lien : http://leslecturesdeleo.blog..
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J'ai reçu ce livre gratuitement grâce à l'opération « mass critique » organisée par Babelio (réseau social du livre), en collaboration avec les éditions Métailié (et d'autres, évidemment). Je tiens à les remercier de tout coeur pour cette belle découverte.

En effet, en librairie, je ne me serais jamais promenée de moi-même au rayon « hispanique ». Et pourtant… ce livre de science-fiction est une vraie perle qu'il serait dommage de manquer.

Je ne vais pas faire ici un résumé détaillé de ce livre. Ça serait gâcher le suspens qui est ma fois bien présent de la première à la dernière page. L'intrigue est tournée à la façon d'un roman policier : l'héroïne est une détective privée, réplicante à qui il ne reste que 4 ans, trois mois et 29 jours à vivre, qui va mener l'enquête sur ces suicides violents et très semblables de plusieurs réplicants. Je ne suis pas une adepte du roman policier, mais j'avoue que placé dans un univers futuriste et à la fois proche de notre époque, sur notre propre planète (bien qu'elle n'ait plus le même visage en 2109), cela ne m'a pas déplu.

Ne vous attendez pas à un grand roman moralisateur (quoique ?) étudié dans le moindre détail à la façon d'un space opera, car ce n'en est pas un. Il s'agit de science-fiction simple et complexe à la fois. Rosa Montero a approfondi son oeuvre de façon à ce qu'elle soit crédible, mais sans aller dans l'excès. le futur, la science, la technologie et les forces en présences ne sont finalement que le décor d'un drame politico-psychologique. Car il ne s'agit pas d'un remake de vieux film de SF où les hommes se battent contre les technos-humains, leur création, même si l'ensemble du livre semble mener vers cette guerre quasi-inévitable. Il s'agit plutôt de l'histoire de cette femme-robot, qui mène son enquête sur les faits dramatiques qui secouent son quartier mais également sur sa propre vie, sur sa place dans le monde, sur sa mort… 4 ans 3 mois et 29 jours… ainsi que sur l'éthique, la politique et la manipulation des foules à travers les médias. Toutes sortes de médias.

C'est finalement ce que j'en retiens : pensez par vous-même et ne prêtez pas trop d'attention à ce que les médias vous montrent, même si les images sont réelles, elles sont parfois tronquées ou présentées dans de mauvais contextes.
Est-ce réellement le message que l'auteure a voulu transmettre ? Je n'en sais rien.
Je lirai probablement d'autres de ses livres pour mieux faire connaissance avec elle, car j'aime beaucoup son humour, son style légèrement mélancolique, franc, simple, et redoutablement efficace.
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Roman de science fiction dont la vision noire d'un futur proche dérange, mais dont l'avertissement secoue les consciences ensommeillées, Des larmes sous la pluie de la romancière et journaliste espagnole Rosa Montero vient d'être sélectionné aux côtés de L'Averse de Fabienne Jacob pour concourir au prix des Lecteurs Varois 2013 qui sera décerné lors de la fête du livre du Var en novembre.
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« J'ai vu tant de choses que vous, humains, ne pourriez pas croire. de grands navires en feu surgissant de l'épaule d'Orion. J'ai vu des rayons fabuleux, des rayons c briller dans l'ombre de la porte de Tannhäuser. Tous ces moments se perdront dans l'oubli comme des larmes sous la pluie. Il est temps de mourir. »

Beaucoup d'entre vous auront reconnu cette réplique, extraite de Blade Runner, déclamée par le répliquant joué par Rutger Hauer, peu avant sa mort.

Dans le monde futuriste de Rosa Montero, les androïdes existent et, à l'instar du film, disposent d'une durée de vie limité et de capacités supérieures. C'est donc tout naturellement qu'ils ont été surnommés réplicants, en référence à Blade Runner. S'ils sont à peu près intégrés à la société, lorsqu'une série de meurtres perpétrés par des androïdes survient, les vieux démons racistes se réveillent et un parti extrémiste tente d'organiser un mouvement de masse contre les réplicants pour prendre le pouvoir. Bruna Husky, une androïde faite pour le combat, enquête sur les crimes.

On le voit avec ce résumé succinct : ce n'est pas l'originalité qui étouffe "des larmes sous la pluie". Au contraire, avec ces références explicites à Blade runner, nous sommes en terrain connu. La force du roman est tout autre : d'une part un futur totalement crédible, dont les éléments science-fictifs sont suffisamment explicités aux lecteurs peu habitués du genre, d'autre part des personnages magnifiques, à la psychologie élaborée, qui permettent d'aborder nombre de thèmes avec intelligence. Rosa Montero fait preuve d'une grande maîtrise dans l'avancée de l'intrigue, les défauts sont peu nombreux et le lecteur est captivé par les pensées de Bruna, ses relations avec les autres personnages et sa perception de la vie à durée limitée. Une grande réussite.
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Un vrai coup de coeur et pourtant je ne suis pas une grande lectrice de SF ! C'est l'histoire captivante de Bruna Husky une réplicante dans le Madrid de 2109 qui va se retrouver mêlée à une série de meurtre et en charge de l'enquête pour le compte d'une femme politique. C'est un roman de science fiction, mais pas seulement, c'est aussi un bon roman policier, l'intrigue tenant vraiment la route, mais aussi un roman politique et social qui nous fait réfléchir aux sociétés qui sont les nôtres, aux partis qui nous gouvernent, et à l'avenir sur une planète où l'air et l'eau seraient réservés aux plus riches.
Sans jamais être moralisateur, c'est un très beau texte qui nous fait prendre conscience de notre folie du progrès, et de notre intolérance face à la différence. On s'attache très vite à Bruna et à ses comparses et une suite serait bienvenue. En attendant, j'ai très envie de découvrir les autres romans de Rosa Montero !
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Un de mes livres préférés, d'un auteur que je connaissais et dont j'ai apprécié quelques romans, dans la veine du fantastique merveilleux hispano-américain.
Les larmes sous la pluie est un livre de science-fiction (même si la couverture et l'éditeur ne le laissent pas deviner) du même acabit que le Blade runner de K. Dick et nous emporte avec fluidité dans l'histoire de cette réplicante si attachante...j'attends avec impatience de lire le 2ème volume mais j'ai besoin de relire le 1er...
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Etats-Unis de la Terre, Madrid, 2109, Bruna Husky est une réplicante (= reps, techno-humaine) programmée guerrière enquêtrice. Elle est engagée par la présidente du MRR (mouvement radical réplicant) pour trouver la cause du dérèglement et de la folie meurtrière et suicidaire de certains réplicants. Complot humain (dont le PSH = parti suprématiste humain) contre les techno-humains qu'ils ont pourtant créés et programmés ? Bruna est de plus obsédée par le décompte des jours avant d'atteindre sa TTT (tumeur totale techno) programmée dans 4 ans, 3 mois, x jours. Montero nous plonge dans un futur cohérent à la fois loin et proche dans lequel on entre aisément et qui fait réfléchir sur l'évolution possible de notre planète. Après ma période SF des années 80 (Asimov, Herbert, Ursula le Guin, Brunner, Moorcock, Merritt, Van Vogt, Philip K. Dick …), j'ai renoué avec le genre grâce à ce roman au suspens futuriste réellement passionnant. Coup de coeur donc !
Lien : http://leoalu2.blogspot.com
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