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4,06

sur 817 notes
Dans ce deuxième texte c'est avec une boule au ventre que je referme ma lecture. C'est une claque qui vient de me parvenir. Il ne peut en être autrement, car je suis subjuguée par cet auteur. En lecture comme en relecture, cet auteur me touche toujours autant. Il fait partie de mes auteurs préférés et je vous invite à le découvrir. Si vous aimez la littérature d'Europe de l'Est, type Stefan Zweig ou Robert Musil, venez vous serez comblé !

Avec « les braises » l'auteur nous replonge dans les sujets qui lui sont chers. C'est à travers un dialogue entre deux vieillards que va se peindre notre sujet. Ces deux hommes, anciens amis, rivaux, puis éloignés l'un de l'autre pendant quarante et un ans. Petit à petit on découvre un passé inquiétant, des souvenirs difficiles qui refont surfaces. Sandor Marai nous parle de la guerre et de la part de responsabilité de tous par rapport à celle-ci. Puis on va aborder l'amitié perdue, retrouvée, détruite, l'amitié infaillible et celle qui s'est effondré.

Dans ce texte on appréciera la monté en puissance de cette conversation. Car nos deux vieillards, anciens amis, vont se remémorer les causes de leur distance et dans un dialogue intense on parcourt ce retour dans le passé. On va mieux appréhender leur relation aux fils des pages. Cet auteur a ce don pour faire monter en puissance son sujet, afin d'amener à une fin explosive mais tout en retenu. Avec un talent remarquable il nous dresse le portrait très dur de la bourgeoisie hongroise. Ces responsabilités en société, son importance pour leur pays et toutes les contraintes que cela impose. Face à lui se dresse aussi le portrait d'une pauvreté plus présente. On découvre un gouffre entre ces deux personnalités, un abysse que l'on ne parvient pas à oublier pour simplement profiter de l'autre.

Sandor Marai possède cette écriture fluide et intense qui nous perd dans ces réflexions. On parcourt les pages, on est attristé, perdu et rempli de colère. On ressent tant de sentiments différents comme si la tragédie qui prenait place sous nos yeux nous touchait directement.

C'est avec talent que l'on découvre ces vies, ces hommes. On est bouleversé par cette tragédie, on a peur de découvrir jusqu'où cela va aller. Où va se lever le mensonge, que va révéler la vérité ? Un soulagement, une libération ou la fin de tout. On ne peut l'anticiper, car chaque page nous présente une nouveauté, un nouvel élément qui sera peut être destructeur ou enfin libérateur.
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C'est le second roman que je découvre de cet auteur, et c'est aussi un second coup de coeur.
Ce récit est celle d'une rencontre entre deux amis d'enfance qui ne se sont pas vus depuis plusieurs années. Que s'est-il passé pour que leur amitié cesse brusquement ?
Cette confrontation, ce long monologue dévoile peu à peu les secrets, les non-dits et le passé qui les poursuit tous les deux. Conrad joue un peu le rôle de catalyseur : il parle peu et écoute les tourments qui ont rongé son ami Henri depuis quarante ans.
L'auteur a une plume envoûtante, riche, à la fois douce et incisive. Il sait manier les mots, décrire les angoisses et la solitude, partager les sentiments des personnages. C'est beau ! Cette histoire laisse un arrière-goût amer, une impression de gâchis. On en ressort avec une certaine mélancolie.
Pour conclure, il est temps de vivre, de pardonner, d'abandonner les rancoeurs pour ne pas devenir comme ces deux vieillards décrépits hantés par leurs fantômes !
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« Les chandelles se consument jusqu'au bout » telle est la traduction littérale du titre original. La lente et inexorable combustion suggérée par le titre original hongrois s'oppose aux braises françaises.
Les chandelles c'est la vie d'Henri, fortuné et brillant général hongrois, désormais reclus et celle de Conrad, son modeste ami polonais, rencontré à l'Académie militaire dans la Vienne impériale de la fin du siècle précédent.
En 1940, après 41 ans d'absence Conrad rend enfin visite à son ancien ami dans son château endormi au coeur d'une forêt hongroise.
La soudaineté de la rupture entre les 2 amis et l'absence de mots d'explication entre eux deux, auront marqué un point de non-retour dans cette amitié.
Les retrouvailles tant espérées transforment le face à face en un monologue, fruit du questionnement du général. Les vagues réponses de Conrad apportent peu d'éléments, juste une pondération des affirmations brusques du général et le sentiment que rien n'a été simple pour lui non plus.
Les raisons de la rupture sont délicatement et successivement dévoilées et pour la première fois évoquées par Henri faisant face au mutisme de Conrad.
Après la rupture, le monde d'Henri bascule. Il va accomplir le chemin seul, retiré du monde se retirant prématurément de la vie militaire.
Henri est le représentant des valeurs de l'ancienne monarchie impériale où l'honneur, le courage, la vérité, l'estime de soi étaient érigés en vertus fondamentales. On pense au préfet von Trotta, lui aussi solitaire et enfermé dans son statut. La comparaison ne s'arrête pas là, amusant de noter là aussi la rencontre enivrante dans les deux romans avec le dernier des Habsbourg.
Que reste-t-il de la longue réflexion du général? Des braises incandescentes qu'il a remué mais qu'il est devenu inutile de raviver.
On retient le parcours de brillants jeunes gens pendant la belle période de la monarchie, tous les deux différents mais vaincus par l'impossibilité de parler de ce qui fait souffrir.
Un roman nostalgique d'un grand charme. À lire sans hésitation.

