Metadoggoz

Tout d'abord, je tiens à remercier Babelio et les éditions Actes Sud pour l'envoi de ce bel objet qu'est "Métadoggoz". Malheureusement, j'aurais peu de compliments à faire à cet ouvrage et j'en suis le premier déçu.

Il s'agit d'un roman graphique en noir et blanc, se déroulant dans un univers cyberpunk / dystopie futuriste et sombre à la fois. Jusqu'ici tout va bien ! Mais si la forme est plutôt sympa, c'est le fond qui pose problème.

L'histoire est très difficile à appréhender. En démarrant ma lecture, j'ai eu le sentiment de prendre le train en marche, comme si j'avais loupé un tome.
C'est surement limpide pour l'autrice (enfin je l'espère), mais pour le lecteur c'est vite confus.
Il m'a fallu lire les 3/4 du roman pour enfin comprendre quelques éléments de l'histoire, et je pense qu'une seconde lecture globale peut aider à mieux cerner les enjeux et l'univers de Métadoggoz.
On sent que cet univers étrange pourrait être une belle base pour nous raconter une histoire, mais le problème vient du fait que rien n'est contextualisé. On ne comprend pas vraiment ou l'on est, qui sont les personnages, pourquoi cet univers est comme il est...Du coup, sans socle, pour moi rien ne tient.

Les dialogues ne sont pas spécialement bien travaillés ou ils sont quasi incompréhensibles, le style graphique est très spécial et donne un coté brouillon et sale aux dessins (c'est voulu j'imagine, mais je n'ai pas été sensible à ce parti pris). Les personnages restent mystérieux et on ne sait pas grand chose d'eux, donc on ne s'attache pas du tout.

Je suis peut être passé à côté et si c'est le cas j'en suis désolé car j'aurais aimé apprécier ma lecture, mais je sors de la avec un sentiment d'incompréhension et une certaine frustration car cet univers pourrait être fascinant si le lecteur était un peu mieux accompagné pour comprendre le délire de l'artiste.

2024 ne commence pas avec une jolie surprise littéraire mais j'espère me rattraper très vite avec mes prochaines lectures.

Bérénice Motais de Narbonne alias B*MO est autrice, dessinatrice et réalisatrice, rien que ça ! En 2017, elle réalise un film d'animation en stop-motion – Astrale, dans lequel le personnage principal Magda, sera tête d'affiche de sa 1ère BD « Quitter la Baie » sortie en 2020. Et si Metadoggoz est la suite de cette BD, le livre peut sans souci se lire indépendamment.

L'autrice est aussi une grande amatrice de manga, BD ou comics et cela se sent vite dans l'oeuvre qui possède une belle diversité de styles, ne serait-ce que pour la variété des mises en page. D'ailleurs en début de lecture je me croyais dans Amer Béton avec un héros qui me faisait penser à White dans Sunny (oui on pense forcément à ses propres références, et Matsumoto en est une pour moi !). Ces impressions ne seront pas confirmées par la suite, l'oeuvre ayant son propre univers, avec un développement de thèmes propres et chers à l'autrice.

On trouve par exemple le concept de solastalgie qui peut se définir par la nostalgie d'un territoire en transformation, avec une jeunesse qui se perd dans une mégalopole tentaculaire. On voit aussi que la recherche de ses origines tient une place importante dans l'oeuvre ; trouver ses racines pour trouver sa place dans un monde qui nous échappe.

Mon ressenti : c'est un livre que j'ai beaucoup aimé au départ, mais je me suis ensuite un peu perdu dans un monde côtoyant hallucination et onirisme. Et malheureusement j'ai mis du temps à me remettre en selle.

Mais Metadoggoz mérite deux choses : lire le 1er opus, puis prendre le temps de le relire. Ne serait-ce que pour profiter des planches que j'ai trouvées assez incroyables. Quel travail minutieux ! Surtout quand on sait que Bérénice Motais de Narbonne (B*MO c'est sacrément plus court en effet !) travaille essentiellement à la main avec peu d'ordinateur derrière, c'est impressionnant !
Un livre que je recommande de lire patiemment, en profitant des planches contemplatives, et en se mettant dans la peau d'une jeunesse perdue dans une mégalopole étouffante.

Un grand merci à Babelio et Actes Sud BD, c'est tellement bien ces opé Masse Critique - que je découvre - j'étais comme un dingue en ouvrant mon paquet et découvrant ce livre 🤩

Bienvenue dans la métastation.
"La métastation est le ventre d'un empire monstrueux, un monstre qui dévore ses enfants après les avoir rendus impotents".
Pour apprécier le voyage, il faudra accepter de vous y perdre, de revenir en arrière pour mieux décrypter cet univers dystopique en vous attardant sur les dessins qui grouillent de détails.
Vous aussi, à la lecture, dès les premières pages, vous êtes comme Kaldera, le jeune de cette histoire, vous avez mangé trop de creepypasta et le buvard de metadoggo vous perturbe les sens. Vous hallucinez, c'est parti ! Pour échapper aux flics, de la Metacity, le plus grand centre commercial du monde, vous tombez dans le vide ordure, et chuter jusqu'à l'interstice où une autre humanité survit. Les marginaux, tous les exclus de la cité infernale, réinventent ici le monde et se réparent en gouttant à une vraie liberté. Celle des esprits ! La révolte gronde dans les souterrains...
Cette bd explore et explose les genres, les cases. C'est vraiment original, dense, punk et révolutionnaire ! Bravo !