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4,06

sur 817 notes
Je viens de relire ce livre pour la 3ème fois ave toujours autant de bonheur. Un roman magnifique construit autour d'une conversation d'une soirée entre deux hommes vieillissants, jadis amis, mais mais qui un jour se sont séparés. Une séparation si brutale qu'elle ne pouvait pas rester définitive. Conrad ne pouvait pas ne pas revenir, et Henri, son hôte, attendait depuis longtemps ce retour, pour connaître enfin l'entière vérité sur les graves évènements qui brisèrent leur relation. Pour s'imprégner pleinement de l'atmosphère de ce roman, il faut se représenter un château situé quelque part dans la campagne hongroise, entouré d'un grand parc boisé propice à la chasse et aux longues promenades. A l'intérieur de cette vaste demeure, il faut imaginer de grandes pièces au charme désuet, dont chaque composante est décrite avec la minutie des romans classiques. Il faut également avoir à l'esprit un monde finissant, celui de la haute hiérarchie militaire de l'empire austro-hongrois à son crépuscule.
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Sàndor Màrai est un auteur hongrois du XXème siècle dont l'oeuvre fut censurée par le régime communiste. Il écrivit Les Braises pendant la deuxième guerre Mondiale. J'ai beaucoup aimé la première partie de ce roman qui raconte les retrouvailles à huis-clos entre deux vieillards, le général issu de la grande tradition militaire austro-hongroise, et son ancien ami Conrad, qui se revoient pour la première fois quarante-et-un ans après la fuite de Conrad vers les Tropiques. L'écriture est classique et superbe, les descriptions du château sont magnifiques, on croirait y être, et les analyses des personnages sont fines, intelligentes, acérées. le roman raconte ce que fut leur amitié, aux yeux du général, un sentiment de grandes pureté et valeur. Puis le général raconte à Conrad comment au fil des années de solitude, il a fini par comprendre la cause de leur rupture d'amitié, et à la lumière faiblissante puis moribonde des bougies qui se consument, sa longue confession le laisse finalement exsangue, vidé de sa peine, de sa colère et de son désir de vengeance. J'ai moins aimé cette deuxième moitié, j'eus souhaité un dialogue, ce monologue auquel seul le silence répond m'a finalement laissée le coeur lourd et sur ma faim.
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L'amitié au tison
A la suite d' un mystérieux incident de chasse, deux anciens amis d'enfance sont restés plus de quarante ans sans se revoir et ne se reverront jamais plus. C'est l'heure de s'expliquer. Les braises ce sont ces passions anciennes qui bouillonnent encore et que les retrouvailles vont attiser. Henri, le général, s'est réfugié dans son vaste château familial, au milieu des forêts de son enfance. Conrad, l'amateur de musique, a quitté l'armée, changé de nationalité et a fui très loin, sous les Tropiques. Le général veut la vérité et dirige la conversation, mais, à mesure que nous apprenons ce qu'il s'est réellement passé, nous comprenons aussi que leur amitié s'appuyait sur des fondements bien illusoires...
Je remercie Tiptop92 pour m'avoir permis de découvrir ce beau roman intense et douloureux.
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Après le feu restent les braises: c'est ainsi que j'ai compris le texte de Sandor Marai: Deux hommes se retrouvent chez l'un d'eux pour un face à face, après 41 ans !
" le général" issu d'une famille aisée dont il a gardé les fastes du château a convié son ami Conrad, qui avait été reçu dans sa famille dès l'enfance, et qui est, quand à lui, issu d'un milieu bien plus modeste!
Le temps a passé, Christine, l'épouse du général, n'est plus.
Les deux vieux hommes passent une nuit à échanger sur le passé. Enfin, il s'agit plutôt d'un monologue car le général a des comptes à rendre à Conrad...
Ce roman, écrit en 1958, m'a au tout début un peu rebutée mais petit à petit le ton devient intime, l'histoire devient plus claire.
L'histoire des deux hommes s'inscrit dans l'histoire de l'Autriche Hongrie et de sa monarchie mourante. L'auteur a vu son oeuvre interdite jusqu'en 1990.
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Il est de ces livres qui vous font dire « voilà pourquoi je lis ». Pour des centaines de romans ratés, une seule lecture comme celle-ci vous fait penser que vous n'avez pas perdu votre temps. Si les livres « ne contiennent que des mots et des mots et non pas la vérité » – pour reprendre Sándor Márai Les braises pourrait bien avoir la prétention de faire exception à la règle. Rien de moins.