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Sándor Márai né en 1900 à Kassa qui fait alors partie du Royaume de Hongrie dans l'Empire austro-hongrois (aujourd'hui en Slovaquie) et mort en 1989 à San Diego aux États-Unis, est un écrivain et journaliste hongrois. La vie de l'écrivain fut itinérante, européenne et quasi-vagabonde dans sa jeunesse pour fuir la Terreur Blanche de 1919, hongroise pendant vingt ans, américaine et italienne après le passage de la Hongrie dans la sphère soviétique et le choix par Márai de l'exil. Au-delà des circonstances politiques, le voyage est un mode d'être pour Sándor Márai. de plus en plus solitaire et difficile matériellement, mais fertile sur le plan littéraire, l'exil mènera Márai de New York à Salerne, en Italie, puis en Californie où il se donnera la mort à 89 ans, quelques mois avant la chute du mur de Berlin. Les Braises, qui date de 1942, a été traduit chez nous en 1995.
Après quarante et un ans de séparation, deux hommes devenus des vieillards se retrouvent. Ils sont amis d'enfance - depuis leur rencontre à l'Académie militaire quand ils avaient dix ans - malgré leur différence d'origine sociale. Henry, aujourd'hui Général, originaire d'une famille aristocratique et fortunée tient ses principes moraux de son père militaire lui aussi ; Conrad, de famille plus modeste, a un caractère plus artiste, la musique est sa grande passion. le Général a été marié à Christine, décédée depuis de nombreuses années, une amie commune. Conrad lui, s'est expatrié en Malaisie, parti sur un coup de tête, sans explication aucune et sans jamais donner de ses nouvelles. Revenu temporairement au pays, il a répondu favorablement à l'invitation du Général le conviant à venir dîner dans son château à la campagne.
Le roman va s'étaler le temps d'une nuit où les deux hommes vont s'affronter à fleuret moucheté, en un huis-clos sous la directive du Général qui veut enfin faire la lumière sur ce qui s'est passé à l'époque du départ de Conrad. Superbe roman, qui allie le mystère, le lecteur comprend tout de suite qu'il s'est passé un évènement très important il y a plus de quarante ans mais quoi ? l'enquête policière, le Général se livre à un interrogatoire de Conrad en délivrant des indices et des preuves non vérifiables afin de lui faire avouer quelque chose. La discussion – nous sommes entre gens de bonne compagnie – s'avère une dissection méticuleuse du sentiment d'amitié avec ce qu'il implique de points positifs et négatifs. Petit à petit, la proclamée amitié entre les deux hommes va laisser place à des révélations tues jusqu'à ce jour, mettant en évidence que ce qui a maintenu en vie le Général c'est la vengeance.
Remarquable roman psychologique, Sándor Márai explore les tréfonds de l'âme humaine et les ressorts de nos actions et sentiments avec une profondeur et une justesse renversante. Il est question ici, de mémoire et de souvenirs, d'amitié (« un dérivé de l'amour (…) le lien humain le plus noble ») et d'honneur, de vieillesse et de solitude (« le pire, c'est de refouler les passions que la solitude a accumulées en nous »). Un roman qui entre en écho avec l'oeuvre de Stefan Zweig, la même époque et une certaine nostalgie à la vue de cette vieille Europe qui change de siècle.
Si certains vins se boivent après plusieurs années de cave, il est des livres – comme celui-ci - qu'on doit lire quand on a atteint un certain âge, pour en apprécier au mieux la subtile puissance et le poids du sens caché derrière les mots. Un bouquin incontournable, à lire absolument.
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J'ai aimé découvrir cet auteur hongrois que je ne connaissais que de nom. Ce roman était intéressant à bien des points de vue, notamment pour la psychologie fouillée des personnages et la réflexion sur l'âme humaine.

