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4,06

sur 817 notes
En cherchant à offrir un roman  d'écrivain hongrois, je me suis rendue compte que je n'en avais en fait jamais lu ... Voilà chose faite avec Sandor Marai , écrivain du début du vingtième siècle !

Un vieux général, Henri , en son château dans la campagne hongroise, se prépare à recevoir à diner , Conrad, son ami de jeunesse ,  camarade de promotion de l'école militaire , qu'il n'a pas vu depuis 41 ans et 43 jours .

Deux vieux messieurs , face à leur passé, et pour Henri, enfin l'occasion tant attendue de connaitre la vérité , sa seule motivation pour repousser la mort .

Conrad a t'il vraiment eu l'intention de le tuer avant de baisser son arme et de fuir pour réapparaître après tant d'années et Christine, la femme d'Henry a t'elle été un simple témoin ?

Une histoire d'amitié, de passion et de trahison dans un long monologue, car seul s'exprime Henri, et le lecteur assiste comme Conrad à l'évocation du passé, et également au fur et à mesure des pages à l'évolution de l'état d'esprit du vieux général .

Plus alambiqué et moins flamboyant que Stefan Zweig auquel Sandor Marai est comparé , j'ai trouvé l'abord sans doute  plus complexe , mais je vais continuer l'exploration des oeuvres de cet excellent écrivain .
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Merci aux Babélionautes et notamment aux participants au challenge 20ème siècle que j'anime d'avoir fait à multiples reprises passer le nom de cet auteur sous mes yeux au point d'attiser ma curiosité : il est absolument certain que je reviendrai me frotter à son oeuvre, après cette première découverte.
Beaucoup ont fait le parallèle avec le sublime Stefan Zweig; pour ma part, c'est aussi Joseph Roth que la tonalité et le contexte de 'Les braises' m'a évoqué, avec l'atmosphère fin d'empire de 'La marche de Radetzky', mais aussi 'Les Buddenbrook' de Thomas Mann, récit de la chute inexorable d'un ordre ancien vu à hauteur d'hommes. Ou encore sur le même thème 'Les Thibault' de Martin du Gard... bon, j'arrête avec les comparaisons, mais il est vrai que j'affectionne particulièrement ces grands romans marquant les tournants sociologiques du 20ème siècle.

Dans 'Les braises', ce contexte en toile de fond imprime une marque profonde sur l'intrigue au premier plan : un face à face, théâtral dans la mise en scène, de deux hommes vieillissants que tout oppose socialement, qui furent les meilleurs amis du monde dans leur jeunesse avant de se séparer pendant plus de quarante ans pour finir, au seuil de la mort, par lever le voile sur toutes les faussetés de leur relation.

Sur la forme, on assiste essentiellement au long monologue du meilleur né des deux, pur produit de l'aristocratie d'empire dont la première guerre mondiale a réduit la position et les certitudes en poussière, un homme abimé mais lucide qui a fini par comprendre que son monde a disparu et ne cherche plus que la vérité ultime liée à ses passions.
Même si j'ai été assez frustrée de ne pas assez entendre la voix et le regard contradictoire sur le monde de son interlocuteur, cet "échange unilatéral" d'une profondeur crépusculaire m'a subjuguée, et donné envie d'explorer en Sandor Marai un conteur de son temps.
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Un livre très théâtral, Les braises..., même si j'avais du mal à voir Claude Rich dans le rôle du général, Claude Rich a une étincelle d'enfance dans le regard que je n'imagine pas du tout dans celui de cet Henri, fils d'un officier hongrois de la Garde impériale et d'une aristocrate française, qui depuis 41 ans attend cloitré dans son château familial le retour de l'homme, Conrad, qu'il avait désigné comme son "ami" . Et qui est parti sans rien dire le lendemain d'une journée de chasse, dont les évènements vont nous être dévoilés au fur et à mesure du roman. Il attend de savoir si ce qu'il rumine depuis 41 ans est vrai.
Voulais-tu m'assassiner, étais-tu l'amant de ma femme, savait-elle ce que tu voulais faire, et, surtout, m'as-tu toujours haï?

La force du récit tient finalement à l'absence de preuves et de réponses aux accusations. Nul besoin. C'est l'affrontement , après tant de temps, qui est important, que toujours l'un parle et l'autre se taise, l'un soit resté et l'autre ait fui.Conformes à ce qu'ils étaient enfants. le dominant et le dominé. le riche et le pauvre. le soldat et l'artiste. Tout, sauf des amis, et à cela, Henri, coincé dans des valeurs bien rigides, n'avait pas pensé. Mais liés à jamais par tellement de non-dits.La complexité des relations humaines.