Les braises est un huis clos autour de l'âtre d'un château du siècle dernier entre deux amis d'enfance déjà âgés qui se retrouvent après des décennies de séparation. Leur conversation acerbe s'étale tout au long de la nuit, dévoilant progressivement au lecteur les noeuds et les rouages d'une relation dense et complexe que les années d'absence n'ont pas appauvrie. Entre amour et trahison, les deux hommes en viennent à définir leur vision de l'amitié au sens le plus noble du terme. Sándor Márai, à mes yeux, réussit à mettre en scène et en mot le sens de l'existence tel qu'il se révèle pour ses deux protagonistes, jusqu'à lui conférer un caractère universel. Ce récit m'a profondément marquée et m'amène à réfléchir intimement à la profondeur des relations que je peux nouer dans ma propre vie. Il m'ouvre des perspectives et m'invite à questionner d'éventuelles rancoeurs ou trahisons, à revoir ma notion de fidélité ou de culpabilité. Les braises est une lecture extrêmement riche et pleine de sens qui offre au lecteur une réflexion approfondie sur toutes les émotions qui traversent un homme, à l'échelle d'une vie.
Lien : https://synchroniciteetseren..
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Faire une pause dans le contemporain et se plonger le temps de quelques heures dans un grand roman du siècle dernier. Quitter l'immédiateté et la vitesse pour retrouver ce goût de la lenteur qu'affectionnaient les romanciers de la première moitié du XX ème siècle. Apprécier ce goût pour l'étude psychologique, le cheminement de la pensée, le talent de la construction qui installe peu à peu une tension palpable. Les braises est un petit bijou, à la fois témoin d'une époque et fine observation de la nature humaine.

Henri et Conrad ne se sont pas revus depuis plus de quarante-et-un ans. Pendant ce temps, une guerre a balayé l'Europe, une autre est en cours, un empire s'est désagrégé. Cet empire austro-hongrois, c'est ce qui réunissait les deux hommes, malgré des origines très différentes que ce soit d'un point de vue géographique ou social. La famille d'Henri était de l'entourage de l'Empereur, fréquentait le Palais de Schönbrunn tandis que Conrad était d'extraction plus modeste. Enfants puis adolescents, ils furent inséparables, malgré leurs différences. Une amitié indéfectible pensaient-ils... Ce soir de 1941, alors que Conrad annonce sa venue, Henri s'apprête à le recevoir comme s'il s'agissait de vie ou de mort. Que s'est-il passé entre les deux hommes ? Pourquoi Conrad a-t-il pris la fuite, sans un mot d'explication ? Pourquoi Henri vit il quasiment reclus dans son immense propriété ?

Cette soirée de face à face entre les deux hommes possède un pouvoir de fascination très particulier. Henri mène l'entretien avec l'intelligence rusée d'un stratège militaire (il est général retraité de l'armée) et fait peu à peu monter la tension. Sous les yeux du lecteur défilent les derniers jours d'un empire vieillissant et statique tandis que le monde s'agite, que les populations s'émancipent, que les nationalismes gagnent. Henri oscille entre nostalgie et regrets, fidèle à des valeurs de l'ancien temps, conformément à son éducation à la rigidité toute militaire. Conrad apparaît comme beaucoup plus complexe, sensible, artiste, ne vouant pas du tout la même fidélité à ce vieux monde perdu. Néanmoins, c'est bien d'une histoire d'hommes dont il s'agit. Une histoire d'amitié mise à l'épreuve à chaque instant, pour des convictions, pour des modes de vie, pour des comportements et bien sûr, pour une femme.

Pendant quarante ans, Henri a eu tout loisir de réfléchir à cette amitié perdue et c'est le passionnant fruit de ses réflexions qu'il livre à Conrad, espérant enfin connaître la vérité sur sa disparition. Ce qui nous offre des pages magnifiques sur les valeurs accordées à ce sentiment d'amitié, sur le pouvoir autodestructeur des hommes, sur la lutte entre prédestination et auto détermination. Sous les apparences policées d'un face à face au coin du feu entre deux vieillards couvent des sentiments violents, qu'un moindre souffle pourrait embraser.

"Les hommes sont ainsi faits qu'ils agissent comme ils doivent le faire, même si de prime abord, ils savent que leurs actes leur seront néfastes. L'homme et son destin font cause commune. Ils se prêtent serment et se forment l'un l'autre. le destin n'intervient pas aveuglément dans notre vie. Disons plutôt qu'il y pénètre par la porte que nous lui avons ouverte nous-mêmes, en l'invitant poliment à entrer. Car nul être humain ne possède assez de puissance et d'intelligence pour écarter, avec des mots et des actes, le malheur qui résulte de sa nature, de son caractère, suivant des lois impitoyables."