Néanmoins, je ne peux nier avoir trouvé certains moment sun peu long. Je n'irais pas jusqu'à dire que je me suis ennuyée, mais ce n'est pas un roman impossible à lâcher avant d'en connaître la fin.

J'ai beaucoup aimé la tension entre les deux personnages, cette ambiance intriguante, les secrets peu à peu dévoilés au coin du feu dans ce chàteau sombre. J'ai réussi à deviner une partie de l'histoire au fur et à mesure, mais pas l'ensemble.

La plume était agréable et nous fait découvrir un autre temps. Je continuerai à me plonger dans l'oeuvre de cet auteur pour connaître davantage son style.
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Dès les premières pages, impossible de lacher le livre !

L'univers de ce huis-clos n'est pas loin de celui du Guépard, le magnifique film de Luchino Visconti : la Vienne du siècle dernier, les fastes de la noblesse autrichienne, les forêts de chasse impériales, la rigueur des sentiments, le beau langage et la belle écriture !

Le décor étant planté, le huis-clos annoncé peut commencer, entre Henri (le noble fortuné) celui qui cherche la vérité, et Conrad (son ami désargenté) celui qui la détient. Curieusement, le dialogue s'avère être un long monologue, fait par le demandeur, qui s'égare très souvent dans des digressions que le détenteur s'efforce de recadrer dans l'essentiel de l'énigme qui les réunit.

Il en résulte de nombreuses redites et longueurs, notamment sur la définition de ce qu'est l'amitié. Pour l'accepter et y trouver intérêt, il convient de replacer l'intrigue dans son époque, quand la noblesse des sentiments était complexe et raffinée. Ainsi, ce long monologue devient passionnant, et dévoile l'intrigue très progressivement.

Henri m'a semblé plutôt antipathique et imbus de son rang, enclin à des affirmations qui feraient scandale aujourd'hui. Conrad m'a paru trop discret et d'une sensibilité plutôt sympathique. le dénouement de l'intrigue est relativement prévisible, et le suspens s'éternise, mais les dernières pages sont savoureuses.

J'ai conscience de ne pas avoir été très clair dans mon commentaire, mais la confusion des sentiments ne porte pas à l'être.
En résumé, j'ai aimé ce livre pour son originalité et sa belle écriture. Il est des lectures, rares, qui élèvent l'âme, "Les braises" en fait partie.

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Henri, vieux général de 75 ans vit seul dans son château avec sa très vieille nourrice qui le sert toujours, malgré son grand âge. Il a invité pour un diner au château un vieil ami, Conrad qu'il n'a pas revu de puis plus de 41 ans...Ils ont été condisciples dans les écoles d'officier, et ont été très proches pendant toutes ces années, malgré la différence de leurs caractères, de leurs origines sociales et fortunes personnelles. La famille d'Henri était invitée par l'Empereur, alors que Conrad devait s'endetter pour payer ses uniformes et son loyer.
Conrad a quitté l'armée d'un jour à l'autre, sans informer Henri et a couru les colonies, il est même devenu citoyen britannique, Henri a gravi les échelons jusqu'au grade de général. Une guerre a balayé la vieille Europe, une autre est proche. L'empire austro-hongrois est parti en miettes..
Dès le début du livre progressivement, le lecteur prend conscience de l'animosité et de la rancoeur d'Henri envers Conrad. Un ressentiment qui semble-t-il a été présent à son esprit pendant toutes ces années
Quelle en était l'origine ?
Au cours de leur dernière soirée, il y a bien longtemps, Christine, l'épouse d'Henri était présente...depuis, elle est décédée.
La conversation banale de début de repas, devient de plus en plus tendue, sous les questions et les interrogations d'Henri.....et devient confrontation, face à face, du fait des reproches d'Henri, malgré leur fascination réciproque.
Henri, général stratège interroge, essaie avec intelligence et ruse d'encercler Conrad, de lui faire avouer une faute qu'il aurait commise et qui aurait causé son départ précipité...une faute supposée ou réelle qui lui taraude l'esprit, le hante, une braise jamais éteinte au cours de ces longues années, jusqu'à devenir désir de vengeance.
Tour à tour la conversation souvent philosophique aborde la solitude de l'homme, l'amitié, la vérité, la fidélité et l'infidélité, la chasse, le destin.... le cheminement de la pensée passe par des chemins détournés parfois.
Sandor Márai construit une tragédie, en un seul acte, au cours de laquelle il dévoile tout son talent pour l'étude psychologique des personnages, la construction théâtrale et dramatique, la maîtrise de la pensée et de l'encerclement.
Chaque mot est pesé, chaque phrase ciselée...
Une fois refermé le livre, lu dans une édition "Gros caractères", j'ai su que tôt ou tard je relirai ce petit bijou même si je connais l'issue de leur conversation.
En partie seulement...
Ne vous en privez pas

