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4,25

sur 170 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'avais lu quelque part cette présentation d'Alan Moore, selon laquelle il est possible de considérer tout lieu comme Jérusalem, pour peu qu'on le scrute scrupuleusement dans ses moindres détails. Cette vision m'a intéressé et intrigué. N'étant pas un lecteur de BD, je ne connaissais Alan Moore que comme scénariste du film V comme Vendetta, ce qui est déjà une belle référence. Et je suis embarqué dans cette aventure qu'est la lecture de Mathusalem.
Cet objet littéraire est un livre mondes, oui avec un pluriel à monde. Il est centré en effet sur un lieu, les Boroughs de Northampton. En essayant de ne pas trop spoiler l'oeuvre, dont il est de toute façon impossible de reproduire l'expérience, disons que le lieu se déploie dans des dimensions variées, la dimension historique, sociale, politique, littéraire mais aussi des mondes moins familiers comme l'En-haut ou la jointure fantôme. Alan Moore développe en effet une conception de l'existence et du temps, dans laquelle le décès dans le monde d'en bas ouvre les portes d'autres mondes où les actes de chacun sont indéfiniment revisités, et dans lesquels il est possible de voyager si l'on a appris quelques techniques et si l'on s'est libéré de quelques pesanteurs morales.
L'analyse sociale, politique et historique désigne Northampton comme un endroit emblématique de contestation et de résistance, et donc, à travers l'histoire, de répression de tous les pouvoirs. L'oeuvre d'Alan Moore m'a appris un bon bout d'histoire anglaise, surtout si on prend la peine de se documenter un peu sur les événements auxquels il est fait allusion. Il l'envisage toujours du côté des opprimés, des révoltés, des exclus. À cette histoire sont intégrés aussi quelques grands noms de la littérature: on y croise James Joyce, John Clare, John Bunyan ou Samuel Beckett.
Avec sa conception de l'existence humaine, Alan Moore donne un autre sens au tragique de l'existence. La mort n'étant plus une fin inéluctable, le tragique vient plutôt de l'impossibilité que le passé ne se soit passé et d'un certain enfermement dans les actes posés. Avec cela, il s'autorise aussi des incursions dans la fantasy ou la science-fiction, où il ne donne pas une image très optimiste du futur de notre monde.
Il faut souligner pour terminer l'incroyable travail de traduction de Christophe Claro, que j'admirais déjà pour ses traductions de Thomas Pynchon. On peut visiter le blog consacré à cette traduction (mais plutôt après avoir lu le bouquin): http://alanmoore-jerusalem.fr/
Bref, tentez l'expérience, et ne vous étonnez pas si elle vous prend du temps !

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Un livre qui est une claque. Certains romans ont une intrigue brillante, d'autre le sens de la description et certains encore la profondeur de l'imaginaire du mondé développé. On trouve tout cela dans ce roman fleuve (1250 pages dans cette édition). On y trouve la vie de personnes des classes populaires d'une ville anglaise à travers les âges, avec des interconnexions subtiles entre les époques, avec des personnages se croisant sans le remarquer. Alan Moore a fait de Northampton une ville qui dépasse les quatre dimensions connues, une ville-monde, qui permet ainsi de retracer la métaphysique de son histoire, de celles des gens, dans un monde fantomatique "supérieur". Ecrivain moi-même, et lisant beaucoup, je reste sidéré en me demandant comment un esprit a pu écrire quelque chose d'aussi spirituel, tout en ayant une construction impeccable et implacable. La seule raison pour laquelle je n'ai mis que 4,5 et non 5 est que chaque page est dense et que l'on peut se perdre dans les repères géographiques, malgré une carte présente au début de l'ouvrage.
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Longtemps, très longtemps qu'un livre ne m'avait emmené aussi loin!
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Que dire ?

Que ça te laisse sur le cul ?

Ouais, entre autre...

Trois ou quatre romans en un, et deux ou trois essais en prime, le tout mélangé avec des bouts de théâtre, "désaix père y man tations" littéraires et des passages jeunesse... Un livre monde, où on ne se perd jamais pour autant. Un livre à hauteur d'homme, qui ne parle que de ça : c'est quoi être humain ? Tout est dans tout, et chaque lieu de cette putain de planète peut en être le centre. Pourquoi pas Northampton, tiens !

