C'est à une bien belle promenade historique dans notre ville que nous invitent
François Mottier et Jean Brunelin avec «
Jours de Cette » (L'An demain éditions) au travers des « lettres de Baptistin Vulliez, Vaudois établi à Cette dans le négoce des vins » dont l'écriture court sur vingt ans.
Le véritable rédacteur de ces missives est
François Mottier, mais il a saisi avec justesse le vocabulaire et le ton qu'un jeune homme aurait employé pour transcrire à sa mère restée en Suisse ses impressions sur la ville-port et les petits ou grands faits qui émaillent la vie de la cité. Entre 1893 et la veille du déclenchement de la Première Guerre mondiale, on assiste à la formidable emprise du commerce du vin à Cette (orthographe de l'époque), mais l'incendie du Kursaal en 1910, la pose de la lanterne du phare Richelieu en 1903 et d'autres événements sensibles de la période y sont aussi décrits avec minutie et justesse. On notera que dès 1900, une inquiétude sur la raréfaction du poisson en Méditerranée se fait jour… Et que le pavage des ponts et des quais, que la pluie rend glissants, fait râler les habitants de la ville. On s'attarde sur une étonnante rencontre de l'épistolier aux pentes du mont Saint-Clair avec un tout jeune poète nommé… Valéry. Et cette phrase qui – forcément – fait mon bonheur : « D'aucuns prétendent d'ailleurs que Cette a de longue date offert son coeur aux anarchistes… ». Une assertion bien vite remise en cause par un certain Populus dans son billet d'humeur publié par « le Journal ». C'était en juin 1894 et Sadi Carnot venait de trouver la mort sous la lame de Caserio. Bref, tout au long de cette fiction historique, mais qui s'appuie sur de véritables recherches, c'est vingt années de notre ville au plus fort du négoce du vin qui se déroulent.
On doit la riche iconographie faite de cartes postales anciennes colorisées pour la plupart au travail d'une minutieuse restauration effectuée par Jean Brunelin. Il les a choisies avec soin dans sa collection personnelle ou dans celle de
Martin Guillemot, entre autres. Certaines proviennent des archives départementales de l'Hérault.
Une balade historique agréablement documentée qui nous fait espérer qu'une autre boîte à bretzeli, recelant d'autres lettres, pourrait bien un jour révéler d'autres pans du passé de notre ville vue par un Suisse baroudeur, marin et poète qui a choisi un jour d'accoster à Sète et d'y rester…