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Henrik et Conrad sont deux amis inséparables depuis l'âge de 12 ans. Ils ont étudié ensemble et se sont installés dans la même ville où ils continuent à passer énormément de temps ensemble. Et un jour, Conrad disparait. Et ce n'est que ans 41 ans plus tard que les deux hommes se retrouvent. Que s'est-il passé? Qu'Est-ce qui a poussé Conrad à s'enfuir?

Le livre nous aide tout doucement à nous glisser dans la peau de Henrik et de Conrad et à essayer de comprendre.

L'écriture est limpide et essaye de nous aider à nous interroger sur le sens de la vie. L'auteur approfondit des sujets qui nous interpellent tous, tels l'amitié, la passion, la solitude et la confiance. le style m'a fait un peu penser à l'écriture de Joseph Conrad, une nature sombre et toute puissante qui façonne les personnages.
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Sándor Márai est reconnu comme l'un des plus grands auteurs de la littérature hongroise, il s'inscrit dans la lignée de Zweig, Schnitzler…..

Ce roman est une confrontation dramatique entre deux hommes autrefois amis. Les Braises, évoque cette amitié perdue. C'est un livre aussi bien sur des amours impossibles, des sentiments violents.

Henri et Conrad avaient dix ans quand ils se sont connus à l'école militaire. Différents en tout de milieu social, d'aspect physique, pas le même centre d'intérêts, ils étaient si on peut le dire complémentaires et inséparables.

Leur amitié ne s'est jamais démentie, et mais leur différence s'est creusée.

Dans la superbe ville de Vivienne du XIX siècle, ils ont connus leurs premiers émois amoureux. Henri devenu général a épousé Christine, ils sont installés dans le château familial. Conrad jusque-là était resté à proximité….. , mais il a disparu un beau jour, puis Christine est morte, Henri le général est resté seul à attendre le retour de son ami Conrad et quarante et un an plus tard Conrad est revenu. Ils sont tous deux devenus de vieux messieurs.

Alors débute une conversation qui relatera l'histoire de ces deux, hommes, d'une femme, (morte), d'amours déçues... Et surtout celle d'une amitié trahie... (Pour moi une étude sur l'amitié).
Conrad et Henri ne s'emporteront jamais. Ils sont endurcis par les épreuves. Ils ont appris à vivre avec cette histoire qui a bouleversée leur vie, et qui brûle encore dans leur estomac.


A lire ou pas ?
Bien sûr, je vous le recommande.
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QUAND LA SOUFFRANCE COUVE SOUS LES BRAISES DU PASSÉ.
Je découvre Sandor Marai, écrivain hongrois du début du XXème avec un roman sublime, passionnant et hautement philosophique sur l'amitié, l'amour et le temps qui passe.
Deux amis d'enfance, Henri et Conrad, que tout sépare sauf leur formation commune à l'école militaire, se retrouvent après 41 ans de séparation. Pourquoi Conrad a-t-il disparu le lendemain d'une partie de chasse ? Les deux vieillards se retrouvent dans le huis clos de la salle à manger du château d'Henri au cours d'un dîner dont le décor est reconstitué exactement selon celui de leur dernier repas.
La première partie du roman est écrite au passé et narre l'enfance des deux protagonistes, la seconde au présent pendant leur tête à tête d'une nuit durant. Henri est l'avocat général, Conrad le témoin interrogé. La souffrance et la blessure muette de Henri ne peuvent laisser indifférent aucun lecteur qui a aimé au moins une fois passionnément dans sa vie. La tension monte au fil des pages et débouchera (ou non selon l'interprétation de chacun) sur la réponse à la question.
Du grand style, que j'ai rapproché de son contemporain Zweig dont le destin- joug totalitaire, émigration, suicide- a été proche.
Une révélation !
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