Et fuck toutes ces conneries sur le libre arbitre !

(bravo à Claro et sa traduction)
Lien : https://www.tristan-pichard...
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Il y a des livres qui marquent à jamais tels Ulysse de Joyce ou le cycle proustien. Jérusalem est de ceux là et mérite une place au panthéon littéraire. Un roman abyssal dont on se réjouit de cette sublime traduction. Et en plus il nous amène à réfléchir...
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« Putain de merde ».

Je ne sais pas sous quel angle je dois me mettre pour.

Non vraiment, si vous achetez ce livre, vous verrez que tout est question d'angles, et donc je ne sais pas sous quel angle je vais me placer. Celui du « il faut que je crie sur tous les toits que ce livre est un monument à lui tout seul ». Sinon, celui de tout garder pour moi.

Bon oké. J'ai compris.

Tu sais minou, je crois qu'on est pas en mesure de se rendre compte de l'impact que peut avoir Jérusalem sur la Raison. Je crois que j'aurai pas les mots assez pertinents pour rendre compte du génie de Moore.

Moore ne se contente pas de rendre hommage à Northampton -sa ville natale-, il partouze (littérairement) avec les meilleurs auteurs anglophones pour en accoucher d'un monstre hallucinant et déstabilisant. Il examine grâce son microscope céleste, chaque particule qui nous lie, les destins qui se croisent, les.

« Putain de merde ».

Je sais pas moi j'en perds mes mots et tout.

Sachez qu'il sera question du 26 mai 2006. (Save the date). Sachez qu'il y aura du Charlie Chaplin. Attendez vous à se voir dessiner dans votre tête un univers puissant, à la douce folie que pouvait avoir Terry Pratchett, à l'oeil cinématocinglé d'un Terry Gilliam, au sens du merveilleux de Neil Gaiman, à la puissance des descriptions de James Joyce, à la parfaite dramaturgie de Samuel Beckett, au talent de Jack Kirby pour fabriquer des héros, à la façon dont Dickens titille l'enfance victorienne, ...

Vous savez ce genre de livres que seuls ceux qui ont lu savent et toutes ces conneries ? On leur a trouvé un monarque, à ces livres.

Aussi excellent que soit ce livre, et vu la densité de l'écriture et des propos (traduits par Claro, ce qui est un exercice intellectuel supplémentaire j'te l'accorde minou), on pourrait s'attendre à être gavés de ces bons gros romans bien denses, d'avoir envie de plus de légèreté, de simplicité et tout.

Mais non. Moore est un tremplin. Un putain de tremplin de qualité.

Alors en attendant sa canonisation, moi je dis que ce Saint Homme mériterait d'être baptisé "Lord Moore".

Nom de dieu.

Après lecture de ce bouquin, vous ne lirez plus jamais un livre de la même façon. Vous ne prendrez plus jamais de trips sans avoir augmenté votre manière de percevoir les choses, vous aurez juste envie d'être branché sur une autre fréquence.

Je. « Putain de merde ».

Allez j'vais essayer de me remettre de cette claque. Tenter de retourner dans le monde réel. Même pas la peine de vous dire que vous hésitez blablabla mon cul et tout l'bordel.

Vous l'achetez et vous vous prenez une bonne grosse dose de culte dans la gueule, dans les veines, dans vos rêves. Partout.