C'est remarquablement bien écrit ( et bien traduit), le récit est mené de main de maître , une chasse juste pour le plaisir après plus de 40 ans de gâchis.

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Si vous aimez la littérature, si vous n'avez pas lu Sandor Marai, lisez Les Braises
Nous sommes parmi les plus grands écrivains de tous les temps
L' histoire paraît simple. C' est la fin de l'empire austro- hongrois
Un très très vieux général attend la visite d'un ami très cher
Il y'a 41 ans qu'il attend cette visite qu'il sait inéluctable
Alors le général raconte avec beaucoup de tendresse et de finesse la belle amitié enfantine puis adolescente.Le texte est magnifique Dans ce contexte historique, la fin d'une époque impériale, les deux amis vont nouer une relation fusionnelle malgré la différence de statut social
J' ai rarement lu un texte aussi beau sur l'amitié
Un jour, le général voit son ami disparaître brutalement , sans explication
Plus de quarante ans après, il se retrouvent dans le château du Général
Commence alors un dialogue feutré pour expliquer cette séparation
Une histoire de femme aimée et maintenant disparue
Banal, direz-vous.
Pas du tout car le dialogue entre les deux hommes est d'une richesse infinie , quasi métaphysique
On y parle de l' amitié bien sur mais aussi de l' amour , de la loyauté, de la culpabilité, de la vengeance et du pardon sans oublier de l' importance des classes sociales dans cet empire finissant
Il leur faudra aller jusqu'au bout de la vérité
Après, la boucle sera bouclée.
Sandor Marai a longtemps été interdit puis oublié
Il est grand temps de le remettre à sa juste place parmi les plus grands
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Dans un château un vieux général attend son ami qu'il n'a pas vus depuis 41 ans et 43 jours. Il se remémore leur relation.
Dans les dernières années de l'Empire Austro-Hongrois, ils se sont liés d'une amitié indéfectible dans l'établissement militaire où ils ont suivi leur formation. Pourtant beaucoup de choses les séparaient. Il appartient à une famille riche, tandis que les parents de Conrad ont fait de grands sacrifices pour leur fils. Ce dernier aimait la musique et les livres quand lui était mondain. Lorsque lui Henri s'est marié, leur amitié a perduré. Pourtant le lendemain d'une chasse où un événement inattendu a eu lieu, Conrad a quitté l'Angleterre.
Lors du repas et de la soirée partagés, le vieux général exprime ses réflexions à son ami Conrad qui essentiellement l'écoute et intervient peu. Pourquoi se sont-ils séparés ?
Un livre qui interroge l'amitié.


Je suis heureuse d'avoir enfin lu un livre de cet auteur auquel je pensais depuis un moment. Ce ne sera pas le seul.
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Dans son château hongrois, Henri : Général retraité de l'Armée Impériale attend son ami de jeunesse, son condisciple de l'école militaire de Vienne !
Il demande à sa vieille nourrice de préparer à cet effet un souper dans la tradition de ceux qu'il prenait 41 ans auparavant.
Il se souvient de leur amitié indicible, des jours heureux passés à Vienne ou dans le château quand ils étaient jeunes, puis le trio qu'ils formaient avec Christine, son épouse !
Une 1° de couverture avec une belle aristocrate et, l'on devine pourquoi Conrad a voulu le tuer et ensuite pourquoi il s'est enfui, a démissionné de l'armée !
Henri était un riche comte , fortuné, brillant qui fréquentait l'Empereur, aimait la chasse et pratiquait l'équitation mais Conrad était modeste et surtout désargenté, il aimait la musique comme la mère d'Henri, comme Christine : des êtres" différents " ! Au contraire Henri , comme son père représentait les valeurs de l'ancien monde fait d'honneur, de courage et de vérité.
Un huis clos, un face à face va s'installer entre les 2 vieillards à la lueur des "chandelles qui brûlent "( titre exact du roman ), et Henri va harceler de questions son ami, le pousser à dire une vérité qu'il soupçonne depuis longtemps, le Général mènera l'interrogatoire avec un Conrad qui ne dit quasiment rien..
En effet, Conrad a fui lâchement en Malaisie et lui, a fui dans son pavillon de chasse laissant son épouse , seule au château sans se soucier d'elle jusqu'à sa mort 8 ans plus tard !
Un roman dans un style élégant, fluide , raffiné qui nous fait vivre ce " duel" oratoire, avec une analyse poussée de la psychologie des 2 hommes, de la valeur de l'amitié et finalement, l'obsession de ce Général qui réalise peu à peu qu'il a ruminé pendant 41 ans pour une victoire dérisoire et sans lendemain ! C'est Sandor Marai ( qui comme Stefan Zweig ) et tous les auteurs de son époque analyse avec justesse et lucidité l'écroulement de l'Empire Austro-Hongrois , les dernières décennies du XIX siècle, la guerre et l'annonce du grand chaos qui va faire chavirer l'Europe.