Un livre magistral, un grand classique, sans aucun doute.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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L'amitié, c'est l'amour débarrassé de la tentation charnelle. L'amitié est une affinité spirituelle quand l'amour est une pulsion irraisonnée salutaire. En hommage à l'amitié, ce bel ouvrage de Sandor Marai le confirme : l'amour est prédateur de l'amitié.
Les braises de Sandor Marai nous propose un affrontement entre deux hommes à l'heure de leurs retrouvailles au crépuscule de leur vie. Cette rencontre tourne au monologue de celui qui accuse.
Faisant fi des conditions sociales, comme l'amour, l'amitié s'affranchit des barrières. Mais si le premier est passionnel, la seconde est vertueuse. Rompre l'amitié est toujours une trahison.
Une forme de huis clos psychologique sur le thème de l'amitié. C'est superbe !
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Sandor Marai écrit « Les braises » en 1942 à Budapest, l'Europe est alors écrasée par la guerre et l'occupation allemande, le régime autoritaire de Horthy étouffe la Hongrie. Il transporte son récit loin de ces tempêtes, dans un empire austro-hongrois dont les tensions nationalistes conduiront à la guerre mondiale en 1914. Il choisit d'évoquer avec nostalgie cet empire défunt, mosaïque de peuples, qu'il veut rassemblés autour de Vienne, capitale brillante, vibrante des valses de Johann Strauss. La diversité de l'empire est toutefois présente, à travers Conrad, l'ami, venu de Galicie, aux confins de la Pologne :
« Les habitants de la ville, des Ukrainiens, des Allemands, des Juifs et des Russes-vivaient dans une excitation perpétuelle et bruyante que les autorités s'employaient à modérer et à contenir »
Conrad, si peu militaire, si profondément artiste, musicien apparenté à Chopin, si différent d'Henri, que l'auteur nous présente au début du récit, en vieux général au terme de sa vie après une carrière militaire, solitaire et sans surprise. C'est bien de cette différence que traite Sandor Marai dans son récit. Il le construit sur une rencontre de quelques heures après quarante et une années de silence, une rencontre toute entière articulée autour d'un quasi monologue, celui du vieux général, qui regarde sa vie, dans un travelling arrière, sublime de ralenti, face à Conrad revenu du bout du monde après toutes ces années. Il y sera question d'une obsession, celle qui aura hanté ses jours pendant toutes ces années, et dont l'ami pourra peut-être le délivrer. Elle occupe tout le récit comme elle a rempli sa vie, le vieil homme va donc la distiller avec autant de précision que de subtilité et l'écriture de Marai est ici virtuose. La force du livre tient à cette écriture du détail de l'âme dans cette quête du sens de la vie, il s'en dégage une morale profonde, qui justifie les passions humaines quel qu'en soit le prix. Merci aux lecteurs de Babelio qui ont su me mettre sur la piste de ce chef d'oeuvre.
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Ce livre est l'un de mes coups de coeur, j'ai pris plaisir à la découvrir, bien qu'il soit petit, il nous en dit beaucoup.
Dans un premier temps, après ma lecture, je me suis rendu compte que je n'ai pas compris l'essence même du livre, car, je n'ai que 20 ans, or, je pense qu'il faut avoir l'expérience de la vie pour le comprendre, car Sandor Marais nous raconte l'histoire d'une haine, ou plutôt d'un amour... Les deux en fait... Ce roman, c'est l'histoire de 40 ans d'attente, 40 années qui vont se jouer lors d'une soirée entre deux hommes. Je n'en dis pas plus, c'est un moment magique, à la fois par l'écriture et par la philosophie que l'on y découvre. Le seul souci, comme dit plus haut, c'est que je ne peux pas me permettre de dire "j'ai saisi l'essence des Braises".
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Ce qui m'a tout de suite plu dans ce roman est précisément cette construction et le mystère qui petit à petit explique la séparation des deux amis. Même si très vite nous devinons l'origine du conflit, le roman est construit de telle façon que le suspens demeure. L'intérêt second réside bien sûr dans ce long échange entre les deux hommes, dans une analyse psychologique, dans un démantèlement des évènements passés qui font que j'ai été totalement passionnée par ce livre. Tout repose sur une perception erronée du Général et sur un évènement clef qui va lui permettre de reconsidérer toute sa vie avant sa rupture avec Conrad.
Lien : http://leslivresdegeorgesand..
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