See you on the other side.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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"La boule, la boussole, le nord, les pédales: Ils étaient plus d'un dans la famille d'Alma à les avoir perdus.
A avoir eu l'esprit "tourné".
Elle s'imaginait la chosecomme un angle abrupt dans le cours des pensées qu'on ne voyait pas venir comme on voit s'approcherle coin d'une rue.
Il était invisible, ce coi, ou quasi, sans doute transparent à la manière d'un fantôme.
Cet angle n'obéissait pas aux mêmes lois que les autres, car une fois franchi,au lieu d'aller de l'avant, de descendre ou de partir sur le côté, il donnait ailleurs, dans une direction qu'on ne pouvait ni dessiner ni même concevoir, et une fois qu'on avait tourné à ce coinde rue mental on était à jamais perdu.
On se retrouvait dans un labyrinthe qu'on ne voyait paset donton ignorait même l'existence, et tout le monde vous plaignait e,n vous voyant vous cogner partout, mais pas au point de vouloir rester votre ami comme c'était le cas avant"
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Un an déjà que j'ai refermé Jérusalem.
Un an, c'était le temps nécessaire pour digérer ce parpaing de quasiment 1900 pages (en poche). C'était le temps nécessaire pour structurer mes idées autour de cet objet inclassable qu'est la brique d'Alan Moore, aussi.
On parle souvent de la puissance de la littérature, de la force évocatrice des mots, de l'importance du style, de la différentiation des genres… Jérusalem transcende tout cela.
Jérusalem n'est pas un roman. C'est une expérience. Une leçon. Une leçon d'écriture, une leçon de traduction, une leçon de narration, une leçon d'empathie, une leçon de maîtrise. Une leçon de littérature. C'est l'une des plus grandes oeuvres qu'il m'ait été donné de lire. Ni plus, ni moins.

Mais avant d'aller plus loin, revenons un instant au commencement : c'est quoi, Jérusalem ?
Il s'agit du deuxième essai littéraire de l'un des plus grands scénaristes de comics de l'histoire, le génial Alan Moore, auteur entre autres des cultes V pour Vendetta, Watchmen, From Hell, The Killing Joke et j'en passe.
Après La Voix du Feu, premier opus en forme de recueil de nouvelles ayant pour toile de fond l'histoire de Northampton, Moore récidive en écrivant, tout au long des presque 2000 pages de Jérusalem, l'une des plus grandes et belles déclarations d'amour qu'un auteur peut écrire à sa ville d'origine. Vous l'aurez compris, il ne sera ici nullement question de Jérusalem, mais bien de Northampton - et plus particulièrement du quartier des Boroughs -, le titre provenant du poème de William Blake, And did those feet in ancient time, adapté plus tard en chanson sous le titre Jérusalem.

Avec pour fil conducteur la réalisation par l'artiste Alma Warren d'une série de tableaux inspirés de l'expérience de mort imminente de son frère Mickael lorsque celui-ci avait 3 ans, le lecteur va plonger dans une oeuvre aussi déroutante qu'originale.
Jérusalem est constituée d'un prélude présentant l'atypique Alma, sorte de "version drag queen" d'Alan Moore du propre aveu de ce dernier, et son jeune frère, de trois livres en forme de recueils de nouvelles à l'identité propre, puis d'un postlude apportant une conclusion dont je ne sais pas si c'est du pur génie ou l'un des plus gros trolls de l'histoire de la littérature.

Livre 1 : Les Boroughs
La première partie de Jérusalem est probablement la plus classique : on enchaîne la lecture de chapitres sans lien apparent, présentant différents habitants du quartier des Boroughs à travers les époques. Avec ces portraits de pauvres gens, Moore nous conte l'histoire du quartier populaire des Boroughs. C'est parfois long, notamment à cause de descriptions nombreuses et un rythme extrêmement lent, mais la passion du barde anglais pour son quartier, l'amour qu'il porte aux petites gens, son sens aigu du détail et les liens qu'il parvient, sans que l'on ne s'en aperçoive, à tisser entre tous ses personnages forcent le respect et donnent à cette première partie une jolie dimension d'oeuvre sociale… avant de se conclure par une ouverture vers le fantastique attendue tout au long de ces premiers chapitres.

Livre 2 : Mansoul
Mickael, meurt donc une première fois à 3 ans, en s'étouffant avec un bonbon. Bien évidemment, cette mort n'aura rien de définitive, puisque c'est cette expérience qui inspirera à sa soeur Alma la série de tableaux du livre.
Après une première partie qui s'attachait à nous présenter le quartier des Boroughs, le Livre 2, Mansoul, nous emmène dans le royaume des morts. Mickael y intègrera le "gang des enfantômes" dans une sorte de club des cinq de l'au-delà à l'imagerie aussi réjouissante que psychédélique.
Alan Moore montre dans ce deuxième livre une capacité à stimuler l'imaginaire de son lecteur absolument hors du commun. Ses descriptions délirantes semblent tellement réelles à la lecture de ces 11 chapitres qui alternent l'épopée des enfantômes et l'histoire, souvent déchirante, de chacun d'entre eux, que deux constats s'imposent : le druide fou de Northampton ne tourne pas qu'à l'eau minérale, et il fait preuve d'une imagination débordante en nous proposant cette sorte de conte pour enfants fantastique.