L.C thématique de Mai : littérature étrangère
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Un vieux général reçoit une lettre. En quelques mots, 41 ans d'attente s'effacent. le vieil homme met tout en oeuvre pour organiser une soirée et un repas commémoratifs. En attendant son hôte, le général plonge dans ses souvenirs. le jeune Henri s'était pris d'amitié pour son camarade Conrad, moins nanti que lui. « Leur amitié était profonde, grave comme les sentiments qui doivent durer une vie entière. Et, comme dans toute grande affection, il s'y mêlait un sentiment de pudeur et de culpabilité. On ne peut, en effet, voler impunément de ses proches nul être humain. » (p. 36) C'est évident, l'amitié qui unit les deux garçons est dévorante : Henri ne peut pas vivre seul et sans affection, et il s'engage sans mesure dans ce lien exclusif. « Ayant une grande affection l'un pour l'autre, ils se pardonnaient leur défaut capital : Conrad à son ami pardonnait sa fortune et le fils de l'officier de la Garde à Conrad, sa pauvreté. » (p. 57)

41 ans après une funeste partie de chasse et une soirée décisive, le général retrouve enfin Conrad. Entre eux se dressent quatre décennies d'attente, de rancune et rancoeur. Se dresse aussi le souvenir de Christine qui, semble-t-il, n'a pas pu se résoudre à choisir entre les deux hommes. Mais qu'en est-il vraiment ? « Christine elle-même n'a pas dit la vérité. Conrad peut-être. Oui, peut-être la connaissait-il. » (p. 68) Henri a des questions et attend des réponses. Pourquoi Conrad est-il parti si vite ? L'a-t-il vraiment trahi ? Surtout, Henri en veut à Conrad et à sa fierté d'avoir laisser l'argent se dresser entre eux. « Tu n'as jamais accepté d'argent de moi, tu refusais le moindre cadeau. Tu n'as pas voulu que notre amitié devint une véritable fraternité. » (p. 131) le face à face entre les vieux amis est glacial et inexorable. Se dessine une amitié qui a semé ses propres embuches.

Ce long dialogue sur l'amitié m'a tout d'abord enthousiasmé, puis vivement agacée. Il ne s'agit en fait que d'un monologue puisque Conrad répond à peine, qu'il renvoie le général à ses questions. Finalement, trop de mystères restent non résolus. le style de l'auteur est superbe, très noir et étouffant. Mais les braises qu'il a remué pendant tant de pages n'ont rien réchauffé et surtout pas mon attention.
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Une amitié disséquée au scalpel
A Vienne, fin du 19e siècle, Henri et Conrad sont d'inséparables amis d'enfance que beaucoup de choses, cependant, séparent. Henri est le fils d'un d'officier aristocrate et très fortuné et son avenir s'annonce brillant. Conrad n'a pas de fortune et a épousé la carrière militaire sans passion car au fond, c'est la musique qui le fait vibrer.
Malgré leurs différences, jamais leur amitié ne s'est démentie et après le mariage d'Henri avec Christine, Conrad continue à être reçu chez eux jusqu'au jour où…
41 ans plus tard, Henri et Conrad se retrouvent autour d'un diner au château dans un huis-clos qui leur permettra de s'expliquer.
D'expliquer quoi ? de disséquer ce qu'a été leur amitié, l'amour, la haine, la trahison, la passion… la vie. Et il leur aura fallu 40 ans pour qu'apaisés, ils puissent analyser ce qui les a séparés.
J'ai été un peu agacée par la répétition assez artificielle d'adverbes ponctuant les interventions de Conrad et d'Henri qui s'expriment tour à tour « sèchement », « avec calme », « froidement », « timidement », « en souriant », « sur un ton hostile » ou « d'une voix forte »…
Un beau texte très théatral qui m'a rappelé Zweig, une analyse fine de sentiments nobles.
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La lecture de Sandor Marai m'enrichit de plus en plus.
Son écriture, bien évidemment, magnifique, musicale, si précise, est celle d'un peintre impressionniste, aussi, je ne trouverai pas les qualificatifs car cette écriture, elle est à respirer, à entendre (surtout) (et coïncidence, la musique est essentielle dans l'oeuvre de S. Marai), mais aussi à humer... oui le nez en l'air.

