Attention, OVNI littéraire ! Je tire mon chapeau à son auteur,
Emmanuel Moureau, qui fait d'un document pouvant paraître anodin, voire rébarbatif pour certains (les comptes ayant toujours une mauvaise image), une fabuleuse source historique d'une richesse inouïe. Car on en apprend beaucoup en suivant ainsi pas à pas le descriptif financier de ce marchand du XIVe siècle.
En premier lieu, on pourra remarquer qu'en ce Moyen Âge tardif, tout s'achète et tout se vend. Ensuite, ce livre nous informe sur le rôle à proprement parler du marchand. Celui-ci ne vend pas que de l'alimentaire comme on serait en droit de le penser. À la vue de ses comptes, où se trouvent, par exemple, le sucre, les cierges, les chapeaux, les tuiles canal... on peut imaginer une échoppe, ancêtre de nos quincailleries (avec la nourriture en plus), joyeux bric-à-brac où le chaland pourrait trouver son bonheur.
Enfin, en voyant ce qui est vendu, un cliché tombe, ce qui me réjouit fortement : non, le Moyen Âge n'est pas qu'une époque où la peste, la guerre ou la famine sévissaient. Tiens, les gens avaient donc des activités normales ? Bizarre, non ? J'ironise bien sûr car je suis lasse d'entendre de telles hérésies. Alors bien sûr, les mal embouchés m'argueront que ce ne sont que les plus fortunés qui pouvaient se payer tout ceci. "On ne prête qu'aux riches" dit le dicton... Oui, bien évidemment que les gens mentionnés ont tous - ou presque - une vie relativement aisée. Mais peu importe, on voit bien que même les choses les plus futiles s'achètent et, surtout, qu'il y a l'air de ne pas manquer de stock. Quand on regarde attentivement le nombre d'épices qui passent entre les mains de ce marchand, on se dit que l'image que l'on en avait (rareté, prix élevé) est peut-être galvaudée...
Je renouvelle mes félicitations à l'auteur pour cette idée originale et à l'éditeur qui, loin d'être frileux, sait toujours dénicher les petites pépites.
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