Livre 3 : L'enquête Vernall
Il semblait impossible d'aller plus loin dans la folie qu'avec Mansoul. C'était avant de lire l'enquête Vernall. Cette troisième partie dépasse tout ce que Moore a pu nous faire vivre jusqu'à présent en mêlant tous les personnages croisés jusque-là, monde réel et au-delà, dans un improbable défilé d'exercices de styles. Quand la folie décide de rendre hommage à la littérature, et vice-versa.
Moore parvient ici à montrer toute sa maîtrise des mots, des styles et des genres littéraires, en alternant entre la nouvelle contemporaine, la poésie, le théâtre, le polar et autres proses indescriptibles que ne renieraient pas les membres de l'Oulipo... Rien n'y est jamais gratuit, le style est toujours au service du propos, tantôt pour imposer un rythme, tantôt pour contrebalancer avec le caractère insoutenable de certaines situations, mais toujours avec une intelligence remarquable.
Un sommet dans la folie est atteint avec le chapitre 26, Battre la campagne, qui nous emmène dans l'esprit malade de Lucia dans un style impossible à retranscrire, fait d'images, de sons, exercice à la fois phonétique et métaphorique symbolisant les dégâts que peuvent créer certains traumatismes sur la psyché. Il est nécessaire de souligner ici le travail incroyable de traduction de Claro, particulièrement sur ce chapitre intraduisible, mais aussi pour l'ensemble de son oeuvre, car c'est aussi la sienne.

Enfin, le livre se conclut sur un postlude, l'exposition des tableaux d'Alma, tout à la fois en forme de mise en abyme, de coup de génie et de troll monumental, preuve ultime de la maîtrise totale de son oeuvre par un Alan Moore probablement hilare à l'idée d'avoir emmené tout au long de ces quasi 2000 pages son lecteur exactement là où il voulait qu'il soit à son insu.

Jérusalem est fait pour toi si... plus qu'un livre, tu souhaites vivre une expérience qui t'emmènera dans les limbes de la folie humaine.

J'ai aimé :
- La passion contagieuse de l'auteur pour ses personnages
- La folie délirante de Mansoul
- le jusqu'au boutisme du cerveau malade de Moore
- Une démonstration de styles incroyable
- La conclusion

J'ai moins aimé :
- le rythme parfois extrêmement lent
- le jusqu'au boutisme de l'oeuvre qui la rend difficile à conseiller
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Un roman complexe mais magnifique, difficile à raconter. On peut dire que c'est l'histoire d'un quartier populaire de la ville de Northampton , de ses changements dans le temps qui sont abordés de façon allégorique, mystique et qui font un parallèle avec l'histoire de Jérusalem. Tout est symbole, allégorie, voyage (dans l'autre monde) ; l'espace temps est chahuté. Ce livre est une analyse complexe de notre société, de ses changements au travers l'histoire d'une famille. Cet ouvrage se termine en apothéose .
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Ce livre m'obsède completement, depuis sa sortie.
Je connaissais Alan Moore grâce a Watchmen. J'ai d'abord acheté l'édition anglaise en 3 volumes paperback mais je n'aimais pas le papier trop rugueux. Alors j'ai acheté l'édition Inculte originale. Et ils m'ont tres gentiment donné un lien pour que je télécharge la version électronique. Puis j'ai téléchargé la version .mobi en anglais. Et j'ai attaqué le monstre, j'ai perdu pied je ne comprenais plus rien et je me suis arrêté vers la page 800 je crois. Mais meme s'il m'en reste que des bribes ce livre est juste une expérience unique. Depuis je pense le réattaquer...bientot...jamais...qui sait
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