Les Braises est fléché comme le "must", le "best"... personnellement je n'en sais rien, puisque je n'ai lu aucune critique ni aucune étude sur cet auteur, conseillée par un ami babéliote futé, et par mes lectures de Kertesz Imre... j'ai pris toutes les oeuvres par ordre de création et les lis, sauf celles que je n'ai pas pu me procurer. On dira ce qu'on voudra, mais il y a longtemps, j'ai fait pareil avec Marguerite Duras, et franchement je l'ai bien vécu.

Les Braises est un roman qui confronte deux amis, enfin, si on veut, car qui a voulu être l'ami de l'autre ? une femme, deux sociétés donc deux cultures, et deux "nations" (même si cet aspect est assez oublié, il m'a paru important... on est hongrois, on est mi-polonais, un peu roumain, un peu tyrolien... toutes ces notes ne sont pas anodines).
On parle de mensonge, de trahison, de fidélité, d'amitié, mais aussi de chasse, de virilité, de faiblesse, de mémoire et de vieillissement.
Chacun pourra y voir ce qui correspondra à sa sensibilité, à sa propre histoire, et je pense que c'est ce qui donne à l'oeuvre de Sandor Marai, son intemporalité et une forme d'universalité.
Pour ma part, j'y ai vu surtout une opposition de caste, de classe sociale.
Mais c'est une belle lecture, Si l'on accepte le long monologue du Général (comprenez, un peu long à mon goût et donc trop dominant face à son "adversaire").
Enfin, je vois des espèces de classement des romans de Sandor Marai. Je n'aime pas trop les classements, mais je dois dire que celui-ci n'est pas celui qui m'a le plus emballé.

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C'est le sixième roman de Sándor Márai que je lis, et c'est la sixième fois que je suis totalement emportée, hypnotisée, chamboulée.
Comme presque tous les romans de Márai l'action peut se résumer en deux mots, mais comme dans tous les romans de Márai ce qu'on y ressent est multiple. Les braises m'a particulièrement rappelé Les mouettes ; car il s'agit ici aussi d'une conversation qui va durer une nuit entière. Une nuit fiévreuse, une longue nuit. Henri et Conrad, deux vieux amis, se retrouvent après quarante et un ans sans s'être vus. Ils vont discuter pour essayer de mettre au clair les raisons de leur amitié brisée, tenter de lever les nombreux secrets et non-dits qui entourent leur étrange, mais très fort, lien d'amitié.

Leur conversation est un véritable échange fiévreux, foisonnant, profond, et philosophique où ils discourent sur à peu près tout ; l'amitié (coeur du livre), l'amour, l'honneur, le devoir, la famille, c'est à la fois un plaisir à lire et aussi très questionnant. Mais ce roman, et leur conversation, est aussi et surtout un fabuleux portrait d'un monde disparu ; celui de l'empire austro-hongrois. Un empire englouti par la guerre, et avec lui l'enfance et la vie qu'ils ont connu ; une société bourgeoise codifiée par des normes sociales contraignantes, par le carcan des conventions et des apparences, qui d'ailleurs d'une certaine façon auront raison des deux hommes.
Ce roman a eu sur moi l'effet d'un page-turner, comme avec Les mouettes je n'arrivais plus à le lâcher, j'avais envie de connaitre cette « vérité » que Henri cherchera toute la nuit durant, quitte à en attendre un peu trop. Car j'ai été très légèrement frustrée par la fin, mais comme je le dis presque chaque fois dans mes critique de Márai ; j'ai compris qu'il y aura toujours une part de mystère autour de ses personnages et de la fin de ses histoires. Doucement j'ai appris à l'accepter.

J'ai retrouvé dans ce sixième roman tout ce que j'ai découvert et tant aimé de cet auteur ; une plume poétique, une extraordinaire acuité psychologique, un récit lent mais un rythme haletant, plusieurs strates de lectures, et des thèmes universels.
Du grand Márai.
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